Pour lui donner raison, il faudrait, en effet, admettre avec lui que l’intelligence de cette histoire juive et des Écritures sur lesquelles elle repose est du ressort à peu près exclusif de la théologie, de la tradition, telle que les Pères l’ont autrefois comprise et accommodée, et que la connaissance directe de la langue, la discussion des textes en eux-mêmes n’est plus aujourd’hui que très-secondaire, à tel point que tout ce que cet examen produirait de contraire à la tradition devrait être de prime abord rejeté. […] On ne saurait mieux comprendre qu’en lisant Bossuet à cet endroit et dans tout ce qui suit, la difficulté qu’il y avait pour le monde, pour l’univers païen, à faire ce grand pas, à sortir non plus en la personne de quelques individus d’élite, mais en masse et par classes et nations tout entières, de cette chose confuse et qui nous paraît si absurde, l’idolâtrie. […] A force de poursuivre tous les perfectionnements qu’a apportés l’Évangile dans la vie humaine et de pousser à bout toutes les conséquences de Jésus-Christ telles qu’il les comprend et qu’il les aime, il excède et il sort de toutes les proportions de l’histoire ; il est dans le dogme, il entre dans les mystères mêmes de la vie future et des récompenses destinées aux élus. […] De même sur les Macédoniens et sur Alexandre : chez Bossuet, c’est une première et large vue ; l’homme est bien compris dans son ensemble et posé avec son vrai caractère en termes magnifiques ; l’historien orateur est égal à son sujet, à son héros ; ce portrait d’Alexandre est un portrait d’oraison funèbre ; il a le mouvement et comme le souffle oratoire : chez Montesquieu, les raisons de la politique et du génie d’Alexandre sont bien autrement recherchées et déduites ; c’est bien autrement expliqué ; chaque parole frappe comme un résultat, et l’expression est vive, figurée ; le tout gravé en airain : c’est un long bas-relief d’Alexandre.
A cette contradiction inévitable ici-bas, et à laquelle se heurte toute sérieuse pensée, le poëte, à ses heures meilleures, répond par croire, adorer sans comprendre, et surtout aimer. […] Mademoiselle Bertin, on le comprend, a serré de moins près les souvenirs classiques, et quelquefois, dans cette plus libre façon, elle ne les a pas moins bien exprimés. […] Je ne comprends pas que la pensée y gagne. […] c’est bien lui ; de ses ailes de fleurs Tombent sur le gazon de joyeuses couleurs… ; après ce premier chant, que tout le monde comprend et volontiers répète, en vient un, comme pendant, sur l’Automne et sur la mélancolie.
Je veux courir le monde, Y chercher pour mon cœur un cœur qui me réponde, Je ne veux plus devant ta beauté m’humilier. » Vénus a bien compris : elle a baissé la tête ; Aux douleurs des adieux, pensive, elle s’apprête : Une dernière fois elle lève les yeux. […] Et voici qu’il comprend le grand appel jeté Par les oiseaux dans les halliers ivres de sève ; Leurs chants rhythment pour lui des paroles de rêve, Une voix d’avenir surgit dans la clarté. […] Et si son nom rayonne, à jamais triomphant, C’est qu’il comprit la loi de vivante harmonie : « Sois fier comme un héros et pur comme un enfant. » Fourcaudbv Chronique du mois La Walküre ne sera peut-être pas représentée cette année à Bruxelles, et c’est une histoire qui vaut d’être expliquée. […] Lamoureux comprendra que ce n’est pas avec Lohengrin que peut être livrée la vraie bataille Wagnérienne.
Il n’y a point de règle pour mesurer ou limiter les emprunts qu’une science peut faire à une autre : cela dépend du tact et du génie des écrivains ; mais il est facile de comprendre qu’un certain excès changerait le caractère d’une science. […] Il est de toute évidence que la philosophie est nécessaire à l’historien de la philosophie, car, pour comprendre les systèmes, il faut avoir approfondi la science elle-même, et l’érudition ne suffît pas ; mais une intervention indiscrète et exagérée de la philosophie dans l’histoire elle-même a un double inconvénient : le premier, c’est de fausser les systèmes, le second, c’est de rendre l’histoire inutile. […] Par les doctrines métaphysiques, elle nous sert à comprendre l’histoire des religions. […] Sans ce secours indispensable, on prendra les religions par le dehors, on n’en comprendra ni le sens ni les développements.
Or, le devoir de ceux qui possèdent la tradition nationale est de s’opposer à la décadence d’un sentiment vital entre tous, car l’amour de la patrie ne se borne pas à la tutelle du sol : il doit encore comprendre le zèle intelligent, l’orgueil raisonné de ces chefs-d’œuvre qui, de siècle en siècle, ont fait resplendir la pensée française comme une flamme sur les hauteurs. […] « Elle a suffi à une littérature qui compte à peu près huit cents ans ; elle a donné le seizième, le dix-septième, le dix-huitième, le dix-neuvième siècle qui, après avoir fourni (on ne peut parler que des morts) des poètes comme Alfred de Musset et Lamartine, des prosateurs comme Chateaubriand, Madame de Staël, George Sand, n’est ni achevé ni épuisé ; elle vaut la peine qu’on ne laisse point périr, faute de les comprendre, les chefs-d’œuvre qu’elle a produits. […] On peut dire que la Prose, et par là j’entends une succession non interrompue de grands prosateurs, la prose ainsi comprise n’appartient qu’à la France. […] Au contraire, un seul excepté, tous les grands poètes de la France, je dirai même plus, tous les écrivains en vers de quelque valeur, ont compris que la Rime contenait en grande partie la musique et la couleur de notre poésie nationale.
