c’est le poëte, qui est par-dessous tous ces raisonnements, tous ces doutes, toute cette syllogistique désespérée, toute cette algèbre de feu qui cherche l’inconnue et ne la trouve jamais, et qui, comme un phénix effrayé, aveuglé par les cendres du bûcher où il s’est consumé lui-même, se sauve tout à coup dans le ciel !
Enfin si le récit de l’auteur des Moines d’Occident roule, comme une perle, quelque légende, prise à cette fontaine de larmes qui filtre l’image d’un ciel renversé entre toutes les ruines de l’Histoire, la légende a été trouvée déjà par quelque pécheur aux légendes et aux perles, comme M. de la Villemarqué.
Déjà les femmes simplement et solidement littéraires ne pleuvent pas dans l’histoire ; mais les femmes poètes… dites-moi, pour que je les ramasse, où il est tombé de ces étoiles filantes, qui ont brillé et se sont évanouies, de ces astres faux qui semblaient se détacher du ciel pour venir à nous et qu’on n’a jamais pu retrouver ?
Quand il est parlé du ciel dans ses ouvrages, La Fontaine n’est ni païen, ni chrétien, ni religieux, ni impie ; il est là ce qu’il fut partout : le bonhomme, qui ne pouvait pas pécher tant il était bonhomme, et qui, pécherait-il, disait sa servante, serait pardonné !
Il y a une Muse qui ne descend pas du ciel, celle-là, mais qui sort du sang de la France et vient mettre sa pâle, main divine et blessée sur l’épaule rose divine d’une autre Muse invulnérable.
Lorsqu’on nous a dit sur quel sol et sous quel ciel vit un groupe d’hommes, s’ils sont dolichocéphales brachycéphales, aryens ou sémites, s’ils sont entrés ou non dans l’âge des machines, s’ils craignent Dieu ou n’y paraissent pas penser, s’ils sont insouciants ou prévoyants, s’ils penchent vers le matérialisme ou vers l’idéalisme, on n’aura pas encore épuisé la liste des déterminants de leur histoire.
Quand un idiome a vieilli sur son sol natal, ou que, défiguré dans son passage sous un ciel nouveau, il a perdu l’instinct délicat de sa forme première, sa grâce ou son énergie ; qu’il n’est plus en rapport avec le monde troublé et nouveau dont il est entouré, il n’importe : l’éclair de l’esprit, l’émotion de l’âme se fait jour par toute voie laissée à l’intelligence ; et le génie de l’architecte brille encore dans l’imperfection des matériaux mutilés ou à peine dégrossis qu’il emploie.
« Voyant la nuit si pure et vous voyant si belle, j’ai dit aux astres d’or : Versez le ciel sur elle ! […] Voilà ce qu’il trouve dès qu’il veut sortir des banalités, étroite enceinte où son esprit est retenu, dès qu’il ne dit plus : l’amour c’est Dieu, la nature, le ciel bleu, l’herbe, les fleurs, l’aurore ! […] Hugo ne parle que des regards, de l’âme, de l’amour, ivresse de la nature, du ciel, etc., mots connus, généralités de conversation à l’usage des gens qui n’aiment pas. […] Il ne se savait plus au spectacle, mais dans un septième ciel. […] « Quand tu regarderas le ciel !
Comme lorsqu’on écoute la Symphonie pastorale de Beethoven, on croit d’abord assister à la naissance d’un jour radieux, le cœur est inondé d’une joie pure ; puis on voit le ciel se troubler, on entend gronder l’orage. […] Plût au ciel qu’il nous fut permis de l’affirmer hautement ! […] Il n’y a rien en effet de plus misérable que le talent qui s’épuise à combiner des mots, qui crée des formes accomplies, qui les adore et qui oublie de dérober le feu du ciel pour les animer. […] Si c’est là une superstition, les poètes de la trempe de Heine ne peuvent jamais se vanter, grâce au ciel, d’en être complètement à l’abri. […] Lui seul, méprisé des siens comme un être inutile, parce qu’il rêvait les plus beaux rêves du ciel au lieu d’exploiter la terre, n’a trouvé chez nous ni consolation ni appui.
Pour Rousseau, la nature est satisfaite quand des gens que tout porte à se déchirer le visage vivent ensemble dans la plus étroite intimité, s’abîment en des embrassements sans fin et remercient le ciel de leur avoir donné une âme si docile aux enseignements de la philosophie. […] Il s’élève d’un essor si magnifique et si parfaitement rythmé qu’au premier coup d’œil on dirait un jeu de la nature ; il semble vivant de la vie même du ciel, des nuées et des corneilles. […] Leur harmonie feutrée me fait songer irrésistiblement au bleu glacé des ciels qui s’étendent au-dessus des champs de neige. […] Nous l’avons vu souffler sur le brasier dont les étincelles devaient jaillir jusqu’au ciel, et transmettre le feu sacré aux âges à venir. […] Il a enflé ses joues et soufflé très fort, et la brume des fjords a quitté notre ciel.
