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991. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXe entretien. Dante. Deuxième partie » pp. 81-160

En troisième lieu, un poème épique suppose un récit continu, un commencement, un milieu, une fin, récit inspirant, par ses péripéties, un intérêt épique ou dramatique à celui qui lit ou qui écoute. […] À la fin mon guide me dit : “À quoi penses-tu ? […] « C’était l’heure qui reporte le regret des navigateurs vers le rivage et qui attendrit leurs cours à la fin du jour où ils ont dit l’adieu à ceux qu’ils aiment ! […] À la fin, au sortir d’une forêt enchantée, peuplée des plus charmantes apparitions féminines, — Béatrice elle-même lui apparaît de l’autre côté d’un ruisseau. […] » XXV En effet, jusqu’à la fin du dernier chant, son poème, sans action, sans drame, et par conséquent sans dénouement, n’est plus qu’un éblouissement d’étincelles, de feux, de flammes, de lueurs, d’ailes, de fleurs volantes, de trinités lumineuses, resplendissantes dans une seule étoile, de visages rayonnants d’auréoles, de cercles inférieurs se fondant dans d’autres cercles supérieurs, comme les plans superposés de bienheureux échelonnés par tous les peintres d’apothéoses dans les dômes des cathédrales ; saint Bernard, la Vierge Marie, Rachel, Sara, Rebecca, Judith, saint Jean, saint Benoît, saint Augustin, saint Pierre, sainte Anne, Ésaü, Jacob, Moïse, sainte Lucie, patronne de Palerme, y chantent des Hosanna éternels.

992. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XVIII. J.-M. Audin. Œuvres complètes : Vies de Luther, de Calvin, de Léon X, d’Henri VIII, etc. » pp. 369-425

Il ne voit pas même ce qu’il y a de vrai et de révélateur sur l’état exaspéré des partis en 1572 dans les lettres de Charles IX à ses gouverneurs et aux Ligues : « C’est un accident advenu ces jours passés dans la ville de Paris à la suite d’une querelle particulière arrivée à telle rage, etc. » Et cependant il cite ces paroles à la fin de son volume, mais il les cite comme des justifications après l’évènement. […] Mal entré dans le xvie  siècle par la brèche de la Saint-Barthélemy, il devait remonter vers l’origine du mal et pénétrer dans ses sources mêmes une phase d’histoire dont on peut dire qu’il l’a possédée à la fin, tant il l’a bien comprise ! […] Travail de fourmi littéraire, cela est fin, charmant, remué, inépuisable ; mais ce genre de talent, qui décompose une existence, ne la recompose jamais, tandis qu’Audin en dresse la synthèse sur les analyses et les atomes de l’érudition et de la recherche. […] Ainsi encore il nous conduit dans son Calvin jusqu’à la fin de son premier volume avant d’écrire cette phrase : « Il y a des moments où l’on dirait que l’épée de Charles-Quint est changée en quenouille. […] À la fin de janvier 1851, le mal empira.

993. (1853) Histoire de la littérature française sous la Restauration. Tome I

C’est là ce qui explique la résolution qu’il prit à la fin. […] Mouvement des idées philosophiques sur la fin de l’empire. — Royer-Collard […] Ce fut la fin de l’intervention de M.  […] En outre un esprit fin spirituel, indépendant, que nous avons rencontré à la fin de l’empire, étudiant à la dérobée l’éloquence parlementaire dans les discours de Pitt, Fox, Burke et Sheridan, M.  […] Le doute, sans cesse repoussé, revient sans cesse puisqu’il faut le combattre sans fin.

994. (1891) Enquête sur l’évolution littéraire

Qu’est-ce que ces dangers de la fin de siècle ? […] — Que pensez-vous de la fin du naturalisme ? […] Nous sommes à la fin d’une civilisation. […] le dilettantisme, les psychologues fins, fins, et les gris de l’École normale, des gens de valeur et d’étude analytique qui tiennent en somme la faveur du public lettré en ce moment. […] — Et, selon vous, cette fin était fatale ?

995. (1891) La vie littéraire. Troisième série pp. -396

Est-ce la monotonie sans fin des formes et des couleurs que déroule ce peuple falot au milieu duquel il passe en regardant ? […] Sait-elle, savent-elles, le plus souvent, même les plus fines et les plus compliquées, pourquoi elles agissent ? […] Mais, par le tourment ingénieux du style et la curiosité fine de la pensée, il procède des Goncourt plutôt que de M.  […] Il devint bientôt le maître à graver de madame de Pompadour qui s’amusait à tailler des pierres fines. […] J’y aurais voulu un pinceau plus fin, trempé dans l’or et l’outremer des vieux enlumineurs.