L’a-t-on beaucoup mieux compris dans le Cénacle que dans les boudoirs ? […] Et comme la Modernité comprend tout l’homme, M. […] Mallarmé est — autant qu’un tel mot puisse être compris en de tels jours ! […] La poésie semble avoir compris la musique dans l’instant même où la musique semble avoir compris la poésie. […] Qu’on se souvienne tout à coup que c’est un lion, et on comprend.
C’est ainsi que je me le figure et que je le comprends. […] Pourquoi cette pièce n’est-elle pas en latin, ou plutôt en grec, et comprise dans la section des Erotica de l’Anthologie ?
Puis, lorsqu’elle eut compris que pour motif secret Je n’avais, après tout, qu’un honnête intérêt, Elle me l’envoya seule ; et l’enfant timide Entrait, me regardait de son grand œil humide, Puis sortait emportant la pièce dans sa main. […] L’intérêt délicat qu’un regard étranger Marquait pour les trésors de son front en danger Éveilla dans son âme une aurore naissante : Elle se comprit belle, et fut reconnaissante.
Pendant ce temps-là, la société s’accrut de dix-neuf membres, et s’éleva à vingt-huit, y compris Boisrobert. […] En 1635, furent données des lettres patentes pour la fondation légale de rétablissement, et Henri Louis Hubert de Montmor, autre auteur de la guirlande, y fut aussi compris.
Notre individualisme n’est pas l’infâme égotisme qui devait conduire un Barrès à toutes les prostitutions y compris celles du mariage riche et celles de la politique. […] Nous faisons volontiers le geste qui indique l’abrupt sentier et nous aimons fraternellement les rares esprits montés assez haut pour nous comprendre.
Si l’on se reporte pour la comprendre pleinement à l’étude sur le beau caractéristique qui se trouve à la tête du catalogue déjà cité, on verra qu’en somme M.Raffaëlli, à travers d’ailleurs bien des obscurités et des longueurs, écartant les désignations de classicisme, de réalisme, de romantisme et de naturalisme, posant en principe » qu’esthétiquement toute époque a une notion particulière du beau, que socialement notre époque est caractérisée par un épanouissement, complet de l’individualisme et de l’égalité, qu’ainsi l’unité humaine autonome et libre est le facteur principal de notre vie sociale, on arrive à cette page d’un grand souffle sur la nécessité où est la peinture de travailler à représenter l’homme et toutes sortes d’hommes. […] Tous ont combattu, tous ont fait l’effort, tous sont vainqueurs ; qu’ils aient combattus par les idées ou par la force sans comprendre bien, suivant leurs moyens, admirons-les !
Ennemis du pouvoir, sans nul doute, et ennemis comme il n’en exista jamais peut-être, puisqu’ils prétendent le supprimer comme une inutilité ou une imperfection sociale, leur hostilité est si grande qu’elle nous révolte, et que, pour la comprendre, il faut déjà la partager. […] L’abbé Cadoret a bien compris ce que nous disions plus haut des ennemis du pouvoir : c’est que les plus dangereux sont ceux-là qui se réclament contre lui de l’autorité des idées religieuses, et il n’a pas voulu lui laisser de tels adversaires.
Le bonhomme, qui y voit clair, a compris cela mieux que vous. […] Que de peines, que de sueurs, que de veilles pour en comprendre le sens caché ! […] Là, surtout, vous comprenez toute la vanité des choses humaines. […] Nous comprenons très bien l’héroïsme de l’homme à cheval ou dans le conseil du roi ; bien plus, nous comprenons jusqu’à un certain point l’héroïsme des haillons, de l’agonie, des bras nus, des visages noircis par le soleil et par la poudre. […] Que d’intelligence mal dépensée à ne comprendre jamais qu’une partie de la question !
Pour ranimer l’esprit de famille là où il est affaibli, il ne suffit pas que tout le monde en comprenne les avantages ; il faut faire directement agir les causes qui, seules, sont susceptibles de l’engendrer. […] Si donc on part de ces derniers, on ne pourra rien comprendre à ce qui se passe dans le groupe. […] Parmi les choses, il faut comprendre, outre les objets matériels qui sont incorporés à la société, les produits de l’activité sociale antérieure, le droit constitué, les mœurs établies, les monuments littéraires, artistiques, etc. […] On comprend bien que les progrès réalisés à une époque déterminée dans l’ordre juridique, économique, politique, etc., rendent possibles de nouveaux progrès, mais en quoi les prédéterminent-ils ? […] Enfin, on doit comprendre maintenant, mieux que précédemment, combien il serait injuste de s’appuyer sur ces mots de conditions extérieures et de milieu, pour accuser notre méthode de chercher les sources de la vie en dehors du vivant.
Eh bien, Stendhal avait peint le dandysme en homme qui, sous les impertinences de l’attitude, en comprenait la profondeur ! […] La connestable n’est pas comprise comme je le voudrais, mais Boys-Bourredon remplit tout de son attitude héroïque. […] Ainsi, dans le tableau que je viens de raconter, il y a un effet de profil extérieur et intérieur produit par la tête ouverte, et qu’il faut voir pour le comprendre et même pour comprendre le genre de hardiesse du talent de Doré. […] Doré, qui comprend si bien le côté physique du Moyen Âge et n’a peur d’aucun détail poignant ou immonde des passions naïves de ce temps, n’en comprend pas si bien le côté pur, fermé, intime et religieux. […] Pourquoi, encore une fois, cette absence d’introduction, à laquelle on est obligé de revenir toujours et qu’on cherche à la tête de cette nouvelle édition de Balzac, qu’on ne comprend pas très bien comme vous la faites, si vous ne prenez pas la peine de nous l’expliquer !