Trygée pousse risiblement son escarbot dans le ciel ; et je ne louerai pas les mots sales et bas qu’il lui adresse en route. […] Alors grande révolution : tous les Athéniens voudront s’y rendre et acquérir des ailes ; nos poètes les plus fous y viendront chercher au milieu des vapeurs leurs dithyrambes et leurs odes ; nos magistrats prévaricateurs réclameront l’intendance de la ville du peuple-oiseau ; des prêtres sycophantes lui consacreront un culte et des sacrifices ; des géomètres lui présenteront des formules inintelligibles et les moyens de mesurer le ciel, pour la désoccuper du soin de la terre ; des crieurs d’édits publieront des lois et des arrêts arbitraires vendus argent comptant. […] Un athée incorrigible achève sa carrière de désordres en désordres, sans pouvoir être ni détrompé ni puni que par un coup du ciel : ce fait principal est le sujet du drame espagnol intitulé : Del Burlador de Sevilla y combibado de Piedra, imité par Molière et Thomas Corneille, dans Dom Juan, ou le Festin de Pierre : mais les séductions du personnage, les méchancetés dont il amuse l’ennui qui le possède, les sinistres plaisirs qui l’aveuglent au moment de la catastrophe, sont autant de faits épisodiques liés secondairement à l’action capitale. […] « Mes soins pour Léonor ont suivi ces maximes ; « Des moindres libertés je n’ai point fait des crimes ; « À ses jeunes désirs j’ai toujours consenti, « Et je ne m’en suis point, grâce au ciel, repenti.
Hamon dut goûter ces strophes de l’ode deuxième : Je vois ce cloître vénérable, Ces beaux lieux du ciel bien aimés, Qui de cent temples animés Cachent la richesse adorable. […] Au sortir de Paris, du cercle aimable des Vitart, et d’un milieu où l’on ne connaissait que la galanterie ingénieuse ou la débauche gauloise, il est frappé de la violence toute catalane et de la profondeur des passions sous ce ciel ardent d’Uzès. […] La subordination, l’immolation de soi-même et, par surcroît, de l’univers entier, et du ciel et de la terre, à une petite femme raisonneuse, abondante en propos chantournés, et qu’on n’aura même pas touchée du doigt : voilà l’idéal, voilà ce qui vaut la peine de vivre et de mourir. […] Il met les âmes à ce prix ; il remue le ciel et la terre pour enfanter ses élus ; et comme rien ne lui est plus cher que ces enfants de sa dilection éternelle, que ces membres inséparables de son Fils bien-aimé, rien ne lui coûte, pourvu qu’il les sauve. […] J’ai pour aïeul le père et le maître des dieux ; Le ciel, tout l’univers est plein de mes aïeux.
Les nuages fantastiques flamboient au ciel dans la belle rutilance sinistre qui, à la suite de l’éruption du Krakatoa, fut observée pendant plusieurs années. […] La maison est située au ciel, par-delà le flot de l’éther, comme un pont. […] Une sombre gorge de montagne au-dessus de laquelle est suspendu un ciel lourd de nuages, nous rend tristes. […] Le ciel est de cuivre, Sans lueur aucune. […] Le ciel est de cuivre, Sans lueur aucune.
Celui de Molière se contente de hausser les épaules aux questions de Sganarelle sur le ciel, l’enfer, le diable et le moine bourru ; de faire « Eh ! […] J’ai pour aïeul le père et le maître des dieux ; Le ciel, tout l’univers est plein de mes aïeux. […] » Le meilleur moyen, c’est de l’amener d’abord, à force de petits soins, à tester en leur faveur, avant qu’elle sache l’aubaine qui lui est tombée du ciel. […] Il faut absolument qu’ils y fourrent Dieu, et le ciel, et l’infini. […] Le ciel et les saisons n’offrent aux hommes que des images de vie, de mort, de fuite, de voyage, de lutte, de résurrection.
Et puis, des nuages s’amassèrent, voilèrent le ciel, crevèrent en torrents. […] Premiers jours de la guerre ; et le 10 août : « C’est un paysage matinal, un ciel d’or, d’argent et d’azur… » La diane, on dirait, dans la pureté de l’air ! […] Une lueur douce tombait du ciel… » Au décès de Tranquilin Mazurel, ses camarades acceptent la corvée de veiller le corps, la première nuit. […] Foin du principe des nationalités qui sacrifie à l’orgueil et à la voracité de ses rivaux le plus beau royaume sous le ciel ! […] Quelques jours plus tard, le ciel sera en feu.