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894. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLVIIIe Entretien. Montesquieu »

Ces détails mêmes, je ne les ai pas tous donnés ; car qui pourrait dire tout sans un mortel ennui ? […] Il donne pour base à cette démocratie la vertu ! […] L’une leur donnait le droit d’assembler le Sénat, l’autre celui d’assembler le peuple. […] Il faut écorcher un Moscovite pour lui donner du sentiment. […] Au moins ne lui donne-t-il point de songes et point de délire.

895. (1896) Les origines du romantisme : étude critique sur la période révolutionnaire pp. 577-607

L’analyse rapide de quelques romans qui eurent de la vogue, sera la meilleure manière de donner une idée des goûts du public. […] Un romantique qui fut un « prince de la critique », Jules Janin, sans être hué et tué par le ridicule, devait donner une contrepartie morale et sentimentale au Neveu de Rameau. […] La vie monotone de tous les jours leur donnait la nausée : — « Quoi ! […] Une brochure racontant l’amitié d’un lion et d’un chien, venant d’Afrique, se vendit à plusieurs éditions ; les concerts donnés à l’éléphant mélomane, pris dans les jardins du roi de Hollande, étaient très suivis. […] Dans une étude sur la langue française avant et après la Révolution, parue dans l’Ère nouvelle, j’en ai donné de nombreux et curieux échantillons : j’y renvoie le lecteur.

896. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre II. La commedia dell’arte » pp. 10-30

Le bon prélat donna audience aux comédiens, discuta leurs raisons, et, finalement, les autorisa à continuer leurs jeux dans son diocèse, à la condition de déposer entre ses mains le canevas des pièces qu’ils voudraient représenter. Il chargea de l’examen le prévôt de Saint-Barnaba, et, quand il n’y trouvait rien de répréhensible, le saint archevêque donnait son approbation et signait les canevas de sa main. […] Fiurelli (Scaramouche), à quatre-vingt-trois ans, donnait encore un soufflet avec le pied. […] Ces lazzi interrompent toujours les discours de Scapin, mais en même temps ils lui donnent occasion de les reprendre avec plus de vigueur. […] (De là, par parenthèse, est venu le nom donné au vêtement moderne.)

897. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Première Partie. Des Langues Françoise et Latine. — De la langue Françoise. » pp. 159-174

Le desir de plaire lui donne l’enjouement & la légèreté de stile. Je n’ai garde cependant de préconiser le Latin, au point de croire ridiculement qu’il faille donner à cette langue les plus belles années de sa vie, y être consommé pour se mettre en état d’écrire en François. […] L’abbé Desfontaines donna le Dictionnaire néologique *, pour s’opposer au torrent. […] Celles que M. l’évêque du Puy, écrivain qui, à l’exemple de Bossuet & de Fénélon, joint à l’amour des sciences le goût de la littérature, donne dans son Essai critique sur l’état présent de la république des lettres, méritent de l’attention. […] Il s’est appliqué à en débrouiller le chaos, à séparer l’alliage de l’or pur, à nous donner l’intelligence des anciens termes dans un Glossaire attendu avec impatience.

898. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Seconde Partie. De l’Éloquence. — Éloquence en général. » pp. 177-192

A-t-il donné à la littérature, ou à la langue, quelque caractère nouveau ? […] Pour former un homme éloquent, l’art & le talent doivent concourir : mais l’art suppose le talent, le perfectionne & ne le donne pas. […] Dans une lettre de vingt-sept pages, publiée en 1727, il donna son apologie, avec le portrait peu ressemblant de Rollin, qu’il y avoit mis. […] L’abbé de Vertot n’avoit rien donné au public avant quarante-cinq ans. […] Mais tous les coups qu’on se porta, tous les écrits qu’on publia, furent, ainsi que plusieurs démentis formels, donnés en pure perte.

899. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Chastel, Doisy, Mézières »

