On a beaucoup trop calomnié jusqu’à présent la nature humaine : les intérêts doivent être considérés comme effets ou comme signes, et non point comme causes. […] Je n’ai pas besoin, je pense, d’avertir que nous écarterons de cet examen toutes les doctrines qui tendent plus ou moins au matérialisme ; et que Locke et Condillac seront eux-mêmes mis hors de cause, à plus forte raison Helvétius et Cabanis. […] On pourrait assigner toutes les périodes et toutes les causes de cette suite de révolutions successives et inaperçues ; mais ce n’est pas ici le lieu.
Car c’est lui, c’est Voltaire, et lui plus que personne, qui est la cause de la longue erreur dont nous nous plaignons. […] Non seulement, comme nous l’avons dit plus haut, ce livre ne remonte pas aux causes qui produisirent la Ligue, mais, de plus, il n’éclaire pas les faits qui suivirent sa dissolution, et qui auraient mieux prouvé, que ses causes encore, combien elle était dans la vérité.
Le prince de Condé lui-même, après avoir défendu la cause du pouvoir, se trouva glorieux de soutenir celle de mademoiselle de Montpensier contre le pouvoir. La galanterie n’était pas la seule cause des variations qui avaient lieu ; la cupidité, la vanité, la turbulence, enfin l’inconstance naturelle à certains caractères et à certaines situations, y avaient part aussi.
Déjà ce qui précède a pu faire entrevoir comment des notions essentielles, telles que celles d’espèce, d’organe, de fonction, de santé et de maladie, de cause et de fin s’y présentent sous des jours tout nouveaux. […] On comprend trop bien l’écart qu’il y a entre de telles causes et de tels effets.
Le mal tient à des causes trop nombreuses, trop invétérées, pour qu’un mieux se produise si vite, en supposant toutefois qu’il puisse se produire. […] Aussi les hommes qui tiennent par tout leur être à la cause du catholicisme, c’est-à-dire de la plus admirable organisation de propagande qui ait jamais existé, distinguèrent-ils d’abord le livre de Nicolas.
La véritable cause des guerres civiles, c’était l’amour de la guerre civile elle-même et l’instinct même, impérieux et impatient, de guerre civile. […] Tout cela est assez vrai ; mais il faut remarquer d’abord, comme je l’ai montré, que le besoin, dans l’esprit de chaque génération, de mépriser la génération précédente n’est pas la seule cause, mais une des causes seulement de l’anticléricalisme français, ce qui fait que quand cette tendance agit en faveur du sentiment religieux, les autres causes d’anticléricalisme subsistent et ont leur effet compensatoire. […] On s’est battu pour cause de religion et sous prétexte de religion. […] Je ne puis pas m’empêcher de croire que la loi de 1875 soit une des causes au moins de cet heureux changement. […] Il est vrai que, selon toute apparence, la France aura disparu auparavant ; mais je ne voulais démontrer que ceci qu’en cette question encore, ce qui paraît le défaut de la mesure prise en est justement l’esprit directeur et la cause efficiente et aussi la cause finale.
Il est donc évident d’après cela qu’une même espèce peut quelquefois naître ou se reproduire, soit d’une seule espèce antérieure, soit de deux espèces proche-alliées, dans plusieurs districts très séparés, mais présentant des conditions de vie analogues et des causes de variation sinon identiques, du moins équivalentes. […] Alph. de Candolle, l’altitude peut avoir en certains cas compensé la latitude pour rétablir l’identité des conditions de vie et des causes de variations par sélection naturelle. […] Pour supposer avec quelque droit d’aussi grands effets et surtout des effets aussi généraux, il faut au moins en entrevoir les causes probables. […] Il en faut donc toujours revenir à chercher hors du globe terrestre, dans les mouvements périodiques des astres, les causes des variations climatériques à la surface de la terre. […] Dans l’état actuel des choses, et les mouvements connus de notre système planétaire étant supposés constants, aucune cause astronomique ne peut changer les climats sur un méridien quelconque, sans qu’un changement correspondant se fasse sentir sur tous les autres : et si de grandes modifications, dans la distribution relative des terres et des mers, peuvent avoir jusqu’à certain point ce résultat, une pareille cause ne saurait avoir des effets assez puissants pour expliquer les divers phénomènes glaciaires.
