De 1819 à 1824, sous la double influence directe d’André Chénier et des Méditations, sous le retentissement des chefs-d’œuvre de Byron et de Scott, au bruit des cris de la Grèce, au fort des illusions religieuses et monarchiques de la Restauration, il se forma un ensemble de préludes, où dominaient une mélancolie vague, idéale, l’accent chevaleresque, et une grâce de détails curieuse et souvent exquise. […] Le plus beau passage du volume, ces stances du milieu de Namouna, que nul ne se chantera sans larmes, ce Don Juan vraiment nouveau, réalisé d’après Mozart, qu’est-ce encore, je le demande, sinon l’amas de tous les dons et de tous les fléaux, de tous les vices et de toutes les grâces ; l’éternelle profusion de l’impossible ; terres et palais, naissance et beauté ; trois mille71 noms de femmes dans un seul cœur ; le paradis de l’enfer, l’amour dans le mal et pour le mal, un amour pieux, attendri, infini, comme celui du vieux Blondel pour son pauvre roi ?
Ils coulent avec tant de grâce, Qu’on ne sait, malgré ta pâleur, S’ils laissent une amère trace, Si c’est la joie ou la douleur. […] La première doit être d’avant 1830, lorsqu’avec un peu de complaisance on se permettait encore de rêver un roi suzerain en son Louvre ; les deux autres portent leur date et nous rendent avec une grâce exquise le très-proche reflet d’une réalité douloureuse.
Sainte-Beuve mêle avec beaucoup de grâce les deux méthodes, apprécie quelquefois, mais plus souvent décrit, juge encore les œuvres d’après la tradition, du goût classique, mais élargit cette tradition, s’applique plus volontiers, se promenant à travers toute la littérature, à faire des portraits et des biographies morales, et fournit je ne sais combien de pièces, éparses, mais exquises, à ce qu’il appelait si bien l’histoire naturelle des esprits. […] Regardez, de grâce, en vous et autour de vous : vous verrez qu’il y a autre chose au monde.
— Par contre, si, évoquant le vieux sens mythologique et liturgique, on veut désigner par ce vocable une faculté mystérieuse, une force semi-divine, un don accordé à quelques élus qu’on peut nommer et compter, je demanderai, de bonne foi, sur qui est descendue cette grâce et à quelle auréole on la reconnaît. […] Cependant, le charme des relations de salon mérita d’être fixé au théâtre par la grâce de Marivaux ; la turbulence des parvenus de l’argent inspira la vigueur de Lesage ; et l’échauffement des discussions sociales alluma la verve de Beaumarchais.
— Par contre, si, évoquant le vieux sens mythologique et liturgique, on veut désigner par ce vocable une faculté mystérieuse, une force semi-divine, un don accordé à quelques élus qu’on peut nommer et compter, je demanderai, de bonne foi, sur qui est descendue cette grâce et à quelle auréole on la reconnaît. […] Cependant, le charme des relations de salon mérita d’être fixé au théâtre par la grâce de Marivaux ; la turbulence des parvenus de l’argent inspira la vigueur de Lesage ; et l’échauffement des discussions sociales alluma la verve de Beaumarchais.
Ce témoignage est formel ; il est d’accord avec la légende, avec la poésie, avec cette statuette pleine de grâce qu’une jeune princesse artiste a laissée de Jeanne d’Arc arrêtant court son cheval à la vue du premier cadavre29. […] Voilà bien Jeanne dans toute sa beauté et sa grâce militaire, parlant d’une voix de femme, mais avec le ton du commandement, soit qu’elle s’adressât à ses pages, soit qu’elle donnât ses ordres aux prêtres et gens d’Église.
Il a fallu toutes les grâces et la gentillesse de l’oiseau-mouche pour le réconcilier avec le petit. […] Elle offre, dans certains coins de tableaux, de ces grâces légères qui me touchent plus que les endroits plus souvent cités.
Grâce aux Mémoires qui vont paraître dans quelques jours et que nous sommes heureux d’annoncer au public, chacun désormais va le connaître, lui rendre la justice qui lui est due, et le voir au rang estimable qu’il mérite d’occuper. […] Écrivain, ne lui demandez ni les grâces, ni le brillant, ni le coulant : mais dans sa rudesse de plume et à travers le heurté de sa diction, quand la vérité le saisit, il rencontre des traits énergiques, pittoresques même, et qui, pour flétrir des misères sociales et des opinions vicieuses, ont ce genre d’exactitude qu’aurait un physicien passionné.
Le genre d’adresse du cardinal Mazarin, sa dissimulation, la grâce et la finesse de son jeu, cet esprit de cabinet où il excellait, et « qui fait jouer tant de grandes machines », nous est rendu avec fidélité et vie par une personne qui, sans avoir à se louer de lui, a le mérite d’apprécier avec équité ses parties supérieures. […] Cette Renommée qui est une grande causeuse me rappelle une des grâces du style de Mme de Motteville, style simple, assez uni, assez peu correct dans l’arrangement des phrases, retouché peut-être en bien des endroits par l’éditeur, mais excellent et bien à elle pour le fond de la langue et de l’expression.
Même depuis sa rentrée en grâce auprès de son père, il paraît peu à Berlin ; marié par pure obéissance, il vit comme s’il ne l’était pas ; il habite le plus ordinairement à Ruppin dont il est gouverneur ; il y exerce son régiment et passe de longues heures à lire, à écrire, à faire de la musique, à disserter avec des amis. […] Il nous définit, à d’autres jours, son ami en des termes moins métaphysiques et charmants de grâce ; tremblant pour sa santé, au moment où il le voit s’éloigner pour aller en Russie : « Votre corps délicat, lui dit-il, est le dépositaire d’une âme fine, spirituelle et déliée. » Par allusion sans doute à cette frêle enveloppe que l’âme dévore, il l’appelle familièrement son cher Diaphane.
Dans cette pièce, en effet, les deux amants d’abord ne mouraient pas : Blanche, malgré sa désobéissance à son père, Montcassin, malgré son infraction à la loi de l’État, trouvaient grâce devant des inquisiteurs généreux ; il y avait assaut et rivalité de grandeur d’âme, et la pièce finissait bien. […] Pourtant le germe tant méprisé, Le germe, au fond du cœur Chêne dès sa naissance, demande grâce et indulgence pour sa jeunesse ; il demande du temps pour croître et grandir ; le temps lui vient en aide : Les Buissons, indignés qu’en une année ou deux Un Chêne devînt grand comme eux, Se récriaient contre l’audace De cet aventurieur qui, comme un champignon, Né d’hier, et de quoi ?
La syntaxe de ces mots pourra affecter une certaine rigidité ou une grâce négligée avec d’imprévues trouvailles. […] On peut ne pas aimer Balzac, mais de ceux qui l’ont lu, aucun ne dira qu’il ressent un sentiment de grâce ou de langueur ni que cela vient du style noble et fleuri de ce romancier.
Rivarol en a l’ironie, l’épigramme, la riposte, la clarté, la grâce. […] Il eut, — on le savait déjà parmi ceux qui l’avaient connu, mais ses Lettres récemment publiées l’ont appris à ceux qui ne le connaissaient pas, — il eut toutes les grâces que le monde adore et tout l’imposant qu’il respecte.
Il est moral, l’effet même de cette passion coupable de Phèdre et de cette douleur vertueuse qui trouvait grâce et faveur devant Despréaux.
Grâce à ce prétexte, chacun suit en conscience et sans remords M.