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1093. (1856) À travers la critique. Figaro pp. 4-2

Je ne suis ici que l’écho d’un homme aimé du pauvre mort, et je ne sais, de cette existence aventureuse, et par moments énigmatique, rien autre chose que ce que ses regrets ont bien voulu m’en apprendre. […] Quelle existence horrible et, peut-être, quelle vie pleine d’enchantements ! […] Ce sont de braves gens, pour la plupart, mais dont l’intelligence, spécialisée et tournée de bonne heure aux luttes prosaïques de l’existence, court un double relai, et consacre la lassitude du travail à goûter les choses d’art. […] L’existence s’y consume comme une torche allumée par les deux bouts, — avec cette opposition singulière, — qu’on donne des journées entières à la curiosité de la minute présente, tandis qu’une minute de réflexion semble y avoir la durée d’un siècle. […] Il faut que cela soit, pourtant, puisque, venant en aide à la Revue-Buloz, une Revue, qu’on dirait, au premier aspect, imprimée en langue française, le Causeur universel (4e année d’existence), consacre un premier-Paris à un travail signé Le Coq sur ce lugubre sujet : ENFERS !

1094. (1910) Muses d’aujourd’hui. Essai de physiologie poétique

Et dans ces Stances aux dames créoles, elle fait revivre pour elle l’atmosphère des Antilles, et dans l’évocation de l’existence de ses aïeules berce son propre rêve : La nuit se parfumait d’astres et de corolles                    Et, peu à peu, Vous regardiez s’ouvrir au ciel, belles créoles,                    Des fleurs de feu. […] Les rideaux sont tirés sur l’odorant silence, Où l’heure au cours égal coule avec nonchalance, ……………………………………………………………………………………… Mon existence est comme un voyage accompli… Tes cheveux sont plus beaux qu’une forêt d’automne… Ta robe verte a des frissons d’herbes sauvages, Mon amie, et tes yeux sont pleins de paysages. […] Jeanne Perdriel-Vaissière Mme Jeanne Perdriel-Vaissière a mis en épigraphe à son livre : Celles qui attendent, cette phrase d’André Gide : « Une existence pathétique, Nathanaël, plutôt que la tranquillité. […] L’important, pour elle, comme pour tout être sensible, c’est de s’inventer une existence pathétique.

1095. (1769) Les deux âges du goût et du génie français sous Louis XIV et sous Louis XV pp. -532

Ce fut lui qui fit connaître à Henri IV ceux de Malherbe, & c’est à ce dernier que la Poésie Française doit sa véritable existence. […] Bertaut, Duport & Jannson, l’étonnaient encore davantage par le prodigieux parti qu’ils tiraient du violoncelle, instrument dont il n’avait pas soupçonné l’existence. […] Les Anciens soupçonnaient, dit-on, l’existence du nouveau monde. […] Le Vaudeville, ce favori des Français & qui leur doit son existence, fut long-tems la seule base de ce Poëme.

1096. (1887) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Troisième série pp. 1-326

Tout ce que nous avons dit de sa science des passions de l’amour est vrai, mais seulement entre les bornes où son genre d’existence a comme confiné ses facultés d’observateur. […] Mais on avait pu dire, avec tout autant de raison, que la durée moyenne d’une existence humaine aurait difficilement contenu tout ce qui se presse d’événements dans celle de Gil Blas. […] Ce n’en était pas moins la cinquième fois qu’il changeait brusquement tout le train de son existence, — et ce ne devait pas être la dernière. […] C’est dans les vingt dernières années de sa longue existence qu’il devint l’homme de son siècle, l’apôtre de la tolérance et le clairon de l’incrédulité. […] C’est que Rousseau ne critique et ne blâme que ce que la civilisation a introduit de maux ou de causes de maux dans l’œuvre de la Providence ; et c’est qu’il a besoin de l’existence de la Providence comme d’une garantie pour l’espoir qu’il entretient, de voir un jour disparaître ces maux avec leurs causes.

