Or Dieu a voulu que je portasse ma part de cette perte commune, m’ayant la fortune, par le triste et inopiné accident de cette douloureuse mort, retranché tout à un coup, comme à beaucoup d’autres, le fil de toutes mes espérances. […] Je ne puis continuer plus longuement ce propos sans larmes, je dis les plus vraies larmes que je pleurai jamais : et vous prie m’excuser si je me suis laissé transporter si avant à mes passions, qui me sont, comme je m’assure, communes avecques vous et avecques tous ceux qui sont comme nous admirateurs de cette bonne et vertueuse princesse, et qui véritablement se ressentent du regret que son absence doit apporter à tous amateurs de la vertu. […] La biographie du poète commence par une sorte de mémoire sur la commune et municipalité de Cahors, sa ville natale.
Ceux-ci à leur tour, aisément restrictifs et négatifs dans leur prudence, n’hésitant pas au besoin, dans leur système complexe, à limiter, à entamer le droit par la raison d’État, le rendent bien en inimitié aux esprits de nature girondine, que tantôt ils ont l’air de mépriser comme de pauvres politiques, et que tantôt ils confondent en une commune injure avec la secte jacobine pour les montrer dangereux. […] Étant reparti bientôt, il écrivit une lettre commune à M. et à Mme Roland ; mais celle-ci, à qui son mari absent (il était à Lyon ou à Villefranche) l’envoya, y saisit quelques expressions qu’elle interpréta d’une manière plus particulière, et elle se hasarda à écrire de la campagne, dans l’absence et à l’insu de M. […] A ceux qui citeraient Mme Roland pour exemple, nous rappellerons qu’elle ne négligeait pas d’ordinaire ces formes, ces grâces qui lui étaient un empire commun avec les personnes de son sexe ; et que ce génie qui perçait malgré tout et s’imposait souvent, n’appartenant qu’à elle seule, ne saurait, sans une étrange illusion, faire autorité pour d’autres.
Mais le jeune Diderot sentait déjà ses forces, et une vocation irrésistible l’entraînait hors des voies communes. […] Sans nous prononcer entre ces deux compagnes de grands hommes, il paraît en effet que, bonne femme au fond, madame Diderot était d’un caractère tracassier, d’un esprit commun, d’une éducation vulgaire, incapable de comprendre son mari et de suffire à ses affections. […] C’était là l’infâme qui, tous les jours, calomniait auprès des philosophes le christianisme dont elle usurpait le nom ; l’infâme en vérité, que la philosophie est parvenue à écraser dans la lutte, en s’abîmant sous une ruine commune.
Ils naissent instruits, et ils sont plus tôt des hommes parfaits que le commun des hommes ne sort de l’enfance. » Au chapitre des Grands, il s’est échappé à dire ce qu’il avait dû penser si souvent : « L’avantage des Grands sur les autres hommes est immense par un endroit : je leur cède leur bonne chère, leurs riches ameublements, leurs chiens, leurs chevaux, leurs singes, leurs nains, leurs fous et leurs flatteurs ; mais je leur envie le bonheur d’avoir à leur service des gens qui les égalent par le cœur et par l’esprit, et qui les passent quelquefois. » Les réflexions inévitables que le scandale, des mœurs princières lui inspirait n’étaient pas perdues, on peut le croire, et ressortaient moyennant détour : « Il y a des misères sur la terre qui saisissent le cœur : il manque à quelques-uns jusqu’aux aliments ; ils redoutent l’hiver ; ils appréhendent de vivre. […] Il y a nombre de pensées droites, justes, proverbiales, mais trop aisément communes, dans Boileau, que La Bruyère n’écrirait jamais et n’admettrait pas dans son élite. […] beaucoup de savoir-faire, de facilité, de dextérité, de main-d’œuvre savante, si l’on veut, mais aussi ce je ne sais quoi que le commun des lecteurs ne distingue pas du reste, que l’homme de goût lui-même peut laisser passer dans la quantité s’il ne prend garde, le simulacre et le faux semblant du talent, ce qu’on appelle chique en peinture et qui est l’affaire d’un pouce encore habile même alors que l’esprit demeure absent.
