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464. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Eugénie de Guérin, Reliquiae, publié par Jules Barbey d’Aurevilly et G.-S. Trébutien, Caen, imprimerie de Hardel, 1855, 1 vol. in-18, imprimé à petit nombre ; ne se vend pas. » pp. 331-247

Après Paris, où plaisirs et peines au moins se rencontrent, terre et ciel, le reste est vide. […] Il y a des moments où, n’était son père, elle penserait à se faire sœur de charité : « Au moins ma vie serait utile.

465. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Les Saints Évangiles, traduction par Le Maistre de Saci. Paris, Imprimerie Impériale, 1862 »

Sans entrer ici (ce qui me conviendrait moins qu’à personne) dans aucune des questions controversées entre les savants et les théologiens des diverses communions et en me gardant pour vingt raisons excellentes d’aller m’y heurter, il est bien clair à mes yeux, comme aux yeux de tout le monde, que puisqu’il y a quatre Évangiles canoniques et non pas un seul, il y a des différences, au moins apparentes, entre ces Évangiles également reçus, et il a été de tout temps réputé utile de s’en rendre compte pour se former une idée plus exacte, plus suivie et mieux ordonnée, de la vie et de la prédication de Jésus. […] Mais le christianisme en soi, dans son essence, dans sa valeur morale intrinsèque, ne dépend pas de formes plus ou moins historiques ou politiques, qui se sont souvent modifiées et qui peuvent se modifier encore ; et sans sortir des Évangiles mêmes, en les relisant, en reportant surtout sa pensée, comme je l’ai fait aujourd’hui, sur les discours de Jésus, sur cet incomparable Sermon de la montagne, le premier et le plus beau de tous, on est amené à dire avec un des amis de Pascal : « Quand il n’y aurait point de prophéties pour Jésus-Christ, et qu’il serait sans miracles, il y a quelque chose de si divin dans sa doctrine et dans sa vie, qu’il en faut au moins être charmé ; et que comme il n’y a ni véritable vertu, ni droiture de cœur sans l’amour de Jésus-Christ, il n’y a non plus ni hauteur d’intelligence, ni délicatesse de sentiment sans l’admiration de Jésus-Christ. » Cette conclusion, dont se contentaient d’honnêtes gens au xviie  siècle, paraîtra peut-être encore suffisante aujourd’hui.

466. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Préface »

Louis Blanc y écrivait, et que c’était au moins une feuille d’un radicalisme impartial, sans parti pris ni passion : orléaniste n’en restait pas moins l’injure tombée de haut, à la veille du triomphe des anciens partis qu’elle caractérisait le mieux4. […] En vain invoquait-on des raisons matérielles en faveur du Journal officiel : il allait s’organiser mieux, disait-on, dans la suite, et peu à peu ; il fallait lui laisser le temps ; il paraîtrait au moins mieux imprimé. — M. 

467. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. LE COMTE MOLÉ (Réception à l’Académie.) » pp. 190-210

Pas un mot de politique, ceci seulement : quand on est bien persuadé (et c’est peut-être fort triste) que l’art de gouverner les hommes n’a pas dû changer malgré nos grands progrès, et que, moyennant ou nonobstant les divers appareils plus ou moins représentatifs et soi-disant vrais, au fond cet art, ce grand art, et le premier de tous, de mener la société à bien, de la conserver d’abord, de l’améliorer et de l’agrandir s’il se peut, ne se pratique jamais directement avec succès qu’en vertu de certains résultats secrets d’expérience, très-rigoureux, très-sévères dans leur équité, très-peu optimistes enfin, on en vient à être, non pas indifférent, mais assez indulgent pour les oppositions de systèmes plus apparentes que réelles, et à accorder beaucoup, au moins quand on n’est que simple amateur, à la façon : je rentre, on le voit, en pleine littérature. […] Ils appartiennent, au moins depuis quelques années, à des systèmes opposés et qui se sont combattus ; l’origine de leurs idées semblait les destiner à se combattre bien plus nettement encore.

468. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Notes sur l’Ancien-Régime »

Selon le duc de Lévis (Souvenirs, 156), il rapporte au moins 600 000 livres de rente. […] Je trouve qu’elle rapporte aux moines seuls 30 000 livres, et la part de l’abbé est toujours au moins égale (De l’État religieux, par les abbés Bonnefoi et Bernard, 1784).

469. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre I. La lutte philosophique »

Mais au moins ce sont des caractères, ce sont deux grands honnêtes gens, avec leur esprit étroit et obstiné ; ils savent souffrir pour le bien. […] Tout ce qui a l’esprit ouvert et généreux est entamé par leurs doctrines, séduit au moins par quelque portion de leur idéal.

470. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « La comtesse Diane »

Par la forme même de son livre, par la disposition typographique qui, isolant chaque pensée, nous la présente comme souverainement importante et nous la propose pour sujet de méditation, l’auteur semble prendre envers nous cet engagement que chacun de ces brefs alinéas supposera et résumera une masse considérable d’observations particulières, en contiendra tout le suc, sera l’équivalent d’un roman, d’une comédie, tout au moins d’un sermon ou d’une chronique. […] Les trois quarts au moins de ses maximes sont d’une qualité tout à fait rare.

471. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Alphonse Daudet  »

Mais l’homme peut au moins, dans son humble mesure, participer à ce plaisir divin ; et M.  […] Au moins on voit tout de suite ce qu’ils sont, et ils font la joie de la critique, hostile ou enthousiaste.