1097. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre III. L’Âge moderne (1801-1875) » pp. 388-524

II Tandis qu’en effet les romantiques descendaient en eux-mêmes, Jusqu’au fond désolé du gouffre intérieur, n’y trouvaient plus rien, et ne réussissaient donc à en ramener qu’eux-mêmes, eux toujours, et eux seuls ; tout un grand mouvement se produisait en dehors d’eux, auquel non seulement ils ne prenaient point de part, mais dont ils ignoraient jusqu’à l’existence, bien loin d’en pouvoir pénétrer la nature et mesurer la portée. […] Lamennais avait écrit : « L’abandon de soi, dans une société quelconque, est la première condition de l’existence de cette société La société humaine est fondée sur le don mutuel ou le sacrifice de l’homme à l’homme, ou de chaque homme à tous les hommes, et le sacrifice est l’essence de toute vraie société. […] De même que la curiosité de « l’ennui de celui-ci et de la fantaisie de celui-là » s’était changée en « pitié du peuple », cette pitié s’organisait à son tour en système, devenait toute une philosophie, « Vivre, c’est en essence avoir l’humanité pour objet », écrivait Pierre Leroux ; et il expliquait sa pensée en ces termes : « La normalité de notre existence consiste à ne pas violer le lien qui nous unit à l’humanité. […] 2º L’Écrivain ; — et, avant tout, du triple contraste de la régularité de la production avec le désordre de son existence ; — de sa fraîcheur et de sa légèreté d’imagination avec la violence de quelques-unes de ses « revendications » ; — et du caractère d’impersonnalité de son style avec l’inspiration individualiste de ses premiers romans. […] Poirier, Le Mariage d’Olympe, Un beau mariage, Maître Guérin, Les Fourchambault]. — On ne voit pas non plus qu’il ait soupçonné l’existence des grandes questions ; — et la pensée fait défaut dans son œuvre. — Elle n’en demeure pas moins celle d’un fort honnête homme ; — qui a bien aimé son métier d’auteur dramatique ; — dont les ambitions littéraires n’ont pas dépassé la capacité ; — et qu’on ne saurait enfin mieux caractériser qu’en le comparant, — pour ses défauts comme pour ses qualités, — à l’auteur de Turcaret et de Gil Blas.

1098. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1885 » pp. 3-97

Le gentil de ceci, c’est que chez cette jeune fille, bourgeoisement élevée, il n’y eut pas le moindre effarement en cette nouvelle existence, dans la fréquentation de ce monde de mangeurs de dîners, de carotteurs de pièces de vingt francs, d’emprunteurs de pantalons. […] Aujourd’hui, elle vient me lire sa notice, et la biographie de Flaubert est vraiment toute charmante dans son intimité, avec les détails de l’influence d’une vieille bonne, du conteur d’histoires Mignot, avec l’intérieur un peu sinistre de l’habitation à l’hôpital de Rouen, avec l’existence à Croisset, avec les soirées dans le pavillon du fond du jardin, se terminant par cette phrase de Flaubert : « C’est le moment de retourner à Bovary !  […] Là-dessus, Daudet dit avec justice : « Ma pièce, comme mon livre, aura pour elle les hommes, qui tous y retrouveront un morceau de leur existence, et n’aura jamais pour elle, les femmes.

1099. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. BALLANCHE. » pp. 1-51

Plus d’une fois il eut de ces hallucinations qui restituent un instant la forme et l’existence à des personnes dont on pleure la mort, ou qui rendent présentes celles dont on regrette l’absence…. » C’est ainsi qu’ayant perdu sa mère en 1802, M. […] Il a emprunté davantage à Charles Bonnet, à savoir le nom même et l’idée de la palingénésie, de cette interminable et ascendante échelle des existences progressives ; mais il s’en est approprié la vue en la transportant dans l’histoire, tandis que l’illustre Genevois ne l’avait que pour l’ordre purement naturel.

1100. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE LA FAYETTE » pp. 249-287

J’aurais laissé pourtant le plaisir et la fantaisie de recomposer cette existence, bien simple d’événements, aux lecteurs de Mme de Sévigné, si un petit document inédit, mais très-intime, ne m’avait engagé à mettre la bordure pour l’encadrer. […] que son existence diminuait.

1101. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre troisième. La connaissance de l’esprit — Chapitre premier. La connaissance de l’esprit » pp. 199-245

. — Après avoir constaté son existence, sa permanence, et sa principale relation, il nous faut trouver les qualités qui le déterminent. […] « Votre demande, répondit Blake, lui est déjà parvenue… Nous n’avons pas besoin de paroles ; voici sa réponse un peu plus longue qu’il ne me l’a donnée ; vous ne comprendriez pas le langage des esprits. — Il dit que ce que vous appelez meurtre et carnage n’est rien ; que, en égorgeant quinze ou vingt mille hommes, on ne leur fait aucun mal, que la partie immortelle de leur être non seulement se conserve, mais passe dans un meilleur monde, que l’homme assassiné qui adresserait des reproches à son assassin se rendrait coupable d’ingratitude, puisque ce dernier n’a fait que lui procurer un logement plus commode et une existence plus parfaite.

