On décrit l’œuvre de Racine plus complaisamment que celle de Pradon : la raison en est uniquement dans la différence des jugements esthétiques que nous portons sur les deux œuvres. […] Le demi-siècle qui sépare les voyages des deux frères a mis aussi entre leurs relations des différences curieuses, d’autant plus que leurs idées, leurs sentiments, leurs croyances ont plus de conformité, et que c’est le mouvement même de l’histoire qui s’enregistre dans le contraste de leur récit. […] Le prospectus de ses Monuments de la monarchie française avait étonné le public, en un temps où l’on méprisait, avec toute la sécurité de l’ignorance, l’art du moyen âge, où l’histoire ne faisait point de différence entre Clovis et Louis XIV, et n’était d’un bout à l’autre qu’un perpétuel anachronisme. […] Du moment que l’on faisait passer au premier rang parmi les qualités d’une comédie le goût et le style, toute différence essentielle entre le livre et le théâtre s’évanouissait. […] Ils opèrent tous, quelles que soient les différences de talent et de doctrine, ils opèrent tous sur l’homme et sur la société, comme si ce n’étaient que des chiffres et des signes.
Le sujet de la Comédie et le sujet de Faust, ce n’est plus, comme dans l’épopée antique, une expédition guerrière et nationale, la fondation de la cité ou de l’État ; c’est la représentation des rapports de l’homme avec Dieu dans le fini et dans l’infini ; c’est le grand problème du bien et du mal, tel qu’il s’est agité de tout temps dans la conscience humaine, avec la réponse qu’y donnent, selon la différence des âges, la religion, la philosophie, la science, la politique. […] Quelle que soit la différence des noms, des personnes ou des relations, Mme de Stein inspire à Gœthe une passion aussi noble en son principe et en ses effets que l’amour de Dante pour Béatrice. […] Mais c’est ici précisément que je sens, pour ma part, la différence essentielle ; car enfin, l’homme véritable, ce n’est pas seulement celui qui est à la fois, comme Gœthe, un savant, un philosophe, un artiste ; l’homme véritable, c’est aussi, c’est avant tout, dans mes idées bretonnes, le patriote, le soldat, le citoyen. […] Vous touchez ici, en effet, mon cher Élie, à une différence sensible entre nos deux poëtes ; mais c’est différence d’origines, beaucoup plus que différence de personnes.
Cependant il y aura toujours la différence de la contemplation à quelque chose qui est à la fois contemplation et action. […] Il y aura toujours la différence du spectateur à l’acteur, et le spectateur peut si bien savoir le rôle et le comprendre qu’à un certain égard il soit identique à l’acteur ; mais, à un autre égard, il sera toujours inférieur à celui qui et sait le rôle et le comprend et le joue. […] Différence et pierre de touche de la différence : la morale. […] Le législateur habile aura égard dans ses lois à ces différences après les avoir observées et reconnues autant qu’il est donné à un homme de les reconnaître. » Telles sont les principales idées de Platon quand il considère objectivement les choses sociologiques, la marche naturelle des affaires publiques et des changements qui arrivent dans les empires. […] Elle interdira le meurtre et le vol, comme toutes les législations humaines5, en tenant compte, pour le meurtre, de la différence entre la préméditation et la colère.
Il y a entre ces deux hommes une différence profonde : Voltaire, c’est le bon sens ; Rousseau, c’est la poésie. […] Quelle que soit donc, en France, l’inconnue celtique, voici quelques éléments plus sûrs : une colonisation romaine intense, d’où une vie intellectuelle qui égalait celle de la métropole et qui dura d’une façon plus constante à travers tout le moyen âge ; une résistance matérielle moins prolongée à l’invasion des barbares, d’où une assimilation réciproque plus rapide et plus harmonieuse ; à la différence de l’Italie, aucun passé de gloire qui pesât sur l’avenir, attirât sans cesse de nouveaux conquérants et prolongeât l’anarchie ; un pays tout à l’ouest du continent, adossé à la mer en bonne partie, qui n’était point une route à passer, une plaine à traverser, mais qui, une fois conquis, put travailler à un nouvel équilibre ; un pays de grandeur moyenne, non point plat comme l’Allemagne ou démesurément allongé comme l’Italie, mais compact, admirablement varié par ses fleuves et ses montagnes, où les provinces semblaient se faire d’elles-mêmes, éléments futurs d’une plus grande unité ; non point isolé comme l’Espagne et l’Angleterre, mais de contact facile ; un sol fertile ; un climat tempéré, ni la grisaille des longs brouillards, ni la voluptueuse lassitude des cieux ardents. […] En d’autres langues ou d’autres temps on pourrait invoquer, non certes La Messiade, mais la Gerusalemme liberata (avec réserves), Hermann und Dorothea et Mirèio (avec des différences importantes à noter).
