/ 1650
148. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome I

La cour et la ville se soulevèrent en faveur de cette tragédie, le premier des chefs-d’œuvre de Corneille et de notre scène tragique. […] On peut même assurer que jamais poète n’a plus fait sa cour aux femmes dans ses pièces, parce qu’aucun ne les a plus ennoblies, et ne leur a fait jouer un plus grand rôle. […] Quel tableau que celui d’une cour corrompue, victime de ses propres intrigues ! […] Corneille n’était cependant pas, comme Racine, un homme de cour ; son caractère l’éloignait d’un pays où l’on ne peut réussir qu’avec les qualités qu’il n’avait pas ; mais enfin il faut croire qu’il paraissait quelquefois à la cour, puisqu’il dit que c’était à la cour qu’on lui faisait cette question. […] Laodice, jeune reine d’Arménie, élevée à la cour de Prusias, partage les sentiments héroïques de Nicomède son amant.

149. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre I. La Restauration. »

Bassesses, cruautés, brutalités, débauches de la cour. —  Rochester, sa vie, ses poëmes, son style, sa morale. […] Lord Russell intrigua avec la cour de Versailles ; Algernon Sidney accepta 500 guinées. […] Cette cour ne sait imiter que nos ameublements et nos costumes. […] Voilà le spectacle qu’a fourni Wycherley et qu’a goûté cette cour. […] Sa cour est un salon, le plus agréable à voir et le plus utile à fréquenter.

150. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Benjamin Constant et madame de Charrière »

Si l’on pouvait s’ennuyer à la cour. […] Toute la cour y allait, il a bien fallu y aller. […] Je dîne presque tous les jours ou à la cour régnante ou à l’une des deux autres cours. […] Croyez-vous enfin que l’opinion que j’ai de moi-même dépende beaucoup de celle que l’on aura de moi à la cour ? […] Vous demandez ce que j’ai produit d’effet à la cour : je m’y suis fait quatre ennemis, entre autres deux A.

151. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXVe entretien. J.-J. Rousseau. Son faux Contrat social et le vrai contrat social (1re partie) » pp. 337-416

Les invectives de Rousseau contre l’ambassadeur choquèrent par leur véhémence les personnes qui l’avaient recommandé à cet homme de cour ; on l’éloigna de ces maisons, dans lesquelles on l’avait si bien accueilli. […] Le prince de Conti était un de ces caractères et un de ces esprits mal faits, qui profitent de leur rang pour opprimer les petits, et qui profitent de leur popularité d’opposition à la royauté pour imposer au souverain ; il flattait Rousseau, républicain, pour humilier la cour ; il affectait des principes austères de Romain, et il tenait à Paris ou à l’Île-Adam, près de Montmorency, une cour de débauchés et de frondeurs. […] Ermite de cour dans un ermitage d’opéra, il jouait son rôle de sauvage dans une apparente séquestration. […] Mais la faveur des grands, de la cour, du public, éteignait ces foudres officielles, et faisait échapper Rousseau à ces vaines proscriptions, plus ostentatoires que dangereuses. […] Voilà un soi-disant sage qui s’insinue en arrivant à Paris, comme Socrate chez Aspasie, parmi les femmes de cour, de légèreté et de licence, pour vivre de leurs vices, adulés, caressés et servis par lui !

152. (1895) Histoire de la littérature française « Seconde partie. Du moyen âge à la Renaissance — Livre I. Décomposition du Moyen âge — Chapitre II. Le quinzième siècle (1420-1515) »

On peut en juger par les Cent Nouvelles nouvelles, faites pour la cour de Bourgogne122. […] Commynes rentre à la cour : aussitôt ses procès prennent un meilleur tour. […] Cependant elle refusa d’aller à la cour du roi anglais Henri IV, et chez le duo, de Milan, Galéas Visconti. […] Il suit le parti du duc d’Orléans contre la régente Anne de Beaujeu, est emprisonné, exilé, puis rentré à la cour (1490) et au conseil. […] Il s’éloigne de la cour en 1498, est rappelé par Louis XII en 1565, et suit le roi en Italie.

153. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Mémoires sur la mort de Louis XV »

L’idée que j’avais avec toute la Cour de l’effet que ferait sur le roi le second accès de fièvre, rendait à ma curiosité ce moment intéressant, il me l’était d’ailleurs encore plus par le renvoi, que je regardais comme certain, de sa maîtresse, et par la chute d’un ministre, et d’un ministre odieux, qui devait être la suite nécessaire du renvoi de cette maîtresse. […] Cependant, la saignée du roi faite, la fièvre subsistante, les médecins appelés, tout cela annonçait que l’on craignait une maladie, et donnait un grand champ aux spéculations de toute la Cour. […] Tandis que ce grand intérêt occupait toute la Cour, M. d’Aumont ne perdait pas de vue ses prétentions et le désir d’étendre et d’augmenter ses droits de gentilhomme de la chambre. […] Mais la meilleure raison encore du peu d’effet que faisait sur l’esprit de la Cour et de Paris la conduite véritablement respectable de Mesdames, c’était l’objet de leur sacrifice. […] » Il est bon de remarquer, en passant, que ce si bon maître, que ce pauvre M. de Bouillon aimait tant, ne lui parlait jamais, disait toujours que c’était une triste et plate espèce, et lui avait, trois ou quatre ans auparavant, fait défendre, à la réquisition de son père, de paraître à la Cour, après en avoir dit tout le mal que l’on peut dire de quelqu’un.

154. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Monsieur de Malesherbes. » pp. 512-538

M. de Lamoignon père ayant été nommé chancelier de France en 1750, Malesherbes lui succéda en qualité de premier président de la Cour des aides ; dès lors il appartient aux grandes charges, et sa vie publique commence. […] En même temps qu’il présidait à la Cour des aides, il se trouva chargé par le chancelier son père d’une place de confiance des plus délicates, celle de directeur de la Librairie. […] Comme premier président de la Cour des aides, la carrière de Malesherbes demanderait tout un chapitre ; il suivit la ligne de conduite des hommes les plus courageux et les plus indépendants de l’antique magistrature française, se signala par des remontrances énergiques et qui touchaient aux grands intérêts de la nation, ne rechercha en tout que la droite équité, et, s’il rencontra la popularité dans cette voie, du moins il n’y sacrifia jamais. […] Malesherbes, qui était d’ailleurs premier président de la Cour des aides, ne pouvait donc consentir à remplir une mission aussi arbitraire, d’une juridiction si peu définie et d’une responsabilité si périlleuse, que pour obliger son père, et aussi dans l’intérêt des lettres et des sciences, qu’il aimait si vivement, et auxquelles il pouvait être utile. […] M. de Malesherbes exigeait qu’il en eût un pour la forme, à moins d’un ordre direct de la Cour qui l’en exemptât ; et comme Pompignan, par pure gloriole, persistait à s’en passer, et qu’il avait livré déjà son Mémoire à l’impression, M. de Malesherbes se transporta chez l’imprimeur et fit rompre la planche.

155. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « La comtesse de Boufflers. »

. — Il y avait encore la marquise de Boufflers, la digne mère du léger et spirituel chevalier, l’amie du bon roi Stanislas et qui faisait les beaux jours de la petite Cour de Luné-ville à l’époque où Mme du Châtelet et Voltaire y étaient invités. […] C’est dans cette Cour qu’elle eut l’occasion de voir fréquemment le prince de Conti, frère de la duchesse d’Orléans ; il était veuf, il s’attacha à elle non-seulement comme amant, mais comme un ami indispensable ; elle l’écouta et, se brouillant avec la Cour d’Orléans pour passer dans celle du Temple, elle y prit la position équivoque et brillante qui fit sa gloire, si ce n’est son honneur, et qui fit aussi son tourment. […] La voulez-vous voir en personne dans cette petite Cour dont elle faisait les honneurs ? […] Hume, avec son air un peu lourd et son allure de paysan, avait fait fureur dans le beau monde de Paris et à la Cour ; se trouvant au mois de juillet 1764 à Compiègne où étaient le roi et la fleur de la noblesse, il ne se prodiguait pas plus qu’il ne fallait, et il se ménageait dans la journée des heures de recueillement : « Nous vivons, écrivait-il à Mme de Boufflers, dans une sorte de solitude et d’isolement à Compiègne, moi du moins, qui n’ayant qu’un petit nombre de connaissances, et assez peu particulières, à la Cour, et ne me souciant pas d’en faire d’autres, me suis donné presque entièrement à l’étude et à la retraite. […] Ils pourraient être les premiers à vous faire la cour, si on ne leur laissait pas le temps de donner jour à leur envie et à leur malignité.

156. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Boileau »

Présenté à la cour en 1669, il est nommé historiographe en 1677 ; à cette époque, par la publication de presque toutes ses satires et ses épîtres, de son Art poétique et des quatre premiers chants du Lutrin, il avait atteint le plus haut degré de sa réputation. […] Sa santé d’ailleurs, toujours si délicate, s’était dérangée de nouveau ; il éprouvait une extinction de voix et une surdité qui lui interdisaient le monde et la cour. […] Boileau, selon nous, est un esprit sensé et fin, poli et mordant, peu fécond ; d’une agréable brusquerie ; religieux observateur du vrai goût ; bon écrivain en vers ; d’une correction savante, d’un enjouement ingénieux ; l’oracle de la cour et des lettrés d’alors ; tel qu’il fallait pour plaire à la fois à Patru et à M. de Bussy, à M.  […] Celui-ci représente très-bien le côté tendre et passionné de Louis XIV et de sa cour ; Boileau en représente non moins parfaitement la gravité soutenue, le bon sens probe relevé de noblesse, l’ordre décent. […] Jaloux de défendre Homère, Boileau, au lieu d’accueillir bravement la critique de Perrault et d’en décorer son poëte à titre d’éloge, au lieu d’oser admettre que la cour d’Agamemnon n’était pas tenue à la même étiquette de langage que celle de Louis le Grand, Boileau se rejette sur ce que Longin, qui reproche des termes bas à plusieurs auteurs et à Hérodote en particulier, ne parle pas d’Homère : preuve évidente que les œuvres de ce poëte ne renferment point un seul terme bas, et que toutes ses expressions sont nobles.

157. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Saint-Évremond et Ninon. » pp. 170-191

Dans sa jeunesse, il avait été, comme toute la fleur de la Cour, dans le cortège de Ninon, un peu son amant et beaucoup son ami ; il correspondit quelquefois avec elle pendant sa longue disgrâce : le petit nombre de lettres authentiques qu’on a de Ninon sont adressées à Saint-Évremond, et elles nous la font bien connaître par le côté de l’esprit, le seul par lequel elle a mérité de survivre. […] Jusqu’à l’âge de quarante-huit ans, il vécut en France, à la Cour, à l’armée, d’une existence brillante et active ; estimé des plus grands généraux, il était en passe d’une assez haute fortune militaire. […] Il ne fut pas inutile à Ninon, dans ces conjonctures, que le prince de Condé, son ancien amant et son ami toujours, intervînt en personne pour lui donner à la Cour et ailleurs des témoignages publics d’intérêt. […] Elle eut de la sorte pour amis tout ce qu’il y avait de plus trié et de plus élevé à la Cour, tellement qu’il devint à la mode d’être reçu chez elle, et qu’on avait raison de le désirer par les liaisons qui s’y formaient. […] S’il veut profiter de ce qui nous reste d’honnêtes abbés en l’absence de la Cour, il sera traité comme un homme que vous estimez. » Ces abbés de distinction étaient en effet assez nombreux, vers la fin, dans le cercle de Ninon : c’étaient l’abbé de Châteauneuf, le parrain de Voltaire, l’abbé Regnier-Desmarais, l’abbé Fraguier, l’abbé Gédoyn, et d’autres encore, tous gens de savoir et à la fois gens du monde et de goût.

158. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre IV. Guerres civiles conflits d’idées et de passions (1562-1594) — Chapitre I. Les mémoires »

Palissy surtout mériterait d’être lu plutôt que bien des auteurs de Mémoires politiques et militaires : quand il nous parle de son jardin, ou des engrais, et des terres, et des sels, et des eaux, est-il moins près de nous que celui qui nous raconte les démêlés du roi de France et de l’empereur, ou bien les amours et les intrigues d’une cour ? […] Principal du collège de Presles, puis en 1551 professeur royal, il fut en faveur à la cour sous Henri Il, mais il avait d’ardents ennemis dans l’Université, notamment Charpentier ; sa conversion au protestantisme redoubla les haines. […] Avocat général à la Cour des comptes en 1585, il était à la fois attaché au roi Henri III et aux Guises, ennemi de la sédition et de la guerre civile : la Ligue emprisonna sa femme, et il ne put rentrer à Paris qu’avec Henri IV. […] Il reçoit à l’assaut de Rabastens une blessure qui l’oblige à porter un « touret de nez », et qui donne occasion à la cour de lui nommer un successeur. […] Biographie : Pierre de Bourdeille (vers 1534-1614), né en Périgord ; on le trouve successivement en Italie, en Écosse, en Angleterre, dans l’armée du duc de Guise pendant la 1re guerre civile, avec les espagnols dans leur expédition contre les Barbaresques, en Espagne, en Portugal, en Italie, à Malte : il prend part à la 3e guerre civile, devient chambellan de Henri III, est exilé de la cour en 1582, et songe à passer en Espagne, quand une chute de cheval le met pour quatre ans au lit, et pour le reste de ses jours le condamne au repos. — Éditions : princeps, 1665 : ainsi le xvie s. a ignoré Brantôme ; éd.

159. (1874) Premiers lundis. Tome I « M. de Ségur. Mémoires, souvenirs et anecdotes. Tome II. »

Puis vient une peinture de la cour et du ministère, alors dirigé par M. de Vergennes. […] Après de justes hommages rendus en passant à l’hospitalité polonaise, notre ambassadeur arrive enfin à Saint-Pétersbourg, et nous introduit avec lui à la cour de Catherine le Grand. […] Les autres personnages de la cour ne sont pas moins agréablement dessinés.

160. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome II

Le représentant de la Grèce à la cour du roi d’Épire doit être investi de l’estime publique et jouir d’une excellente réputation. […] Mais il ne se trouva personne à la cour qui osât représenter le grand-prêtre Joad ; il fallut avoir recours à un acteur de profession, et l’on choisit le célèbre Baron. […] L’Ésope à la cour ne parut au théâtre qu’en 1701 ; Boursault était déjà mort, et il n’avait pas mis la dernière main à son ouvrage. […] Celle de l’esclave Léonide est pathétique : une mère méprisée, rebutée par sa fille qui a fait fortune à la cour, est un personnage très intéressant. […] Enfin, pour terminer cette critique d’Ésope à la cour, je voudrais savoir pourquoi le roi de Lydie et ses courtisans sont vêtus à la française.

161. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre I — Chapitre deuxième »

. — Christine de Pisan et les chroniqueurs de la cour de Bourgogne. — § V.. […] Il s’en revint à la cour d’Angleterre où sa royale protectrice le mit dans sa maison et en fit son clerc. […] Depuis lors, il voyagea d’une cour à l’autre, lisant son poëme de Meliadus, et recueillant des récits pour ses chroniques. […] Travail de la prose française pendant les deux derniers tiers du XIVe  siècle. — Christine de Pisan et les chroniqueurs de la Cour de Bourgogne. […] Elle fut élevée à la cour, sous ce règne réparateur qui permit à la France de respirer entre les deux guerres d’extermination qu’elle eut à soutenir contre l’Angleterre.

162. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXXIIe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (3e partie) » pp. 369-430

Livré à ses déportements privés, marchandé par les puissances étrangères, vendu à la cour pour satisfaire ses goûts dispendieux, il garde dans ce trafic honteux de son caractère l’incorruptibilité de son génie. […] C’était assez pour faire la félicité d’un homme et l’ornement d’une cour. […] Accueillie avec enivrement par une cour orgueilleuse et une nation ardente, elle avait dû croire à l’éternité de ces sentiments. […] La cour était devenue exigeante, la nation hostile. Instrument des intrigues de la cour sur le cœur du roi, elle avait d’abord favorisé, puis combattu toutes les réformes qui pouvaient prévenir ou ajourner les crises.

/ 1650