Que dirait-on du chimiste qui aurait les corps à discrétion dans son laboratoire, et qui prétendrait ne les étudier qu’à l’état de simples traces dans l’atmosphère ?
On le voit les yeux fixes et le corps frissonnant, lorsque, dans le suprême épuisement de la France, Desmarets établit l’impôt du dixième : « La capitation doublée et triplée à la volonté arbitraire des intendants des provinces, les marchandises, et les denrées de toute-espèce imposées en droit au quadruple de leur valeur, taxes d’aides et autres de toute nature et sur toutes sortes de choses : tout cela écrasait, nobles et roturiers, seigneurs et gens d’église, sans que ce qu’il en revenait au roi pût suffire, qui tirait le sang de ses sujets sans distinction, qui en exprimait jusqu’au pus.
Pour moi, j’en ai souffert la gêne sur mon corps ; Malgré le froid je sue encor de mes efforts : Attaché dessus vous, comme un joueur de boule Après le mouvement de la sienne qui roule, Je pensais retenir toutes vos actions, En faisant de mon corps mille contorsions. […] Ce qu’il a poursuivi chez les médecins, comme chez tant d’autres, c’est l’affectation, le charlatanisme, la gravité, « ce mystère du corps, comme a dit La Rochefoucauld, inventée pour cacher les défauts de l’esprit », l’absence de franchise et de naturel. […] C’est précisément pour cela que son frère, en bon dialecticien, combattant sa passion par sa passion même, lui représente qu’en se droguant comme il fait, il risque d’abréger ses jours : Une grande marque que vous vous portez bien et que vous avez un corps parfaitement bien composé, c’est qu’avec tous les soins que vous avez pris, vous n’avez pu parvenir encore à gâter la bonté de votre tempérament et que vous n’êtes point crevé de toutes les médecines qu’on vous a fait prendre […] Si vous n’y prenez garde, Monsieur Purgon prendra tant de soin de vous, qu’il vous enverra en l’autre monde . […] S’il y a des Argan de leur corps, il y a aussi des Argan de leur âme.
Flourens, au moment où il se promettait de ne pas me donner sa voix, me disait avec tendresse : « Je vous assure qu’il ne m’est jamais arrivé d’être reçu dans un corps savant, sans éprouver en même temps une véritable peine, une peine très vive, en songeant aux hommes de talent et de mérite qui se trouvaient évincés et ajournés par ma nomination : au milieu de ma satisfaction personnelle, j’en ressentais une sorte de douleur ! […] — Quand Musset sent que sa verve traîne et commence à languir, il se jette à corps perdu dans l’apostrophe.
Même à ces chefs-d’œuvre du genre, je vois bien qu’il manque l’ordonnance, l’unité d’objet, la perspective, ces qualités qui font d’un livre une créature organisée dont les chapitres se tiennent comme les membres d’un corps. […] … » « Drôle de corps… », avait déjà dit Sainte-Beuve, et Brunetière : « Vieux paradoxe ambulant… » Ces exécutions, un peu sommaires, n’ont pas empêché que l’œuvre de Barbey d’Aurevilly n’ait déjà subi victorieusement une première épreuve, celle des années qui suivent la disparition d’un écrivain. […] Pareillement, la Comédie humaine tout entière fait-elle autre chose que d’illustrer le corps de doctrines sociales élaboré dans le lucide, cerveau de Balzac ? […] Jamais anachorète chrétien des premiers siècles n’a sevré davantage son corps du plaisir. […] Il est le seul écrivain peut-être qui ait compris et qui ait rendu la part de malaise physique si étrangement mêlée, aux malaises moraux chez le pauvre qui a faim d’équité à la fois et faim de pain, froid à son cœur et froid à son corps. « Ah !
« Monsieur le Directeur, « La place de bibliothécaire en chef du Corps législatif qui m’avait été promise ne sera point créée.
XVII À l’époque où madame Récamier le connut et lui permit de l’aimer, il avait déjà écrit une espèce de poème en prose, Antigone, sorte de Séthos ou de Télémaque dans le style de M. de Chateaubriand ; on parlait de lui à voix basse comme d’un génie inconnu et mystérieux qui couvait quelque grand dessein dans sa pensée ; il couvait, en effet, de beaux rêves, des rêves de Platon chrétien, rêves qui ne devaient jamais prendre assez de corps pour former des réalités ou pour organiser des doctrines.
Cet homme est encore dans la vigueur du corps et de l’esprit ; il a été à la fois dans sa jeunesse le Molière et le Tacite de son temps ; il a fait la Mandragore et l’Histoire de Florence ; il a passé de là aux plus hautes magistratures décernées au mérite par le choix libre de ses concitoyens ; il a été quinze ans secrétaire d’État de la république ; il a été vingt-cinq fois ambassadeur de sa patrie auprès du pape, du roi de France, du roi de Naples, de tous les princes et principautés d’Italie ; il a réussi partout à rétablir la paix, à nouer les alliances, à dissoudre les coalitions contre son pays.
Lorsqu’un sommeil brutal accablera comme la mort leurs corps saturés de boisson, que ne pouvons-nous pas exécuter, vous et moi, sur Duncan laissé sans défense ?
Il berça ses douleurs encore et murmura ses torpeurs dans quelques Nouvelles Méditations, et puis dans quelques Harmonies : mais il sentit lui-même le besoin de trouver autre chose : si peu de corps ou d’idée qu’il fallût à son sentiment, il en fallait pourtant.
§ 8 Tout d’abord, les hommes ne sont point spécialisés comme les organes du corps.
Toute cette histoire qui, à distance, semble flotter dans les nuages d’un monde sans réalité, prit ainsi un corps, une solidité qui m’étonnèrent.
On dirait d’un tableau inconnu d’Holbein ou d’Albert Dürer qui aurait subitement pris corps.
Ne me faites pas patriote à mon corps défendant.
Nous, nous n’avons pas une sensitive à la place de cœur ; nous ne prétendons pas faire un rempart de notre corps à Thalie, et Melpomène nous impose peu !