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694. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre troisième »

Le paganisme, dans son plus haut point de perfection morale, a produit le stoïcisme, espèce d’innocence orgueilleuse et stérile. […] Ayant annoncé du haut de la chaire le refus de donner la cène, à moins que Genève ne se séparât du synode de Lausanne, qui avait retenu de l’ancienne discipline les cérémonies, comme indifférentes, il fut exilé avec Farel, par sentence de bannissement, le 23 avril 1538. […] On protestait secrètement dans les maisons contre la domination de Calvin ; on s’en moquait tout haut dans les tavernes. […] Il faut comprendre dans ce mot la science des rapports de l’homme avec Dieu dans la religion, de l’homme avec son semblable dans la société chrétienne ; l’étude des sources mêmes de cette science, les livres saints, pénétrés par le plus subtil des docteurs, et interprétés par le plus clair des écrivains ; tant d’explications si hautes de la parole de Dieu, de ses prophètes, de la doctrine des Pères ; toute l’antiquité chrétienne rendue familière à tout le monde, dans son histoire que Calvin raconte avec un détail plein d’intérêt, dans sa morale dont il sonde la profondeur ; enfin, la suite de l’histoire de l’Église, d’après les autorités, toujours bien connues, lors même qu’elles sont interprétées faussement ; et toutes ces critiques, souvent éloquentes, toujours vives et précises, des abus de l’Église d’alors, que Calvin étale sans charité, mais qu’il sait exagérer sans déclamation. […] La Femme de mauvaise vie était devenue, dans son imagination, une châtelaine de 15 à 16 ans, vermeille, ` jeune, de haute taille.

695. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre huitième »

Les mêmes hommes de génie qui ont relevé l’esprit français d’un commencement de décadence, le soutiennent à la hauteur où ils l’ont porté d’abord, ou le portent plus haut. […] Les Considérations, sans nous enseigner le contraire, nous cachent souvent nos torts ou diminuent notre part de devoirs dans les fortunes de notre patrie : elles nous disposent à juger, du haut de notre innocence, ceux qui portent le fardeau des affaires publiques. […] Enfin, on quitte le dix-septième siècle, plein de maximes et de commandements sur la conduite de l’esprit et de la vie, invité, exhorté par toutes les voix qui parlent de haut à s’étudier, à se savoir, à valoir mieux. […] J’en parlerai pourtant, mais avec la réserve que recommande Voltaire, bien qu’il pût le prendre de plus haut avec Montesquieu, « en le respectant jusque dans ses chutes, parce qu’il se relève pour monter au ciel86. » Il ne faut pas se méprendre aux erreurs apparentes, erreurs si l’on n’y regarde qu’une fois, vérités détournées et profondes si l’on y revient. […] Voir plus haut, chap. 

696. (1890) L’avenir de la science « XVIII »

XVIII La fin de l’humanité, et par conséquent le but que doit se proposer la politique, c’est de réaliser la plus haute culture humaine possible, c’est-à-dire la plus parfaite religion, par la science, la philosophie, l’art, la morale, en un mot par toutes les façons d’atteindre l’idéal qui sont de la nature de l’homme. Cette haute culture de l’humanité ne saurait avoir de solidité qu’en tant que réalisée par les individus. […] Au fond, cela fait honneur à la France ; cela prouve qu’elle s’est fait une haute idée du parfait. […] L’avènement du peuple pourra seul faire revivre ces hautes aspirations du vieux monde aristocratique. […] Qu’une vingtaine de colons tombent malades au début d’une colonie, on jette les hauts cris.

697. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Discours préliminaire, au lecteur citoyen. » pp. 55-106

Si, continuant le rôle de Législateur, je faisois afficher au coin des rues cette maxime : Un Monarque qui cesse d’être le Berger de son Peuple, en devient l’ennemi ; l’obéissance à un tel Prince est un crime de haute trahison au premier chef contre l’humanité L’Astique tolérat Pag. 105. […] Pour peu, vous-même, que vous fussiez Médecin, vous diriez sûrement, sage Lecteur : Il faut d’abord lier l’Energumene, le plonger ensuite dans l’eau froide, &, pendant le bain, lui mettre un bâillon, de crainte qu’il ne crie encore plus haut, & ne murmure contre son Médecin. […] Où a-t-on pu prendre une si haute opinion de leur excellence ? […] Mais qu’on vienne nous donner pour les illustrateurs de notre Littérature, des Ecrivains pédantesques, bizarres, décousus, hyperboliques, lilencieux, qui la dégradent tous les jours ; mais qu’on prétende établir sur des Ecrits que la raison réprouve autant que le bon goût, cette haute idée, cette estime qui fait considérer un Peuple chez les autres Peuples : c’est le comble de l’extravagance ou de l’imbécillité. […] Depuis que ces hautes Intelligences s’appliquent à éclairer les hommes, elles ne leur montrent la vérité, qu’en leur faisant tirer des conséquences presque toujours aussi justes que celle que je viens d’indiquer.

698. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des romans — Préface des « Derniers Jours d’un condamné » (1832) »

Voici le fait : Quatre hommes du monde, quatre hommes comme il faut, de ces hommes qu’on a pu rencontrer dans un salon, et avec qui peut-être on a échangé quelques paroles polies ; quatre de ces hommes, dis-je, avaient tenté, dans les hautes régions politiques, un de ces coups hardis que Bâcon appelle crimes, et que Machiavel appelle entreprises. […] Nous ne voulons pas que la mécanique de Guillotin morde les hautes classes. […] On a su seulement que la guillotine avait été disloquée exprès par quelqu’un qui voulait nuire à l’exécuteur des hautes œuvres. […] Cela s’appelle un acte public et solennel de haute justice. […] Vues d’un certain côté, les effroyables exécutions que nous avons détaillées plus haut sont d’excellents signes.

699. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre V. La parole intérieure et la pensée. — Premier problème : leurs positions respectives dans la durée. »

L’enfant qui babille répète ou imite les grandes personnes sans bien comprendre ce qu’il dit ; quand il se tait, il médite, il cherche ses mots, et, sans nul doute, alors sa parole intérieure exprime sa pensée par des à peu près ; en effet, quand il pense tout haut, nous le voyons hésiter ; et, quand il se hasarde à parler après un silence, bien souvent sa parole trahit sa pensée, il ne parvient pas à se faire comprendre. […] A tâche égale, disions-nous plus haut, la facilité croît avec l’expérience. Mais, pour les vrais penseurs, la tâche croît à son tour avec le succès ; toujours plus haut ! […] Dans notre enfance, nous avons appris lentement à nous parler intérieurement, comme à parler tout haut, comme à écrire. […] Les gens distraits, et généralement ceux qui manquent de présence d’esprit, n’ont pas moins d’idées ou d’esprit que les autres, et même assez souvent ils en ont davantage ; mais ils ont les idées moins présentes, parce qu’ils ont moins que les autres la mémoire des expressions ; c’étaient les expressions, et non assurément la science et la doctrine, qui manquaient au célèbre Nicole, lorsqu’il disait d’un certain docteur… : Il me bat dans le cabinet, mais il n’est pas au haut de l’escalier que je l’ai confondu. » Ainsi amendée, l’analyse de Ronald n’est plus d’accord avec ce que nous avons appelé son platonisme ; mais elle est beaucoup plus pénétrante et plus exacte.

700. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre premier. »

Mais, en réfutant de si haut les malencontreux partisans de la première étymologie, Boileau, pour être juste, n’aurait pas dû laisser en oubli ce curieux début de la deuxième Néméenne, où sont désignés les homérides, comme des chanteurs de vers épiques recousus : expression qui semble amener le nom de Rapsodes, en même temps que la pensée de Pindare réduit évidemment au rôle de récitateurs errants ces hommes, dont un paradoxe moderne a prétendu faire les inventeurs fortuits de la grande épopée. […] On ne craindrait nullement de conserver, dans la traduction de cette ode grecque il la Fortune, l’image des vicissitudes que voyait t’œil du poëte, et de porter dans l’expression cette alternative de haut et de bas qui fait le sujet même. […] Malgré le grand creux qu’il trouvait, dit-il quelque part, dans l’antiquité profane, il était en intelligence, en harmonie de l’âme avec cette poésie morale venue de Pythagore et déclarée sainte par Platon, toute pleine d’éclatantes peintures et de graves pensées, et souvent si chaste et si haute, que les premiers pères de l’Église l’accusaient d’avoir dérobé la parole de Dieu, comme Israël les vases d’Égypte, et que Clément d’Alexandrie en particulier prétendait noter dans Pindare bien des traits empruntés aux chants de David et à la sagesse de Salomon. […] On verrait des deux côtés le même mélange de la plus haute élévation et du langage le plus simple, et une sorte de naïveté dans la magnificence. […] Ainsi, dans un débris de ses hymnes, nommant Apollon, Pindare dit encore : « D’un pas, il a franchi la terre et les mers ; et, sur les hauts sommets des monts, il s’est arrêté ; et il a ébranlé les abîmes, en jetant les fondements de ses bois sacrés13. » N’y a-t-il pas là, dans l’idolâtrie même, comme l’accent d’une loi nouvelle et plus douce ?

701. (1886) Le roman russe pp. -351

Pour les raisons indiquées plus haut, je n’entrerai pas ici dans le détail de son œuvre. […] Il ne faut pas le répéter trop haut, on pourrait être lu dans les collèges. […] Quel écrivain aux ambitions un peu hautes ne l’a rêvé, ce livre où l’on doit tout dire ? […] Nul étranger ne fut aussi lu, aussi goûté à Paris : cette haute gloire a un versant français. […] Il nous manque les hautes classes pour compléter le tableau.

702. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Troisième partie. — L’école historique » pp. 253-354

C’était lui noir ravin dont les parois fort hautes n’offraient à ses yeux, de quelque côté qu’il se tournât, qu’une épaisse muraille de ronces. […] Sur un haut, vers cet endroit, Était leur infanterie ; Et plus bas, du côté droit,      Était la cavalerie. […] Si tu as loué Eschyle et Sophocle, ce n’était pas que tu sentisses leur mérite extraordinaire, mais parce qu’il est de tradition chez les philologues de les placer très haut. […] Quand la troupe de Molière donna Les Précieuses ridicules, la pièce fut jouée avec un applaudissement général, dit Ménage, et il est probable que les gens d’esprit de l’ancien hôtel Rambouillet applaudirent plus haut que tout le monde. […] Mais à l’époque de Molière, ce ridicule existait beaucoup moins dans les maisons bourgeoises que dans la haute aristocratie, où il n’était pas aussi ridicule, puisque le rang et la fortune laissent un loisir dont il semble que les dames elles-mêmes ne sauraient faire un meilleur usage qu’en s’instruisant.

703. (1880) Goethe et Diderot « Diderot »

C’était le haut bavardage incontinent, le ruissellement de la parole tombant incessamment du sommet d’une tête fumante. […] Je l’ai dit plus haut. […] Je l’ai dit plus haut, il n’en avait point, de génie. […] Il a fait échouer le théâtre lui-même, qui, je le crains bien, ne reprendra plus la haute mer. […] Il a toutes les qualités prisées haut par les siècles bas.

704. (1897) Aspects pp. -215

» interroge-t-il entre haut et bas. […] J’éprouve d’autant plus de plaisir à signaler sa haute valeur que M.  […] Louis Lumet ne tient pas en très haute estime les milieux littéraires actuels. […] Après tout, ces hauts dignitaires du royaume de Petdeloup ne nous gênent pas. […] Parmi les hautes forêts, les bûcherons geignent, ployés, à écorcer les pins.

705. (1911) Nos directions

Hervieu ; il a maintes raisons d’agir, et d’autant plus qu’il atteignit à un degré plus haut de culture. […] Il s’en grise, il s’en gonfle, il la défie, disant : Plus haut ! parle plus haut, ma jeune pensée ! […] On ne peut la lire tout haut, elle semble sèche, froide et courte, elle ne rend pas un son humain. […] L’esthétique racinienne siège au plus haut degré de la raison créante et non à fleur de peau, dans la forme ou dans le métier.

706. (1923) Les dates et les œuvres. Symbolisme et poésie scientifique

La nécessité de hautes études, universitaires, Ecole des Chartes, nous sépara sans nous désunir. […] Une porte campagnarde, et la cour, d’où parmi de rosiers monte l’escalier de pierre haut et rustique. […] Fait de haute importance, donc, que la création de cette Revue. […] J’emprunte cet échantillon au maître des maîtres, à celui qui regarde de haut Joséphin lui-même. […] Moralité assez haute, vraiment tirée par un critique de haute probité : et c’est pourquoi nous avons retenu cet incident Sarcey-Risette.

707. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLVIIIe entretien. Littérature latine. Horace (2e partie) » pp. 411-480

de nouvelles vagues vont donc te lancer de nouveau dans les hautes mers ! […] N’est-ce pas parce que l’œil, du haut des terrasses, y embrasse un vaste horizon champêtre ? […] Souvenez-vous de Voltaire saluant le lac Léman du haut de la terrasse de Ferney : vous retrouverez dans ce salut poétique la belle description d’Horace à Quinctius. […] Cette société, réunie pour un voyage de plaisir, se composait d’Horace, de Mécène, d’Héliodore, littérateur grec de la plus haute renommée à Rome, et de quelques hommes de goût de la maison de Mécène. […] Dans les hautes montagnes d’Apulie on couche dans une métairie : Horace se plaint de la fumée du bois vert d’olivier, qui blesse ses yeux débiles.

708. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXVIe entretien. Le Lépreux de la cité d’Aoste, par M. Xavier de Maistre » pp. 5-79

C’était au printemps ; l’herbe précoce commençait à poindre sur les glaciers parmi les plus hautes cimes des montagnes du Bugey, voisines des Alpes de Savoie. […] Jenin, ancien colonel de gendarmerie, retiré à Virieu-le-Grand, dans une solitude champêtre, où il élevait de beaux étalons, dans ses prés et hautes herbes, pour se rappeler son état, et les vendre aux inspecteurs des haras de l’empire. […] Le village était plus haut, grimpant de pente en pente sur les collines dénudées. […] La montagne, qui s’élève presque inopinément d’un groupe montueux du haut Bugey, nous offrit peu de spectacles et d’incidents jusqu’au sommet. […] J’évite d’être vu par ces mêmes hommes que mon cœur brûle de rencontrer ; et du haut de la colline, caché entre les broussailles comme une bête fauve, mes regards se portent sur la ville d’Aoste.

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