Le développement de l’embryon est un perpétuel changement de forme. […] Tous les jours, sous nos yeux, les formes les plus hautes de la vie sortent d’une forme très élémentaire. […] Si l’on en écarte une forme, elle en prendra une autre. […] Il n’y a pas encore de forme, et c’est à la vie qu’il appartiendra de se créer à elle-même une forme appropriée aux conditions qui lui sont faites. […] Nous prétendons au contraire que la spontanéité de la vie s’y manifeste par une continuelle création de formes succédant à d’autres formes.
Les formes vivantes sont, par définition même, des formes viables. […] Posez l’action, la forme même de l’intelligence s’en déduit. Cette forme n’est donc ni irréductible ni inexplicable. […] Ce qui importe avant tout, c’est la forme à obtenir. […] Originellement, elle est adaptée à la forme de la matière brute.
Il a vu à quoi le métier devait servir, et il a bien compris, disons mieux, il a senti dans l’étude des anciens ce que la forme était en poésie. Il a essayé d’attraper cette forme-là, belle et parfaite. […] Alors il a mis la poésie dans sa voie : il a indiqué le but, qui est d’exprimer la nature dans une forme parfaite. […] Mais la forme des vers contraste avec la poésie : rien de plus parfait que certaines chansons de Desportes, par la vivacité légère du rythme. […] Par sa forme, Desportes est encore tout lyrique.
chercher, derrière les mots et les formes, l’esprit ; et relier enfin tous ces points de repère, isolés, par une ligne synthétique. […] La forme peut être modeste, pourvu qu’elle soit adéquate à une construction originale. […] Il n’y a pas de création sans forme. […] Et, réciproquement, parce qu’il y a des formes vides, bêtement copiées, combien de « graves » esprits ont osé dédaigner la forme ! […] Il n’est donc pas inutile d’insister : en dehors de la forme, il n’y a que chaos, impuissante velléité.
Nous avons désormais le droit d’affirmer l’efficacité des formes sociales. […] En la représentant comme l’âme des plus grandes révolutions modernes, ne lui avons-nous pas reconnu la capacité de modifier à son gré les formes sociales ? […] Entre le mouvement de ces formes sociales et l’influence qui lui revient, il reste un abîme qu’aucune déduction psychologique ne peut combler. […] Elles n’ont pris possession de l’esprit public que parce que l’esprit public était modelé déjà et comme pétri pour elles par l’action incessante des formes sociales. […] Et c’est pourquoi la connaissance des formes sociales qui concourent au progrès de l’égalitarisme n’interdit à personne de faire effort pour l’enrayer.
Il y a de ces emprunts anglais, réempruntés parle français, qui ont pris au cours de ce double voyage une forme bien curieuse. […] L’italien a emprunté le mot à la forme écrite : iachetto. Cette forme également usitée en français s’écrirait yaque. […] La vraie forme est bissmuth. […] Cette forme est en effet française depuis le xviie siècle.
Comme Wagner, nos compositeurs ont préféré à la forme de la symphonie celle du drame. […] La seconde forme était la plus appliquée durant les deux derniers siècles, surtout dans la poésie lyrique. […] Mais cette forme étrangère ne pouvait s’acclimater, puisque, pour les appliquer, il fallait forcer la langue outre mesure et se priver d’autres formes poétiques plus belles et plus variées. Platen s’en aperçut, et, délaissant dès lors de plus en plus ces formes romanes, il imite plutôt les formes des vers et strophes grecques ; il s’y montrait grand maître aussi, même dans les mesures les plus difficiles, celles des odes. […] Mais quelle forme donner au drame allemand ?
Aux yeux des peuples enfants, cette forme était Dieu lui-même. […] Ne soyons pas trop sévère pour cette forme indécise de la pensée. […] L’homme est un véritable créateur quand il est parvenu à insuffler une idée dans une forme, à contraindre une forme à rester adhérente à son idée. […] Une réunion d’images sans valeur symbolique ne forme pas plus un morceau de poésie que la juxtaposition des couleurs sur une palette ne forme un tableau. […] La forme nécessaire de la poésie n’est-elle pas la versification ?
Ce qui distingue une religion, c’est l’inspiration et certaines formes particulières. Or la raison est émancipée, elle peut se passer de ces formes. […] Jouffroy le caractère de la religion, c’est l’inspiration, et non certaines formes qui constituent le culte. Or ce n’est plus le temps de l’inspiration, dit-il, aujourd’hui on n’a plus besoin de formes religieuses. […] Habitué à certaines formes du passé dans lesquelles il reconnaît le caractère religieux, il ne peut se décider à admettre comme religion toute pensée qui ne se manifeste pas sous une de ces formes.
