. — De l’histoire et des explications historiques. — Logique de rétrospection. […] En d’autres termes enfin, les origines historiques du présent, dans ce qu’il a de plus important, ne sauraient être complètement élucidées, car on ne les reconstituerait dans leur intégralité que si le passé avait pu être exprimé par les contemporains en fonction d’un avenir indéterminé qui était, par là même, imprévisible. […] Sans doute on pourra contester, du point de vue historique, quelques-uns des développements que l’auteur lui donne.
Si, cependant, nous nous bornions à analyser, au simple point de vue historique et documentaire, cet ouvrage, ou mieux cet ensemble assez compact de notes et d’esquisses, il serait peut-être convenable de faire d’abord quelques réserves.
Là-bas, les flots frissonnants du golfe reflètent toujours les lignes des monts historiques. […] Nous n’avons pas tout à fait tort ; mais Nietzsche a raison d’appeler Voltaire le dernier des grands poètes dramatiques qui entrava par la mesure grecque son âme … Il fut sans contredit, le premier de son temps dans l’art de Corneille et de Racine, et malgré le ton languissant de ses pièces, il conserve encore beaucoup d’intérêt, du moins au point de vue historique.
Des accidents épouvantent le poète et même le critique, plus froid, dont la rigueur est logique, du moment que l’on veut bien séparer de l’idée sentimentale de justice l’idée, purement historique, de survivance littéraire. […] La glorification de ce curé paterne et bénin affirmait un tel mépris de la grandeur, une telle tendresse pour l’infinie, pour le laid et pour le sale qu’elle en devenait, du coup, l’œuvre définitive et suprême de la dégénérescence religieuse, — et après cela, de tristes fidèles s’étaient dit que la religion n’est, plus qu’un souvenir historique, qu’elle gît dans les vieux légendaires, dans les Heures à images, dans la Patrologie, dans quelques architectures, dans quelques pierres taillées, dans quelques têtes de jadis, peintes sur fond d’or.
Pour l’historique de cette question jusqu’en 1879, voir Hermann, Handbuch der Physiologie, vol.
Hormis quelques fabliaux un peu crus, le trésor immense de nos aïeux, plein de gaîté, d’émotion, de foi, qui n’a pas été exploité, ni par le Moyen-Âge faute de maturité, ni par l’âge classique faute d’approbation, ni par le romantisme faute de conviction précise ; celui qu’aurait sauvé et mis en forme le Shakespeare français qui, dans d’autres conditions historiques, se serait levé au grand siècle pour réaliser le miracle du drame chrétien national : la France n’a pas encore le sien.
Valéry a fait remarquer que les plus grandes œuvres versifiées de la race latine appartiennent à l’ordre didactique ou historique et « empruntent une partie de leur substance à des notions que la prose la plus indifférente aurait pu recevoir. on peut les traduire sans les rendre tout insignifiantes. c’est qu’elles ne sont pas purement, exclusivement poétiques.
Mais il lui tourne le dos, comme le symbolisme, et avec le symbolisme, en repoussant toute la matière poétique dont le Parnasse s’était alourdi et qu’il avait mise en vers : matière historique avec Leconte de Lisle, matière de cabinet d’antiquités avec Heredia, matière sentimentale et didactique avec Sully-Prudhomme, matière pittoresque avec Coppée.
En-tête de l’édition nouvelle La Poésie de Stéphane Mallarmé, épuisée depuis longtemps, paraît ici à nouveau, en édition définitive, avec des corrections et des additions assez nombreuses. Elle paraît à un moment où le nom et l’influence de Mallarmé ont atteint le plus vif éclat. Il y a dix à quinze ans, Verlaine et les poètes proprement symbolistes, ces derniers enveloppés aujourd’hui d’une ombre passagère, brillaient plus glorieusement que Mallarmé. Aujourd’hui ce rapport est renversé. Le rayonnement et l’influence de Mallarmé n’ont fait que croître.
Quant à leurs publications historiques, elles sont absolument remarquables, Michelet les cita et il eut raison car maints dessous de l’histoire du xviiie siècle y sont restitués à miracle. […] Ils arriveront — à l’Académie, Quelques sonnets historiques, il n’en faut pas plus pour être de la maison aux quarante potiches.
Il n’est resté aucun souvenir historique d’une époque où la terre ait été commune165 ; et l’on ne voit non plus rien qui ressemble à ce partage annuel des champs qui est signalé chez les Germains. […] Un autre défaut de ce sys tème est qu’il suppose que les sociétés humaines ont pu commencer par une convention et par un artifice, ce que la science historique ne peut pas admettre comme vrai. […] L’étude des anciennes règles du droit privé nous a fait entrevoir, par-delà les temps qu’on appelle historiques, une période de siècles pendant lesquels la famille fut la seule forme de société. […] Sur la manière dont cette ville fut fondée, l’antiquité abonde en renseignements ; on en trouve dans Denys d’Halicarnasse, qui les puisait chez des auteurs plus anciens que lui ; on en trouve dans Plutarque, dans les Fastes d’Ovide, dans Tacite, dans Caton l’Ancien, qui avait compulsé les vieilles annales, et dans deux autres écrivains qui doivent surtout nous inspirer une grande confiance, le savant Varron et le savant Verrius Flaccus que Festus nous a en partie conservé, tous les deux fort instruits des antiquités romaines, amis de la vérité, nullement crédules, et connaissant assez bien les règles de la critique historique. […] L’âge de la critique historique commença.
Ainsi, c’est Victor Hugo lui-même, l’auteur des recueils lyriques, qui devient l’auteur de La Légende des siècles, et c’est donc bien, comme je vous l’annonçais au début de cette causerie, la poésie romantique, la poésie personnelle, qui devient historique et impersonnelle.
Entre cette conception de la nature et le cartésianisme on retrouverait d’ailleurs les intermédiaires historiques.
La tragédie peignant l’extraordinaire et même, comme n’a pas hésité à le dire, et avec raison, Corneille, peignant l’invraisemblable, est forcée d’être historique, parce qu’au reproche d’invraisemblance elle répond : « c’est vrai ; cela a eu lieu », ce qui ferme la bouche aux contradicteurs. […] Il n’y manquerait que les sciences, dont la femme n’a pas besoin pour se garantir des séducteurs ; mais avoir une culture littéraire, historique, philosophique égale à celle du séducteur possible, pour avoir une étendue et une solidité d’esprit égale à celle du séducteur possible, cela devient indispensable à la femme.
Nous devons certes tenir compte de la légende, puisque la légende c’est l’idée que le plus grand nombre des hommes se sont faite ou ont fini par se faire d’un personnage historique.