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1735. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Les Nièces de Mazarin » pp. 137-156

Toutes célèbres à des titres divers, cette cargaison de nièces, venues d’Italie par le coche, étaient et furent les crampons à l’aide desquels l’officier de fortune, devenu cardinal et ministre d’État, entra dans le cœur des plus grandes familles de son temps. […] « Malheureusement pour sa femme et pour ses héritiers, ce réformateur de la statuaire et de la peinture ne devint pas positivement fou. […] « Il faisait, dit Saint-Simon, des loteries de son domestique, en sorte que le cuisinier devint son intendant, et le frotteur son secrétaire.

1736. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Madame Récamier »

» Elle a tant fait penser aux anges les hommes de sa génération, dont ce n’était pas, comme on sait, la préoccupation habituelle, que c’est depuis elle que ce mot d’ange a été insupportablement appliqué à toutes les femmes et est devenu un lieu commun dans la langue de l’amour. […] Il n’y a, d’ailleurs, dans le volume de Madame Lenormant, que quatre à cinq lettres de Madame Récamier, et déchirées à l’endroit même où elles allaient peut-être devenir quelque chose. […] Tout cela est horriblement ennuyeux… et très peu Récamier, de la Récamier qu’on rêve comme une poésie perdue, et qui cesse même d’être Récamier du tout, car, à moitié du volume, voilà que cela devient Jean-Jacques Ampère, — un autre ami de cette ribambelle d’amis que Madame Lenormant nous donne comme des prolongements de Madame Récamier.

1737. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Eugène Fromentin ; Maxime du Camp »

Le temps est devenu descriptif, et n’est plus autre chose. […] Le voyageur est ordinairement une créature plus ou moins ardente, plus ou moins haletante, plus ou moins inquiète, qui aime le mouvement et qui le recherche ; tandis que lui, Fromentin, a l’amour, assez rare maintenant, et qui deviendra d’ici quelque temps une originalité profonde, de l’immobilité dans la vie, et il n’a pas honte de l’avouer. […] Le seul mérite du livre est de simplifier cette question de livres de voyages que nous avons traitée aujourd’hui, et qui, grâce à la multiplication des voyages, devient un fléau littéraire des plus menaçants.

1738. (1904) Le collier des jours. Souvenirs de ma vie

Cela finit par devenir un hoquet saccadé et convulsif, que rien ne pouvait arrêter. […] Ce n’était donc pas pour me livrer à de studieuses études, que je devenais une des externes, du pensionnat Lavenue. […] Mais rapidement la serviette devenait rouge et la soirée parut longue, avant la rentrée des maîtres. […] — Ma boîte à ouvrage est devenue un sarcophage. […] Mlle Huet devenait indispensable.

1739. (1858) Cours familier de littérature. V « XXXe entretien. La musique de Mozart (2e partie) » pp. 361-440

L’atmosphère d’Allemagne, de France et d’Italie ne roule que les airs de Mozart devenus populaires, Non più andrai, comme nous avons vu de nos jours les échos de l’Europe entière faire chanter aux murs, aux arbres et aux fleuves les airs de Rossini, Di tanti palpiti  ! […] Ses études achevées, il devient professeur à son tour dans le séminaire où il a été élevé. […] La peinture de la jeune hôtesse allemande qui l’accueille, et dont il devient épris au premier coup d’œil, est d’une grâce, d’une fraîcheur et d’une candeur qui égalent les pages de Daphnis et Chloé ou les primeurs d’imagination de J. […] Le caractère de sa musique devenait de plus en plus religieux ; il préférait l’écho du sanctuaire aux applaudissements des théâtres : ses chants montaient d’avance à son Dieu. […] Nous montâmes les degrés, ma jeune femme et moi ; comme elle portait un voile qui lui couvrait entièrement la figure, mon frère, qui se souvenait du voile noir de Trieste que j’avais soulevé par badinage la première fois que je la vis, fit le même geste que moi ; il avait aimé tout enfant, à Trieste, celle qui était devenue ma femme, d’une tendresse passionnée.