996. (1905) Propos littéraires. Troisième série

Faust y est parfaitement désespéré au commencement et plongé dans un parfait désespoir à la fin. […] La fin du poème est décidément très belle. […] C’est une belle fin de bon fonctionnaire et de bon professeur. […] Songez au début de Nana et à la fin merveilleuse de Germinal, et à la fin, si prestigieuse, de La Terre. […] À la fin on le voit transformé en gros bourgeois de province, riche, despotique et borné.

997. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre I. La Renaissance païenne. » pp. 239-403

Insensiblement la croissance se fait, et à la fin du siècle tout est changé. […] Il rencontre un jour une belle paysanne et l’aime ; peu à peu, en lui parlant, il se rappelle Argentile et pleure ; il décrit son doux visage, sa taille ployante, ses fins poignets veinés d’azur, et tout d’un coup voit la paysanne qui défaille. […] Des attentes et des rebuts, beaucoup de tristesses et beaucoup de rêves, quelques douceurs et tout d’un coup un malheur affreux, une fortune petite et une fin prématurée : voilà bien une vie de poëte. […] Le fin Arioste, l’ironique épicurien, en charme ses yeux et s’en égaye en voluptueux, en sceptique qui jouit deux fois du plaisir, parce que le plaisir est doux et qu’il est défendu. […] Ils ignorent l’enjouement mesuré, la fine moquerie, la flatterie délicate.

998. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre sixième »

Bien loin d’être une comédie, à peine est-ce une farce, surtout pour qui se rappelle la gaieté fine et les grâces naïves de la Farce de Patelin. […] Je ne doute pas que ce génie ne l’eût emporté à la fin par ses propres forces, tout comme je ne doute pas que, sans Richelieu et Louis XIV, la France ne se fût à la fin tirée de l’anarchie et n’eût conquis son unité politique. […] Cette disposition d’esprit et cette humeur semblaient faire de Boileau l’ennemi naturel de ces riens galants, de ce grand fin, de ce fin des choses, de ce fin du fin, après lequel couraient tous les poètes de l’époque ; mais il s’en faut qu’elles l’aient rendu indifférent au langage de l’amour véritable. […] Nous voyons, vers la fin de la vie de La Fontaine, Racine et Boileau le décider à mettre au feu un conte qu’il songeait à adresser au grand Arnauld, qui l’avait loué de ses fables. […] Ce qu’il a écrit en prose, sauf quelques pages fines et piquantes sur les détails de l’art177, et quelques lettres d’une simplicité éloquente, est bien loin de ses poésies.

999. (1920) Essais de psychologie contemporaine. Tome II

Mais le défaut de la fin était la qualité du commencement, et M.  […] Huysmans, ce morbide aquafortiste, à ces fins ouvriers de prose ; Mme Julia Daudet, les Rosny, les Margueritte, combien d’autres ? […] Ces brusques débuts et ces fins comme inachevées font trompe-l’œil. […] Tous leurs défauts et toutes leurs qualités tiennent dans ce livre, à un degré qui fait comprendre que ces pages étaient une fin. […] Il a eu l’honneur de provoquer de nombreuses études, quelques-unes signées du nom des plus fins moralistes de notre époque, une de M. 

1000. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Duclos. — II. Duclos historien » pp. 224-245

Il était assez reçu autrefois que l’histoire devait être écrite en beau langage par quelque académicien, et qu’il fallait quelque abbé ou bénédictin de métier pour faire les recherches : on ménageait le bel esprit brillant et qu’on savait volontiers impatient de sa nature ; il ne venait qu’à la fin tout frais et tout reposé. […] Après avoir raconté la mort de Louis XI, le judicieux abbé disait : « Telle fut la fin de ce prince. […] Enfant, né en 1704, il avait vu cette fin de Louis XIV, comme ceux qui sont nés au commencement de ce siècle, à la date correspondante, ont pu voir les dernières années de l’Empire. […] Louis XIV, tout à la fin de sa vie, s’était pris de goût et d’amitié pour une demoiselle de Chausseraye (ou de La Chausseraye), qui avait de l’esprit qu’elle cachait sous un air d’ingénuité.

1001. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Madame Roland, ses lettres à Buzot. Ses Mémoires. »

(suite et fin). […] Nos plus libres auteurs comme Molière et La Fontaine imitent beaucoup eux-mêmes ; le principal, aux yeux de ce dernier, et tout le fin de l’art consiste à savoir rendre sien cet air d’Antiquité. […] « Il y a telle femme ; dit La Bruyère, qui anéantit ou qui enterre son mari, au point qu’il n’en est fait dans le monde aucune mention… » Elle, elle a trop éclairé le sien, elle l’a mis sur le pinacle, et elle a achevé par là même de l’écraser, de l’enterrer sous ses révélations dernières ; dans ses lettres à Buzot, elle l’appelle d’un ton où perce la pitié « le malheureux Roland » ; elle le montre à la fin abattu, baissé, démoralisé (c’était bien permis). […] Se sentant vouée par les événements à une fin tragique, elle y avait beaucoup réfléchi et elle s’était dit qu’il fallait, quand on est appelé à représenter en public, faire un peu de toilette, pour le corps et pour l’âme.

