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1880. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre IV. »

Ces chanteurs introduits dans l’action de l’Odyssée, ce chantre aveugle qui se fait entendre à la table hospitalière du roi Alcinoüs, leurs hymnes aux dieux, ne s’éloignent en rien, pour l’expression et le rhythme, de tout le reste du récit. […] Horace se pénétra de cette poésie hasardeuse et correcte, ardente et philosophique, dont il avait peut-être entendu les refrains, aux jours de sa studieuse jeunesse dans Athènes, et qu’il retrouvait partout célébré, d’Aristote aux critiques d’Alexandrie.

1881. (1900) La culture des idées

En même temps qu’elle s’avilissait, la signification du « lieu commun » s’est rétrécie jusqu’à devenir une variante de la banalité, du déjà vu, déjà entendu, et, pour la foule des esprits imprécis, le lieu commun est un des synonymes de cliché. […] Il semble au contraire que ce qu’on entende désormais par la justice ce soit, en même temps que le châtiment des coupables, l’extermination des puissants, et en même temps que le non-châtiment des innocents, l’exaltation des humbles. […] Les Latins, qui firent un grand usage du mot liberté, l’entendaient tel que le privilège du citoyen romain. […] Il s’agit, bien entendu, de mille soudains et vertigineux, de vogues immédiates, de livres « enlevés », pile, fièvre et queue, car je ne vous crois pas homme à vous accommoder de ces probes et lentes fortunes qu’un demi-siècle n’épuise pas. […] Parfois il entendait « la voix qui parle aux solitaires ».

1882. (1846) Études de littérature ancienne et étrangère

Frappé de ce coup inattendu, Séjan demeurait immobile, paraissant ne pas entendre l’ordre réitéré du consul. […] Toute la Grèce courait aux jeux olympiques pour entendre Hérodote lire son histoire. […] qu’il est doux d’entendre et de reconnaître de tels accents !  […] Là, rien n’est du poète ; on entend les vraies paroles qui enlèvent la foule ; on reconnaît l’homme qui se fait suivre par elle. […] On le sait, rien ne se traduit, ne se fait entendre dans une autre langue, moins aisément qu’un bon mot.

1883. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « VI » pp. 22-24

Bref, c’est un tour que Méry leur a joué : impatienté d’entendre louer la pièce, il a dit : Je vais leur en faire ; et en provençal improvisateur, il a broché ce pastiche que nos connaisseurs ont pris au sérieux et ont gobé sans une arête.

1884. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XXXIX » pp. 164-165

Je ne regretterai plus de n’avoir pas vu Talma, depuis que j’ai entendu M.

1885. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Mauclair, Camille (1872-1945) »

Paul Léautaud Supérieurement intelligent et même surtout intelligent — et par là nous entendons : compréhensif plutôt que créateur — et d’une précocité remarquable, et sur laquelle renseignera suffisamment la liste de ses ouvrages, M. 

1886. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 252-254

Ceux qui l’ont entendu ont donc raison de le regarder comme un Orateur dont la maniere n’appartient qu’à lui seul, qui, laissant aux autres le soin de prouver les dogmes de la Religion, se borne à un objet non moins estimable, & plus utile peut-être, celui d’en développer la morale, d’en faire aimer les devoirs & respecter l’autorité.

1887. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » pp. 88-90

Personne n’entendoit mieux le Grec & le Latin.

1888. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » pp. 184-186

Il a déshonoré, autant qu’il étoit en lui, à force de passions & de vices, & les Belles-Lettres qu’il entendoit parfaitement, & le Saint-Chrême qu’il avoit malheureusement reçu ».

1889. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 235-237

Son style est net, mais souvent diffus ; défaut moins capital, lorsqu’il s’agit de préceptes & qu’on veut se faire entendre.

1890. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » pp. 502-504

Il les entendoit parfaitement toutes.

1891. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — S. — article » pp. 180-182

Comme il ne pouvoit entendre qu’à la faveur d’un cornet : « Voilà mon bienfaiteur , dit-il un jour à M. l’Abbé de Voisenon en le lui montrant ; je vais dans une maison, j’y trouve des visages nouveaux ; persuadé qu’il s’y rencontre des gens d’esprit, je fais usage de mon cornet ; je vois que ce ne sont que des sots, aussi-tôt je le resserre en disant, je te défie de m’ennuyer ».

1892. (1761) Salon de 1761 « Peinture — Pastorales et paysages de Boucher. » pp. 120-121

Personne n’entend comme Boucher l’art de la lumière et des ombres.

1893. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « M. de Fontanes »

» M. de Fontanes, témoin muet et modeste de la scène, en la racontant après des années, croyait encore entendre l’exclamation solennelle. […] C’est alors que sans peine un Dieu se fait entendre : Il se cache au savant, se révèle au cœur tendre ; Il doit moins se prouver qu’il ne doit se sentir. […] Une parole modérée, pacifique, compatissante, pieuse au sens antique, s’y faisait entendre devant les guerriers. […] Leurs caresses s’entendirent, L’écho ne fut pas discret, Tous les antres les redirent Aux Nymphes de la forêt. […] La musique ne ressemble à rien de ce que j’ai entendu.

1894. (1869) Philosophie de l’art en Grèce par H. Taine, leçons professées à l’école des beaux-arts

Sa grande affaire est d’avoir des fêtes bien entendues ; il a décrété la peine de mort contre quiconque proposerait de détourner pour la guerre une partie de l’argent qui leur est destiné. […] Dans une cité qui a un port et vit de commerce maritime, il n’est personne qui ne s’entende à manœuvrer un tel navire, personne qui ne connaisse d’avance ou n’apprenne vite les signes du temps, les chances du vent, les positions et les distances, toute la technique et tous les accessoires qu’un matelot ou un officier de mer ne sait chez nous qu’après dix ans d’étude et de pratique. […] Il faut avoir entendu une langue musicale, la mélopée continue d’une belle voix italienne qui récite une stance du Tasse, pour savoir ce que la sensation de l’ouïe peut ajouter aux sentiments de l’âme, comment le son et le rhythme étendent leur ascendant sur toute notre machine et leur contagion dans tous nos nerfs. […] Les conjectures grandioses des premiers physiciens laissaient le monde aussi vivant et le rendaient plus auguste ; c’est peut-être pour avoir entendu Anaxagore parler du Noûs que Phidias a conçu son Jupiter, sa Pallas, son Aphrodite céleste, et achevé, comme disaient les Grecs, la majesté des dieux. […] Dans Homère, dont les poëmes sont la Bible des Grecs, Ulysse naufragé, après avoir nagé deux jours, arrive « à l’embouchure d’un fleuve aux belles eaux, et dit au fleuve : Entends-moi, ô roi, qui que tu sois ; je viens à toi en te suppliant avec ardeur, et fuyant hors de la mer la colère de Poséidon… Prends pitié, ô roi !

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