Pendant que j’attendais, chez Mlle Céleste, que ma métamorphose fût achevée, la bonté de M. […] J’ai tant joui dans cette vie, que je n’ai vraiment pas le droit de réclamer une compensation d’outre-tombe ; c’est pour d’autres raisons que je me fâche parfois contre la mort ; elle est égalitaire à un degré qui m’irrite ; c’est une démocrate qui nous traite à coups de dynamite ; elle devrait au moins attendre, prendre notre heure, se mettre à notre disposition.
Et les autres, dont j’attendais des distractions, m’ennuient autant que moi. […] Mais il faut, pour cela, — attendre !
Le paysan suisse attend son ennemi, tenant en main l’arc et les flèches qui, après avoir servi l’amour paternel, doivent maintenant servir la vengeance. […] Thécla ne peut lutter ni céder : elle aime et elle attend.
Né avec des aptitudes pour l’histoire dont il n’a pas tiré le grand parti qu’on pouvait attendre, élevé d’horizon, mais superficiel ; d’un coup d’œil pressé comme l’est le coup d’œil d’un homme du xixe siècle, d’un de ces hommes chauffés à la vapeur de leur temps, qui manquent le fini dans les arts et, dans l’histoire, brusquent l’exactitude et atteignent rarement la profondeur, M. […] Il l’avait longtemps savourée, et, puisqu’il la publiait enfin, nous étions en droit de nous attendre à quelque chose de hardi et de distingué, par son audace même, de toutes les autres hardiesses auxquelles l’auteur nous avait accoutumés.
L’Église anglicane a pour principe et pour coutume de permettre la contradiction sur la présence réelle, attendu qu’elle veut, dans un but très politique, il est vrai, mais peu religieux, réunir dans la même communion et ceux qui y croient et ceux qui n’y croient pas6. […] « Chacun montrait ses cheveux blancs au doigt, — disait Hall, — et murmurait : Quand cette neige fondra, il y aura un débordement. » La neige s’est fondue, mais le débordement s’est fait assez longtemps attendre.
Au lieu de ce sceptre équitable, de ce soin de cueillir la fleur des plus hautes vertus, de cette patience à supporter la plainte, de cet amour de la justice et des arts, dont Pindare félicitait Hiéron, au lieu de ces lois justes et de cette liberté paisible qu’il attendait du roi d’Etna, fils d’Hiéron, ce que Callimaque célèbre dans Ptolémée, c’est la rapidité de la puissance arbitraire, ce sont ces images, empruntées à l’Orient, d’une volonté suprême aussi promptement obéie que connue. […] Mais c’est de Jupiter que j’attends la vertu. » Rien, ce semble, de plus élégant que le style de l’original, dans cet hymne de cour.
Le père Lhéry en bas blancs, en culotte rayée, en gilet à fleurs, avec ses cheveux noués en queue, attend béatement l’heure, les mains sur les genoux, et se chauffe par habitude.
Jusqu’à ce moment ses palettes incertaines se chargeaient de couleurs, ses imaginations se heurtaient sans prendre corps, sa muse ne trouvait pas jour ; il attendait.
Nous-même, nous n’avions pas attendu le jour fatal pour essayer de caractériser cette veine si abondante et si vive, cet esprit si souple et si coloré, ce merveilleux talent de nature et de fantaisie191.
Hugo se garde surtout de l’excès de sa force ; qu’à l’heure de la méditation, il sache attendre à loisir ses propres rêves, les laissant venir à lui et s’y abandonnant plutôt que de s’y précipiter ; qu’à l’heure de produire, il se reparte sans cesse aux impressions naïves qu’il veut rendre, les contemple longuement avant de les retracer, et plus d’une fois s’interrompe en les retraçant pour les contempler encore ; que, n’épuisant pas à chaque trait ses couleurs, il approche par degrés de son idéal, et consente, s’il le faut, à rester au-dessous plutôt que de le dépasser, ce qui est la pire manière de ne pas l’atteindre.
André Chénier et Bernardin de Saint-Pierre, seuls, demeurent tout à fait à part : vrais et chastes poètes, artistes exquis et délicats, aimant le beau en lui-même, l’adorant sans autre but que de l’adorer, le cultivant avec mollesse, innocence et une ingénuité curieuse, ils étonnent et consolent à l’extrémité de ce siècle, comme des amis qu’on n’attend pas ; ils gardent discrètement et sauvent dans leur sein les dons les plus charmants de la Muse, aux approches de la tourmente sociale.
On a publié, il y a quelques années, un ouvrage mathématique de Descartes, qu’on ne s’attendait pas à rencontrer : il peut en être ainsi, à plus forte raison, de ses savants prédécesseurs du xvie siècle, de Viète, par exemple.
Je pourrais faire voir cette unité dans Othello ou dans Macbeth : j’aime mieux la rendre sensible dans une des pièces où l’on s’attendrait le moins à la trouver, dans un de ces drames que sa fantaisie découpait dans les vieilles chroniques, et où il ne semblait guère songer à mettre un autre ordre que l’ordre historique des événements : dans Richard III.
Faites venir maintenant Rhadamiste sous le nom et le costume d’un ambassadeur romain : que Zénobie le reconnaisse ; voilà un effet, d’où naîtront : 1° une lutte de sentiments dans l’âme de Zénobie, prise entre le devoir et l’amour ; 2° la jalousie du mari, amoureux de sa femme, et qui, se souvenant de l’avoir assassinée, n’en attend pas beaucoup de retour ; 3° la jalousie de Pharasmane et d’Arsame, que les entrevues de la femme et du mari inquiéteront.
Tous ont tort, excepté les sages qui attendent.