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481. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome III pp. -

Il la réfuta dans un livre intitulé, des Vraies & des fausses idées. […] Phryné, instruite du secret de Praxitèle, le rassure sur cette fausse allarme, & l’oblige de lui donner le Cupidon. […] Le jésuite avoit effectivement cité faux ; le dominicain l’en convainquit. […] Leurs adversaires s’inscrivent en faux & se prévalent de ce que la bulle n’a pas été fulminée ; mais cela prouve-t-il qu’elle n’ait pas existé. […] Le miracle, faux ou vrai, recula la ruine des monastères.

482. (1714) Discours sur Homère pp. 1-137

Nul dessein, nulle ordonnance, caractéres démentis, pensées pueriles, sentimens faux, discours sans suite, narrations diffuses, comparaisons forcées, sentences triviales, épithétes froides et fatigantes. […] Quelques adorateurs d’Homere ne sont pas contens de cette distinction : on a grand tort, disent-ils, d’appeller grossiers ces tems heroiques, où le luxe n’avoit point encore corrompu les moeurs, et où l’homme joüissant innocemment des vrais biens, n’avoit point encore imaginé ces fausses grandeurs, ni ces fausses richesses dont la cupidité s’est avisée depuis. […] Cela est vrai, à parler philosophiquement, mais en matiere de poësie, rien n’est plus faux. […] Il n’y a pas d’apparence qu’on le veuille dire, cela est trop évidemment faux. […] Elle est vraie, si mon ouvrage en fournit quelque preuve ; mais quand il n’en fourniroit point du tout ; il ne s’en suivroit pas qu’elle est fausse ; et il faudroit attendre que de meilleurs poëtes que moi en fissent voir la vérité.

483. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre I. Des poëtes anciens. » pp. 2-93

Je ne parle point du faux éclat qu’ils ont prêté à des pensées communes, je parle des vices que la Poésie a embellis & des crimes qu’elle a canonisés. […] C’est en le lisant sans cesse qu’on peut se former un goût parfait & se préserver de la contagion du faux esprit qui regne dans tant d’écrits modernes. […] La plûpart servent à étayer les sens faux qu’il donne à son auteur ; elles sont moins faites pour le Poëte que pour le traducteur. […] Mais en général, la plûpart des traducteurs gâtent leur original, ou par une fausse ambition de le surpasser, qui les rend infidéles, ou par une plate exactitude, qui les rend plus infidéles encore. […] Petrone se donna la mort lui-même pour prévenir celle à laquelle l’Empereur, sur une fausse accusation, l’auroit condamné.

484. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. VILLEMAIN. » pp. 358-396

Ce sentiment, qui paraît être excité surtout aux époques de grande concurrence et de plénitude, au second ou au troisième âge des littératures très-cultivées, sentiment utile et bon, à vrai dire, en tant qu’il n’est qu’avertissement et aiguillon, devient faux s’il renferme une crainte sérieuse et une tristesse jalouse. […] Retiré dans sa province méridionale où l’enchaînaient d’honorables devoirs fortement compris, où le refoulaient des douleurs patriotiques et républicaines qu’il est beau à lui d’avoir exagérées, il perdit assez vite le sentiment vrai des choses, il fit fausse voie dans sa destinée. […] Ainsi nous avons vu, à plusieurs égards, Bayle, sauf une petite fausse pointe de quelques mois114 ; ainsi M. […] Si dans le dernier cas, devant cette raison mobile, trempée de moquerie, chatouilleuse de bon sens et de sens malin, détachée du fond, aisément fuyante si on la presse, quelques efforts méritants, quelques nouveautés qui avaient leur prix s’émoussent, et quelques verités non essayées se découragent, combien aussi de fausses vues opiniâtres viennent échouer !

485. (1860) Cours familier de littérature. X « LVIIe entretien. Trois heureuses journées littéraires » pp. 161-221

Selon nous, l’idée était fausse ; l’Évangile, qui est une réforme sévère et rationnelle de la Bible, n’est pas poétique pour le vulgaire. […] XXIII Ce fut donc, selon nous, une idée fausse chez M. de Laprade que de consacrer son talent à une traduction poétique de l’Évangile. […] Voyez-vous cette foule essayer de sourire, Ivre de ces faux biens dont vous ne voulez pas ? Vous êtes le remords qui les suit pas à pas ; De leurs fausses grandeurs démasquant l’imposture, Vos paisibles mépris font déjà leur torture ; Vous avez pour troubler leur magique festin Cet invincible espoir qui commande au destin.

486. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXXIIe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (3e partie) » pp. 369-430

J’engage mes lecteurs à les lire ; on y verra combien j’ai changé d’impression sur ce faux prophète d’une liberté anarchique, d’une liberté sans limites, d’une égalité impraticable. […] Il a quelques faux principes ; il n’a pas une excuse pour une goutte de sang, aucun démagogue n’y est flatté. […] Seulement la confiscation des biens de l’émigré, droit qui punit les enfants et la famille de la faute d’un père, dont ils sont innocents et pour lequel ils sont frappés dans leur existence, est un faux principe en équité comme en politique. […] Mais je dirai toujours qu’une franche république sans proscripteurs et sans proscrits vaut mieux pour un peuple en révolution qu’une fausse monarchie enchaînée et assassinée par les factions de 1791.

