Enfin, le héros de cette triste histoire, un jeune homme de vingt-trois ans, M.
Un grand feu flambe au milieu du pré, où de temps en temps, les trois femmes vont sécher les semelles de leurs bottines mouillées, montrant des bas écossais et des pantalons brodés, en se soutenant par la taille avec des gestes de caresse : groupe au milieu fait par la charmante Mme G…, dans une de ces blanches toilettes anglaises, que Gravelot donne, en ses vignettes, à ses héroïnes de romans.
Prométhée dit : « La fleur de l’Arabie », « les héros du Caucase ».
L’homme qui (dans Le Péché véniel) a trouvé la scène du tête-à-tête conjugal au sommet de la tour formant balcon, et a peint la pauvre Blanche, la main dans la main de son mari, se détournant du superbe Minotaure héraldique, dont le casque fermé a comme un rictus d’ironie, pour regarder ailleurs « en resvant à son ami absent », a certainement, dans la gerbe de ses facultés, les deux charmantes fleurs de la grâce attristée et de la rêverie chaste ; mais il les meurtrit dans ses mains, qui, comme celles de ses héros, finissent par être trop gantelées… La préoccupation artistique de Doré est si matérielle que c’est moins l’homme que l’armure, la femme que la robe armoriée, qui projettent chez lui l’orgueil ou la terreur.
Un retour de succès couronnait ses efforts, et, si j’entretenais maintenant le lecteur de ses faits et gestes durant la guerre d’Amérique, il verrait ce héros de l’intrigue, ce chevalier de toute espèce d’industries, pour la seconde fois à l’apogée de la fortune jusqu’au jour où la Révolution française, grand et terrible bouleversement qui était en partie son propre ouvrage, vint le précipiter de nouveau dans un abîme de misère. […] Sans autre outil que son rasoir, notre barbier métamorphosé en héros fait payer 10, 000 livres à l’Autriche et 72, 000 à la France la destruction de ces misérables feuilles qui ne valaient pas six deniers. […] Les gredins qui la composaient seraient devenus des héros, martyrs de leur foi républicaine. […] Le héros de ces histoires est saint Louis, le favori de M. […] Reportez votre pensée vers d’autres sociétés, par exemple vers la première jeunesse de la société grecque, vers son âge héroïque dont les poèmes d’Homère sont le fidèle miroir : il n’y a rien là qui ressemble aux contrastes qui nous frappent dans le moyen âge ; on ne voit pas que, dans les temps et chez les peuples des poèmes homériques, il y eût dans l’air, il pénétrât dans l’imagination des hommes des idées plus élevées, plus pures que leurs actions de tous les jours ; les héros d’Homère ne paraissent pas se douter de leur brutalité, de leur férocité, de leur avidité, de leur égoïsme ; rien dans leur âme ne surpasse les faits de leur vie.
Maurice Donnay d’avoir altéré le caractère de l’héroïne d’Aristophane. […] » Toutefois, j’admets le cas ; j’admets l’imprévoyance et la surprise de l’héroïne de la pièce, et son désespoir de romance, et le portrait de sa mère. […] Avant le Méchant, il fit un drame en vers, Sidney, assez ennuyeux d’ailleurs, dont le héros, bien qu’il ait tout, la naissance, la fortune, la faveur, et bien qu’il ne souffre ni des tourments de l’amour ni de ceux de l’ambition, est dégoûté de la vie et ne parle que de se donner la mort, et qui est donc — un peu — l’un des grands-pères de René et d’Obermann. […] Une idée personnelle n’est pas une idée neuve… » Et l’archevêque du bon sens continue avec une grande succulence de langage : « … Vous avez pensé que Chimène sacrifie son amour à son devoir, que Rodrigue est un héros bouillant d’amour et de jeunesse, que Don Diègue est un Gascon épique… N’allez pas vous embarrasser de scrupules et vous répéter tout bas : Mais tout le monde a dit ça ! […] C’est Dieu qui vous a révélé lui-même ces vérités merveilleuses, que Chimène sacrifie son amour à son devoir, que Rodrigue est un héros et que le Cid est une œuvre qui pétille de jeunesse.
