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713. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Monsieur de Balzac. » pp. 443-463

Aujourd’hui, par suite de l’immense travail que l’écrivain s’impose et que la société lui impose à courte échéance, par suite de la nécessité où il est de frapper vite et fort, il n’a pas le temps d’être si platonique ni si délicat. […] Le mode de publication en feuilletons, qui obligeait, à chaque nouveau chapitre, de frapper un grand coup sur le lecteur, avait poussé les effets et les tons du roman à un diapason extrême, désespérant, et plus longtemps insoutenable.

714. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Charles Perrault. (Les Contes des fées, édition illustrée.) » pp. 255-274

Il nous montre le procédé par lequel on les fabrique, et, si cette raillerie ne saurait en aucun temps atteindre les dignes et véritables érudits, elle frappait d’aplomb sur « un certain peuple tumultueux de savants » qui, à cette époque, se maintenait encore. […] Dans ces assertions hardies de Perrault et dans les réponses que lui fit Boileau, ce qui me frappe, c’est à quel point ils ont raison l’un et l’autre, mais incomplètement et sans se répondre, sans presque se rencontrer.

715. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Armand Carrel. — I. » pp. 84-104

Ce qui frappe chez Carrel en tous temps, c’est la tenue calme, sérieuse, la dignité naturelle qui contrastait avec plus d’un milieu où il se trouva. […] Sans doute il a pleuré amèrement et longtemps sur le bord de ce lit où il s’est frappé.

716. (1889) Émile Augier (dossier nécrologique du Gaulois) pp. 1-2

C’est sur un parquet bien ciré que son pied se sentait à l’aise pour frapper du talon. […] Vous comprendrez, d’ailleurs, que le secrétaire perpétuel ne puisse que se taire aujourd’hui, quand, demain, le directeur de l’Académie sera publiquement le digne et éloquent interprète des grands regrets de la compagnie, frappée au cœur et à la tête.

717. (1911) Jugements de valeur et jugements de réalité

La conscience morale moyenne est médiocre ; elle ne sent que faiblement les devoirs même usuels et, par suite, les valeurs morales correspondantes ; il en est même pour lesquelles elle est frappée d’une sorte de cécité. […] La conception courante d’après laquelle les choses auxquelles s’est adressé le culte ont toujours été celles qui frappaient le plus l’imagination des hommes est contredite par l’histoire.

718. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Édelestand du Méril »

J’ai toujours été, au contraire, beaucoup plus frappé de ce qu’il y a de fini, d’impatientant et de fini dans les facultés de l’homme, que de l’infini qu’on y suppose avec tant d’orgueil. […] Le second volume de l’Histoire de la Comédie chez tous les peuples, dont le premier nous a tant frappé par les qualités les plus contraires et le mieux unies, a paru, Édelestand du Méril est érudit à effrayer, et spirituel à faire pardonner son érudition aux plus frivoles.

719. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Saint-Bonnet » pp. 1-28

Il a eu son rayonnement dans quelques esprits trop peu nombreux qu’il a frappés par les qualités transcendantes dont il brille ; mais parmi les Critiques d’état, les journalistes, doseurs de gloire, on en a très peu parlé. […] Dans l’impossibilité où je suis de citer tout ce qui me frappe au milieu de ce fouillis de richesses, j’indiquerai au moins le chapitre où l’auteur montre, avec une audacieuse justesse, que sans l’Église le Christianisme aurait fait le mal et l’erreur du monde et qu’il ne serait plus que l’épouvante de l’Histoire ; et celui-là encore qu’il intitule : « Coexistence des pouvoirs d’ordre, de juridiction et d’infaillibilité », dans lequel il prouve d’une manière si piquante que Jésus-Christ, étant et restant dans sa forme humaine sur la terre, n’en serait pas moins tenu d’instituer son Église telle qu’il l’a instituée et telle qu’elle est à cette heure.

720. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Ernest Renan »

… « Jésus — selon Renan — lut aussi, sans doute, les livres apocryphes… Et parmi ces livres apocryphes, un dut le frapper, celui de Daniel. » Sans doute est imposant, mais si je doutais, moi, comment me le prouveriez-vous ? […] Mais l’Église frappe de sa vérité encore plus par ses papes indignes que par ses Saints.

721. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « Brizeux. Œuvres Complètes »

VII Nous l’avouerons, c’est ce qui nous a le plus frappé, le plus choqué en relisant dernièrement Brizeux. […] La Nationalité poétique de Brizeux n’est pas intense, et l’on en est d’autant plus frappé que tout le long de ses poèmes il ne cesse de s’exhaler en regrets sur le compte de cette Nationalité compromise ou perdue.

722. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre III : M. Maine de Biran »

Je vois d’ici la scène ; les gens frappaient à la porte de M.  […] On se frappe le front, comme en lisant Platon et les Alexandrins.

723. (1861) Questions d’art et de morale pp. 1-449

Il avait un sentiment trop complet, trop impérieux, des destinées humaines pour n’être pas frappé par le côté vraiment grand des découvertes industrielles de notre époque. […] De toutes les ressources extérieures qu’elle possédait autrefois pour frapper l’imagination et la sensibilité, la poésie écrite n’a plus gardé que la versification. […] C’est comme symbole d’une grande idée qu’une belle image frappe vivement notre esprit. […] De profonds enseignements jaillissent de cette contemplation de la douleur ; la grandeur du spectacle frappe l’homme et le rend sérieux. […] Le style est comme une empreinte, une effigie personnelle qui peut être frappée sur toute espèce de métal.

724. (1836) Portraits littéraires. Tome II pp. 1-523

Delavigne, n’est terrible que par son nom ; il ne frappe pas, comme dans Schiller, par la simplicité même de sa cruauté. […] Dumas leur a dérobés et qu’il n’a pas même eu le courage ou l’habileté de frapper à son effigie. […] Ce n’est pas le premier parti qui doit se présenter à sa pensée : avant de se venger sur le favori, elle doit frapper sa rivale. […] Il s’explique à lui-même, comme un théoricien consommé, toute la servilité de son despotisme ; il frappe pour n’être pas frappé ; il inflige à la ville gémissante son implacable volonté : il est trop lâche pour risquer une clémence qui ne lui serait pas pardonnée. […] Quand il veut frapper l’effigie d’un roi ou d’une courtisane, il n’a qu’à changer le nom ; le ciseau demeure oisif et ne fouille pas l’acier.

725. (1874) Premiers lundis. Tome I « M. Laurent (de l’Ardèche) : Réputation de l’histoire de France de l’abbé de Montgaillard  »

Laurent, les meneurs de toutes les factions se sont montrés bien modestes, en se réunissant pour proclamer unanimement la nullité de celui qui, sans autre ressource que l’austérité de ses mœurs et de ses principes, parvint à les dompter tous, et ne succomba ensuite que pour avoir tenté de régulariser l’action révolutionnaire, dans un temps où elle ne pouvait céder encore à la prudence des hommes. » Nous avouerons que cette médiocrité absolue de Robespierre nous avait toujours un peu chagriné, et que nous ne pensions point sans quelque embarras que l’homme monstrueux qui a mis son sceau sur la plus épouvantable période de l’histoire du monde, et l’a, pour ainsi dire, frappée à son effigie, n’eût eu d’autre mérite que celui d’un phraseur vulgaire et d’un passable académicien de province.

726. (1874) Premiers lundis. Tome II « Mort de sir Walter Scott »

Que ces disparitions réitérées, ces coups mystérieux qui frappent comme à dessein des groupes révérés, des génies au faîte, les derniers chefs d’un mouvement accompli ; que tous ces coups soient autant d’avertissements religieux aux générations nouvelles pour se hâter, pour se serrer dans les voies où elles marchent et où elles n’ont bientôt plus de guides qu’elles-mêmes !

727. (1875) Premiers lundis. Tome III « Le roi Jérôme »

Un caractère cependant bien fait pour frapper encore dans le prince Jérôme exilé, était ce qu’on peut appeler le caractère napoléonien.

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