472. (1914) Enquête : L’Académie française (Les Marges)

Dans tous les cas, l’Académie actuelle égale au moins celle de Richelieu ; elle ne possède point, qu’il me semble, de Boisrobert. — Non, elle ne va plus jusque-là. […] Pensez-donc : ils sont quarante, et trente-cinq au moins — il y a toujours des morts — aiment la grisaille.

473. (1899) Le préjugé de la vie de bohème (article de la Revue des Revues) pp. 459-469

Le livre de Murger a enraciné dans toute la classe bourgeoise l’idée tenace que l’artiste est sale, vêtu de feutres mous, de pantalons à carreaux, de cravates à la Colin, qu’il ne paie jamais un fournisseur, qu’il est mal élevé, même s’il est de bonne famille, et qu’en somme c’est un individu taré, d’une tare spéciale, curieuse : celle d’avoir au moins un détail baroque dans sa tenue et un détraquement cérébral partiel. […] Mais ils partent au moins d’un principe plus intéressant que le débraillement intellectuel et physique, ils partent de la résolution de garder une retenue.

474. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Les regrets. » pp. 397-413

L’autre jour, j’entendais causer un homme de grand esprit, un ancien ministre de l’Instruction publique sous Louis-Philippe, et qui a, durant des années, administré, sous un titre ou sous un autre, cette branche importante du pouvoir ; il critiquait les innovations récentes apportées dans l’enseignement ; et, sur quelques observations générales qui lui étaient faites, et qui méritaient au moins d’être écoutées : « Je crois à la vérité absolue, s’écria-t-il en rompant la conversation, je crois au bien. » Il appelait apparemment le bien ce qu’il avait fait ; le mal, c’était ce que faisaient les autres. […] Mais qu’il tombe : le soir même de la disgrâce, m’assure-t-on, subitement, rudement, avec une brutalité dont je n’ai jamais été témoin, le vide se fait autour de lui ; quand je dis le soir, ce n’est peut-être que le lendemain ; car je ne puis supposer que, pour la forme, quelques politesses au moins n’arrivent pas ; puis, la cérémonie faite, il ne reste que les amis.

475. (1903) Zola pp. 3-31

Zola écrivait comme le Méridional parle, par besoin naturel et sans se préoccuper de ce qu’il aurait à mettre dans ses écritures pour qu’elles eussent de la solidité et parussent au moins contenir quelque chose. […] Anatole France fut le plus dur, comme étant, de tous, le plus délicat, le plus délié, le plus subtil, et tout au moins, aussi lettré que tous les autres.

476. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre III : La science — Chapitre I : De la méthode en général »

Il s’agit de savoir si le philosophe n’est jamais que la mouche du coche, résumant sous une forme vague et abstraite les solides découvertes des savants, ou s’il est, non pas sans doute un révélateur tombé du ciel sans précédents et sans contemporains, mais au moins un précurseur anticipant sur l’avenir, et généralisant d’avance ce que la science positive réalisera et démontrera. […] Claude Bernard en cette question, nous ne voulons pas affaiblir la valeur de son témoignage, car on comprend la différence qu’il y a entre une opinion spéculative, comme celle de quelques philosophes qui n’ont pas pratiqué la science elle-même, ou encore de quelques savants tels que Hartley ou Lesage, trop portés eux-mêmes aux vaines hypothèses, et l’opinion autorisée d’un savant éminemment doué du génie expérimental, dont la gloire est précisément d’avoir donné à l’expérimentation, au moins en physiologie, une rigueur et une précision dont on ne la croyait pas susceptible.

477. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre IV : La philosophie — I. La métaphysique spiritualiste au xixe  siècle — Chapitre I : Principe de la métaphysique spiritualiste »

Non, l’être que je sens en moi est un être actif, éternellement tendu, aspirant sans cesse à passer d’un état à l’autre : c’est un effort ou au moins une tendance, à un moindre degré encore une attente, mais toujours quelque chose tourné vers l’avenir, une anticipation perpétuelle d’être, et en quelque sorte une prélibation de l’avenir. […] Elle a ou paraît avoir des intermittences, tout au moins des relâchements et des rémissions, tantôt d’une manière périodique et normale, comme dans le passage de la veille au sommeil, tantôt d’une manière accidentelle, comme dans l’évanouissement, l’extase, l’imbécillité.

478. (1912) L’art de lire « Chapitre IV. Les pièces de théâtre »

Vous observerez que nos tragiques du XVIe siècle font parler leurs personnages tous de la même façon et qu’il en résulte une monotonie cruelle ; que Corneille est excellent pour donner à Félix, à Stratonice, à Polyeucte et à Sévère des styles qu’on ne peut pas confondre ; que Racine, quoiqu’il y faille de meilleurs yeux, par des nuances, au moins très sensibles, sait fort bien distinguer le langage de Néron de celui de Narcisse, et aussi de celui d’Agrippine. […] Et lorsque j’ai voulu moi-même vous forcer A refuser l’hymen qu’on venait d’annoncer, Qu’est-ce que cette instance a dû vous faire entendre, Que l’intérêt qu’en vous on s’avise de prendre, Et l’ennui qu’on aurait que ce nœud qu’on résout, Vint au moins partager un cœur que l’on veut tout.

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