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728. (1890) Les princes de la jeune critique pp. -299

J’ai commencé sans doute par exposer avec toute la netteté dont j’étais capable leurs procédés, leurs idées dirigeantes, leurs facultés maîtresses. […] Les Anglais appellent un homme de talent : « a man of many parts. » Cela pourrait s’interpréter ainsi : un homme en qui se rencontrent une grande partie des facultés qui formeraient une intelligence complète. […] Aimer d’un amour presque exclusif nos classiques, qui ont eu au suprême degré le sentiment de la mesure et l’équilibre des facultés ; et être soi-même un outrancier, un violent ! […] Où est cette faculté de voir les deux faces des choses, qui est indispensable à quiconque se mêle d’apprécier les hommes et les livres ? […] Bourget deux facultés également puissantes et tyranniques : celle de penser en homme, celle de sentir en femme, on devine le bien et le mal qui peuvent en résulter, suivant qu’elles sont d’accord on en conflit.

729. (1883) Essais sur la littérature anglaise pp. 1-364

Emerson, qui a si excellemment jugé cette faculté d’activité, aurait pu pousser beaucoup plus loin son analyse. […] Ces facultés sont l’espérance, la foi, l’amour et la joie, qui ne peuvent jamais se fixer sur les objets périssables de ce monde et qui n’aspirent qu’à ce qui est parfait et infini. Nous croyons parfois que ces facultés peuvent nous servir ici-bas, mais quelle est la félicité qui a pu satisfaire nos espérances ? […] Le spectateur, au contraire, s’étonne facilement de tout, parce que toutes ses facultés sont en quelque sorte paralysées par l’action extérieure de la représentation dramatique. […] Toutes les facultés de l’esprit — il ne faut pas moins pour jouir pleinement d’une œuvre de Shakespeare — étaient éveillées en vous et remplissaient chacune leur office.

730. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre IV. La philosophie et l’histoire. Carlyle. »

La société a pour fondement le drap. « Car, comment sans habits pourrions-nous posséder la faculté maîtresse, le siége de l’âme, la vraie glande pinéale du corps social, je veux dire une bourse ?  […] C’est là leur faculté dominante ; c’est par cette force qu’ils ont produit tout ce qu’ils ont fait. […] C’est la faculté philosophique par excellence, et, en effet, c’est la faculté philosophique qui, dans toutes leurs œuvres, a imprimé son sceau. […] C’est que les folies et le génie découlaient de la même source ; une même faculté, démesurée et toute-puissante, produisait les découvertes et les erreurs. […] IV Cette faculté d’apercevoir dans les choses le sens intérieur, et cette disposition à rechercher dans les choses le sens moral, ont produit en lui toutes ses doctrines, et d’abord son christianisme.

731. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Saint-Martin, le Philosophe inconnu. — II. (Fin.) » pp. 257-278

., qu’il voulait qu’on réduisît à leur juste valeur et sans préjudice pour la faculté intérieure naturelle qui seule avait réellement ce pouvoir. […] Au fond, il est adversaire et rival du christianisme constitué et établi dans l’Église ; il a tout bas son ordre trouvé, sa religion à lui, son règne de Dieu qui doit en partie réparer le monde et réintégrer l’homme dans un état de presque divine félicité, lui rendre même des facultés tout à fait merveilleuses et des lumières présentement surnaturelles.

732. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La marquise de Créqui — II » pp. 454-475

Je n’en citerai que quelques pensées qui donnent le fin fond du cœur de M. de Meilhan, et dont celles qui concernent l’amitié devaient faire entre lui et Mme de Créqui le sujet de contradictions assez vives : Chacun doit s’empresser de faire aux autres le bien que comportent ses facultés, sans attendre de reconnaissance, et sans mettre dans ses actes de bienfaisance rien de passionné qui puisse compromettre le repos. […] L’ambition est une passion dangereuse et vaine, mais ce serait un malheur pour la plupart des hommes que d’en être totalement dénués ; elle sert à occuper l’esprit, à préserver de l’ennui qui naît de la satiété ; elle s’oppose dans la jeunesse à l’abus des plaisirs, qui entraînerait trop vivement ; elle les remplace en partie dans la vieillesse, et sert à entretenir dans l’esprit une activité qui fait sentir l’existence et ranime nos facultés.

733. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « François Villon, sa vie et ses œuvres, par M. Antoine Campaux » pp. 279-302

Campaux, plus prudent, n’ose affirmer qu’il ait dépassé dans la Faculté des arts le grade de licencié. […] cet écolier que je me figure, qui a respiré la bonne âme de Villon et non la mauvaise, et pour qui le poète, même complètement connu plus tard, était demeuré une passion, il revit de nos jours, il est devenu maître et de la meilleure école, et c’est lui qui a été, cette fois, le commentateur, l’apologiste (là où c’était possible), l’interprète indulgent et intelligent de Villon par-devant la Faculté, et aussi devant le public.

734. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Entretiens de Gœthe, et d’Eckermann »

Il était dans sa trente-troisième année seulement à son arrivée à Weimar ; il avait gardé toute la fraîcheur des impressions premières et la faculté de l’admiration. […] Ernest Faivre, professeur à la Faculté des sciences de Lyon.

735. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « LE COMTE XAVIER DE MAISTRE. » pp. 33-63

Les Prisonniers du Caucase, par la singularité des mœurs et des caractères si vivement exprimés, semblent déceler, dans ce talent d’ordinaire tout gracieux et doux, une faculté d’audace qui ne recule au besoin devant aucun trait de la réalité et de la nature, même la plus sauvage. […] Il écrivait en style moins lyrique à un ami, en se faisant tout petit, non sans malice : « Dans l’impossibilité où je suis de comprendre cette faculté (du poëte) et pour ne pas avouer cette supériorité dans les autres, je pense que les poëtes ont quelque chose dans le poignet qui change la prose en vers à mesure qu’elle passe par là pour se rendre de la tête sur le papier ; en sorte qu’un poëte ne serait qu’une filière plus ou moins parfaite.

736. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. J. J. AMPÈRE. » pp. 358-386

Depuis le premier essai qu’il fit de la parole publique à Marseille en 1829, il n’a pas cessé, soit dans les conférences de l’École normale, soit au sein de la Faculté comme suppléant tour à tour de M. […] Ampère en vint à s’établir définitivement au cœur de l’histoire littéraire comme en son domaine propre, il se trouva y apporter précisément cette faculté d’enchaînement, ce besoin instinctif des rapports et des lois, cette sagacité investigatrice des origines et des causes, dont son noble père avait fourni de si hautes preuves dans un autre ordre de vérités.

737. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE PONTIVY » pp. 492-514

On y verra, en une situation simple, toute l’ardeur et toute la subtilité de ce sentiment éternel ; on y verra surtout la force de vie et d’immortalité qui convient à l’amour vrai, cette impuissance à mourir, cette faculté de renaître, et cette jeunesse de là passion recommençante avec toutes ses fleurs, comme on nous le dit des rosiers de Pœstum qui portent en un an deux moissons. […] Mais, quoi qu’il en soit de moi en particulier, n’oubliez pas aussi que l’homme a des facultés diverses, et que l’amour le mieux régnant laisse encore à un amant réfléchi le loisir de regarder.

738. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Le comte de Ségur »

Jouet d’une basse et odieuse intrigue… (et ici suivent quelques détails particuliers)…,  — le temps me vengera, me disais-je, c’est inévitable ; et je brûlais du désir de voir ce temps s’écouler, et mon âme se livrait à un sentiment haineux, à un espoir, à un désir de vengeance qui troublaient toutes mes facultés morales, qui minaient, qui consumaient toutes mes facultés physiques… j’étais malheureux, bien malheureux.

739. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Madame de Krüdner et ce qu’en aurait dit Saint-Évremond. Vie de madame de Krüdner, par M. Charles Eynard »

C’est un parti pris chez elle ; elle était forte pour les partis pris, et son imagination ensuite, sa faculté d’exaltation et de sensibilité tenaient la gageure. […] Du moment surtout qu’elle eut découvert en elle cette faculté merveilleuse de prédication qui pouvait lui rendre l’action et l’influence, tout fut dit, elle eut un débouché pour son âme et pour son talent ; sa vocation nouvelle fut trouvée.

740. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre II. Boileau Despréaux »

Il pense par saillies ; il n’a pas la faculté oratoire d’enchaîner, de subordonner, de faire converger ses idées. […] Le point de départ de l’Art poétique est celui du Discours de la méthode : la raison, départie à tous, est en nous la faculté supérieure, dominatrice et directrice des âmes, douée spécialement de la propriété de discerner le vrai du faux.

741. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « La jeunesse du grand Condé d’après M. le duc d’Aumale »

La guerre était évidemment, de tous les travaux humains, celui où ses facultés essentielles et le fond de fougue animale qu’il portait en lui trouvaient le mieux leur emploi. […] Dans tous les cas, les facultés dont est composé le génie d’un soldat sont presque toujours d’une espèce assez humble ; le degré seul en est quelquefois éminent. » Ainsi raisonne-t-on à l’âge heureux où l’on a toutes les impertinences.

742. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre quatrième »

La science politique et sociale dans Montesquieu, l’histoire dans Voltaire, l’exposition éloquente des découvertes scientifiques dans Buffon, sont comme autant de facultés nouvelles de l’esprit français. […] Dans les genres qui semblent plus particulièrement les facultés du dix-septième, la poésie, le théâtre, l’éloquence religieuse, la philosophie morale, les pertes ne sont pas compensées par quelques beautés inspirées des anciennes, ni par d’heureuses nouveautés restées trop loin de la perfection.

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