Chacun de nous peut rencontrer dans sa mémoire des souvenirs semblables et y démêler un caractère commun. […] Quand je décrivais tout à l’heure les traînées scintillantes que le soleil faisait sur l’eau, je les ai comparées à des broderies, à des franges et à des paillettes d’argent ; la portion commune à ces quatre sensations, présente dans la première, a ressuscité coup sur coup les trois autres. […] Tel est notre état ordinaire vis-à-vis des choses que nous avons plusieurs fois expérimentées ; une image vague, qui correspond à la portion commune de nos diverses expériences, un fouillis de tendances à peu près égales et contraires qui correspondent à leurs circonstances diverses, une notation nette qui désigne et concentre le tout en une idée.
Devoir de ce premier groupe de la famille de reconnaître et de respecter, dans les autres groupes semblables à elle, le même droit divin de vivre et de multiplier sur la terre, domaine commun de la race humaine ; de ne point la tuer, de ne point lui dérober sa place au soleil et au festin nourricier du sillon ; mais de reconnaître, d’assister, d’aimer les autres hommes ses semblables, et de leur appliquer cet instinct tout spiritualiste et tout moral de la justice législative incréée, qui invente et qui sanctionne toute société par une force morale mille fois plus forte que la force législative, la conscience, et dont toute violation est crime, dont toute observation est vertu ! […] Rousseau et de ses disciples ne promet à l’humanité que des biens matériels et quelques souffrances égales pour tous, des luttes pour ou contre une souveraineté sans cesse imposée par les tyrans, sans cesse reconquise par les peuples ; des droits qui ne reposent que sur des révoltes de tous contre tous, et qui ne sont contresignées qu’avec du sang, des métiers ou des arts tout manuels ; des lois toutes égalitaires pour consoler au moins le malheur de chacun par le niveau du malheur commun, puis la mort ensevelissant une société de poussière vivante dans une poussière morte. […] Ce serait ainsi qu’une femme inspirée, une sainte Thérèse d’une religion pacifique et unanime, aurait à son insu laissé dans l’âme du philosophe sceptique et mobile de Genève la pensée de ce christianisme primitivement révélé par la conscience, encore sans ombre, à l’humanité, et destiné à réconcilier toutes les morales, tous les schismes et tous les cultes de l’esprit dans une lumière, dans une adoration et dans une charité communes.
Les rangs n’y sont pas confondus pourtant, les grandes notabilités occupent les loges ; les marchands le parterre, et les communs remplissent les galeries. Mais ces communs qui sont partout les plus nombreux, et conséquemment les plus forts quand ils veulent l’être, se prévalent de cet avantage dans les théâtres de la Grande-Bretagne ; ils y règnent sur les acteurs et même sur les plus nobles et les plus honorables spectateurs. […] Non, il n’est pas tout à fait vrai que ce qui charme le peuple de Londres, satisfasse autant les gentlemen lettrés ; et même il arrive, quand le plaisir est commun, qu’il se rattache à des affections très diverses.
Il mourut le 4 juillet 1848 : il avait pris ses mesures à l’avance pour être enterré près de Saint-Malo, sur la pointe du rocher du Grand-Bé ; il voulait dormir du sommeil éternel au bruit des mêmes flots qui avaient bercé son premier somme, séparé même dans la mort de la commune humanité, et visible, en son isolement superbe, à l’univers entier. […] Pour amuser sa douleur, il se plut à s’en exagérer les causes : son orgueil ne voulait pas avoir de communes misères. […] Chateaubriand s’y donne le plaisir de noircir dramatiquement les émotions de sa jeunesse : d’une amitié fraternelle, toute simple, innocente et commune, encore qu’ardente et nerveuse, il fait un gros amour incestueux ; il donne à René, masque transparent de lui-même, le fastueux et malsain prestige de la passion coupable, contre nature, et il invente la sublimité poétique des monstruosités morales658.
Par l’addition de quelques mots, il avait fait d’un portrait commun aux disputeurs des deux partis, une caricature grossière des théologiens catholiques. […] , est le fond de cet esprit plus juste qu’élevé, qui ne regarde pas au-delà de la vie commune, et qui n’a pas la prétention de la réformer : car de quoi s’amuserait-il ? […] Les partisans de son mépris des choses fortuites, c’est-à-dire de ce qui lui est commun avec le vieil esprit français, forment une suite de libres penseurs qui commence à Montaigne, et qu’a continuée de notre temps Paul-Louis Courier.
