Règle générale en cette matière : pour tout historien dont l’intention est plus profonde que de raconter des excentricités risibles ou effrayantes et des histoires… grotesques et arabesques, comme dirait Edgar Poe, toute histoire de nègres ou sur des nègres doit être précédée d’une étude à fond sur la race, et Gustave d’Alaux était digne de la faire, cette étude sans laquelle toute histoire quelconque, même celle qu’il vient d’écrire, manque de flambeau.
Pour toucher à la Bible et traduire en images dignes du texte cette parole surnaturellement inspirée, il faut être soi-même surnaturellement inspiré.
chercha toujours dans le xviie siècle, en digne philosophe, ce qui n’y était pas, a écrit, en style oraculaire, cette phrase, qui, comme tous les oracles, ne signifie pas grand’chose : « Alceste est resté le secret du génie de Molière », et cette phrase, lancée par ce vaste et gesticulant étourdi de Cousin, et dont Gérard du Boulan a fait l’épigraphe de son livre, a probablement donné à cet écrivain, que je ne crois pas très connu encore, l’envie de deviner le secret — qui n’existe pas !
L’honnête citoyen qui prend si tranquillement sa canne et son chapeau pour aller se rafraîchir aux sources premières, — à ces citernes qui s’appellent Ruth, Tobie, Josué, les Machabées, — n’est pas digne de ce nom de poète, et encore s’il y allait !
Celle qu’il écrivit de César est digne de César.
Le prêtre, qui, s’il est digne de sa fonction, ne doit, selon la magnifique expression d’Arnaud de Brescia, n’avoir soif que du sang des âmes, ne le leur fait répandre qu’à la condition de leur commander !
Étonnés et touchés de l’épouvantable et idéal dénûment de cet hôte mélancolique et digne qui leur fait un si bon visage du fond de sa détresse, ils l’engagent à se joindre à eux, qui tirent vers Paris, où il trouvera peut-être fortune, et le jeune noble y consent d’autant plus vite, qu’il se sent invinciblement attiré par une jeune comédienne de la troupe.
Et notez que ce serait là un livre tout à fait nouveau, tout à fait digne du dix-neuvième siècle et des progrès du dix-neuvième siècle, car avant le dix-neuvième siècle un pareil livre était impossible.
A l’issue d’une guerre où tous les enfants de la France furent plus beaux que dans aucun siècle, la patrie doit un hommage aux femmes et aux mères des héros, l’enthousiasme glorieux de nos combattants est fait pour une grande part du courage et de l’abnégation des Françaises, et celles-ci, quand la funeste nouvelle tombe dans leurs foyers, sont dignes de recueillir (pour la défense de leur famille et de la patrie) le bulletin de vote du soldat dont l’âme était pareille à la leur.
La première moitié a cet agrément qui caractérise presque tous les ouvrages de Lucien ; la dernière est pleine de grandeur ; elle est digne des plus beaux temps de la Grèce.
Cet orateur, si connu par son éloquence, tantôt persuasive et douce, tantôt forte et imposante, qui développait si bien les faiblesses de l’homme et les devoirs des rois, et qui, à la cour d’un jeune prince, parlant au nom des peuples comme au nom de Dieu, fut digne également de servir à tous d’interprète ; cet orateur, qui sut peindre les vertus avec tant de charmes, et traça de la manière la plus touchante le code de la bienfaisance et de l’humanité pour les grands, n’a pas, à beaucoup près, le même caractère dans ses éloges funèbres.
Les arts du dessin, que la domination d’un maître gêne moins, semblaient mieux garder leur génie ; et Alexandre était plus heureux à trouver des peintres, ou des statuaires que des poëtes dignes de lui.
Ses romans militaires sont de la besogne bien faite, de bonnes plaidoiries éloquentes et ineptes, dignes des honoraires que leur prodigue l’Académie. […] Le plus souvent, ses phrases sans couleur, hachées de points de suspension, rampent aussi invertébrées qu’une tirade de Sardou, vraiment dignes de l’approbation de Francisque Sarcey. […] Elle refit aux lecteurs de la Revue des Deux Mondes le fameux cours de meurtre, et Pas à pas les conduisit à tuer pour sauver l’honneur bourgeois, dieu digne de tous les sacrifices. […] Son érudition est digne de toutes les couronnes de papier doré et sa gaucherie de tous les bonnets d’âne. […] L’événement était digne tout au plus d’être conté en une colonne de journal.
