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534. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Armand Carrel. — I. » pp. 84-104

Mais souvenez-vous que la Révolution est finie. […] L’Angleterre, en détrônant Jacques II et en mettant en sa place Guillaume d’Orange, n’a fait que tirer la conclusion et a fini par comprendre « que, pour conserver la royauté avec avantage, il fallait la régénérer, c’est-à-dire la séparer du principe de la légitimité ». […] Quand une époque est finie, le moule est brisé, et il suffit à la Providence qu’il ne se puisse refaire ; mais des débris restés à terre, il en est quelquefois de beaux à contempler.

535. (1889) Émile Augier (dossier nécrologique du Gaulois) pp. 1-2

Elle eut le sentiment que ce qu’elle avait pris pour un établissement définitif n’était qu’une halte, un campement ; que la lutte allait recommencer, non plus, cette fois, avec les survivants héroïques, mais débiles, d’un monde qui finissait, mais contre l’invasion d’un peuple, formidablement endenté, armé de tous les appétits, dégagé de toutes les mythologies, de toutes les conventions, de tous les préjugés, de toutes les faiblesses. […] C’est ainsi que l’autre soir, à la reprise de Maître Guérin, à la Comédie-Française, l’outrance vertueuse du colonel, la candeur exagérée de l’inventeur Desroncerets, le désintéressement infatigable de sa fille, avaient fini par énerver le public et le rendre fort indulgent pour les habiletés juridiques du notaire indélicat. […] Et, maintes fois, il avait recommandé aux siens de lui épargner, quand l’heure suprême serait venue, tout spectacle, tout indice qui pourrait lui donner le soupçon que c’était fini pour lui de vivre et d’aimer.

536. (1860) Ceci n’est pas un livre « Une préface abandonnée » pp. 31-76

Ce sont les héros du roman… Ils avaient fini de s’ajuster, — ils étaient prêts, — ils avançaient déjà le pied pour faire la révérence en entrant dans ce salon — qui n’existe pas ! […] La couverture jaune ou bleue s’affaisse à son tour… Tout est bien fini. […] Il marche au hasard, il se heurte gauchement à toutes les pierres de la route, il donne du front contre tous les obstacles, — il voit à faux, ou plutôt il n’y voit pas du tout — et finit par tomber dans les bas-fonds du mélodrame.

537. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre VI. Daniel Stern »

Ce pseudonyme n’a-t-il pas toujours été le secret de la comédie et d’ailleurs, à la fin du volume que nous avons là sous nos yeux (édition de 1849), le front de la femme n’a-t-il pas fini par trouer le masque de dentelle noire à travers lequel on le voyait ; et Daniel Stern, ce cerveau sans sexe jusque-là, n’a-t-il pas avoué modestement et franchement qu’il en a un ? […] Les commencements, c’est le plus beau, en tout ; mais particulièrement en républiques, lesquelles d’ordinaire commencent en belles femmes, un peu affolées, mais finissent toujours en queue de poisson, et de poisson vitement pourri, à faire mal au cœur aux républicains les plus solides ! […] En effet, le style de Mme Stern a fini par n’avoir plus de couleur du tout, et on s’en aperçoit d’autant mieux dans son livre sur les Pays-Bas, qu’il y a quelques citations, dans lesquelles le mot bien souvent étincelle et brille mieux sur ce style plombé, qui voudrait bien, à toute force, être du fer et qui n’est que du plomb, et qui reste plomb jusqu’à la fin du livre.

538. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Saint-Bonnet » pp. 1-28

Avec la moelle de tous ces lions qu’il lui fait avaler, la métaphysique, l’inerme (sic) métaphysique, finit par être quelque chose. […] , épouvanté de ne pas trouver le mot de ce monde, qui, s’il n’est pas tombé, n’est plus que l’œuvre d’un diable devenu fou, — comme disait Byron, — c’est-à-dire une absurdité, finit pourtant par accepter. […] La réflexion a fixé l’éclair de la spontanéité et l’a élargi, et en a fait la nappe de lumière qui s’étend dans ce livre de la Douleur et qui finit par allumer et rouler dans ses plis le feu de la mysticité.

539. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « J. de Maistre » pp. 81-108

I Il est des génies avec lesquels il semble qu’on n’en ait jamais fini, et qui rappellent ce qu’on disait de la Sainte-Ampoule, de miraculeuse mémoire. […] En dehors des statues finies de Michel-Ange, j’ai la certitude que son atelier serait encore quelque chose de suggestif et de grand. […] C’est cet homme que nous retrouvons, en ces Quatre chapitres inédits sur la Russie, dans toute la pureté, la beauté et la douceur de son esprit ; car il faut en finir avec les vieilles vulgarités qui traînent : — puisque l’on ne conteste plus que Joseph de Maistre soit un grand esprit chrétien, il doit avoir la douceur, la douceur de la force chrétienne dans la pensée, et l’on dit une sottise quand on en fait un penseur dur et inflexible.

540. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Charles Baudelaire  »

C’est un de ces matérialistes raffinés et ambitieux qui ne conçoivent guères qu’une perfection, — la perfection matérielle, — et qui savent parfois la réaliser ; mais, par l’inspiration, il est bien plus profond que son école, et il est descendu si avant dans la sensation, dont cette école ne sort jamais, qu’il a fini par s’y trouver seul, comme un lion d’originalité. […] Le caractère de la poésie des Fleurs du mal, à l’exception de quelques rares morceaux que le désespoir a fini par glacer, c’est le trouble, c’est la furie, c’est le regard convulsé, et non pas le regard sombrement clair et limpide du Visionnaire de Florence. […] « L’opium et le haschich — dit très bien Baudelaire — ne révèlent rien à l’individu que l’individu. » Or, c’est bientôt fini, l’individu.

541. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « Brizeux. Œuvres Complètes »

Le Piferario des landes de Bretagne, puni pour les avoir quittées, le joueur de biniou, à l’haleine suave, avait expiré au dernier vers de ce poème de Marie, qui a commencé sa renommée et qui l’a finie en même temps, — blanche aube qui ne devait pas devenir une aurore ! […] Et l’on croirait quand il parle ainsi qu’il parle de son talent, qui n’eut jamais que seize ans… Cela finit par devenir trop jeune, comme le filet d’or, aminci quand il ne grandit pas, finit, incertaine auréole, par ne plus ressembler qu’à un fil !

542. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXVI. Des oraisons funèbres et des éloges dans les premiers temps de la littérature française, depuis François Ier jusqu’à la fin du règne de Henri IV. »

Mais il en est ainsi de presque tous les honneurs : la justice les institue, la politique les conserve quelque temps au mérite, bientôt la vanité les réclame comme un droit, le vice les usurpe par l’intrigue : au lieu d’honorer ceux à qui on les accorde, quelquefois ceux qui les obtiennent les déshonorent ; et ce qui devait être glorieux et rare, finit par être prodigué et avili. […] Il parle des bienfaits qu’il a lui-même reçus de ce prince dont il était aimé ; il joint sa douleur particulière à celle de toute la France, et il finit par faire à son bienfaiteur et à son prince, les adieux les plus passionnés, comme l’ami le plus tendre pourrait les faire sur le tombeau et à la vue des cendres de son ami. […] Il finit par exhorter tous les seigneurs de la cour qui étaient présents, à ne jamais prendre les armes que par l’ordre et pour le service de leur maître, s’ils voulaient, comme Du Guesclin, remplir les devoirs de la chevalerie, et mériter à la fois l’approbation de Dieu et l’estime des hommes.

543. (1894) La bataille littéraire. Septième série (1893) pp. -307

Le roman n’a pas de dénouement présent, et c’est dans ce vague que consiste le charme qui vous poursuit quand on a fini de le lire. […] Les choses en sont à ce point quand apparaît la mère qui, sentant sa vie finie, veut la lier à celle de sa fille. […] C’est un fait que, faute de s’exercer, les organes s’amincissent et finissent même par disparaître. […] » Ce mot amer, s’il a été prononcé, résumait, en fait, un état de choses avec lequel elle avait fini par concilier ses aspirations humanitaires. […] C’était fini, cette fois.

544. (1859) Critique. Portraits et caractères contemporains

Ainsi comprise, l’histoire de la littérature moderne offre au lecteur une œuvre qui commence, une œuvre qui finit. […] tu commenceras comme finit Charles Nodier ; tu seras de l’Institut, et encore de l’Académie des inscriptions, à côté de M.  […] Comment finirent ces enfantillages ? […] En dépit de ces hauts faits, notre aîné finit par dépérir comme un autre homme. À soixante ans qu’il avait ou plutôt à soixante ans qu’il n’avait plus, il ajouta un rhume, au rhume un catarrhe, et il mourut muni de tous les sacrements de l’Église ; ce qui n’était jamais arrivé à aucun chevalier errant, pour finir comme finissait je ne sais quel roman espagnol.

545. (1890) Journal des Goncourt. Tome IV (1870-1871) « Année 1870 » pp. 3-176

On entend des manœuvriers gouailleurs dire : « Le fort, il sera fini dans trois mois !  […] La représentation est finie, le monde se disperse. […] … Je finissais par me caser… Paf ! […] Demain, Paris finit aux remparts, et le bois de Boulogne ne sera plus parisien. […] Concevez-vous, depuis septembre dernier… » Puis, le monsieur à la pauvre femme, qui a fini de dîner, s’en va.

546. (1891) Lettres de Marie Bashkirtseff

… (Il a encore trois ans pour finir ses études.) […] Il y en a pourtant qui durent des semaines… Non, il y a des moments de lassitude, pendant lesquels on voudrait en finir avec tout, et pour en finir, il n’y a que deux moyens : mourir ou aimer. […] Le tableau que je faisais pour le Salon n’est pas encore fini. […] C’est ainsi que finit l’aventure. […] Mais monsieur… Allons, j’allais oublier que c’est fini nous deux.

547. (1893) Impressions de théâtre. Septième série

Tout paraît bien fini entre le père et le fils. […] C’est fini… oublié… Ton père, va, tu dis vrai, je suis bien ton père. […] Les sons de l’orgue nous apprennent que le sermon est fini. […] Sa préoccupation finit par être celle d’un acteur sur les planches. […] Au Gymnase, voyez-vous, il faut que les choses finissent bien.

548. (1891) La bataille littéraire. Quatrième série (1887-1888) pp. 1-398

Alors seulement et pour quelques années la bataille sera finie. […] … Mais, regarde-moi, je meurs de cet effroyable secret… C’est fini. […] Ses yeux finirent par distinguer les aiguilles : il lut une heure et quart. […] N’était-ce pas là que la joie d’être finissait ? […] J’ai fini : qu’un autre commence !

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