Silvio Pellico, si chiche qu’il soit par tant de côtés, a une grandeur à sa manière, et cette grandeur-là est plus pour nous que le génie lui-même : l’enthousiasme de la terre natale et le charme de la pitié. De génie, d’ailleurs, il faut bien le dire, Silvio Pellico n’en eut point. […] Nous avions eu Mirabeau à Vincennes, Trenck à Magdebourg, Latude à la Bastille et à Charenton, mais tous, avec ou sans génie, étaient plus ou moins d’abominables déclamateurs, des poseurs de colère et de mépris vautrés dans leur orgueil encore plus que dans la paille et les misères de leur cachot.
Le Génie de la Comédie qui la visait déjà avant qu’elle fût née l’avait fait naître, en carnaval, dans une petite ville qui aimait le plaisir, et le baptême était si pressé que le curé, qui s’était déguisé en Arlequin et son vicaire en Gilles, baptisèrent l’enfant sans changer de costumes. […] Si la nostalgie de Paris n’avait pas poussé le pauvre Galiani à jeter des lettres dans ce tombeau où les lettres arrivent , disait si mélancoliquement Madame de Staël de l’absence, il ne se serait pas endormi sous le bleu du ciel de Naples comme les lazzaroni de ses bornes, car il n’avait rien du lazzarone, cet homme d’éther et de phosphore, mais il aurait, avec cette dextre souplesse qui est le caractère de son genre de génie, rempli stoïquement les hautes fonctions économiques, financières, administratives et judiciaires auxquelles le gouvernement napolitain l’appela pour lui faire oublier sa disgrâce d’un jour. […] À la date de son siècle, — car nous avons eu, depuis, le prince de Ligne, et plus tard encore la correspondance adorable de cet observateur de génie qui s’appelait Beyle et qui se fit nommer Stendhal, — à la date de son siècle, je ne vois guères que Voltaire et Madame Du Deffand qu’on puisse, épistolairement, lui comparer.
Saisset, qui n’a jamais été une de ces supériorités qui ont, de génie, le droit de haute et basse justice sur les systèmes couverts du porte-respect des grands noms, M. […] Saisset ne vénérerait pas la force jusque dans l’abus qu’on fait d’elle, un bon sens plus fier n’aurait pas de ces attitudes devant les gauchissements du génie ou ses crimes, car les fautes intellectuelles d’un homme investi de facultés transcendantes peuvent aller jusque-là, mais il faut se rappeler que M. […] Ainsi pour Spinosa, par exemple, dont il voit très bien le vice radical et profond, le vice irrémissible, il reste sans conclure, par le mépris mérité, avec ce fakir hollandais et juif, beaucoup trop vanté, né de la Kabbale et du Gnosticisme dans un coin, et qui ne fut jamais que le génie obscur de l’abstraction et de la géométrie, dévoyé dans l’étude de l’homme.
Silvio Pellico, si chiche qu’il soit par tant de côtés, a une grandeur à sa manière, et cette grandeur-là est plus pour, nous que le génie lui-même, l’enthousiasme de la terre natale et le charme de la pitié. De génie, d’ailleurs, il faut bien le dire, Silvio Pellico n’en eut point. […] Nous avions eu Mirabeau à Vincennes, Trenck à Magdebourg, Latude à la Bastille et à Charenton, mais tous, avec ou sans génie, étaient plus ou moins d’abominables déclamateurs, des poseurs de colère et de mépris vautrés dans leur orgueil encore plus que dans la paille et les misères de leur cachot.
Lorsque Nodier, ce caméléon de génie de tous les génies de son temps, et qui nous les reproduisit seulement une note au-dessous de la plus belle note qu’ils donnaient, depuis Goethe jusqu’à Chateaubriand, et depuis Chateaubriand jusqu’à Byron, lorsque Nodier, dans ses Sept Châteaux du roi de Bohême, voulut être un jour l’ardente caricature de Sterne, c’est-à-dire de l’homme qu’on ne pouvait pas caricaturer, parce qu’il était tout en nuances, Nodier se trompait. […] Puisqu’il a résisté si longtemps aux gymnastiques assassines pratiquées sur les organes de son génie, c’est qu’il était né plein de force, fait pour croître, robuste et gracieux, dans la simplicité et dans la lumière, semblable à l’Astyanax nu du tableau, au bonnet d’azur, parsemé d’étoiles !
Par respect pour la souffrance humaine, au contraire, voyons aujourd’hui si la pauvreté, l’indigence de l’éducation qui fait la virginité du génie, toutes les Cruautés de la destinée, ces nourrices aux mamelles de bronze qui donnent du sang à téter à leur nourrisson et bien souvent ne leur donnent rien à téter du tout, sont parvenues à élever M. […] Mürger n’était pas de ces esprits puissants qui trouvent une forme toute faite dans l’originalité de leur génie ou se travaillent de leurs mains robustes pour s’en faire une… Lui moins qu’un autre ne pouvait se passer de cette éducation première dont le génie se passe si bien et n’en est que plus fier !
