L’autre, plus contenu, plus instruit et plus fort, amateur de dissertations morales, conseiller du public, sorte de prédicateur laïque, moins occupé à défendre les pauvres, plus occupé à censurer l’homme, a mis au service de la satire un bon sens soutenu, une grande connaissance du cœur, une habileté consommée, un raisonnement puissant, un trésor de haine méditée, et il a persécuté le vice avec toutes les armes de la réflexion.
Je crois à la théorie de descendance modifiée, bien que tel ou tel changement particulier de l’organisation ne puisse encore être expliqué dans l’état actuel de nos connaissances, parce que cette théorie rattache les uns aux autres un grand nombre des phénomènes généraux de la nature, et qu’elle les explique en général, comme nous le verrons dans les derniers chapitres de ce livre.
La connaissance exacte de ces notions est indispensable.
Nous ne pouvons le savoir de science certaine, quelle que puisse être notre expérience de la vie et notre connaissance du cœur humain32. […] On fournirait aux lecteurs toutes les indications nécessaires pour leur permettre de prendre de l’objet décrit une connaissance exacte.
Sans doute la forme n’y est pas très élégante, mais la connaissance et l’amour du sujet y sont. […] Voltaire se moquait de Saint-Évremond, disant qu’il avait donné sa comédie du Sir Politik pour faire connaître la comédie de Londres aux Français, et que, cependant, il n’avait lui-même aucune connaissance de l’Angleterre dont il ignorait jusqu’à la langue.
Taine a rédigé Étienne Mayran quinze ans avant Jacques Vingtras et que Vallès n’a jamais eu connaissance du manuscrit de son glorieux aîné. […] Enfin la connaissance trop savante et le maniement trop adroit des mots confinent à la virtuosité. […] Mais déjà, dans l’Escalade, n’aviez-vous pas montré une connaissance singulièrement érudite des plus nouvelles théories sur la mécanique du cerveau ?
II9 Les jeunes gens d’aujourd’hui, dont le temps se passe à entrer le matin chez Tortoni pour y effleurer d’avance les nouvelles d’Orient, à aller ensuite faire un tour à la Bourse pour s’y extasier ou s’y attendrir sur le sort des Mouzaïa ou des Crédit foncier, puis à jouer une partie de whist dans un club quelconque, et enfin à fumer un cigare chez une Marco ou une Marguerite Gautier de leur connaissance, — ces jeunes gens souriraient, j’en suis sûr, si on essayait de leur peindre l’ardeur enthousiaste avec laquelle nous nous pressions en foule, pendant ces belles années de la Restauration, autour des chaires de nos trois illustres maîtres, MM. […] Aussi les générations suivantes, celles qui assistent à l’avènement définitif des doctrines dont ils furent les précurseurs, se croient obligées de leur payer tout un arriéré de célébrité et d’hommages, de leur rendre avec usure ce dont ils n’ont pas joui de leur vivant, et même d’expliquer ou de compléter, à l’aide de connaissances et de sentiments d’une date beaucoup plus récente, ce qu’ils ont essayé plutôt qu’accompli, rêvé plutôt qu’exécuté, effleuré plutôt qu’obtenu. […] , maladie qui favorise tous les écarts de l’imagination, et lui donne une tendance vers ce qui tient du prodige et du surnaturel…… L’activité de l’esprit humain qui s’indigne de son ignorance cette ardeur de connaître et de pénétrer les objets par les propres forces de l’entendement ; ce sentiment confus que l’homme porte en lui-même, et qui le détermine à croire qu’il a le germe des plus hautes connaissances, voilà ce qui précipite les imaginations vers cette investigation des choses invisibles ; plus elles sont voilées, plus l’homme faible et curieux appelle les prodiges et se confie aux mystères : le monde imaginaire est pour lui le monde réel. » — Tout cela, pour être écrit par un amateur de paradoxes, n’en est pas moins sage et, pour dater de soixante-cinq ans, n’en est pas moins actuel.
Les volumes où l’on a renfermé ses critiques d’art contiennent un Essai sur le beau, essai malheureux, d’une connaissance médiocre et étranglée ; car Diderot se contente d’y exposer maigrement les maigres systèmes de Wolf, de Hutcheson, du père André, qui n’ont pas éclairé beaucoup cette question du beau qu’il faut renvoyer au chapitre des inutilités métaphysiques, et dans cet Essai sur le beau son don d’invention critique l’abandonne.
La divinité de la science, l’infini des connaissances humaines, la suprématie absolue de l’intelligence, l’égalité de l’homme et de la femme par l’instruction, le triomphe de l’expérimentalisme, la tolérance sage, le respect de toutes les croyances, l’harmonie de la science et de la foi, l’installation terrestre de la paix et de la fraternité, etc. ; toutes ces viles rengaines écaillées et poussiéreuses, bonnes tout au plus à conditionner un boniment électoral, il nous les rapporté d’Allemagne, dans un livre de néant dont l’unique supériorité est le plus effrayant ennui qui puisse être senti par des hommes. […] Ces personnages rudimentaires qui font des choses impossibles avec la plus touchante conviction ; ces chevaliers pleins de bravoure pour qui ce n’est rien de renverser des armées et des forteresses ; cette absence infinie de toute analyse, de tout repli philosophique, de tout artifice littéraire ; ces anachronismes gros comme des montagnes et, enfin, cette admirable ignorance de toute géographie et de toute science exacte : telles sont les choses que mépriserait infiniment ce charcutier de Zola, s’il daignait en prendre connaissance, et auprès desquelles ses photographies soi-disant exactes de la bassesse humaine ressemblent à de la balayure de crottin sur la plus délicieuse des mosaïques.
