Nous venons de donner, en notre Avant-propos, quelques exemples des procédés courants, pris cependant à des dates plus récentes. […] Tandis qu’au point de vue prosodique, son enseignement de « préférer l’Impair », c’est-à-dire d’user, à son exemple, de mètres impairs, d’une trouvaille spontanée et instinctive déséquilibrait l’illogisme de l’ancienne métrique d’où il délivrait sa mélodie inentendue encore, souple, pittoresque et émue… Mallarmé et Verlaine : l’impatience de nouveaux venus les avait spontanément retrouvés, eux, les presque dédaignés de Parnasse ! […] (Aussi, disons en passant que le précepte et l’exemple ont porté, par mon Œuvre-une, qui amenèrent les poètes de hasardeux recueils, sinon à composer et ordonner le livre de vers, du moins à lui désirer une presque unité par parties)… Les derniers poèmes de M. […] Ainsi, ne pouvant contenir son intensité en la gangue individualiste où se devaient restreindre les autres Symbolistes, c’est au sens de la Légende qu’il élargit le Symbole à travers l’exemple Wagnerien. […] Leconte de Lisle avait souhaité en la Préface de ses premiers Poèmes antiques que le Poète reprît son rôle ancien d’éducateur de l’humanité « La Poésie aura un jour à compter avec la Science », écrivait Zola Spencer, donnant Gœthe en exemple, avait songé cette ; alliance Taine a prévu la possibilité d’une métaphysique moderne… « On reconnaîtra-que le vaste système-évolutionniste devait être à son tour interprété esthétiquement et que vient à son heure, en tant que conception actuelle du monde, le poème de M.
Le judicieux & l’élégant Ramsay, dans le choix de l’un ou de l’autre, ne balançoit pas à sacrifier l’agrément à l’utilité ; mais il vouloit qu’on réunît ces deux objets, & proposoit pour exemple le Télémaque ; dont il n’est pas aisé de dire ce qui y domine davantage, des graces ou de l’amour de la vertu. […] Pas d’autre que celle d’en donner au public la liste, de ne point se permettre la moindre injure par représailles ; de donner l’exemple d’une dissertation modérée, fine & délicate. […] A l’égard des opéra, il lui dit : « Qu’elle me passe ceux que j’ai faits, pour les traductions qu’elle a faites de l’Eunuque & de l’Amphitrion, de quelques comédies d’aussi mauvais exemple & des odes d’Anacréon, qui ne respirent qu’une volupté dont la nature même n’est pas d’accord. […] Rien de plus dangereux que ce roman, par le mauvais exemple de l’héroïne, & par la manière vive & naturelle dont les passions & les foiblesses sont rendues. […] Quelle leçon que l’exemple de Clarice, fille de condition, riche, sage, spirituelle, qui périt par l’imprudence qu’elle a de se soustraire à une famille injuste, à la vérité, mais dont la révolte n’aboutit qu’à la faire tomber entre les bras d’un scélérat.
Dans un sermon de Carême Sur les fautes légères, je trouve un exemple de cette manière dont Massillon usait si bien pour associer son auditoire à ses descriptions et l’intéresser dans ce qui semblerait n’être qu’une énumération générale. […] « On peut quelquefois, dit Voltaire, entasser des métaphores les unes sur les autres ; mais alors il faut qu’elles soient bien distinguées, et que l’on voie toujours votre objet représenté sous des images différentes. » Et il cite un exemple de Massillon ; il aurait pu aussi bien citer celui qu’on va lire : Souvenez-vous d’où vous êtes tombé ; … remontez à la première origine de vos désordres, vous la trouverez dans les infidélités les plus légères : un sentiment de plaisir négligemment rejeté ; une occasion de péril trop fréquentée ; une liberté douteuse trop souvent prise ; des pratiques de piété omises : la source en est presque imperceptible ; le fleuve, qui en est sorti, a inondé toute la terre de votre cœur : ce fut d’abord ce petit nuage que vit Élie, et qui depuis a couvert tout le ciel de votre âme : ce fut cette pierre légère que Daniel vit descendre de la montagne, et qui, devenue ensuite une masse énorme, a renversé et brisé l’image de Dieu en vous : c’était un petit grain de sénevé, qui depuis a crû comme un grand arbre, et poussé tant de fruits de mort : ce fut un peu de levain, etc. […] Louis XIV, qui avait des mots si justes quoique trop rares, disait à Massillon un jour, au sortir d’un de ses sermons : « Mon père, j’ai entendu plusieurs grands orateurs, j’en ai été fort content ; pour vous, toutes les fois que je vous ai entendu, j’ai été très mécontent de moi-même. » On a cité des exemples de conversions soudaines opérées par l’éloquence de Massillon.