La tragédie produit en nous une impression de grandeur, de pompe et de majesté : c’est que les héros en sont des princes ou des rois — ex urbibus, arcibus, castris sumpti, — des Étéocle et des Polynice, des Agamemnon et des Clytemnestre, des Coriolan et des Caton. […] Des rois ou des héros en tiendront les principaux rôles ; elle roulera sur des événements qui enveloppent le destin des empires ; et elle finira dans le sang. […] le plaisant projet d’un poète ignorant Qui de tant de héros va choisir Childebrand. […] Nos coutumes sont plus différentes de celles des héros du siège de Troie, que de celles des Américains. […] Mais quand, en revanche, Boileau, dans L’Andromaque de son ami Racine, critiquait les « défauts » du caractère de Pyrrhus — qu’il trouvait trop semblable encore à un héros de Mlle de Scudéri, — cela servait à Racine pour mieux peindre, sous des traits plus naturels et plus vrais, l’Achille de son Iphigénie.
Mallarmé, qui avait publié l’Après-midi d’un faune, Herodiade, ses poèmes premières manière de Baudelaire tributaires et quelques poèmes en prose, avait été révélé à la nouvelle génération, disions-nous, par la publications des Poètes maudits — mais son nom ignoré était allé également au public, cette même année 1884, par le roman de retentissante surprise : À rebours, dont le héros, Jean des Esseintes, se récitait, séduit comme par un sortilège, l’Hérodiade de Stéphane Mallarmé dont il aimait d’ailleurs toutes les œuvres, pour ce « qu’il vivait à l’écart des lettres, se complaisant, loin du monde, aux surprises de l’intellect, aux visions de sa cervelle » « Il semble que ce livre surtout, a écrit Van Bever, décida de la gloire du poète ». […] « Entre le héros et la nature assistant à ses pensées le Ballet allait et venait selon le double échange. […] Nous apercevons donc que son Héros principal est encore le Moi — de tous les « moi » assistants devenus synthétique… J’ai rapporté le mot résumant de Mauclair : « Confrontation de l’être humain, doué de conscience, avec la nature », sans que l’on puisse savoir si c’est là mot de Mallarmé lui-même.
Aussi renouvellent-ils une certaine fable, bien connue, de La Fontaine, et, sans égaler en rien la désinvolture canine, ils perdent toutes les solides qualités de l’autre honnête animal, à qui vous me permettrez de les comparer, puisque le plus grand poète de l’antiquité n’a pas hésité de se servir d’une pareille comparaison à propos d’un de ses plus illustres héros. […] J’en pourrais citer dix encore qui, pour être restés fidèles au génie de la langue, aux exigences de l’œil et de l’oreille, à l’harmonie et à la raison rythmique, n’en sont pas moins des poètes de talent et plus sûrs de leur avenir dans l’histoire de la poésie française que ce petit nombre d’inharmonistes qui font des vers comme le héros de Huysmans faisait toute chose, « à rebours ».
On sçait qu’ils font de leur compatriote « l’hercule de la fable, à qui les ignorans attribuèrent tous les faits des autres héros. » Léibnitz fut d’abord attaqué sur la ligne de la plus courte descente. […] Il avoit cet air de héros, ce courage, cette confiance, cet esprit fertile en ressources, ce bonheur soutenu, ce concours rare de qualités qui font imaginer & réussir les grandes entreprises. […] ce Louis de Fossombrone, ce guerrier capucin, ce héros, en apparence, si humble, si modeste, étoit l’homme de la terre le plus orgueilleux. […] (*) Lémos est représenté comme l’homme à qui la dispute convenoit le mieux, ayant un port de héros, la constitution la plus robuste, un regard fixe & menaçant, une poitrine excellente, une voix de tonnerre, beaucoup de présomption & très-peu de sçavoir ; mais il est permis d’en appeler à ses ouvrages & à sa réputation en Italie & en Espagne.