487. (1841) Matinées littéraires pp. 3-32

Ils vous apprendront mieux que tous les enseignements à discerner le bien et le mal, le faux et le vrai, le néant et la grandeur dans les travaux de l’esprit humain. […] Malheureusement, il n’est point de pays où la fausse monnaie ait plus de cours que dans le domaine de la littérature, et nous reconnaissons avec peine que de nos jours la saine et bonne critique est au nombre des réformes de notre siècle réformateur. […] Mais quand on lui a dit que là, au moment où naît un enfant, on lui déprime le sommet de la tête pour l’aplatir, et qu’ici on la lui moule en forme de pain de sucre, d’après une fausse idée de la beauté, il ne s’étonne plus que de la folie des hommes qui adoptent des coutumes si absurdes. […] Vraie ou fausse, il n’est pas de raison qu’on n’allègue, Un conseiller s’excuse en disant qu’il est bègue.

488. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Conclusion »

Une première idée fausse a gâté dans Alfred de Vigny un vrai naturel de poète. […] Ni révolution, ni dictature, mais l’étude continuelle et la pratique résolue du vrai progrès, parmi les impatiences qu’excite et les séductions qu’exerce le faux progrès : tel est l’esprit de ce bel ouvrage, et c’est par là qu’il prend une des premières places à côté de ce qui s’est écrit de durable sur les choses romaines, pour l’enseignement du monde moderne. […] C’étaient de belles fêtes pour l’esprit que ces leçons où l’exposition la plus lucide mettait sous nos yeux les quatre systèmes élémentaires nés des premières réflexions de l’homme sur lui-même, sensualisme, idéalisme, scepticisme, mysticisme ; où la dialectique la plus pénétrante démêlait le vrai d’avec le faux dans chaque système, et combattait les erreurs de l’un par les vérités de l’autre ; où l’éloquence, inspirée du seul intérêt de ces hautes matières, nous rendait quelque chose de l’ampleur de Descartes et de l’éclat de Malebranche ; où, charmés et persuadés, nous sentions notre nature morale s’élever et s’améliorer par les mêmes plaisirs d’esprit qui formaient notre goût. […] Mérimée n’a pas la vraie sensibilité, mais il n’affecte pas la fausse.

489. (1707) Discours sur la poésie pp. 13-60

Ses censeurs se récrient au contraire sur les fausses idées que les poëtes se sont formées de la vertu, et sur les fables extravagantes qu’ils ont debitées des dieux. […] Au lieu de songer à réformer les fausses idées des hommes, ils y ont la plûpart accommodé leurs fictions ; et sur ce principe ils ont donné souvent de grands vices pour des vertus, contens de décrier les penchans les plus honteux et les passions les plus grossiéres. […] J’oserai donc exposer là-dessus ma conjecture, qui ne peut être qu’utile, quand elle ne feroit qu’exciter quelqu’un à en trouver le faux, et à lui opposer la vérité. […] Ma hardiesse ne va qu’à poser pour principe la possibilité de surpasser nos maîtres ; et il me semble qu’on est enfin parvenu à en convenir : mais quand cette idée seroit aussi fausse qu’elle est vraie, l’illusion ne laisseroit pas d’avoir encore ses avantages.

490. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Notes et éclaircissements. [Œuvres complètes, tome XIII] »

Où sont ces faux amis, ces vils adulateurs, ces parasites si empressés à faire leur cour, et à témoigner par leurs actions et leurs paroles un servile dévouement ? […] À l’effronterie des cyniques, ils joignent la noble impudence de débiter tous les paradoxes qui leur tombent dans l’esprit ; ils se targuent de géométrie, et soutiennent que ceux qui n’ont pas étudié cette science ont l’esprit faux ; que par conséquent ils ont seuls le don de bien raisonner : leurs discours les plus communs sont farcis de termes scientifiques. […] Courtisan de l’envie, il la sert, la caresse, Va dans les derniers rangs en flatter la bassesse, Jusques aux fondements de la société Il a porté la faux de son égalité ; Il sema, fit germer, chez un peuple volage, Cet esprit novateur, le monstre de notre âge, Qui couvrira l’Europe et de sang et de deuil. […] Tout, jusqu’aux vérités, trompe dans ses écrits ; Et du faux et du vrai ce mélange adultère Est d’un sophiste adroit le premier caractère.

491. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — G — article » pp. 371-373

Cet Ouvrage, qui a pour titre, le Systême du Cœur, parut sous le faux nom de Clarigny, & est dédié à M. de Fontenelle, ami de l’Auteur.

492. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — S. — article » pp. 188-189

Le début de cet Eloge est sur-tout remarquable par la sagesse avec laquelle l’Auteur présente le double tableau de la véritable & de la fausse Philosophie.

493. (1913) Le bovarysme « Deuxième partie : Le Bovarysme de la vérité — I »

Cette fausse conception, que toutes les choses vivant d’une vie consciente prennent d’elles-mêmes, doit être tenue pour la loi même de toute vie phénoménale.

494. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des recueils poétiques — Préface et poème liminaire des « Châtiments » (1853-1870) — Préface de 1853 »

Il a été publié, à Bruxelles, une édition tronquée de ce livre, précédée des lignes que voici : « Le faux serment est un crime.

495. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre second. Poésie dans ses rapports avec les hommes. Caractères. — Chapitre premier. Caractères naturels »

Depuis Moïse jusqu’à Jésus-Christ, depuis les Apôtres jusqu’aux derniers Pères de l’Église, tout offre le tableau de l’homme intérieur, tout tend à dissiper la nuit qui le couvre : et c’est un des caractères distinctifs du christianisme d’avoir toujours mêlé l’homme à Dieu, tandis que les fausses religions ont séparé le Créateur de la créature.

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