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1084. (1914) Note conjointe sur M. Descartes et la philosophie cartésienne pp. 59-331

Nous surprenons ici, nous prenons ici sur le fait la plus fréquente erreur de calcul et naturellement la plus grave. […] Cette erreur de calcul, la plus fréquente, peut-être parce qu’elle est la plus commode, et la plus grave, puisque c’est presque une erreur de sens des signes dans l’emploi du signe plus et du signe moins et qu’ainsi elle porte sur les bases mêmes et sur les données et sur les conditions du calcul et sur les établissements même de l’opération, cette erreur de calcul initiale et même préliminaire est le ramassement et le schème de cette erreur de calcul globale qui fait le parti dévot. […] Et nulle part elle ne porte trace de cette erreur de calcul qui est au centre de la paragénésie du parti dévot. […] C’est une des plus grandes erreurs que l’on puisse commettre que de croire que Sévère est un personnage de second plan. […] Elle est maîtresse de confusion et d’erreur.

1085. (1897) Aspects pp. -215

Tu t’instruisis par tes erreurs : au lieu de les ériger en découvertes géniales, tu les mis à l’écart. […] Jamais elle ne s’arrête, elle conquiert pas à pas la vérité sur l’erreur, et dire qu’elle fait banqueroute parce qu’elle ne saurait expliquer le monde d’un coup, est simplement déraisonnable. […] Tout ce qui est bâti sur l’erreur croule. » C’est dans ce sens, si fortement indiqué par M.  […] Il y a là, de sa part, une erreur complète : le vers libre loin de se liquéfier en cette forme bâtarde : la prose poétique, s’affirme de plus en plus comme un jeu de cadences infiniment souples et musicales qui, lorsqu’elles sont bien maniées, arrivent à l’apogée du mode lyrique. […] En somme, malgré ses erreurs et ses inégalités de rédaction, cet Essai sur le Naturisme contient l’exposé d’une doctrine vie et d’art féconde parce qu’elle est selon la nature et parce qu’elle admet l’expansion des personnalités les plus diverses.

1086. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Vernet » pp. 130-167

Là, tandis que les uns perdaient autour d’un tapis verd les plus belles heures du jour, les plus belles journées, leur argent et leur gaieté, que d’autres, le fusil sur l’épaule, s’excédaient de fatigue à suivre leurs chiens à travers champs ; que quelques-uns allaient s’égarer dans les détours d’un parc dont, heureusement pour les jeunes compagnes de leurs erreurs, les arbres sont fort discrets ; que les graves personnages faisaient encore retentir à sept heures du soir la salle à manger de leurs cris tumultueux sur les nouveaux principes des économistes, l’utilité ou l’inutilité de la philosophie, la religion, les mœurs, les acteurs, les actrices, le gouvernement, la préférence des deux musiques, les beaux-arts, les lettres et autres questions importantes dont ils cherchaient toujours la solution au fond des bouteilles, et regagnaient, enroués, chancelans, le fond de leur appartement, dont ils avaient peine à retrouver la porte, et se remettaient, dans un fauteuil, de la chaleur et du zèle avec lesquels ils avaient sacrifié, leurs poumons, leur estomac et leur raison pour introduire le plus bel ordre possible dans toutes les branches de l’administration ; j’allais, accompagné de l’instituteur des enfans de la maison, de ses deux élèves, de mon bâton et de mes tablettes, visiter les plus beaux sites du monde. […] Le peuple baloté par ses passions et par ses erreurs, n’aura point de mœurs, car il n’y a de mœurs que là où les lois, bonnes ou mauvaises, sont sacrées ; car c’est là seulement que la conduite générale est uniforme. […] — C’est que la société leur a fait un goût et des beautés factices. — Il me semble que la logique de la raison a fait bien d’autres progrès que la logique du goût. — Aussi celle-ci est-elle si fine, si subtile, si délicate, suppose une connaissance si profonde de l’esprit et du cœur humain, de ses passions, de ses préjugés, de ses erreurs, de ses goûts, de ses terreurs, que peu sont en état de l’entendre, bien moins encore en état de la trouver.

1087. (1845) Simples lettres sur l’art dramatique pp. 3-132

Il commença par s’assurer que l’erreur ne venait point de sa mémoire ; puis, il se procura une affiche qu’il colla avec quatre pains à cacheter au milieu de la glace de son cabinet. […] Il y a quelquefois d’étranges erreurs sociales. […] Sur la même affiche que Cinna se trouvait porté le drame d’Angelo, tyran de Padoue ; sur le nom de l’auteur du drame on n’avait commis aucune erreur, rendons cette justice au prote de la Comédie-Française et à M. le commissaire du roi.

1088. (1925) Promenades philosophiques. Troisième série

L’Immaculée Conception a un peu plus d’importance dans l’histoire des croyances religieuses qu’une erreur judiciaire, plus à sa place dans l’histoire politique ou dans les procès célèbres. […] A ce moment-là, s’il y a eu une erreur initiale, elle est devenue indéracinable. […] Mais c’est, je pense, une erreur. […] L’erreur est la même, d’ailleurs, dans les deux cas. […] Ne dirait-on pas que ce paragraphe a été écrit sous l’impression des scandaleuses erreurs d’agents des mœurs qui ont si fort indigné Paris en septembre 1909, et des condamnations non moins scandaleuses qui suivirent ?