Cette cause est la fatigue de la génération actuelle. […] A cette cause générale des phénomènes pathologiques contemporains s’ajoute encore en France une cause particulière. […] Le contraste est la troisième cause d’association des idées. […] En attendant, elle ne parle pas de la cause première des phénomènes, tant qu’elle a encore un si grand nombre de causes proches à étudier. […] A l’unité de cause répond une unité d’effet.
Il importe de voir s’il y a eu entre les deux ordres de phénomènes dont nous suivons la marche, non seulement une corrélation étroite, mais aussi des rapports de cause à effet. […] Si l’on étudie les causes qui ont amené au siècle dernier la Révolution française, on rencontre parmi les plus puissantes l’influence des écrivains. […] Si l’on étudie, au contraire, les causes qui ont amené en notre siècle la transformation de la littérature française, on rencontre parmi les plus puissantes l’influence de la Révolution. […] Napoléon, à Sainte-Hélène, écrivant pour la postérité et plaidant sa cause sans en avoir l’air, se vante d’avoir récompensé tous les mérites, encouragé le libre développement de toutes les facultés. […] Une œuvre semblable s’est accomplie sous l’influence des mêmes causes en Angleterre et en Allemagne.
Cette tragédie, toute composée de lambeaux mal cousus d’Eschyle, d’Euripide et de Sénèque, qui avaient traité avant Racine le même sujet, ne fut excusée qu’à cause des beaux vers et de la jeunesse du poète. […] Il y a à cela trois causes qui sont dans la nature même du drame ou de la tragédie. […] La seconde de ces causes, c’est que le poète tragique est privé, par la nature même de son sujet et par le dialogue pressé qu’il établit entre ses personnages, de toute la partie descriptive de la poésie, c’est-à-dire d’un des plus grands charmes du poème. […] Peut-on dire qu’avec ces trois causes d’infériorité relative dans le cadre même de son œuvre, le poète épique, qui peint et qui chante la nature entière et l’homme tout entier, n’est pas supérieur, non pas en génie, mais en genre et en charme au poète de théâtre ? […] juge ta cause, et déploie aujourd’hui Ce bras, ce même bras qui combattait pour lui, Lorsque des nations à sa perte animées Le Rhin vit tant de fois disperser les armées.
Je ne crois pouvoir rien ajouter à ce qu’il dit sur la véritable cause de la décadence des esprits ; c’est son plus remarquable chapitre. […] Une certaine chaleur inspiratrice, un je ne sais quoi d’enflammé, en est la vie ; cause indéfinissable, inconnue, que je n’ai pas la prétention de sonder. […] Cette coutume qu’avaient les poètes grecs de se borner à des sujets nationaux, fut une des causes de la vérité de leurs peintures et de la supériorité que nous y admirons. […] Par cette cause, le monstre marin, que Neptune déchaîne à la voix de Thésée contre son fils Hippolyte, rend sa mort dramatiquement vraisemblable. […] Si deux ennemis s’entre-tuent, ou qu’un hasard subit cause la mort d’un individu, la pitié ne naîtra point ou sera trop passagère.
Ses vêtements ne la cachent pas sans mouler sur elle leurs contours ; elle est visible et claire dans les expressions qu’elle s’est données et dont elle est le lien, la cause, la raison d’être ; comme un monarque asiatique, la pensée reste invisible ; elle agit par des représentants qui ont reçu d’elle mandat et puissance et dont l’accord révèle sa réalité. […] Ces deux effets opposés ne peuvent avoir dans la succession psychique consciente une seule et même cause ; pour que les idées conservent entre elles leurs rapports logiques, il faut que toutes, même les plus effacées, présentent à la conscience leur aspect spécifique, au moins pendant un instant très court, mais non pas nul, et à un degré si faible que l’on voudra, pourvu qu’il soit positif. […] L’analogie n’est-elle pas la cause finale de certains phénomènes linguistiques, et ne concourt-elle pas avec les autres lois phonétiques aux modifications insensibles dont les dictionnaires fixent tardivement les effets lentement accumulés ? […] L’esprit critique s’en défend plus rigoureusement : elle est souvent la cause secrète des illusions qu’il cherche à dévoiler chez autrui ; il est donc conséquent avec lui-même lorsqu’il se refuse à l’employer. […] Notre expérience ne nous en fournit pas du phénomène contraire : un suscité faible révélé par un suscitant fort ; cela tient sans doute à ce que l’esprit qui réfléchit et qui observe va plus volontiers de l’effet à la cause que de la cause à l’effet.
