Tout d’abord Porel me dit : « Oui, en effet, nous faisons 2 200 en moyenne… mais je suis très content, très content. » Il ajoute toutefois, au bout de quelques instants : « Seulement, si dans la semaine de Pâques, la pièce ne remonte pas, il faudra prendre un parti. » Il y a, dans le théâtre, la mauvaise humeur produite par une pièce qui ne fait pas d’argent, et tout me dit que la pièce est destinée à quitter l’affiche, après une trentaine de représentations.
Et à propos de la révolution opérée dans les esprits, Daudet cite ce fait curieux, c’est qu’autrefois la classe chic des humanités françaises était la classe de rhétorique, la classe des professeurs en vue et des élèves destinés à un grand avenir, tandis que depuis la guerre avec l’Allemagne, c’est la classe de philosophie qui possède les intelligences du moment, et les professeurs faisant du bruit, comme Burdeau.
Dimanche 1er mai Aujourd’hui, où l’on ne sait pas si la société française « sera mise à cul » et si un gros morceau de Paris ne sera pas dynamité, l’heureux Poitevin fait son entrée chez moi, tout réjoui, tout hilare, tout rayonnant de l’enfantement de trois ou quatre épithètes, disant à ce propos, assez éloquemment, qu’il n’y a de synonymes que pour les âmes non nuancées, et avec ces épithètes, il m’apporte la primeur de cette phrase : « Le signe de la croix inscrit sur la personne humaine les quatre points cardinaux de l’espace spirituel, dans la rose des vents de la destinée humaine. » Je traverse en sortant de mon Grenier, les Champs-Élysées.
Mais la raison principale de la persistance des types inférieurs, c’est qu’une organisation très élevée ne saurait être d’aucune utilité à des êtres destinés à vivre dans des conditions de vie très simples, et pourrait même leur être nuisible, en ce que, d’une structure plus délicate, elle serait exposée à des désordres plus graves et plus fréquents.
On a destiné au poëme dramatique les vers alexandrins comme plus voisins de la prose ; et on l’a fait dans le même esprit que les grecs et les latins avoient choisi le vers ïamble pour le theatre. […] Agamemnon lui répond de même tout ce qui peut le justifier et la résoudre à subir sa destinée.
L’échec ou le succès d’un ouvrage lui sont unis comme un visage de sa destinée. […] Mais, pour Brunetière, les deux premières ne sont que des essais chaotiques et dangereux, destinés à préparer l’apothéose de la seule, de l’unique — : la troisième — comme la Fronde c’était, pour Bossuet, les douleurs d’enfantement par lesquelles la France accouchait du règne miraculeux de Louis.
Ils vivent en rois tombés, toujours insultants et blessés, ayant toutes les misères de l’orgueil, n’ayant aucune des consolations de l’orgueil, incapables de goûter ni la société ni la solitude, trop ambitieux pour se contenter du silence, trop hautains pour se servir du monde, nés pour la rébellion et la défaite, destinés par leur passion et leur impuissance au désespoir et au talent.
Au milieu de ces écrits achevés et parfaits, un nouveau genre paraît, approprié aux penchants et aux circonstances publiques, le roman anti-romanesque, œuvre et lecture d’esprits positifs, observateurs et moralistes, destiné non à exalter ou amuser l’imagination comme les romans d’Espagne et du moyen âge, non à reproduire ou embellir la conversation comme les romans de France et du dix-septième siècle, mais à peindre la vie réelle, à décrire des caractères, à suggérer des plans de conduite et à juger des motifs d’action.
Plus nous lirons l’histoire des âges passés, plus nous observerons les signes de notre époque, plus nous sentirons nos cœurs se remplir et se soulever d’espérance à la pensée des futures destinées du genre humain1379.
Mercredi 18 janvier Ce soir à dîner, chez la princesse, on parlait de la désolation, au temps jadis, du bonhomme Sauvageot, se lamentant sur la destinée de ses bibelots, de ses trésors de goût, à la pensée qu’ils pouvaient tomber entre les mains imbéciles d’un banquier.
Au ixe volume de leur collection, destiné presque tout entier à un mémoire sur les mathématiques et à tout un énorme traité de physiologie, ils ont, avec un ingénieux contraste qui devait faire ressortir les facultés encyclopédiques de leur auteur, imprimé tout à coup les poésies de Diderot, auxquelles on ne s’attendait pas.
Mais mon frère, en sa qualité de plus jeune, a voulu passer absolument le premier, et en dehors du sentiment paternel que j’avais à son égard, je le connaissais avec sa paresse de corps et son horreur pour les exercices violents et l’escrime, destiné à rester sur le terrain, tandis que moi qui tirais très mal, qui ne tirais pas du tout, j’avais cependant un jeu difficile, déconcertant même pour ceux qui tiraient bien.
Claudien ne s’en sert qu’en fin de strophes, destinées au chant, tandis que saint Augustin rime et numère ses syllabes, comme nous le faisons encore, et nous n’en voulons pour preuve que son poème contre les Donatistes, en vers de seize syllabes, coupés en deux hémistiches et terminés uniformément en e, avec ce vers pour refrain : Omnes qui gaudetis de pace, modo verum judicate, ce qui fut donc la première ballade.
Encore, pour la tragédie, y a-t-il Polyeucte de Corneille, outre quelques autres drames dont le sujet est emprunté au martyrologe, et l’Esther, l’Athalie, de Racine, faites pour être jouées uniquement devant les demoiselles de Saint-Cyr : pièces de « circonstance », pour ainsi dire, et qui n’étaient pas destinées au public ; il y a, de Corneille — et il prend soin de s’en excuser — ses versions poétiques de quelques fragments lyriques de l’Ancien Testament, et de l’Imitation. […] C’est un piratage de Madame Bovary, sans doute destiné aux Chinois qui lisent l’anglais, mais aussi, j’imagine, à un bon nombre d’Anglais.
De bonnes femmes les ont confondus très-souvent, de façon qu’elles donnoient au quêteur des picpusses ce qu’elles avoient destiné au quêteur des capucins. […] Ces idées venoient moins de l’importance d’apprendre un peu de Grec & de Latin, que des conséquences qu’on craignoit qu’il n’en résultât pour la conduite de tant de jeunes gens destinés à remplir les places les plus distinguées.