Partisan de la révocation de l’édit de Nantes, comme Racine et Boileau, par une erreur commune aux meilleurs Français de ce temps-là, il disait du roi : Il veut vaincre l’erreur : cet ouvrage s’avance ; Il est fait ; et le fruit de ses succès divers Est que la vérité règne en toute la France, Et la France en tout l’univers75 . […] Il semble d’ailleurs avoir eu qualité pour caractériser, au nom des grands écrivains du dix-septième siècle, la manière dont ils ont imité les anciens ; ce qu’il dit de la sienne leur est commun à tous : Quelques imitateurs, sot bétail, je l’avoue, Suivent en vrais moutons le pasteur de Mantoue ; J’en use d’autre sorte, et, me laissant guider, Souvent à marcher seul j’ose me hasarder. […] Ce que La Fontaine définit si délicatement, ce n’est pas l’imitation, c’est la prise de possession du bien commun.
Le grammairien, le linguiste, le lexicographe, le critique, le littérateur, dans le sens spécial du mot, ont droit au titre de philologues, et nous saisissons en effet entre ces études diverses un rapport suffisant pour les appeler d’un nom commun. […] Le manque de livres élémentaires, de manuels renfermant les notions communes et nécessaires 78, de dictionnaires biographiques, historiques et géographiques, etc. réduisait chacun à ses propres recherches et multipliait les erreurs mêmes sous les plumes les plus exercées 79. […] Dissiper le brouillard qui, aux yeux de l’ignorant, enveloppe le monde de la pensée comme celui de la nature, substituer aux imaginations fantastiques du rêve primitif les vues claires de l’âge scientifique, telle est la fin commune vers laquelle convergent si puissamment ces deux ordres de recherches.
Elle a chanté le rôle avec une généreuse vaillance, des qualités peu communes de musicienne et d’actrice. […] Par le plus grand des bonheurs, le public semble aimer à présent la musique de ce maître ; il serait peut-être utile de montrer que derrière ce drame et cette musique il y a un Art, dont Wagner a énoncé les principes, et qui n’a rien de commun avec les autres. » Il n’en fallut pas plus. […] Wagner supprime, annihile le public, non seulement vis-à-vis de l’œuvre, mais surtout vis-à-vis du public lui-même ; il le met à portée de son œuvre, l’absorbe et le domine au point de lui imposer des synthèses psychologiques moins accessibles que les vérités communes qui effraient tant chez nous.
Il possède aussi le secret de la composition, quoiqu’il oublie souvent d’en faire usage ; il sait, quand il le veut, lier les épisodes dans la trame serrée du récit ; il a un dessein qu’il déroule, un but qu’il poursuit, et alors même qu’il se perd trop longtemps au détail des choses communes, il a le triste mérite de ne point ignorer où il va. […] L’épuisement de Carthage, l’agitation des mercenaires réclamant en vain leur solde, les terreurs de la ville, l’insolence croissante des séditieux, cette effroyable mêlée d’Espagnols, de Gaulois, de Liguriens, de Grecs, d’Africains surtout, qui s’excitent sans se comprendre, et, jaloux les uns des autres, rivalisent de fureur contre l’ennemi commun, le rôle des généraux, la mission de Gescon, la violation du droit des gens, l’attentat des barbares contre les envoyés de la république, la guerre devenue inévitable, les premières défaites d’Hannon, administrateur actif, mais le plus inexpérimenté des capitaines, Hamilcar prenant le commandement des troupes, sa tactique, ses victoires, les péripéties de la lutte, les alternatives d’espoir et d’abattement chez les Carthaginois, le siège de la grande cité punique, l’anéantissement des révoltés, et au milieu de tant d’événements divers la hideuse férocité de deux partis, tout cela, dans le large tableau de Polybe, atteste le pinceau énergique et sobre d’un grand maître. […] Philippe de Macédoine se disposait à attaquer les Corinthiens ; aussitôt, dans la ville, chacun se mit à l’œuvre pour la défense commune.
Faut-il dorer sa pensée afin d’employer une couleur de style digne de gens qui auraient honte d’avoir rien de commun avec le peuple ? […] à penser « que ce qu’on appelle le sens commun, loin d’être commun en effet, est une anomalie, une difformité dans la nature humaine ». […] Aussi n’est-il, à le bien prendre, et comme on l’a dit, que « le sublime orateur des idées communes ».
. ; mais celle de M. d’Andilli est plus commune & plus connue, quoiqu’elle soit peut-être moins digne de l’être. […] Le texte y est noyé dans un fatras de réfléxions communes, dans un verbiage froid entortillé, moins fleuri que précieux. […] Cet ouvrage, qui n’est pas commun, est estimable en ce que l’auteur, dont le sçavoir est connu, y a inséré tout ce qu’il a trouvé dans l’histoire prophane qui pouvoit se rapporter à Jesus-Christ.