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193. (1899) Arabesques pp. 1-223

Abadie fit chanter les Voix de la Montagne avec ampleur ; M.  […] On boira du vin à la fuchsine ; on mangera du veau mal cuit ; au dessert, on chantera ses vertus sur l’air de l’hymne russe. […] Plusieurs chantent délicieusement : accueillons-les avec allégresse. […] Il fait chanter les laboureurs, les forgerons, les vagabonds. […] Il s’entend à merveille à chanter la chèvre et aussi le chou.

194. (1868) Rapport sur le progrès des lettres pp. 1-184

Il chantait avant février, mais il a chanté depuis, et ses meilleurs vers sont les derniers. […] La chanson est telle qu’un pâtre la pourrait chanter en surveillant ses chèvres du haut d’une roche. […] Il fait lui-même la musique de ses vers, et il les chante avec beaucoup de goût et d’expression. […] Nul n’a eu l’idée de s’arrêter dans le bois où chantent les oiseaux, où fleurissent les violettes. […] Dans son vaste feuillage, la nuit, brillent les étoiles, le matin, chantent les nids.

195. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « VI »

car il n’est pas maître du mobile instrument dont les Cranach et les Dürer chantaient les terreurs de la Chute et de la Grâce. […] les paroles y chantées : vagues, sans précision littéraire, presque quelconques (discours des amants, discours de Mark), elles n’existent (hors deux ou trois explications de l’anecdote établie) que parce que le musicien voulait faire chanter à ses voix des paroles articulées. […] Hélas, hélas, que les voilà — mais exprimées, exprimées en un art et véritablement devenues elles — que les voilà mes fuyeuses émotions, et que les voilà les joies et les douleurs que j’entrevis au toucher d’une départie, et que vous chantez, oh musiques magiques du mage musicien ! […] Jules Pasdeloup enseigna aux Français Rienzi, je me contentais, tout occupé à de moins hautes querelles, des chansons que je chantais et qu’ils chantaient, mes petits camarades rouennais. […] Parsifal (vêtu de lys et de sang ; il chante d’une voix ferme) : Issu de l’inconscience des possibilités premières, un jour je fus mené par Dieu dans un temple de révélation, et dans le rougeoiment d’un Gral je vis le cœur vif de l’Amante et combien, en les souffrirs, aimer et l’aimer était bon.

196. (1857) Cours familier de littérature. III « XIVe entretien. Racine. — Athalie (suite) » pp. 81-159

Le théâtre parle et ne chante pas assez pour moi. J’aurais peut-être chanté un poème épique si c’eût été le siècle de l’épopée ; mais qui est-ce qui fait ce qu’il aurait pu faire dans ce monde où tout est construit contre nature ? […] Le chœur, cette fois, fait partie lyrique du drame ; il chante, dans des strophes enfantines et pieuses, les bonheurs de l’innocence, la protection de Dieu sur les siens, sa vengeance sur ses ennemis. […]         Peuples de la terre, chantez. […] Madame, écrivait-il à celle qui l’avait provoqué, puis abandonné, je vous avoue que, quand je faisais chanter devant vous dans Esther : Roi, chassez la calomnie !

197. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Louis XIV et le duc de Bourgogne, par M. Michelet »

Un Faune malin écoute le jeune Bacchus, que Silène instruisait, pendant qu’assis au pied d’un vieux chêne il récite ou chante des vers, et le demi-dieu folâtre marque à Silène, par un ris moqueur, toutes les fautes du dieu ; les Naïades et les autres Nymphes du bois souriaient aussi. […] mais je te prédis qu’un jour on verra un enfant qui les traduira en sa langue et qui partagera avec toi la gloire d’avoir chanté les abeilles. » L’éloge, et ici la flatterie même (car on ne peut l’appeler autrement), arrive à l’improviste dans une parole de colère. […] Dans un bocage, au bord de l’Alphée, les deux oiseaux qui tout le jour chantaient, l’un ses anciens malheurs, l’autre ses plaisirs, aperçoivent un jeune berger qu’ils n’avaient point vu encore, et à l’instant tous deux, Rossignol et Fauvette, inspirés par les Muses, ils s’accordent à le célébrer dans un duo mélodieux : « Quel est donc ce berger, ou ce dieu inconnu, qui vient orner notre bocage ? […] Les uns ont la note pour ainsi dire pastorale, et Théocrite a chanté pour eux.

198. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Daphnis et Chloé. Traduction d’Amyot et de courier »

On raconte que la poésie idyllique ou bucolique, comme on l’a entendue depuis, fut inventée en Sicile par un berger poète, Daphnis : c’est le beau bouvier Daphnis qui, chez Théocrite, remporte le prix du chant et gagne contre Ménalque la flûte à neuf tuyaux ; c’est lui qui chante ce ravissant couplet où se résume tout le thème, où respire toute la félicité et la douceur du genre : « Que ce ne soit point la terre de Pélops, que ce ne soient point des talents d’or que j’aie à cœur de posséder, ni, au jeu de la course, d’aller plus vite que les vents ! mais sous ce rocher que voilà, je chanterai te tenant entre mes bras, regardant nos troupeaux confondus, et devant nous la mer de Sicile. » Voilà le cadre entier dans sa simple et harmonieuse bordure. […] Car entendant chanter les oiseaux, ils chantaient ; voyant bondir les agneaux, ils sautaient à l’envi ; et, comme les abeilles, allaient, cueillant des fleurs, dont ils jetaient les unes dans leur sein, et des autres arrangeaient, des chapelets pour les Nymphes ; et toujours se tenaient ensemble, toute besogne faisaient en commun, paissant leurs troupeaux l’un près de l’autre… » Voilà le thème.

199. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XXII. »

Cowley lui-même, celui qui, dans une vision en prose sur Cromwell, a rencontré quelques images dignes de Milton ou de Bossuet, n’a tiré du moule pindarique, chauffé à grand renfort de souffle, que de grossières scories ; et, pour trouver dans ce temps même d’obsession biblique un écho, et comme dit Horace, une image de la lyre thébaine, il faut chercher loin de la foule l’abri suspect et solitaire de l’aveugle Milton, et là, pieusement écouter quelques-uns des accents dont il fait la prière des anges en présence de Dieu, ou qu’il chante lui-même à l’entrée du bocage nuptial d’Éden. […] Il avait, dans la variété de ses études, compris la théorie de cet art, et il chantait avec goût ; mais il ne chantait que pour lui-même et la Muse. […] « L’enthousiasme t’appelle ; et, tandis qu’il chante dans son brillant essor, à l’œil des cieux il déploie ses ailes aux mille couleurs.

200. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) «  Poésies inédites de Mme Desbordes-Valmore  » pp. 405-416

Ainsi, à quarante ans de distance, le même poète a chanté ; cette voix de femme, si émue dès le premier jour, si pleine de notes ardentes, éplorées et suaves, ne s’est pas brisée durant cette longue épreuve de la vie, épreuve qui cependant a été plus rude pour elle que pour d’autres ; elle a gardé jusqu’à la fin ses larmes, ses soupirs, ses ardeurs. […] Et voilà l’éternelle histoire… » Non, cela n’est pas aussi nécessaire que le croient certaines âmes sous le coup de l’orage ; il est des félicités douces, permises, obscures ; celles-là, il est vrai, ne se chantent pas : elles se pratiquent en silence. […] Elle chantait sa mère, elle appelait la gloire, Elle enivrait la foule… et les femmes tremblaient.

201. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. »

L’âme chante dans les tortures, Et chacune de ses blessures Lui donne un plus sublime accord ! […] Chantez, ma muse, cette admirable France, héroïque, spirituelle, bonne et affectueuse, économe et libérale, un peu coquette et essentiellement aimante, un peu narquoise, mais toujours juste et impartiale, grande maîtresse du progrès indéfini qui entraîne dans son tourbillon jusqu’aux Cosaques et aux Hurons ; chantez cette mère, vous sa fille adoptive106, qui la comprenez si bien ; et permettez-moi de vous appeler ma muse, puisque mon prosaïque lot ne me donne aucun droit de vous appeler ma sœur ; et soyez sûre qu’en vous admirant, je vous aime. » Et maintenant on comprendra que quand Mme Valmore disparut, M.

202. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Richepin, Jean (1849-1926) »

Il y avait donc quelque orgueil à prendre cette belle et adorée maîtresse à la crinière de ses algues ; il y avait un magnifique courage à chanter les harmonies si diverses, si nuancées, partant si rebelles à l’expression, de l’Océan. […] L’homme qui chante ainsi est un poète. […] Richepin n’aurait pensé ni publié son livre ; mais il est de son siècle, il le connaît… et il l’a chanté.

203. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Laurent Pichat »

Laurent Pichat, ce cygne des années lointaines qui s’est mis, comme un jeune coq, à chanter l’aurore qui se lève sur un monde nouveau le poulailler de la Démocratie, aurait, assurément, plus de grâce et de profondeur dans ses chants s’il chantait les heures crépusculaires, voisines de la nuit qui nous menace. […] Je ne résistai pas à cette folle envie : Je me frappai le front et je maudis la vie ;            Je chantai comme un fanfaron ; Je crus faire trembler l’air de mon aventure, Comme un damné, jetant à l’immense nature            Des relavures de Byron.

204. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Alfred de Vigny »

Il parlait de tout comme il aurait chanté, et il agissait comme il parlait, poésie plus rare ! […] Il n’a pas chanté la jeunesse perdue que chantent tant de poètes au déclin, vieux Titons amoureux d’Aurores ; cette jeunesse que Chateaubriand voulut inutilement retenir avec les bras du désespoir.

205. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XVI » pp. 64-69

qu’il est triste que tu aies ainsi besoin de chanter toujours et de chanter encore18 !

206. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Dupont, Pierre (1821-1870) »

Il vénère et chérit nos humbles frères, ces animaux que nul n’a chantés, pas même La Fontaine, avec plus de justice et de tendresse. […] Elle montre au forgeron les rougeurs féeriques de l’incendie qui l’environne, elle chante à l’oreille du soldat pour rythmer l’étape, elle siffle avec le maçon sur son échelle, elle montre au bûcheron les nids qui s’envolent à chaque coup de la cognée, elle berce le pêcheur sur la mer, et, pour égayer le laboureur, elle pose sur les cornes noires de ses bêtes la gentillesse de l’oiseau.

207. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre ix »

L’église chrétienne ouverte à tous, chante et prie devant tous, pour tous, sans demander à personne ses raisons. […] Arrivés à la strophe sublime, « Liberté, Liberté chérie », beaucoup, en chantant, regardaient leur voisin chanter et croyaient recevoir de lui une promesse fraternelle, un consentement à toutes les idées.

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