Les poésies homériques, incontestables d’antiquité et de génie, quel qu’en soit l’auteur, supposent, avant elles, un monde déjà poétique, des fêtes religieuses, des chants, des oracles, tout ce mouvement lyrique naturel à l’âme humaine quand elle s’élève ou se passionne. […] Mystérieuse, quoique populaire, elle se conservait dans le souvenir de quelques familles sacerdotales ; et plus tard elle se renouvela, en se chargeant de vers apocryphes, selon le goût et le génie du temps. […] Les fables même qu’on en raconte attestent un fond de vérité dans le génie attribué dès lors à toutes les variétés du nom grec.
Rien de plus dangereux à peindre au théâtre que le génie, que le génie en plein travail agissant, découvrant, créant. […] Au génie ? […] La facilité n’est pas le génie. Aucun génie n’ignore la difficulté. […] Et loin de moi le dessein ridicule de tracer des limites au génie.
En fait de génie, Shakespeare n’a peut-être point de rivaux ; dans les hautes et pures régions de l’art, il ne saurait être un modèle. […] Une telle œuvre, conçue par un si jeune homme, n’est-ce pas déjà le plus singulier exemple de la précocité du génie ? […] Admirable trait de sens moral et de bon sens dans le génie adonné à peindre la passion ! […] Ainsi crée le poëte, et tel est le génie poétique. […] Voltaire aussi était un homme de génie ; la meilleure preuve du génie, c’est l’empire qu’il exerce sur les hommes : là où s’est manifestée la puissance de saisir, d’émouvoir, de charmer tout un peuple, ce fait seul répond à tout ; le génie est là, quelques reproches qu’on puisse adresser au système dramatique ou au poëte.
Une fille chérie, une fille qui pouvait comprendre le génie de son père, répandait sur l’intérieur de sa maison un charme habituel. […] Cet homme, dis-je, n’a-t-il pas l’air d’un auteur sans génie qui veut produire avec une catastrophe véritable les effets auxquels il ne peut atteindre en poésie ? […] Le génie est à plusieurs égards, populaire : c’est-à-dire, qu’il a des points de contact avec la manière de sentir du plus grand nombre. […] Qu’est-ce donc que prodiguer dans un moment d’impatience et d’ennui le souffle avec lequel nous avons senti l’amour, reconnu le génie et adoré la divinité ? […] L’esprit, le courage même ne sont dignes de louange que quand ils servent à ce dévouement qui peut produire plus de merveilles que le génie.
Le peuple ne voudra plus d’autres feuilletonistes que les génies. […] Le roman-feuilleton ne sera régénéré que par un écrivain de génie. […] que Dumas, sinon un Ponson du Terrail de génie ? […] Je ne plaisante pas : le génie. […] Il y avait de tout un peu, même du talent, parfois du génie.
. — Son génie d’artiste, ses chefs-d’œuvre. — Thétis dans La forge d’Éphestos. […] Nulle part le génie grec n’a déployé un sens plus exquis des analogies naturelles que dans la création de ce cycle ondoyant de divinités. […] Zeus était venu après eux, plus dégagé des scories de l’origine matérielle, vraiment divin par certains côtés, régulateur et conservateur, doué du génie de l’ordre et de l’équilibre. […] La Grèce, entre tous ses dons, eut au degré suprême le génie des analogies. […] Le Titan est puni de ses bienfaits, châtié de ses dons ; il expie sa science par la souffrance, et son génie par la dérision.
Quand les Napolitains (si souvent décriés) ont du génie et qu’ils travaillent sérieusement, ce sont des esprits de tout premier ordre, de superbes divinateurs. […] Et D’Annunzio, génie imberbe encore et séduisant comme un jeune dieu, était le lyrisme même. […] En vérité, voilà une assez jolie bibliothèque, et je sais peu de génies d’un goût aussi éclectique. […] C’est au succès bruyant, au Moloch de la réclame, qu’il a immolé son génie. […] Mais précisément pour cela elle atteignit aussi, par le génie d’un Corneille et d’un Racine, les sommets de l’art pur.
Quel génie inventif ! […] D’autres ont un génie de persuasion, un génie d’émotion, un génie de peinture, un génie d’exaltation ou de mélancolie, ou de vérité ou de logique. Voltaire a un génie de curiosité. […] Il a beaucoup donné au hasard, il a donné beaucoup au génie. […] Le génie de Newton est un génie d’analyse et de pénétration ; celui de Descartes est un génie d’imagination.
Il est le Génie tutélaire de la maison qui l’abrite, son ami et son commensal. […] Nous allons voir maintenant le génie grec travailler cette donnée confuse, et tirer du disque à feu des bergers aryens la plus grandiose figure, l’incarnation la plus haute de l’Humanité. […] Les baptêmes de nos contes bleus, où les Fées et les Génies comblent de leurs dons une filleule au berceau, proviennent peut-être de la création de Pandore. […] Le génie plastique de la Grèce se révèle, dès son origine, par ces beaux symboles. […] Telle était la légende de Prométhée, rudimentaire et contradictoire, mais renfermant en elle des trésors d’interprétation et de poésie. — Eschyle s’en empare de sa main puissante, il l’agrandit et la dégrossit, il la transforme et l’idéalise : le génie va achever le géant.