Par ces exemples, que je pourrais multiplier, on voit bien la marche et le progrès rapide du génie de Bossuet. […] Bossuet, ce me semble, nous offre en particulier un des plus grands et frappants exemples du genre de bienfaits que le siècle de Louis XIV dut au jeune astre de son roi dès le premier jour. […] Il recherche par les exemples d’un Néron ou d’un Nabuchodonosor « ce que peut faire dans le cœur humain cette terrible pensée de ne voir rien sur sa tête.
Nul exemple ne me paraît plus propre à montrer à quel point des hommes, même énergiques de trempe et de volonté, sont assujettis et soumis au milieu où ils vivent, dépendant des circonstances, changeant de face sans changer de caractère ; combien il est juste, même après des excès et des torts, de ne pas désespérer de ceux qui ont une valeur réelle et un vertueux principe d’énergie ; comment le malheur éprouve et épure, même à leur insu, certaines natures restées saines au fond ; et ce que peuvent devenir d’honorable et d’utile pour la société et pour la patrie ceux qui, hors des cadres réguliers et durant l’orage des interrègnes, dans la convulsion des mouvements révolutionnaires, cherchaient vainement leur niveau et leur emploi. […] Je m’y efforce dans cet exemple nettement circonscrit et défini, qui me paraît prêter à une démonstration parfaite. […] « Il est à remarquer, disait Jean-Bon, que les deux hommes qui ont le moins estimé les sciences soient précisément ceux qui ont le mieux senti le prix de l’éducation, Socrate et Jean-Jacques Rousseau. » Et, s’emparant de l’exemple de Socrate, dont la méthode était celle de la nature ; qui favorisait le développement des facultés morales et ne le forçait pas, et qui n’était, selon sa propre définition, qu’un accoucheur des esprits : « Eh bien !
Scipion et Salluste furent soupçonnés, l’un d’être l’auteur secret des comédies de Térence, l’autre d’avoir été l’acteur caché de la conspiration dont il était l’historien ; mais on ne voit point d’exemples dans Athènes, que le même homme ait suivi la double carrière des lettres et des affaires publiques. […] Le caractère romain était un modèle auquel tous les grands hommes adaptaient leur nature particulière ; et les écrivains moralistes présentaient toujours le même exemple. […] Il serait hasardé de vouloir garantir qu’il ne se trouverait pas dans des recherches pareilles une exception à la règle générale ; mais une observation de ce genre se fonde sur un très grand nombre d’exemples ; et il est certainement très probable que les Romains du temps de la république n’ont point encouragé les tragédies qui avaient pour sujet les propres événements de leur histoire.
Il faut que ces calculs aient pour base l’uniformité constante de la masse, et non pas la diversité de chaque exemple : un à un, tout diffère dans l’ordre moral ; mais si vous admettez cent mille chances, si vous calculez d’après cent mille hommes pris au hasard, vous saurez, par une approximation juste, quelle est dans ce nombre la proportion des hommes éclairés, des hommes faibles, des scélérats et des esprits distingués. […] L’on dirait : — pour administrer telle population, il faut exiger tel sacrifice de la liberté individuelle : — donc telles lois, tel gouvernement conviennent à tel empire. — Pour telle richesse, telle étendue de pays, il faut tel degré de force dans le pouvoir exécutif : — donc telle autorité est nécessaire dans telle contrée, et tyrannique dans telle autre. — Tel équilibre est nécessaire entre les pouvoirs, pour qu’ils puissent se défendre mutuellement : — donc telle constitution ne peut se maintenir, et telle autre est nécessairement despotique. — On pourrait prolonger ces exemples ; mais comme la véritable difficulté de cette idée n’est pas de la concevoir abstraitement, mais de l’appliquer avec précision, il suffit de l’indiquer. […] Mais la morale a pour but chaque homme en particulier, chaque fait, chaque circonstance ; et quoiqu’il soit vrai que la très grande majorité des exemples prouve qu’une conduite vertueuse est en même temps la meilleure conduite à tenir pour le succès des intérêts de la vie, on ne peut affirmer qu’il n’y ait point d’exception à cette règle générale.