1089. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVIIe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (5e partie) » pp. 145-224

Cosette, les cheveux dans le soleil, l’âme dans les chimères, éclairée par l’amour au dedans et par l’aurore au dehors, se pencha comme machinalement, et, sans presque oser s’avouer qu’elle pensait en même temps à Marius, se mit à regarder ces oiseaux, cette famille, ce mâle et cette femelle, cette mère et ces petits, avec le profond trouble qu’un nid donne à une vierge. » X Mais ce qui fait de ce livre un livre souvent dangereux pour le peuple, dont il aspire évidemment à être le code, c’est la partie dogmatique, c’est l’erreur de l’économiste à côté de la charité du philosophe ; en un mot, c’est l’excès d’idéal, ou soi-disant tel, versé partout à plein bord, et versé à qui ? […] Vous êtes dans l’erreur : ils ont été des révoltés contre la nature.

1090. (1911) La morale de l’ironie « Chapitre II. Le rôle de la morale » pp. 28-80

De nombreuses déviations dues à leurs tendances propres, aux erreurs de l’instinct, à la poussée de l’égoïsme, au jeu incoordonné des idées et des sentiments ont fait parfois marcher les religions et les philosophies contre l’instinct social. […] C’est le propre des spécialistes en tout genre de commettre plus d’erreurs que le reste des hommes.

1091. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 novembre 1885. »

Du jardin : « D’abord un principe général que l’on peut dire le caractéristique du wagnérisme : c’est une erreur de prendre pour fin dans l’art, la musique qui n’est qu’un moyen d’expression artistique, tandis que seule l’action est la fin véritable !  […] Gœthe a mutilé Roméo, en voulant l’idéaliser ; il en est arrivé à écrire que « ce ne serait pas un malheur, si Shakespeare, dans quelques années, disparaissait complètement de la scène allemande. » Schiller voyait plus clair et, dans sa Braut von Messina, a fait une œuvre prophétique ; mais précisément de cette œuvre Tieck a pu dire qu’elle était, comme drame, « la plus grande erreur » du poète.

1092. (1888) La critique scientifique « La critique scientifique — Analyse sociologique »

C’est commettre une grande erreur historique et politique que de croire à l’existence de traits intellectuels stables et universels, dans les peuples, qui, de tout temps ont été composites et changeants. […] Taine possèdent une apparence d’exactitude et entraînent la conviction, cela tient à l’art avec lequel cet écrivain dispose ses arguments et ses preuves, au fait que dans les principaux de ses ouvrages il traite de cas où ses principes sont en effet applicables sans erreur trop flagrante.

1093. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre III. Poëtes françois. » pp. 142-215

Enfin lorsqu’il entre en matiere, il bronche très-souvent, & ses erreurs sont quelquefois grossieres. […] Il a rectifié un assez grand nombre d’erreurs échappées à d’autres Ecrivains, mais sans s’écarter de la modération, qui faisoit son caractère.

1094. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre XIV : Récapitulation et conclusion »

Si les instincts s’acquièrent lentement en vertu de la sélection naturelle, il n’est point surprenant qu’il y en ait quelques-uns qui nous semblent imparfaits ou qui soient susceptibles d’erreurs, et qu’un grand nombre soient une cause de souffrance pour d’autres animaux. […] Quand nous ne regarderons plus un être organisé comme un sauvage regarde un navire, c’est-à-dire comme quelque chose qui surpasse notre intelligence ; quand nous considérerons chaque production de la nature comme ayant eu son histoire ; quand nous regarderons chaque organe et chaque instinct comme la résultante d’un grand nombre de combinaisons partielles dont chacune a été utile à l’individu chez lequel elle s’est produite, à peu près comme nous voyons dans toute grande invention mécanique la résultante du travail, de l’expérience, de la raison et même des erreurs de nombreux ouvriers ; je puis dire, d’après mes propres expériences, que d’un pareil point de vue l’étude de chaque être organisé et de la nature tout entière nous semblera bien autrement intéressante.

1095. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre V. Le souvenir du présent et la fausse reconnaissance »

Ajoutons (et c’est là peut-être l’essentiel) que cette confusion est une erreur comme les autres erreurs, un phénomène localisé dans le domaine de l’intelligence pure.

1096. (1870) La science et la conscience « Chapitre I : La physiologie »

Telle est la grande erreur de l’école physiologique. […] Cette erreur capitale touchant la cause et le sujet des phénomènes psychiques fausse toutes les explications données par les physiologistes sur le principe de certains états moraux extraordinaires qui ont frappé l’attention des observateurs de la nature humaine, tels que la folie, l’enthousiasme, la fureur, la monomanie du meurtre, l’excentrique originalité du génie, etc.

1097. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Duclos. — III. (Fin.) » pp. 246-261

En revenant en France, la douleur dans l’âme, il écrivait à l’un de ses amis : « Croiriez-vous, ce qui est fort en pensant à une personne centenaire, que l’espoir de la revoir, après l’erreur où j’ai été, ne s’efface que successivement de mon esprit ? 

1098. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Montluc — I » pp. 56-70

Je veux dire seulement que son titre de maréchal de France ne doit point induire en erreur ; ce titre ne lui fut donné que tout à la fin de sa carrière, comme récompense des services rendus, et non comme un moyen d’en rendre de nouveaux.

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