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659. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XIX. Cause et loi essentielles des variations du gout littéraire » pp. 484-497

Même en de pareilles conditions il ne saurait rester dans cet état d’équilibre ; il doit changer et avec lui la littérature qui en fait partie. […] Parce que les conditions intérieures et extérieures de la société ont changé ; parce que certaines découvertes et inventions ont été faites par la science et l’industrie ; parce que certains événements ont eu lieu qui ont modifié les choses et les gens ; parce que certaines œuvres ont été composées qui déterminent en partie la nature des œuvres venant après elles.

660. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre deuxième. L’émotion, dans son rapport à l’appétit et au mouvement — Chapitre troisième. L’appétition »

La conscience trouve donc ici, dans la seule idée d’un mouvement, la première condition suffisante et adéquate de ce mouvement. […] Multiplicité d’individus comme base de la loterie, coups de dé heureux dus au hasard, telles sont donc bien les deux conditions caractéristiques de la sélection naturelle.

661. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « Les romans de M. Edm. de Goncourt » pp. 158-183

Et qui voudrait se plaindre de cette délicate complexité, cause et condition d’une science plus vraie ? […] Ajoutez encore à ces anomalies individuelles d’organisation cérébrale, les caractères généraux de toute âme d’artiste et d’écrivain, la vive sensibilité, le don plastique du mot expressif, le don dramatique de la coordination des incidents, l’infinie ténacité de la mémoire pour les perceptions de l’œil, toutes les multiples conditions qui permettent de réaliser cette chose en apparence si simple, un beau livre.

662. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Chapitre III. Contre-épreuve fournie par l’examen de la littérature italienne » pp. 155-182

De par le mélange des races, de par les conditions durables de la terre et du ciel, surtout de par sa très ancienne civilisation, le caractère de ce peuple a un charme unique qui prend le cœur par les sens. […] Le caractère, tel que je viens de le résumer, et les conditions politiques, nous expliquent, dans la mesure du possible, les particularités de la littérature en Italie.

663. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XVI. »

Ainsi, sous ce règne d’Auguste, si favorable aux arts, dit-on, dans cette heureuse maturité de l’idiome et du génie romain secondée par la paix de l’empire, chez ce peuple où se réfléchit alors le génie de la Grèce, parmi des conditions tout à la fois d’affinité naturelle et d’imitation, la poésie lyrique, cette belle parure du théâtre d’Athènes et des fêtes d’Olympie, cette voix antique de la religion et de la patrie, n’eut qu’un seul interprète, plus ingénieux que grand, plus ami du plaisir que de la vertu, de la fortune que de la gloire. […] Et cependant un merveilleux esprit d’imitation rendra parfois cet enthousiasme au poëte, mais à condition d’être un moment tout à fait Hellène et de traduire ces modèles dont il était ravi.

664. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « De la peinture. A propos d’une lettre de M. J.-F. Raffaëlli » pp. 230-235

Raffaëlli poursuit en exhortant à l’étude passionnée et universelle de l’homme dans toute l’étendue de la société et dans toute la série de ses conditions, de ses manières d’être, de ses mœurs et de ses types.

665. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre quatrième. Du Merveilleux, ou de la Poésie dans ses rapports avec les êtres surnaturels. — Chapitre XVI. Le Paradis. »

Le ciel, où règne une félicité sans bornes, est trop au-dessus de la condition humaine pour que l’âme soit fort touchée du bonheur des élus : on ne s’intéresse guère à des êtres parfaitement heureux.

666. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Contes — XII. L’homme touffu »

Une fois rentré au village, il courut trouver le roi et lui dit : « Kuohi, je sais où il y a une fille d’une beauté sans égale et je puis te l’amener, à condition que tu me donnes des hommes pour l’enlever car elle est gardée par son frère qui est d’une extrême cruauté ».

667. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « La religion statique »

Dans ces conditions, on ne s’étonnerait pas de trouver que l’intelligence, aussitôt formée, a été envahie par la superstition, qu’un être essentiellement intelligent est naturellement superstitieux, et qu’il n’y a de superstitieux que les êtres intelligents. […] Quand on parle du progrès d’un organisme ou d’un organe s’adaptant à des conditions plus complexes, on veut le plus souvent que la complexité des conditions impose sa forme à la vie, comme le moule au plâtre : à cette condition seulement, se dit-on, on aura une explication mécanique, et par conséquent scientifique. […] Des deux conditions posées par Comte, « ordre » et « progrès », l’insecte n’a voulu que l’ordre, tandis que c’est le progrès, parfois exclusif de l’ordre et toujours dû à des initiatives individuelles, que vise une partie au moins de l’humanité. […] La seconde condition est d’ailleurs plus difficile à remplir que la première. […] Ici nous touchons à ce que nous avons montré être une exigence fondamentale de la vie : cette exigence a fait surgir la faculté de fabulation ; la fonction fabulatrice se déduit ainsi des conditions d’existence de l’espèce humaine.

668. (1864) Physiologie des écrivains et des artistes ou Essai de critique naturelle

Ils se croyaient alors inspirés, et ils étaient fous ; leurs accès étaient précédés d’une espèce d’abrutissement, qu’ils regardaient comme l’état de l’homme sous la condition de nature dépravée. […] Selon lui, l’homme médiocre seul se trouve dans les conditions normales qui assurent la santé ; seul il peut réaliser l’axiome : Mens sana in corpore sano. […] Moreau lui-même, — que dans les hommes exceptionnels on reconnaîtra les mêmes conditions d’origine ou de tempérament que dans les aliénés ou les idiots. […] Oui, le grand travail cérébral, condition organique de l’effort de la pensée, est en général une crise violente. — Cette sorte d’éréthisme du cerveau, est-ce un état purement physiologique et sain, ou déjà pathologique et morbide ? […] Mais, parmi tout ce qui concourt ainsi à soulever ou à opprimer la pensée de l’artiste, reconnaissons que son genre de talent ou de génie dépend principalement de la prédominance de certaines conditions physiologiques, fatales, héréditaires, antérieures à tout libre-arbitre, à la naissance même et à la vie, ainsi que de certaines habitudes morales qui résultent de ces conditions organiques, — habitudes instinctives, obstinées, exclusives, presque irrésistibles.