1740. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIVe entretien. Littérature, philosophie, et politique de la Chine » pp. 221-315

À l’âge de sept ans elle le confia aux leçons d’un philosophe consommé en science et en sagesse, dont il devint le disciple de prédilection. […] Il devint le modèle des administrateurs comme il avait été le modèle des disciples dans ses études. […] Nous allons voir comment Confucius et ses disciples tempèrent ce pouvoir qui serait ou deviendrait tyrannique s’il était absolu dans la pratique comme il l’est dans la théorie. […] Le dernier des enfants du peuple peut devenir lettré, et de lettré mandarin, et de mandarin ministre, en vertu de sa seule aptitude. […] Les hommes ainsi instruits et convaincus deviendront en eux-mêmes leur prince, leur juge, leur loi, leur gouvernement !

1741. (1859) Cours familier de littérature. VII « XXXVIIIe entretien. Littérature dramatique de l’Allemagne. Le drame de Faust par Goethe » pp. 81-160

L’enfance de Goethe, sur laquelle il s’appesantit trop dans ses Mémoires, à l’exemple de Jean-Jacques Rousseau dans ses Confessions, ne mérite pas d’être regardée avant l’âge où les sensations deviennent des idées. […] « Bientôt cependant, dit Goethe, je devins inquiet et rêveur ; il me sembla que j’avais trouvé tout ce qui manquait à mon bonheur dans la fiancée d’un autre. […] Il écrivit en quatre semaines de solitude et de fièvre cette maladie du cœur et cette catastrophe de la mort qui devinrent, à l’apparition de ce livre étrange, le manuel de l’Allemagne et bientôt après de l’Europe tout entière. […] Suis-je devenu un dieu ? […] Ceci admis, le rôle du mal, caché sous la forme de Méphistophélès, devient vrai comme le monde réel et pittoresque comme l’incarnation de toute perversité.

1742. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCVIe entretien. Alfieri. Sa vie et ses œuvres (1re partie) » pp. 413-491

Il craint un procès d’adultère et se croit ruiné s’il l’affronte ; il ne tarde pas à se glacer et revient encore à Turin, où il reste deux ans ; il devient le chevalier servant d’une dame qu’il n’estime pas et qu’il n’aime guère, puis il la quitte et se fait lier par son valet de chambre sur sa chaise pour s’empêcher d’aller la revoir ! […] Telle est, par exemple, la faiblesse de vouloir devenir auteur, et c’est là surtout que les nobles et affectueux conseils de Gandellini me furent d’un grand secours et m’encouragèrent beaucoup. […] Me trouvant donc à Sienne, ainsi que je l’ai dit, et ayant achevé de développer l’Agamemnon, sans ouvrir même une seule fois celui de Sénèque, pour ne pas devenir plagiaire, lorsque je me vis sur le point de développer l’Oreste, j’allai consulter mon ami, je lui racontai le fait, et le priai de me prêter celui de Voltaire pour y jeter un coup d’œil, et voir si je devais ou non faire le mien. […] — Je fis ce qu’il me dit, et ce noble et généreux conseil devint pour moi dès lors un système. […] En attendant ces jours de fête, les prétentions de Charles-Édouard la condamnaient à l’isolement. » XVI C’est ainsi que Louise de Stolberg devint reine exilée de la Grande-Bretagne.

1743. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXVIIIe entretien. Littérature américaine. Une page unique d’histoire naturelle, par Audubon (2e partie) » pp. 161-239

Comme la science qui nourrit la piété devient vivante et éloquente sans chercher les mots ! […] Ils arrivent attirés par les nombreux avantages qu’ils y trouvent, à mesure que le pays devient plus ouvert et mieux cultivé. […] Lent, quand l’oiseau le prolonge à une certaine distance, il devient assez rapide lorsqu’il poursuit la proie. […] L’eau devenait plus profonde en même temps que la fange de son lit ; je redoublai de prudence, et je pus enfin atteindre le bord. […] Actif et courageux, il devint peu à peu plus hardi et se hasarda plus au large en quête de gibier.