1002. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Mémoires de Malouet (suite et fin.) »

Mémoires de Malouet (suite et fin.) […] Il paraît bien qu’après le premier tumulte toute la fin de la lettre avait été entendue assez patiemment ; Robespierre tira de là son exorde : « J’ignore quelle impression a faite sur vos esprits la lettre dont vous venez d’entendre la lecture ; quanta moi, l’Assemblée ne m’a jamais paru autant au-dessus de ses ennemis qu’au moment où je l’ai vue écouter avec une tranquillité si expressive la censure la plus véhémente de sa conduite et de la Révolution… Je ne sais, mais cette lettre me paraît instructive dans un sens bien différent de celui où elle a été écrite… Je suis bien éloigné de vouloir diriger la sévérité, je ne dis pas de l’Assemblée, mais de l’opinion publique, sur un homme qui conserve un grand nom ; je trouve pour lui une excuse suffisante dans une circonstance qu’il vous a rappelée, je veux dire son grand âge. […] Ce n’était pas seulement, comme on disait, un coup d’épée dans l’eau que sa malencontreuse Lettre, c’était pis par rapport à lui : comme il avait 77 ans et pas de lendemain, ses amis lui avaient fait faire, pour fin de carrière, une désastreuse campagne98. […] Louis xviii le fit ministre de la marine ; mais les forces du fidèle serviteur étaient à bout, et Malouet mourait bien avant la fin de cette année 1814 (6 septembre).

1003. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. » p. 232

Sa vie et sa correspondance (suite) Mardi 4 mai 1869 Il me reste à indiquer des portions de correspondance qui offrent des tons un peu plus variés, à montrer pourtant jusqu’à la fin la note fondamentale, et aussi à recueillir les principaux hommages qui n’ont pas manqué de son vivant à ce tendre et sympathique génie. […] Vers la fin, elle y mettait sans doute aussi de la réserve et se privait de les voir, sentant qu’elle vivait d’une tout autre vie. Mme Duchambge, que je n’ai connue que déjà passée, qui avait dû être des plus agréables, et qui, toute ridée qu’elle était, rappelait, par les mille petits plis de son fin et mignon visage, certaine jolie vieille de l’Anthologie : De ses rides les petits plis De nids d’amours sont tout remplis ; Mme Duchambge avait eu pour dieu de sa jeunesse l’aimable enchanteur Auber, dont elle adorait toujours l’étoile de plus en plus brillante, inconstante et légère. […] … Espérons… » Sur quoi Mme Valmore, se mettant à son unisson, s’efforçait de relever son courage, d’évertuer sa vieillesse, de l’attendrir par l’aveu des misères communes, de l’égayer par des images simples, qui rappellent les beaux jours et les joies de l’enfance : « (9 novembre 1854)… La dame qui m’aide souvent à trouver l’argent d’emprunt pour passer mon mois, à la condition de le rendre à la fin de ce mois même, n’a pu venir encore à mon secours, à travers la pluie et toutes les difficultés de sa propre vie.

1004. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE PONTIVY » pp. 492-514

La souffrance de Mme de Pontivy se changea par degrés en une délicieuse rêverie qui elle-même, à la fin, disparut dans une joie charmante. […] Cet esprit si fin, cette âme si tendre, qui avait eu tous ses avantages dans les préambules de la passion, se reposait volontiers maintenant et se perdait dans les flammes de son amie, comme l’étoile du matin dans une magnifique aurore. […] est-ce bien possible que ce soit là en effet la fin d’un amour comme le nôtre ? […] Je le ferai ; vous ne me reconnaîtrez plus, ce sera un autre que vous croirez aimer, et ce n’est qu’à la fin, en comparant, que vous verrez que c’était bien le même.

1005. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Madame de Krüdner et ce qu’en aurait dit Saint-Évremond. Vie de madame de Krüdner, par M. Charles Eynard »

C’est ainsi que parlerait Nicole ; c’est ainsi que Bossuet parle de l’horrible fin de Molière. […] Pour nous convier à bien mourir, qu’il nous peigne une belle mort, et qu’il ne nous présente pas surtout comme affreuse une fin que beaucoup d’honnêtes gens non croyants seraient plutôt tentés d’envier. […] Elle se dit donc qu’il est temps pour elle d’ajouter, de substituer insensiblement un attrait à un autre ; elle veut devenir célèbre par le talent, et elle ne ménage pour cette fin aucun moyen. […] Quand on pense avec tant de délicatesse, on a raison de choisir pour s’exprimer la langue de Sévigné et de La Fayette. » Voici quelques-unes de ces pensées, qui sont en effet délicates et fines ; l’esprit du monde s’y combine avec un souffle de rêve et de Poésie.

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