Pour répondre à cette question, il suffira à chacun de passer en revue les diverses formes que l’idée de nombre a prises pour lui depuis son enfance. […] Car l’homogénéité consistant ici dans l’absence de toute qualité, on ne voit pas comment deux formes de l’homogène se distingueraient l’une de l’autre. […] C’est donc par l’intermédiaire du mouvement surtout que la durée prend la forme d’un milieu homogène, et que le temps se projette dans l’espace. […] Si, à mesure que nous nous éloignons des couches profondes du moi, nos états de conscience tendent de plus en plus à prendre la forme d’une multiplicité numérique et à se déployer dans un espace homogène, c’est précisément parce que ces états de conscience affectent une nature de plus en plus inerte, une forme de plus en plus impersonnelle. […] Et qu’on ne nous reproche pas ici de dédoubler la personne, d’y introduire sous une autre forme la multiplicité numérique que nous en avions exclue d’abord.
Elle devient épique ; elle enfante Homère… L’épopée prendra plusieurs formes, mais ne perdra jamais son caractère. […] Croce me semble faire à plus d’une reprise ; il étend aux genres littéraires et à leurs conditions psychologiques (lois) la critique méritée par les formes et par les règles. […] On pourrait aller plus loin, et, sans tomber dans le fétichisme des formes et des règles, étudier les rapports intimes du contenu avec le contenant. […] Mais encore pourrait-on se demander : l’effet voulu ne serait-il pas beaucoup plus considérable si la forme était adéquate à l’esprit ? […] Les isoler, en individualités, cela paraît d’abord assez légitime ; c’est surtout commode ; mais ne sentons-nous pas que, par la forme et le fond, ils se rattachent intimement au tout ?
On connaît la belle allégorie de Schopenhauer : « Deux choses étaient devant moi, deux corps pesants, de formes régulières, beaux à voir. […] En face de cette conception s’est élevée la doctrine moderne de l’évolution et de la sélection naturelle, qui entreprend d’expliquer les diverses formes de la vie par le triage séculaire des combinaisons les plus capables de survivre. […] Les physiologistes modernes ont montré que l’embryon humain, à travers les formes passagères de son développement, reproduit d’une manière provisoire et fugitive plusieurs formes arrêtées et permanentes dans les espèces inférieures : il traverse à la hâte, en quelque sorte, la nature animale, il la résume en une esquisse rapide, avant d’être homme. […] Il n’a pas su montrer dans cette « volonté de vivre » qui, selon lui, fait le fond commun de tous les êtres, la vraie origine de nos idées universelles et nécessaires, des formes à la fois cérébrales et mentales à travers lesquelles nous apercevons toutes choses. […] Nous croyons, au contraire, que l’explication des formes de la pensée tient, en grande partie, aux fonctions de la volonté et aux nécessités de la vie.
Chacune de ces trois divisions a deux formes ; la forme primaire, vive ou réelle ; la forme secondaire, faible ou idéale. […] La vie est donc bien une correspondance, sous ses formes les plus hautes et les plus basses. […] Tandis que les phénomènes qui sont l’objet de la physiologie, se produisent sous la forme d’un nombre immense de séries différentes liées ensemble, les phénomènes qui sont l’objet de la psychologie, au contraire, ne se produisent que sous la forme d’une simple série. […] Peu à peu, cependant, la forme simultanée décroît devant la forme successive, amenant ainsi de nouveaux progrès de la vie psychique. […] La forme sérielle est donc le caractère spécial de l’intelligence.
De forme en forme, par gradations insensibles, elle accomplira sous nos yeux de bien singulières métamorphoses. […] C’est que la forme est pour nous le dessin d’un mouvement. […] Autant de formes et de formules, autant de cadres tout faits où le comique s’insérera. […] Déjà la forme compassée de tout cérémonial nous suggère une image de ce genre. […] Considérez par exemple cette note comique : la forme voulant primer le fond.
Les formes de la pensée qui sont des parties essentielles du mécanisme de l’expérience, se développent tout comme les formes des autres fonctions vitales. […] Ils disent : ces formes sont impliquées dans les expériences particulières. […] « Les formes de la pensée, comme les formes de la vie, sont des évolutions, non des préformations. » Kant ne l’a point vu. […] Kant ressemble à un homme qui dirait que la forme du chêne préexiste dans le gland, parce que la forme du chêne sort du gland. […] La lumière avec ses myriades de formes et de couleurs ; le son avec ses milliers de formes sont le vêtement dont nous habillons le monde.