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360. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre neuvième »

Encore n’est-ce pas la civilisation dans les plus précieux de ses biens, dans ceux qui améliorent la condition morale de l’homme. […] L’amitié se renoua pourtant : superbe du côté du roi comme envers un sujet rentré en grâce, flatteuse chez Voltaire, qui accepte la condition de ne pas revenir sur le passé et de garder le soufflet du roi. […] Il les plaint comme de nos jours on a plaint la condition des nègres. […] Voltaire ne voit dans le moyen âge ni la condition de la femme relevée, ni la beauté de la famille chrétienne, ni l’art admirable qui a tiré des cœurs le type de l’architecture religieuse, ni l’esprit de douceur et de charité d’où est sortie l’Imitation.

361. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Essai sur la littérature merveilleuse des noirs. — Chapitre II. Le fond et la forme dans la littérature indigène. »

Ainsi : la condition imposée à un passager transporté par un génie de ne pas prononcer le nom de Dieu (Conte des calenders. […] La demande de cheveux d’un être puissant ou merveilleux, épreuve malaisée comme condition d’un pardon ou d’une faveur : Cf.  […] Nous trouvons les conditions presque irréalisables imposées à quelqu’un, avec l’arrière-pensée de l’envoyer à la mort, dans le conte des Sorko. […] Ces épreuves sont généralement des conditions posées pour l’acceptation d’un prétendant.

362. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre vi »

S’il existe des chances de réaliser la République universelle et sociale, c’est à condition que nous ne soyons pas battus. […] Comprendre dans quelles conditions la paix s’établira entre tous les États et dans chaque État, c’est une entreprise qui passe l’horizon d’un soldat et d’un instituteur. […] Nul arrivisme ; respecter profondément la condition d’où l’on sort, rester en contact avec sa corporation de naissance. […] Au même moment, le 17 novembre, il crayonne sur un carnet cette note : « Dans un élan irrésistible, j’écris ces Conditions de la Paix… Il ne s’agit pas de les faire admettre, mais tout simplement de les penser, de savoir ce que nous voulons dire quand nous parlons de notre justice… » Et de cet éclair de novembre, son livre sort tout entier.

363. (1899) Le roman populaire pp. 77-112

Il a compris admirablement les conditions que réclame non pas le grand public, mais l’immense public auquel un roman peut aller, et, si le livre est déparé par d’énormes défauts, il a néanmoins la simplicité, l’ampleur et, par endroits, la haute moralité qui doivent marquer un drame destiné à passionner et à élever l’esprit du peuple. […] Émile Faguet, qui a écrit dans ses Politiques et Moralistes : « La littérature et l’art ne sont populaires qu’à la condition d’être médiocres. » On me permettra d’être d’un avis absolument contraire, et d’en dire les raisons. […] Et nous-mêmes, pouvons-nous penser le contraire, lorsque nous nous intéressons à tout ce qui peut relever la condition matérielle et morale du peuple, lorsque nous multiplions les écoles, les bibliothèques, les cours d’adultes, les conférences, lorsque nous préparons l’avènement d’un quatrième État, aussi bien par nos défauts et nos négligences, que par nos efforts directs ? […] Aimez ceux dont vous aurez à parler, car c’est la condition essentielle pour qu’ils se reconnaissent et vous suivent.

364. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre I. La conscience et la vie »

Dans des conditions déterminées, la matière se comporte de façon déterminée, rien de ce qu’elle fait n’est imprévisible : si notre science était complète et notre puissance de calculer infinie, nous saurions par avance tout ce qui se passera dans l’univers matériel inorganisé, dans sa masse et dans ses éléments, comme nous prévoyons une éclipse de soleil ou de lune. […] La science a d’ailleurs montré par quels effets se traduit, tout le long de l’évolution de la vie, la nécessité pour les êtres vivants de s’adapter aux conditions qui leur sont faites. […] Un organisme rudimentaire est aussi bien adapté que le nôtre à ses conditions d’existence, puisqu’il réussit à y vivre : pourquoi donc la vie est-elle allée se compliquant, et se compliquant de plus en plus dangereusement ? […] Chez l’insecte, la première condition est seule remplie.

365. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Sénac de Meilhan. — I. » pp. 91-108

Sénac de Meilhan avait promis, pour condition de son élévation, de travailler sans relâche à me détruire auprès du ministre de la Guerre, et de profiter de toutes les occasions qui se présenteraient pour me dégoûter d’une position qui me condamnait à un rôle purement passif, puisque je n’entrais dans aucun des conseils, et que je n’étais consulté que pour la forme. […] Il semble se corriger ici de ce lieu commun d’un faux Sully, qu’il avait caressé dans le précédent ouvrage. — Il observe très bien que de son temps les conditions de la société se sont tellement mêlées et confondues, et avec un frottement si continuel, que ce qu’on appelle les gens du monde n’ont plus ni état ni âge, ni rien qui marque l’individualité de la personne : La vie intérieure et domestique, dit-il, n’a plus été le partage que des états obscurs et des gens sans fortune. Celui qui a un bon estomac, qui joue, et qui sait l’histoire du jour, est de tous les âges, de toutes les conditions.

366. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre quatrième. Les conditions physiques des événements moraux — Chapitre II. Rapports des fonctions des centres nerveux et des événements moraux » pp. 317-336

La condition nécessaire et suffisante d’une telle sensation, c’est un mouvement intestin dans la substance grise de la protubérance, des tubercules quadrijumeaux, peut-être de la couche optique, bref dans les cellules d’un centre sensitif ; que ce mouvement soit inconnu, peu importe ; tel ou tel, il est toujours un déplacement de molécules, plus ou moins compliqué et propagé ; rien de plus. — Or, quel rapport peut-on imaginer entre ce déplacement et une sensation ? […] Nous l’avons montré plus haut en exposant les conditions des sensations et des images : c’est la sensation, c’est l’image, c’est l’événement moral interne. […] En somme, « le système nerveux n’est qu’un appareil de perfectionnement », et l’événement moral, dont il est la condition et dont son mouvement est le signe, est un groupe compliqué et organisé dont les éléments et les rudiments peuvent aussi se rencontrer ailleurs. — Nous pouvons donc, en suivant les analogies, descendre encore beaucoup plus bas dans l’échelle des êtres.

367. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre I. La littérature pendant la Révolution et l’Empire — Chapitre III. Madame de Staël »

Elle modifie d’une curieuse façon la théorie de Montesquieu ; on ne l’a pas assez remarqué. « La division du corps législatif, l’indépendance du pouvoir exécutif, et avant tout la condition de propriété : telles sont les idées simples qui composent tous les plans de constitution possible. » Le premier article et le troisième sont surtout importants. […] Mais elle fait un pas de plus, et un pas décisif : les littératures modernes sont des littératures chrétiennes, et la littérature française s’est placée dans des conditions désavantageuses en s’imposant les formes et les règles des œuvres anciennes et païennes. Il y a des littératures qui, mieux que la nôtre, ont rencontré les véritables conditions de la beauté littéraire, parce qu’elles ont été franchement nationales et chrétiennes.

368. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « J.-J. Weiss  »

Mais il y faut, je crois, deux conditions. […] Weiss observe toujours ces conditions. […] Molière n’avait pas seulement la profonde immoralité qui est l’attribut commun et très probablement la condition d’activité des grands observateurs de l’homme et de la nature humaine.

369. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Préface de la seconde édition »

Les faits sociaux ne diffèrent pas seulement en qualité des faits psychiques ; ils ont un autre substrat, ils n’évoluent pas dans le même milieu, ils ne dépendent pas des mêmes conditions. […] Or, c’est cette condition que ne remplissent pas les définitions que l’on a parfois opposées à la nôtre. […] On voit que, pour admettre cette proposition, il n’est pas nécessaire de soutenir que la vie sociale est faite d’autre chose que de représentations ; il suffit de poser que les représentations, individuelles ou collectives, ne peuvent être étudiées scientifiquement qu’à condition d’être étudiées objectivement.

370. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre VII. Le cerveau et la pensée : une illusion philosophique »

Ensuite il était de l’intérêt de la physiologie de s’y rallier, et de procéder comme si elle devait, quelque jour, nous donner la traduction physiologique intégrale de l’activité psychologique : à cette condition seulement elle pouvait aller de l’avant, et pousser toujours plus loin l’analyse des conditions cérébrales de la pensée. […] Ils ne seront soumis qu’à une seule condition commune, celle d’entrer dans le même cadre moteur : en cela consistera leur « ressemblance », terme vague dans les théories courantes de l’association, et qui acquiert un sens précis quand on le définit par l’identité des articulations motrices.

371. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « EUPHORION ou DE L’INJURE DES TEMPS. » pp. 445-455

C’est chose convenue et qui se répète à satiété, que les sociétés modernes diffèrent absolument de celles d’autrefois, qu’elles en diffèrent par toutes les conditions essentielles, et sans doute aussi par celles de vie et de durée. […] — Mais non ; il est et il demeure bien résolu que de nouvelles conditions de stabilité ont été introduites dans le monde ; les ruines brusques et violentes n’appartiennent qu’à l’histoire ancienne ; dupes, entraînés et turbulents jusqu’à ce jour, les hommes ont, de ce matin, cessé de l’être.

372. (1874) Premiers lundis. Tome II « Thomas Jefferson. Mélanges politiques et philosophiques, extraits de ses Mémoires et de sa correspondance, avec une introduction par M. Conseil — II »

C’est même là une condition presque nécessaire du triomphe humain en toute pratique : il faut vouloir trop pour accomplir assez ; il faut forcer tant soit peu chaque vérité pour qu’elle pénètre. […] Avec un chef héréditaire, mais renfermé dans d’étroites limites ; avec un Corps législatif investi du droit de déclarer la guerre, une rigide économie des contributions publiques, l’interdiction absolue de toutes dépenses inutiles, on peut réaliser à un très haut degré les conditions d’un gouvernement honnête et éloigné de toute oppression ; mais la seule garantie de tout cela est une presse libre. » Si Jefferson vivait en ce moment ; si, âgé de 90 ans, et de son poignet de plus en plus perclus, il écrivait à son même ami, après une expérience nouvelle, ne lui manderait-il point, par hasard, que cet autre accommodement qu’il se figurait possible ne l’était guère plus en réalité que celui qu’il conseillait en 89 ?

373. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre VI. Le charmeur Anatole France » pp. 60-71

Il n’est pas faux, mais à la condition qu’on reconnaisse que le sceptique peut être l’homme qui croit au plus grand nombre de vérités et que ne choquent nulles contradictoires, pour qui les contradictoires n’existent même point. […] « L’ignorance est la condition nécessaire de l’existence même.

374. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre XI. Troisième partie. Conséquences de l’émancipation de la pensée dans la sphère des idées politiques. » pp. 350-362

L’esclavage attachait à la patrie, en ce que hors de la patrie, jadis, on ne trouvait que la condition d’esclave. […] Un des signes de ce système, c’est de donner de petites choses pour preuves ou pour conditions d’événements importants.

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