Deschanel avait fait avec grand succès des conférences à Bruxelles, il avait rapporté à Paris l’expérience du métier : un art merveilleux de bien dire, un grand savoir, une connaissance des détails matériels de l’entreprise et de la direction, un grand flair de son public1. […] Jourdain, une de nos vieilles connaissances, s’est poussé dans le monde, et il veut qu’on s’en aperçoive, peu soucieux toutefois de passer pour gentilhomme, depuis qu’il est certain de tenir soigneusement enveloppée dans ses sacs la seule noblesse qui ne soit plus une chimère.
Elle est ravie de faire la connaissance de la comédienne. […] A chaque acte nouveau, nous avons besoin d’un effort pour nous retrouver, pour nous remettre au courant, refaire la connaissance des personnages. […] Vous vous abandonnez alors au plaisir frivole de chercher dans la salle des figures de connaissance : et vous vous demandez s’il est là, à son poste, le fidèle photographe, princièrement apparenté, qui accourt chaque année des régions les plus lointaines pour voir ce qu’en effet on ne voit que ce jour-là et dans ce lieu-là, et pour fixer au vol les attitudes, les gesticulations et les silhouettes multiples d’un des plus amusants grouillements de civilisés que l’on puisse concevoir… Or, tandis que vous avez l’esprit occupé de ces agréables idées, tout à coup, les planches retentissent sous un talon furieux : un jeune homme en habit de soirée se précipite, l’air égaré.
Je n’avais rien connu par moi-même, rien vu de ce que je peignais ; je devais donc posséder par anticipation la connaissance des différentes conditions humaines. » Cependant, quoique satisfait, Goethe ne devait pas persévérer dans la voie qui lui avait valu ce premier succès. […] Il n’assistait pas aux séances du conseil, c’est vrai, mais il avait de fréquents entretiens avec les ministres Schmidt, Voigt, Schnauss : rien ne se faisait dans aucune branche de l’administration sans qu’il en eût connaissance ou même qu’il en décidât.
Dans le grand lit royal, drapé d’une ancienne perse rose, elle ne bougeait plus, sans connaissance depuis la veille : Allongée sur le dos, ses mains d’ivoire abandonnées sur le drap, elle n’avait plus ouvert les yeux ; et son fin profil s’était aminci, sous le nimbe d’or de ses cheveux ; et on l’aurait crue morte déjà, sans le tout petit souffle de ses lèvres.
Mais c’est une dérivation, et pour le Psychologue, tant qu’il s’en tient à la psychologie, cette curiosité suffit, cette connaissance a sa fin en elle-même. […] Car ce don naturel du mouvement, de la situation, de l’effet, de la clarté, de la vie enfin, nous le perdons presque toujours, à mesure que nous avançons en âge, et en raison inverse de ce que nous gagnons comme connaissance du cœur humain. […] Il raconte qu’en ces temps-là, se lever avant le jour, allumer sa lampe de travail, s’asseoir à son pupitre, lire, méditer, écrire, lui paraissaient des actions augustes, presque religieuses, comme les gestes d’un prêtre à l’autel, « Il n’est pas de joies si profondes », s’écriait-il après son retour, « que je ne les aie traversées… » Il était ivre de la poésie allemande, de la métaphysique allemande, de la musique allemande, de la langue allemande, et il sortait de cette ivresse pour s’installer dans sa patrie et y utiliser les connaissances acquises dans cet apprentissage extatique. — Utiliser ?
. — Il était enfin et surtout positivisme, système social très simple et très clair, ne voyant dans la société humaine non seulement rien de mystérieux, mais rien de complexe, la réduisant à une collection de forces simples (trente millions d’hommes sans ancêtres, chacun avec six droits, restreints par Rousseau à un seul) et réduisant la science sociale à la connaissance des quatre règles ; ne soupçonnant pas ou repoussant l’idée que le lien puisse être, non une agglutination, mais un sentiment obscur, puissant parce qu’obscur, irréfléchi, spontané, tenant de la foi, tenant de l’instinct, héréditaire et mystique, irrationnel sous toutes ses formes, et qui se ruine à s’analyser. — Il n’y a pas une idée du xviiie siècle qui ne fût pour de Maistre le contraire du vrai. […] Ce projet, sans doute, est une chimère ; mais les alchimistes, en cherchant la pierre philosophale, ont découvert des secrets utiles. » A propos du Contrat, elle condamne nettement la sociologie fondée sur des abstractions : « Qu’on place donc au-dessus de l’ouvrage de Rousseau celui de l’homme d’État dont les observations auraient précédé les théories, qui serait arrivé aux idées générales par la connaissance des faits particuliers, et se livrerait moins en artiste à tracer le plan d’un édifice régulier qu’en homme habile à réparer celui qu’il trouverait construit… » Enfin, elle se laisse aller à dire malicieusement que peut-être elle n’élèverait point son fils comme Emile, tout en souhaitant que les autres hommes fussent élevés comme lui. […] Les philosophes du xviiie siècle restent grands, ce sont des « combattants » ; mais ceux du xviie sont des « solitaires », et leurs ouvrages sont plus philosophiques ; « car la philosophie consiste surtout dans la connaissance de notre être intellectuel », et « les philosophes du xviie siècle, par cela seul qu’ils étaient religieux, en savaient plus sur le fond du coeur. » Il ne faudrait point trop presser Mme de Staël et vouloir qu’elle répudie entièrement les opinions de sa jeunesse. […] Ces hommes étaient très grands de cœur et très vides d’esprit, très généreux et très peu munis de connaissances, comme le siècle dont ils sortaient.