Paris, sur tous ces points, a eu raison et gain de cause ; et tantôt corrigeant la Cour, tantôt l’imitant et rivalisant avec elle, il contribuait au moins de moitié à vérifier et confirmer cette remarque de Vaugelas : « Notre langue se perfectionne tous les jours ; elle cherche une de ses plus grandes perfections dans la douceur. » Sur la locution A présent, Vaugelas nous apprend une particularité assez étrange : « Je sais bien que tout Paris le dit, et que la plupart de nos meilleurs écrivains en usent ; mais je sais aussi que cette façon de parler n’est point de la Cour, et j’ai vu quelquefois de nos courtisans, hommes et femmes, qui l’ayant rencontrée dans un livre, d’ailleurs très-élégant, en ont soudain quitté la lecture, comme faisant par là un mauvais jugement du langage de l’auteur. » Vaugelas indique comme équivalent et à l’abri de toute critique A cette heure, Maintenant, Aujourd’hui, Présentement ; mais A présent, qui vaut certes Présentement, l’a emporté et s’est, maintenu malgré la Cour. […] Ainsi, pour le mot Fronde, Vaugelas se croyait encore obligé, en 1647, de bien fixer la manière de dire ; car beaucoup disaient Fonde, conformément à l’étymologie et à cause du latin Funda. […] Et dès lors j’en fis ce jugement, qui se peut faire en beaucoup d’autres mots, qu’à cause qu’on en avait besoin et qu’il était commode, il ne manquerait pas de s’établir. » Arnauld avait risqué le mot d’Exacteté dans son livre de la Fréquente Communion (1643), se réglant en cela sur les terminaisons en usage dans les mots de Netteté, Sainteté, Honnêteté ; mais, se voyant à peu près seul, il se rétracta depuis et revint à Exactitude. […] Cette réponse qu’on lui arrache est une sorte de réclamation dernière faite pour l’acquit de sa conscience plus encore que pour l’honneur de la cause. […] Et moi je dis : une cause est perdue quand elle a de tels avocats.
Le lieutenant général Mayenne se baisse vers le légat, et lui dit à l’oreille « Ce fol icy gastera tout le mystère. » Excellent trait, qui atteint à la fois les chefs et les auxiliaires d’une mauvaise cause. […] De là, l’illusion de quelques personnes de notre temps, auxquelles il paraît que le xviie siècle en a moins su que le xvie sur ce grand sujet, et qu’il y a plus d’idées au temps de Montaigne qu’au temps de Bossuet ; véritable illusion d’optique, si cela peut se dire, dont la cause est une certaine disposition d’esprit propre à notre siècle, et qui lui est commune avec le xvie siècle. […] En politique, nous tâtonnons entre différents principes, tous mal notés, soit à cause des excès qui en ont déshonoré l’application, soit à cause de leur impuissance à retenir les nations sur cette pente qui les précipite vers le mal, par l’ardeur du mieux. […] Ce que dit Montaigne des causes qui déterminent sa volonté, de ces incertitudes où il faut si peu de chose pour le décider à jeter, comme il dit, sa plume au vent, peint naïvement les misères de cette liberté de l’intelligence qui résiste à un principe de morale universelle, et qui abdique devant une pointe ! […] Seulement, ce qu’il y a de sérieux dans celui de Charron, et par là même d’inconséquent, est la cause de l’impression équivoque que nous recevons de la lecture de son traité.
C’est là une des causes de la popularité de La Fontaine, la plus grande popularité littéraire des temps modernes, et certainement de notre pays. […] J’ai indiqué une des causes de cette popularité. […] Voilà bien des causes de la popularité de La Fontaine. […] Je n’ai pas épuisé toutes les causes de la popularité de La Fontaine. […] Il l’est par cet esprit sensé qui proportionne ses émotions à leur cause, droit, sincère, aimant la liberté pour soi et pour autrui ; s’arrêtant en beaucoup de choses au doute, à cause de la douceur de cet état ; plus vif que passionné ; hors de toute grimace comme de tout sentiment excessif ; sensible sans transports ; tenant le milieu en tout dans la spéculation et dans la conduite ; un second Montaigne, mais plus doux, plus aimable, plus naïf que le premier.