En effet, la différence des manières, la séparation des intérêts, la distance des idées sont si grandes, qu’entre les plus exempts de morgue et leurs tenanciers directs, les contacts sont rares et lointains. […] » Une preuve sûre que leur absence est la cause du mal, c’est la différence visible du domaine affermé par l’abbé commendataire absent et du domaine surveillé par les religieux présents. « Un voyageur instruit les reconnaît » tout d’abord à l’état des cultures. « S’il rencontre des champs bien environnés de fossés, plantés avec soin et couverts de riches moissons, ces champs, dit-il, appartiennent à des religieux.
Lisez cette fable dans Horace et lisez-la dans La Fontaine ; vous verrez la différence de concision et d’expression des deux langues, la latine ou la gauloise. […] Quand on lit un conte original de l’Arioste à côté de l’imitation de ce conte par La Fontaine, on éprouve la même déception : on ne peut juger de la différence des métaux qu’en les pesant dans la même balance ou qu’en les faisant sonner sur la même table de marbre ; Horace pèse et sonne l’or dans cette fable ; La Fontaine pèse et sonne la plume d’un imitateur plus naïf que puissant.
Bourget finit son Crime d’amour, par cette phrase : « La religion de la souffrance humaine », c’est avec une petite différence dans la construction de la phrase, la fin de la préface de Germinie Lacerteux. […] Hein, que dites-vous de cette imagination de l’amateur qui avait trouvé le moyen d’enfermer la prose et la poésie de Victor Hugo, dans les trois couleurs, avec des différences dans les teintes, indiquant la nuance politique de l’auteur dans le moment.
Y a-t-il un nerf, une fibre, un ongle, un muscle, une articulation de différence entre l’homme d’hier et l’homme de quatre mille ans en arrière ? […] De son propre aveu, ce sont les Védas qui ont inspiré cette littérature. » Les Védas sont des chants pareils à ceux des prophètes et de David dans la Bible ; avec cette différence que les chants bibliques ne sont que des cris lyriques d’enthousiasme, d’adoration, de crainte ou d’amour à Jéhovah, tandis que les hymnes des Védas indiens sont en même temps des dogmes religieux.
En tenant compte, bien entendu, de la différence de nature qu’il y a entre Proudhon et M. […] Nous l’avions cru, et il nous eût été doux de rendre compte d’un tel ouvrage ; il nous eût été doux de démontrer la différence qu’il y a entre les héroïnes de la foi en Dieu et les héroïnes de la foi en soi-même, car, malgré l’éternelle mêlée des systèmes et le fourré des événements, il n’y a que cela dans le monde, le parti de Dieu ou le parti de l’homme, et il faut choisir !
Étex Ô sculpteur, qui fîtes quelquefois de bonnes statues, vous ignorez donc qu’il y a une grande différence entre dessiner sur une toile et modeler avec de la terre, — et que la couleur est une science mélodieuse dont la triture du marbre n’enseigne pas les secrets ? […] qui ignorent d’abord qu’une œuvre de génie — ou si l’on veut — une œuvre d’âme — où tout est bien vu, bien observé, bien compris, bien imaginé — est toujours très-bien exécutée, quand elle l’est suffisamment — Ensuite — qu’il y a une grande différence entre un morceau fait et un morceau fini — qu’en général ce qui est fait n’est pas fini, et qu’une chose très-finie peut n’être pas faite du tout — que la valeur d’une touche spirituelle, importante et bien placée est énorme…, etc…, d’où il suit que M.
Ceux qui ont dit qu’il a imité son prologue de Lucien, ne savent pas la différence qui est entre une imitation, et la ressemblance très éloignée de l’excellent dialogue de la Nuit et de Mercure dans Molière, avec le petit dialogue de Mercure et d’Apollon dans Lucien : il n’y a pas une plaisanterie, pas un seul mot, que Molière doive à cet auteur grec. […] Mais si l’on veut connaître la différence du style de Plaute et du style de Molière, qu’on voie les portraits que chacun fait de son Avare.
Mignet avec nombre, avec aisance, avec complaisance, en marquant chaque mot, en balançant chaque membre de phrase, et de manière à séduire un auditoire élégant, où le plus grand nombre (sans lui faire injure) ne savait pas très bien la différence qu’il y a entre la métaphysique et la psychologie.
J’ai relu le roman sur la première édition, ou du moins sur celle qui passe pour telle (Amsterdam, 1733)32 : j’ai été frappé des différences quelle offre avec les éditions suivantes.
Le vieil officier cherche à le détromper : il lui montre la différence qu’il y a entre un homme peu scrupuleux qui, dans la réalité, dans la conversation, se laisse animer et accepte les choses les plus fortes, et ce même homme, devenu tranquille, qui les apprécie en les lisant : « Il est vrai, dit-il, que ce lecteur est homme aussi : mais c’est alors un homme en repos qui a du goût, qui est délicat, qui s’attend qu’on fera rire son esprit, qui veut pourtant bien qu’on le débauche, mais honnêtement, avec des façons et avec de la décence. » C’est un éloge à donner à Marivaux que, venu à une époque si licencieuse, et lui qui a si bien connu le côté malin et coquin du cœur, il n’a, dans l’expression de ses tableaux, jamais dépassé les bornes.
Et ici la différence de nature chez les deux observateurs se déclare dans leur récit même.