En demandant à l’Étude, dans son programme, de raconter les influences toutes-puissantes et salutaires de la charité chrétienne se projetant pour la première fois à travers les misères horribles de l’Antiquité, l’Académie demandait la preuve, facile à donner, de l’inanité de cette Économie politique qui se vantait de refaire l’axe et les pôles du monde, et qui n’avait inventé que des prétentions ! Avisée comme un vieux diplomate et prudente comme un vieux médecin, l’Académie ne se compromettait point par un démenti direct donné aux idées contemporaines qu’elle eût fait affoler davantage, et elle n’en mettait pas moins tout doucement les compresses de glace de l’Histoire sur la tête de la Philosophie, pour la guérir de la fièvre cérébrale qui la dévorait. […] Aussi, pour peu qu’on aimât les lettres et qu’on tînt à elles, au bien qu’elles font, à la gloire qu’elles donnent, par quelque ardente sympathie, on était heureux de penser que les lettres seules avaient préservé les quarante premières têtes de France de cette contagion d’idées fausses qui, à cette époque, avait saisi tous les esprits, et les savants plus que personne. […] Le célibat, les monastères, — les monastères, qui ne furent pas tous bâtis dans cette période d’histoire que des protestants peuvent exalter sans réserve et sans peur, — voilà ce qui donna à la charité chrétienne cette prodigieuse efficacité, qui la fait ressembler aux yeux des hommes à la plus colossale et à la plus magnifique des institutions ! […] Puisque la doctrine d’un tel livre n’était pas couronnée, la mention honorable n’a pu être donnée qu’au talent.

900. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Émile Augier, Louis Bouilhet, Reboul »

Il est des badauds ou des railleurs qui appellent cela donner une idée de la marche de l’esprit humain. […] Il ne s’est donné que la peine d’entrer, voilà tout ! […] Ce qui s’obtient et ce qui s’imite, c’est la manière de rire et de parler au corps avec le corps, de briser son vers, de l’enlever et de lui donner sa tournure. […] Pour ne parler donc que des procédés d’une poésie toute en procédés, — par le mètre, par le mouvement, par la crudité des tons, par la hardiesse dans la nudité du détail, — Louis Bouilhet nous donne les bas-côtés du talent de Musset assez réussis. […] Mais tous les trois donnent, chacun à sa façon, une note déjà entendue ; tous les trois mettent en relief ce signe du temps : l’absence de l’originalité !

901. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. de Banville. Les Odes funambulesques. »

Malassis, un dauphin qui connaît le Pirée, et qui, quand il s’agira d’éditer, ne prendra point des singes pour des hommes comme le maladroit de la mer Égée, a eu l’heureuse idée de donner, du fond de sa province, à la librairie parisienne, un exemple qui est une leçon. […] En effet, quel livre peut nous donner le poète en question après ces Odes funambulesques, le dernier mot de sa manière, de cette manière qui commence au trépied de Pythonisse grecque, sur lequel s’était juché Ronsard, et qui s’en va finir parmi les queues rouges du tréteau ? […] le livre des Funambulesques alterne de ces parodies lyriques péniblement contournées à des Triolets et des Rondeaux toujours puérils et dont nous voudrions cependant donner un modèle, ne fût-ce que pour être compris, — car qui en a lu un les a lus tous ! […] Mélange singulier d’Auriol et de Commerson, mais centaure où, dans un temps donné, la bête doit dévorer l’homme, le rimeur des Odes funambulesques ne roulera pas, comme il le dit, hélas ! […] La rime à laquelle tiennent si fort tous les hommes pour qui la poésie consiste dans l’art d’échiquier de mouvoir et de ranger les mots, la rime touche ici presque à l’identité du son et donne à la phrase poétique des deux vers qui se suivent quelque chose de bicéphale et de monstrueux.

902. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXV. Des éloges des gens de lettres et des savants. De quelques auteurs du seizième siècle qui en ont écrit parmi nous. »

Nous avons vu des orateurs pleurant sur des cendres viles ; le crime honoré par l’éloge ; l’esclave louant en esclave, et remerciant de la pesanteur de ses fers ; l’intérêt dictant des mensonges à la renommée ; et l’autorité croyant usurper la gloire, et la bassesse croyant la donner. […] Mais ces exemples furent donnés surtout en Italie et dans les universités d’Allemagne. […] Cet exemple donné par un Milanais, fut suivi dans presque toutes les villes d’Italie, et de là en Angleterre, en Espagne, en Allemagne, en Flandre et dans tous les Pays-Bas77. […] Il semble qu’on est dans un cabinet de médailles que l’on parcourt, et qu’un homme qui a été le contemporain et l’ami de tous ces grands hommes, en vous montrant leur figure, vous parle d’eux avec cet intérêt tendre que donnent l’estime et l’amitié. […] Janus Nicius Erithræus, ou Jean Rossi, noble romain, mort en 1647, a donné une suite de tableaux des hommes illustres.

903. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre quatrième. Du cours que suit l’histoire des nations — Chapitre V. Autres preuves tirées des caractères propres aux aristocraties héroïques. — Garde des limites, des ordres politiques, des lois » pp. 321-333

À Sparte, le roi Agis voulant donner aux pères de famille le pouvoir de tester, fut étranglé par ordre des éphores, défenseurs du gouvernement aristocratique101. […] Ils regardèrent les émancipations comme avantageuses ; donnèrent aux légitimations par mariage subséquent tout l’effet du mariage solennel. […] Le droit de cité ne s’était donné dans les temps anciens qu’à d’illustres étrangers qui avaient bien mérité du peuple romain ; ils l’accordèrent à quiconque était né à Rome d’un père esclave, mais d’une mère libre, ne le fût-elle que par affranchissement. […] Ce qui donna aux Romains la plus sage de toutes les jurisprudences, est aussi ce qui fit de leur Empire le plus vaste, le plus durable du monde. […] En cela l’habileté d’Auguste leur avait donné l’exemple.

904. (1889) Derniers essais de critique et d’histoire

Le roi donne la ration à dix mille personnes. […] Il donne quatre pistoles à une dame après une faveur. […] Que ne donnerait-on pas pour les entendre ! […] Ne lui donnons pas un droit de suffrage illusoire. […] Seulement, au lieu de le donner en aveugle, il le donne en homme clairvoyant, et, s’il veut, il le dirige.

905. (1888) Impressions de théâtre. Deuxième série

J’ai dit qu’il se donnait pour l’assassin d’Oreste. […] Je rappelle la donnée en quelques mots. […] Je vous donne ces idées pour ce qu’elles valent. […] Alors que leur donna-t-elle ? […] je te la donne !

906. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre troisième. La connaissance de l’esprit — Chapitre premier. La connaissance de l’esprit » pp. 199-245

Elles sont possibles, parce que leur condition, qui est un certain état de mon appareil acoustique et de mes centres sensitifs, est donnée ; si cette condition cessait d’être donnée, elles cesseraient d’être possibles ; je ne serais plus capable d’entendre des sons ; je serais sourd. — Pareillement, un homme a la faculté ou pouvoir de percevoir les corps extérieurs, notamment par la vue ; cela signifie que des perceptions de la vue qui, si elles naissent, seront siennes, sont possibles. […] La première action est possible pour moi, parce que sa condition, l’intelligence des mots latins, est donnée ; la seconde est possible pour le portefaix, parce que ses conditions, le développement des muscles et l’habitude de l’exercice corporel, sont données. […] Mais ces événements et ces états sont supposés et non donnés ; ils ne font partie que de mon être possible, ils ne font pas partie de mon être réel. […] J’ai cité l’histoire de Balzac qui décrit un jour, chez Mme de Girardin, un cheval blanc qu’il veut donner à son ami Sandeau et qui, plusieurs jours après, persuadé qu’il l’a donné effectivement, en demande des nouvelles à Sandeau. […] J’ai prévu, avant de les avoir, les sensations de résistance, de forme, d’emplacement, de température que me donneront les objets un peu familiers et point trop lointains que je perçois par la vue, et, cent mille fois contre une, ils me la donnent telle que je l’ai prévue.

907. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 mai 1885. »

Le Rêve, où l’esprit parvient au plein éveil de cette conscience intérieure, peut donner l’idée de ce qu’est la musique. […] C’est alors que toutes ses perceptions et toutes ses créations sont pénétrées de cette sérénité prodigieuse qu’il donne, le premier, à la Musique. […] L’étude qui va être publiée, dans cette revue sur l’œuvre de Bayreuth, donnera des détails sur cette grande institution. […] À donner cette connaissance, sied, excellemment, le livre composé par M.  […] La première rend le texte clair et lui donne même un caractère « français ».

908. (1856) Cours familier de littérature. I « IIIe entretien. Philosophie et littérature de l’Inde primitive » pp. 161-239

Cette aspiration à un bonheur qui n’existe pas ici, est le ressort qui donne l’impulsion à toute vie et le mouvement à toute activité humaine. […] Nous allons vous en donner une idée sommaire dans l’examen des livres sacrés et des poèmes primitifs de ce premier des peuples littéraires. […] Cette poésie donne l’extase comme l’opium qui croît dans les plaines du Gange. […] Ce sont nos organes matériels et passagers qui nous donnent ici ces sensations du chaud et du froid, du plaisir ou de la douleur ; mais ces choses n’existent pas en elles-mêmes. […] Avant de feuilleter avec vous la littérature de l’Inde primitive, il fallait vous donner une idée de la philosophie religieuse de ces peuples, car avant de parler il faut penser.

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