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381. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre IX. L’antinomie politique » pp. 193-207

Tout effort de domination spirituelle est dirigé contre la liberté des individus, contre la diversité des pensées et des sentiments. […] L’esprit jacobin, c’est la mainmise de la cité sur l’individu tout entier ; c’est l’effort pour réduire toutes les libertés à la liberté politique.

382. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « César Daly »

La vérité, en effet, voilà ce qui a toujours préoccupé — et à outrance — Daly, en ses efforts et ses travaux, depuis vingt ans. […] Il n’a plus attesté que le suprême effort de la pensée pour atteindre, de la réalité fournie par l’histoire, à cet idéal de beauté impossible en ce monde, comme le bonheur même, qu’il voudrait, hélas !

383. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. J. Autran. Laboureurs et Soldats, — Milianah. »

Il y aura toujours dans la manière comme dans le visage quelque chose qui résistera à tous les efforts. […] Autran, malgré l’effort visible du poète pour en travailler, sinon pour en remplir le vide.

384. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre IX. Suite des éloges chez les Grecs. De Xénophon, de Plutarque et de Lucien. »

ou parce que le luxe de nos mœurs se communiquant à nos esprits comme à nos âmes, nous ôterait ce goût précieux et pur de simplicité ; ou parce que, l’inégalité plus marquée dans les monarchies, mettant plus de distinction entre les rangs, il doit nécessairement y avoir plus d’affectation, plus d’effort, plus de désir de paraître différent de ce que l’on est, et par conséquent quelque chose de plus exagéré dans les manières, dans les mœurs et dans la tournure générale de l’esprit, ou enfin, parce que chez un peuple indifférent et léger, qui peut-être voit tout avec rapidité et ne s’arrête sur rien, il faut, pour ainsi dire, que tous les objets soient en relief pour qu’ils soient aperçus ? […] On trouve dans tous les deux la même douceur de style, les mêmes grâces, des vues de politique profondes, l’amour des lois et des hommes, un goût de vertu sans effort, et ce naturel touchant qui gagne la confiance du lecteur et le persuade sans le fatiguer.

385. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — C — article » p. 22

A la faveur des lumieres qu’il présente, le Lecteur attentif voit s’étendre devant lui la sphere de ses connoissances, sent éclore ses propres réflexions, & suit sans peine ce raisonneur élégant & facile dans le labyrïnthe où il le conduit sans effort.

386. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « À Monsieur P. Bottin-Desylles »

Je désirerais que toutes les pensées qui sont ici, fussent vos pensées, ou qu’il y en eût, au moins, quelques-unes que vous ne désavoueriez pas… Vous l’homme des sentiments exquis en toutes choses, vous devez avoir sur les femmes les idées qu’ont sur elles les esprits délicats, discernants, qui les aiment et qui ne veulent pas les voir se déformer dans des ambitions, des efforts et des travaux mortels à leur grâce naturelle, et même à leurs vertus… Vous êtes, mon cher Desylles, d’une supériorité trop vraie pour ne pas vous connaître en supériorités, et celle de la femme n’est pas où la mettent les Bas-bleus.

387. (1891) Enquête sur l’évolution littéraire

Je sais bien que la poésie n’est pas un art de vulgarisation que chacun doit pouvoir goûter sans effort ; mais c’est égal, je ne suis pas pour l’obscurité. […] Toutes les fois qu’il y a effort au style, il y a versification. […] Les Parnassiens, amoureux du vers très strict, beau par lui-même, n’ont pas vu qu’il n’y avait là qu’un effort complétant le leur : effort qui avait en même temps cet avantage de créer une sorte d’interrègne du grand vers harassé et qui demandait grâce. […] Ce qu’on nomme sa psychologie résulte seulement de l’effort qu’il fait pour échapper à son instinct et à sa sensation. […] Je vous nommerai Hennique, un artiste de haute valeur, patient, peu bruyant, et à cause de cela mal récompensé de son effort continu.

388. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Eugène Gandar »

La mort qui nous assiège et nous déjoue sous toutes les formes s’est chargée, en sa personne, de nous rappeler une fois de plus le néant des efforts et des projets humains, là même où ils semblaient les plus modestes, les mieux soutenus et les plus sagement concertés. […] On peut prendre idée de la forte acquisition et de la dépense intellectuelle de Gandar durant tout ce temps par ses discours et programmes imprimés, mais surtout dans ses lettres, qui nous initient à ses efforts et à cette suite, à cette simultanéité de riches et fécondes études. […] Cherchons donc, cherchons toujours : c’est l’art et c’est la vie ; et grâce à Dieu, les joies de l’effort, si sévères qu’elles soient bien souvent, valent mieux que les joies passagères et stériles du succès. » Quelle digne et loyale nature ! […] Émile Michel : « De plus en plus, mon cher Émile, je suis occupé, soucieux, fatigué de l’effort de la veille, inquiet des obligations du lendemain. […] Ce fut son dernier effort.

389. (1904) Essai sur le symbolisme pp. -

Par un violent effort ils ont voulu se placer au centre même du réel et, par une sorte de sympathie intellectuelle, communier avec la nature. […] L’effort des germinations tend mon vouloir. […] Puis des lacets s’offrent, des circuits s’emparent de la marche, allègent l’effort de la montée ; l’ombre des montagnes s’appesantit sur le touriste assoiffé d’idéal. […] Le poète symboliste, dont l’effort s’éternise à dévoiler les idées que cachent les formes, se sent naturellement attiré vers le mythe antique et la vieille légende nationale. […] Tout l’effort du métaphysicien et du grand poète doit tendre à ceci : rétablir la continuité primordiale en s’élevant au-dessus des contingences pour s’adapter de mieux en mieux au Réel.

390. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Leclercq, Paul (1872-1956) »

Paul Leclercq : La Vieille à l’Araignée, comme il convenait, n’est pas du tout dans le style des autres contes ; au lieu des images somptueuses et vagues, arbres en fleurs, joyaux de lumières, eaux transparentes et mobiles, on distinguerait un effort vers le trait précis, presque dur, de M. 

391. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Montégut, Maurice (1855-1911) »

Les défauts sont de ceux qui disparaissent avec les années ; les qualités sont de celles que l’art et l’effort seraient impuissants à acquérir, un don des privilégiés et la marque des élus.

392. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre IV. L’âge moderne. — Chapitre I. Les idées et les œuvres. » pp. 234-333

. —  Ses aspirations et ses efforts. —  Ses invectives contre la société et l’Église. —  The Jolly Beggars. […] Il était déclassé de naissance, et se portait de tout son effort hors de son état1144. […] C’est à cela qu’il faut songer pour mesurer son effort, pour comprendre ses misères et sa révolte. […] Dans cet effort magnifique et insensé, les plus grands s’épuisent et meurent. […] Sous leurs efforts multipliés et par leur concert involontaire, l’idée du beau change, et par contagion les autres idées vont changer.

393. (1778) De la littérature et des littérateurs suivi d’un Nouvel examen sur la tragédie françoise pp. -158

Les idées nouvelles ont circulé sans effort ; tout ce qui est relatif à l’instruction, est adopté courageusement. […] Il est curieux, en attendant, de considérer l’effort des esprits depuis Philadelphie jusqu’à Venise. […] & le Parterre, de battre des mains ; tandis que le héros éssoufflé reprend haleine : mais s’il a fait quelque effort, ce n’est tout au plus qu’un effort de Mémoire. […] La Tragédie, en France, a peint l’homme en efforts & non dans ses habitudes, qui révèlent le fond des caractères. […] Demandez au premier Artiste, s’il faut plus d’efforts pour mettre sur la toile un habit doré, qu’un habit de burre.

394. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — A — Abadie, Michel (1866-1922) »

[L’Effort (octobre 1897).]

395. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Baour-Lormian, Pierre Marie François Louis (1770-1854) »

Baour-Lormian est un de nos meilleurs versificateurs ; son style n’est cependant remarquable par aucun de ces efforts, aucune de ces tentatives qu’on observe dans celui de la plupart de nos poètes à la mode, tout est naturel et simple dans les vers de M. de Lormian… Le fond sur lequel roulent ces Veillées est bien triste et bien sombre : il ne peut plaire qu’aux âmes sensibles et mélancoliques qui aiment à entendre les Muses soupirer des plaintes sublimes et moduler de tendres regrets ; elles y trouveront, dans de beaux vers, l’expression la plus parfaite des sentiments dont elles se nourrissent, et chériront le poète aimable dont les chants mélodieux s’accordent si bien avec cette voix secrète de douleur qui retentit toujours au-dedans d’elles-mêmes.

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