Je pourrais citer d’autres exemples, non en grand nombre toutefois ; car saint Bernard ne touche que rarement à la vie, à l’homme non théologique. […] Nul repos, nulle sécurité ; aucune connaissance claire et familière des exemples des grandes nations, qui apprenne à la France à se connaître elle-même et rendre le présent meilleur. […] La civilisation n’est-elle pas le travail d’un peuple particulier pour réaliser un certain idéal de la vie sociale qui serve d’exemple et de type aux autres peuples, de même que la littérature n’est que l’effort suprême de l’esprit particulier de cette nation pour devenir l’esprit humain ?
Il me semble que la théorie cinétique des gaz va nous fournir un exemple frappant. […] Ne prenons qu’un exemple : la théorie des ondulations de l’éther nous enseignait que la lumière est un mouvement ; aujourd’hui la mode favorise la théorie électro-magnétique qui nous enseigne que la lumière est un courant. […] Cela va nous permettre de revenir sur la question de la rotation de la Terre ce qui nous fournira en même temps l’occasion d’éclaircir ce qui précède par un exemple.
Nous en avons pour garant la plus invincible des inductions, tirée de l’exemple des sciences de la nature. […] Qu’on me permette un exemple. […] L’école d’Alexandrie offre le plus curieux exemple de cette transformation.
Jouffroy en a donné un exemple dans son Cours d’esthétique : malheureusement inachevé. […] L’orateur qui, au Parlement, remet et tire sans cesse son lorgnon, l’écolier qui, en récitant sa leçon, remue quelque chose entre ses doigts, les actes automatiques de certains avocats ou autres gens parlant en public : ce sont là autant d’exemples de la manière dont le trop plein des émotions peut se dépenser, et empêcher par suite qu’elles ne paralysent l’intelligence. […] On peut invoquer aussi leur mode d’abrogation dont la Réforme et la Révolution française nous ont donné des exemples.
Pendant les deux siècles classiques, vous chercheriez en vain des exemples d’une pareille indépendance parmi les écrivains français ou italiens, qui viennent docilement se ranger sous la fécule d’Aristote et accomplissent ce tour de force, merveilleux et inutile, de couler les sentiments de leur époque dans des moules surannés. — Il faut donc que certaines nations, pour des raisons que nous rechercherons peut-être un jour, aient conservé plus profondément que d’autres leur empreinte primitive, et c’est à cette persistance que nous devons en partie notre émancipation actuelle de l’influence antique. […] « Mais ce n’est là, continue le critique anglais, qu’un exemple choisi parmi une foule d’autres exemples analogues.
C’est Fontenelle qui en donna le premier l’exemple et le modèle, un modèle inimitable. […] Je laisse de côté les vivants, pour ne paraître flatter personne ; mais écoutons Cuvier en tête de son recueil d’éloges : Les petites biographies écrites avec bienveillance, dit-il, auxquelles on a donné le nom d’éloges historiques, ne sont pas seulement des témoignages d’affection que les Corporations savantes croient devoir aux membres que la mort leur enlève ; elles offrent aussi à la jeunesse des exemples et des avertissements utiles, et à l’histoire littéraire des documents précieux. […] Veut-on un tout petit exemple ?
Mais il y a dans cet exemple un courage digne de respect. […] Cousin n’avait pas attendu l’exemple de M. […] Villemain, voulant critiquer les traductions des candidats par son exemple, s’avisa de donner des échantillons de la vraie manière, selon lui, de traduire le grand lyrique grec ; on assure que ces échantillons, en se multipliant, ont fini par se rejoindre, et que Pindare est traduit désormais.
Toute la force de son enseignement et de son exemple a été perdue pour eux. […] Si nous voulions prouver expérimentalement notre opinion à cet égard, il nous serait facile de montrer ce que sont devenus, dans l’application préraphaélite, quelques-uns des préceptes les plus importants et les plus absolus de Ruskin ; nous nous bornerons à un seul exemple, assez général et assez frappant pour témoigner de la singulière transmutation d’une pensée saine en des œuvres chlorotiques. […] Bon œuvre demeurera l’exemple de la plus extraordinaire aberration de la peinture, et j’imagine que l’avenir, s’il prend souci de comparer les œuvres des préraphaélites avec les jugements qu’elles ont suscités, demeurera stupéfait de ce que l’on ait pu, pendant de longues années, considérer comme de la peinture, ce qui n’en est le plus souvent que la parodie ou la négation.