1102. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIIe entretien. L’Imitation de Jésus-Christ » pp. 97-176

La saine critique nie jusqu’à l’existence de Gersen, et la conformité de son nom avec celui de Gerson, chancelier de l’Université de Paris, paraît avoir été seule la cause ou l’occasion d’une attribution erronée. […] V En effet, il fallait un homme consommé par l’âge avancé, par la science sacrée, par les vicissitudes de la vie humaine, par le bonheur et par le malheur de l’existence orageuse des assemblées et des cours, pour se rendre compte en lui-même de tout ce qu’il avait souffert, pour distinguer parmi la trame mêlée de sa vie le fil conducteur de sa destinée, et pour lui donner ce nom de consolation intime qu’il ne trouvait que dans la philosophie suprême : la résignation en conformité avec la divine volonté.

1103. (1890) L’avenir de la science « III » pp. 129-135

Mais elle le nie, elle ment à l’histoire, elle fausse toute critique pour prouver que son état actuel est son état primitif, et elle y est obligée pour rester dans les conditions de son existence. […] Soient, par exemple, les preuves de l’existence de Dieu de Descartes.

1104. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 juin 1885. »

- Cette institution avait un caractère, absolument, différent à la première ; tandis que la Souscription ne visait que la construction du Théâtre et les trois représentations de la Tétralogie, le Patronat devait être une institution permanente, d’une durée illimitée, composée de « membres pour la vie », destinée à assurer, par ses cotisations, l’existence de l’Ecole de Style et les Représentations-modèles : chaque cotisation fut fixée à quinze marks par an, elle donnait le droit d’assister aux représentations du Théâtre de Fête, — À la même époque, Richard Wagner fonda les « Bayreuther-Blaetter » pour être, sous la direction de M.  […] Et c’est, encore, son instinct natif qui le rendait, dans la vie extérieure, gauche, peu spirituel, d’une honnêteté bourgeoise, parfois mesquine : c’est que son existence était tout intérieure, et son âme ne se pouvait intéresser, pleinement, aux choses de l’Apparence, ayant contemplé sous cette Apparence, en lui, la Réalité immanente.

1105. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 juillet 1885. »

L’écrit philosophique « Art et Religion »bl dit le mal de l’existence individuelle, morcelant et opposant nos intérêts ; mais il exalte le retour à l’unité universelle, pleinement bonne, pleinement sainte, — et naturelle, — et bien heureuse. […] En Décembre 1884, après un an et demi d’existence, l’Association Wagnérienne était représentée dans quatre cents villes, et avait, environ, cinq mille membres disséminés par toutes les parties de la terre.

1106. (1856) Cours familier de littérature. I « IVe entretien. [Philosophie et littérature de l’Inde primitive (suite)]. I » pp. 241-320

II Il y a dans toutes les choses humaines, matérielles ou intellectuelles, une partie usuelle, vulgaire, triviale, quoique nécessaire, qui correspond plus spécialement à la nature terrestre, quotidienne, et en quelque sorte domestique, de notre existence ici-bas. […] Leurs contours sont sévèrement dessinés ; ils ne paraissent pas respirer ; nulle chaleur, aucun souffle ne trahit chez eux l’existence vulgaire ; aucune sueur ne couvre leurs fronts majestueux, élevés au-dessus du sol, et à l’abri de la poussière terrestre.

1107. (1857) Cours familier de littérature. III « XIVe entretien. Racine. — Athalie (suite) » pp. 81-159

Il ne lui révèle pas encore cependant l’existence de l’enfant ; il se contente de le sonder artificieusement, et de le préparer à la défection de la cause d’Athalie par le murmure. […] Rompez, rompez tout pacte avec l’impiété ; Du milieu de mon peuple exterminez les crimes, Et vous viendrez alors m’immoler vos victimes. » La scène continue ; le secret de l’existence d’un roi légitime, à peine retenu sur les lèvres du grand-prêtre, se laisse percer par Abner.

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