À la « femme incomprise », des romans de George Sand, ou de ses imitateurs, et tandis qu’elle-même fait succéder les héroïnes paysannes de La Mare au diable et de La Petite Fadette, l’école « du bon sens » oppose les comédies bourgeoises de Camille Doucet et d’Augier. […] L’influence de Balzac. — Toutes ces raisons expliquent la profondeur de son influence ; — et en effet, depuis soixante ans que sa réputation a commencé de percer, — on n’a pas écrit, en France ou ailleurs, de romans qui ne semblent procéder du roman de Balzac ; — et même tout roman, ou toute espèce de roman qui n’en procédait point, s’est trouvé par cela même et par cela seul déclassé. — Psychologiques ou intimes, il y a du Lys dans la vallée dans tous les romans de ce genre ; — il y a quelque chose d’Eugénie Grandet ou de La Cousine Bette dans tous les romans qui se donnent comme une étude de caractère ; — et c’est à la Dernière Incarnation de Vautrin que remonte la généalogie de tous nos romans policiers ; — à moins qu’ils ne dérivent d’Une ténébreuse affaire. — En revanche, depuis Balzac, le roman d’aventures a cessé d’être un genre littéraire ; — et le roman sentimental est devenu une espèce tout à fait inférieure ; — le premier en raison de l’arbitraire de ses combinaisons ; — le second, parce qu’il est toujours une « confession » du romancier ; — et tous les deux parce qu’ils ne sont que des représentations mutilées ou illusoires de la vie. — Mais il y a mieux encore ; — et toute une génération d’hommes qui avait appris à lire dans les romans de Balzac, — y a comme appris à vivre ; — et pour user de l’expression d’un illustre naturaliste [Louis Agassiz], — ses personnages sont devenus des « types prophétiques » ; — depuis ses « Gaudissart » jusqu’à ses « Rastignac » et ses « Rubempré ». — Nous les coudoyons encore dans la vie quotidienne ; — ils se sont modelés sur les héros de Balzac ; — et c’est ainsi que, bien plus qu’il ne le croyait lui-même, « il a fait concurrence à l’état civil » ; — ce qui est sans doute le suprême éloge que l’on puisse donner à un artiste créateur. […] Histoire de ma vie] ; — son mariage ; — ses premières Lettres [Cf. notamment la lettre de Bagnères, 28 août 1825]. — Sa séparation [Cf. lettre du 3 décembre 1830, et Indiana] ; — son installation à Paris et ses débuts littéraires. — Henri de Latouche et Jules Sandeau. — Rose et Blanche, 1831 ; — Indiana, 1831 ; — Valentine, 1832 ; — Lélia, 1833 ; — Jacques, 1834 ; — et qu’au moyen de leurs autres mérites [il faut excepter Rose et Blanche], fraîcheur et vérité poétique du paysage ; — caractère bourgeois et réel surtout de l’intrigue ; — fluidité et abondance du style ; — l’originalité n’en est pas tant d’avoir proclamé le « droit divin » de la passion, — que d’avoir achevé de rendre le roman, comme genre, « capable de porter la pensée ». — C’est ce qu’on n’avait pas fait depuis La Nouvelle Héloïse, 1762, et depuis Corinne, 1807. — Mais, tandis que Corinne était placée dans des conditions singulières, — et qu’il n’y a pas d’« intérêt » proprement romanesque dans le roman de Rousseau, — il y en a un dans Valentine, comme dans Indiana ; — et quelle que soit la condition des héroïnes de George Sand, leurs aventures du moins ne sortent pas de l’ordinaire. — Peut-on en dire autant de leurs sentiments ; — et surtout de ceux qu’on trouve exprimés dans Jacques ou dans Lélia ? […] 2º L’Auteur dramatique. — Ses débuts. — Le « lieutenant » de François Ponsard et « l’École du Bon sens ». — Que s’il a plu à l’auteur de La Ciguë, 1844, de L’Aventurière, 1848, et de Gabrielle, 1849, de se réconcilier sur ses vieux jours avec le romantisme, — toutes ces premières pièces n’en ont pas moins été dirigées contre les romantiques ; — et Diane en particulier n’est que Marion Delorme refaite par un « homme de bon sens » ; — de même que Gabrielle n’est qu’une dérision bourgeoise des héroïnes de George Sand. — C’est comme adversaire du romantisme que les admirateurs d’Augier l’ont accueilli d’abord ; — et s’il a d’ailleurs paru un moment se réconcilier avec les romantiques, — en collaborant avec Jules Sandeau, — dans La Chasse au Roman, 1851, La Pierre de touche, 1854, et Le Gendre de M.
Elle semble bien lourde à des hommes de plaisir, aux compagnons de Richelieu, Lauzun et Tilly, aux héros de Crébillon fils, à tout ce monde galant et libertin pour qui l’irrégularité est devenue la règle.
Des dieux auxquels on a cessé de croire, des héros dont les exploits et les amours sont des fables, des mœurs dont les descriptions nous semblent des inventions étranges du poète au lieu du portrait ressemblant de la civilisation que nous avons sous les yeux, tout cela intéresse peu le vulgaire des lecteurs ; le savant seul s’y plaît, mais la foule se détourne et court aux légendes et aux complaintes des chanteurs de rues ; de là un triste abaissement du niveau de l’imagination du peuple.
En 1848, il se repentit de son repentir, et alla mourir vaincu, on ne sait dans quel parti, en Portugal ; la révolution en fit un héros de circonstance.
Le spiritualisme avait triomphé des armes ; les grands hommes de lettres effaçaient les héros.