669. (1893) Impressions de théâtre. Septième série

Car cela veut dire qu’il a fait, dans d’autres conditions et avec des dons différents, ce qu’a fait Jules Michelet. […] Cette complaisance fatale de chaque être dans sa forme est la condition de sa persistance dans cette forme, et cette persistance de chaque être en particulier est la condition même de la persistance de la vie universelle. […] Ou si, demeuré veuf, il en prend une seconde, il ne peut le faire que dans des conditions qui montrent son respect pour la morte et qui lui méritent d’être absous par elle. […] A une condition, c’est qu’elle tombera à l’improviste chez son mari, afin qu’il n’ait pas le temps d’éloigner Mme de Raon… Pourquoi se décide-t-elle ? […] Elle est légèrement supérieure à sa condition, et elle sent son prix.

670. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Ducis épistolaire (suite et fin). »

Il n’en est pas moins vrai que, pour occuper les premiers rangs dans l’ordre de l’art, la condition est un certain équilibre et une ordonnance entre les éléments humains, une volonté supérieure qui en dispose, tout en les déchaînant, une élévation qui, au sommet, triomphe des orages eux-mêmes et se rit des déchirements au sein d’une sereine clarté. […] Mes principes religieux me rendraient plus propre à une solitude des déserts de la Thébaïde qu’à toute autre condition. […] Cet immense Homère a travaillé naïvement et admirablement pour les deux sexes, pour tous les genres d’éloquence et de poésie, pour toutes les conditions, pour les hommes forts et pour nous autres pauvres malades.

671. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Vaugelas. Discours de M. Maurel, Premier avocat général, à l’audience solennelle de la Cour impériale de Chambéry. (Suite et fin.) »

D’abord il semble que la matière, non-seulement n’est pas fort importante, mais qu’elle est tout à fait inutile et indigne d’un homme de votre âge, de votre condition, et, ce qui est plus considérable, de votre vertu et de votre esprit… » Et Godeau, faisant l’agréable, continue sur ce ton pendant une douzaine de pages, comme s’il avait pris à tâche de résumer toutes les objections des La Mothe-Le-Vayer et autres, et de rassembler tout ce qu’on avait pu adresser de critiques justes ou injustes à Vaugelas sur le peu de raison et de philosophie de sa méthode, sur le peu de solidité et de gravité de son livre ; puis, tout à la fin de la douzième ou treizième page, tournant court tout à coup et comme pirouettant sur le talon, il ajoute : « Mais, Monsieur, c’est assez me jouer et parler contre mes sentiments. Il est temps que je me démasque et que, tout de bon, je vous dise ce que je pense de voire ouvrage : il n’est indigne ni de votre esprit, ni de votre âge, ni de votre condition, ni de votre vertu. » C’est un jeu, on le voit, un compliment déguisé en contre-vérité ; mais la plaisanterie est un peu trop prolongée pour être agréable, et je ne sais comment le prit Vaugelas. […] Certes nous devons, dans cette rapidité de plume qui est la condition moderne, nous tromper quelquefois et laisser échapper des fautes ; mais qu’est-ce que M. 

672. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « L’Académie française »

Qu’est-ce, en effet, qu’un secrétaire perpétuel, s’il remplit toutes les conditions de son office et s’il en a l’esprit ? […] Un jour, M. de Cormenin ayant présenté au suffrage de l’Académie, pour un prix Montyon, les Entretiens de village, signés Timon, c’est-à-dire de ce même pseudonyme dont il signait ses pamphlets, une vive opposition s’éleva non contre l’ouvrage qui remplissait les conditions demandées, mais à cause de ce nom masqué qui semblait une armure de guerre. […] Mais c’est à de telles conditions désormais que l’Académie française ne sera pas seulement honorée comme un monument ou un ornement, qu’elle aura encore de l’avenir.

673. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Œuvres françaises de Joachim Du Bellay. [III] »

De même pour les quelques pièces lyriques qui s’ajoutent aux sonnets : on en distingue au moins deux ou trois, celle de l’Immortalité des Poètes ; une autre à Madame Marguerite, sur le conseil d’écrire en sa langue ; une autre encore, intitulée : Les Conditions du vrai Poète. […] Dans Les Conditions du vrai Poète, il continue de mettre sa poétique en vers ; il paraphrase Horace pour le Quem tu Melpomene semel…  ; il combine divers endroits du lyrique romain, sentant qu’il ne peut les égaler. […] Il déclare dans son découragement ne plus avoir souci de la gloire ni de la postérité ; il croit avoir renoncé aux chastes Muses ; mécontent de sa condition et assujetti à la fortune, il gémit de ne plus poursuivre, dans une belle ardeur, le sourire de la docte et gracieuse Marguerite, cette patronne des poètes, et la haute faveur du Prince ou de la Cour ; et c’est précisément alors qu’il se retrouve le plus sûrement lui-même, et qu’en puisant ses vers à la source intime d’où une ambition plus haute le détournait, il nous les offre plus vrais et encore vivants après trois siècles.

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