1744. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXIXe entretien. Conversations de Goethe, par Eckermann (1re partie) » pp. 241-314

Mais à son retour en Allemagne, et lorsqu’il se croyait en voie de devenir un artiste et un peintre, une indisposition physique, résultat de ses fatigues et de ses marches forcées, l’arrêta brusquement : ses mains tremblaient tellement qu’il ne pouvait plus tenir un pinceau. […] Comme ses premières études (on vient assez de le voir) avaient été des plus défectueuses, il se mit à les réparer et à étudier tant qu’il put au gymnase de Hanovre d’abord, puis, quand il fut devenu plus libre, et sa démission donnée, à l’université de Gœttingue. […] VIII Eckermann n’habitait pas encore Weimar ; il ne devint le familier du grand homme que dans les dix dernières années de sa vie. […] Cela pourrait devenir l’œuvre la plus belle de votre vie. […] “La lutte avec le monde commence”, l’esprit l’emporte sur le cœur, et tout devient plus froid. — Il faut arriver aux dernières années et aux dernières scènes de l’existence, pour retrouver l’intérêt profond et saisissant. » 16.

1745. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre sixième »

Peu à peu ce charme, devenu plus fort, les étonne, puis les inquiète, et à la fin les domine. […] Pour le Méchant, je veux bien accorder à Voltaire que Gresset, devenu dévot, s’est fort exagéré le crime de l’avoir écrit. […] Ce serait peut-être le bon moyen ; mais alors le drame se renie lui-même, et devient malgré lui la tragédie. […] Beaumarchais n’a pas dû avoir un ami qui ne s’attendît à devenir son ennemi. […] Que vais-je devenir ?

1746. (1856) Cours familier de littérature. II « VIIe entretien » pp. 5-85

Ces Amériques espagnoles ressemblent à ces colonies grecques de l’Asie, devenues libres par la distance, mais restées grecques par la vigueur des caractères et par l’élégance du génie natal. […] Je devais devenir Italien de sensation avant d’avoir été Français de cœur. […] Cette charmante personne, devenue ainsi reine légitime de la Grande-Bretagne, avait consolé pendant quelques années le prétendant, son mari, de ses malheureuses expéditions en Écosse et de sa déchéance du trône sur le continent. […] Sa dame et ses livres, ses vers et ses chevaux étaient devenus ses seules pensées. […] Il avait été un ardent fauteur de la révolution française dans ses commencements ; il était devenu l’ennemi le plus implacable de la cause française à la fin.

1747. (1857) Cours familier de littérature. III « XVIIe entretien. Littérature italienne. Dante. » pp. 329-408

Devenu lui-même de disciple maître, il professa avec éclat à Paris, à Rome, à Naples. […] Je lançai ces deux âmes sœurs, mais devenues étrangères l’une à l’autre, dans la carrière de leur évolution à travers les modes de leur vie renouvelée. […] Mais surtout quand Béatrice quitta la terre dans tout l’éclat de la jeunesse, il la suivit par la pensée dans ce monde invisible dont elle était devenue l’habitante, et il se plut à la parer de toutes les fleurs de l’immortalité. […] Au milieu des luttes civiles, la haine de l’iniquité devint une colère aveugle qui ne sut jamais pardonner. […] Ceci devient sous la main d’Ozanam un vaste traité de scolastique moderne dans lequel nous ne le suivrons pas.

1748. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome III pp. -

Son corps étoit devenu transparent à cause de sa maigreur : on voyoit avec une bougie à travers ce squelette. […] Ce même pape, Innocent IV, jusques-là si favorable aux réguliers, leur devint tout à coup contraire. […] Son esprit ne devint tranquille que quand on lui eut crayonné la forme du véritable habit de saint François. […] Il devint l’apôtre de la polygamie. […] Jean Prévôt, de partie, devenu juge, les interroge avec la plus grande précision.

1749. (1911) L’attitude du lyrisme contemporain pp. 5-466

Chez le philosophe l’idée est un concept ; chez le poète elle devient amour ou haine, joie ou douleur, affection, désir. […] Chaque arbre, chaque feuille, chaque herbe des prés prend une nouvelle raison de susciter nos transports ; tout devient digne d’être magnifié. […] Plus tard, Mithouard acclimatera son mysticisme à un naturalisme local et deviendra un des types les plus représentatifs de sa race. […] Nos premiers parents, disent les Ecritures, ne purent, devenus mortels, rester dans le Paradis terrestre, lequel était situé en Orient. […] Ainsi l’âme est mobilité, devenir, variétés de qualités, et le phénomène intuitif de l’aspiration une de ses plus subtiles manifestations.

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