Dans tous les temps la France fut belle, elle fut digne dans tous les temps de l’amour de ses fils. […] Il reconnaît que le culte digne de l’Être suprême est la pratique des devoirs de l’homme. […] Vous avez parlé des Variations en un langage digne de ce grand livre. […] On disait qu’il avait enchâssé des rubis et des émeraudes dans la carapace d’une tortue vivante, devenue digne ainsi de marcher sur les plus somptueux tapis. […] Il faut citer à part Les Milésiennes, récit digne de Plutarque.
Je sais que, si j’y vais, j’aurai la compagnie de gens meilleurs que moi, et j’y rencontrerai aussi quelques bons drôles à tête chaude, et pourvu que je n’y sois pas cloué seul, je ne m’en soucie pas… Si je ne craignais pas plus les juges du Banc du Roi que je ne crains Dieu, j’irais, avant de me coucher, fourrer ma main dans le sac d’un bourgeois ou d’un autre. » Un peu après, il a des remords, il se marie, peint en vers délicieux la régularité et le calme de la vie honnête, puis revient à Londres, mange son bien et la dot de sa femme avec une drôlesse de bas étage, parmi les ruffians, les entremetteurs, les filous, les filles, buvant, blasphémant, s’excédant de veilles et d’orgies, écrivant pour avoir du pain, quelquefois rencontrant parmi les criailleries et les puanteurs d’un bouge des pensées d’adoration et d’amour dignes de Rolla, le plus souvent dégoûté de lui-même, pris d’un accès de larmes entre deux buvettes, et composant de petits traités pour s’accuser, regretter sa femme, convertir ses camarades, ou prémunir les jeunes gens contre les ruses des prostituées et des escrocs. […] Marlowe, comme Greene, comme Kett35, est un incrédule, nie Dieu et le Christ, blasphème la Trinité36, prétend que Moïse était un imposteur, que le Christ était plus digne de mort que Barrabas, que « si lui, Marlowe, entreprenait d’écrire une nouvelle religion, il la ferait meilleure », et « dans chaque compagnie où il va, prêche son athéisme. » Voilà les colères, les témérités et les excès que la liberté de penser met dans ces esprits neufs, qui, pour la première fois après tant de siècles, osent marcher sans entraves. […] Il aura des esprits qu’il enverra chercher de l’or dans l’Inde, et « fouiller l’Océan pour entasser devant lui les perles orientales », qui lui apprendront les secrets des rois, qui, à son ordre, enfermeront l’Allemagne d’un mur d’airain, ou feront couler les flots du Rhin autour de Wittenberg, qui marcheront devant lui « sous la forme de lions, pour lui servir de garde, ou comme des géants de Laponie, ou comme des femmes et des vierges, dont le front sublime ombragera plus de beauté que la gorge blanche de la reine de l’Amour. » Quels rêves éclatants, quels désirs, quelles curiosités gigantesques ou voluptueuses, dignes d’un César romain ou d’un poëte d’Orient, ne viennent pas tourbillonner dans cette cervelle fourmillante ! […] Cet acte d’adoration au plus fort du danger est comme une rose qu’elle cueille et dont elle s’enivre. « Vous n’êtes pas digne de le prononcer, ce nom ; pour avoir l’honneur de l’entendre d’une autre bouche, il faudrait vous mettre à deux genoux. » — « Qui est-ce ? […] VII En face de cette bande tragique aux traits grimaçants, aux fronts d’airain, aux attitudes militantes, est un chœur de figures suaves et timides, tendres par excellence, les plus gracieuses et les plus dignes d’amour qu’il ait été donné à l’homme d’imaginer ; vous les retrouverez, chez Shakspeare, dans Miranda, Juliette, Desdémone, Virginia, Ophélia, Cordélia, Imogène ; mais, elles abondent aussi chez les autres, et c’est le propre de cette race de les avoir fournies, comme c’est le propre de ce théâtre de les avoir représentées.