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308. (1765) Essais sur la peinture pour faire suite au salon de 1765 « Tout ce que j’ai compris de ma vie du clair-obscur » pp. 26-33

L’art et l’artiste sont oubliés. […] C’est la lumière générale de la nation qui empêche le souverain, le ministre et l’artiste de faire des sottises. […] Il n’y a pas un artiste qui ne vous dise qu’il sait tout cela mieux que moi.

309. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Topffer »

Emmanuel Kant, qui ne riait guères, du reste, savait bien ce qu’il faisait quand il enlaçait, dans un groupe philosophique digne des plus grands artistes de l’antiquité, les trois génies aimés des hommes : le génie du Rire, du Sommeil et de l’Espérance. […] Cette manière de voir et de reproduire (produire serait peut-être un mot plus vrai), il s’en est servi, il l’a appliquée, mais largement, en artiste vrai, qui ne se bute pas à un système, qui ne se cogne pas, comme un aveugle, à la borne d’un parti pris. […] Cependant, si flatteuse qu’elle soit, lorsque surtout elle est donnée par un artiste et un critique aussi éminent que Sainte-Beuve, cette appellation éclaire-t-elle bien réellement toutes les faces et toutes les ressources du talent d’écrivain de l’auteur des Zig-Zags ?

310. (1863) Le réalisme épique dans le roman pp. 840-860

Flaubert, j’en suis sûr, aiguillonné par ce sentiment d’artiste qu’il est impossible de méconnaître en lui, ne le pense pas davantage. […] Flaubert, est détruit par l’artiste. […] Artiste sérieusement ambitieux, ce n’est point de cette admiration-là que M.  […] sans doute, le style est d’un artiste, et je ne compare pas M.  […] L’artiste, cela est manifeste, vaut infiniment mieux que son livre.

311. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Michelet » pp. 167-205

L’artiste baisse, et si c’est l’artiste, c’est Michelet tout entier ! […] Un peintre de langue, un écrivain, un grand artiste, oui ! un grand artiste en histoire, encore plus qu’un historien. […] Le grand artiste à tête de feu qui nous fascinait du fond du mensonge, est entré dans la peau rude de ce Franc-Comtois grossier. […] Il a eu toujours la puissance de l’odieux et du délicieux au même degré : artiste tendre, homme de parti injuste et souvent cruel, conscience égarée, chrétien détraqué… mais encore chrétien.

312. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « I — L’avenir du naturalisme »

Je trouve nos démocraties d’un intérêt poignant, travaillées par le terrible problème de la loi du travail, si débordantes de souffrance et de courage, de pitié et de charité humaines, qu’un grand artiste ne saurait à les peindre, épuiser son cerveau ni son cœur. […] A part les progrès considérables qu’elle a fait accomplir au langage et la mise en honneur par elle de penseurs et d’artistes réels, l’apport de ce groupe éphémère est plus que médiocre.‌ […] Il est curieux de constater de quelle manière Zola procède dans sa théorie simpliste du monde, pour rétablir la part du génie chez l’artiste ; le postulat dont il se sert est assez faible. […] Je veux dire que la vibration personnelle, passionnée, instinctive, ne s’y fait pas assez souvent sentir et que, par contre, la volonté de l’artiste y occupe trop de place.‌ […] Il n’a jamais goûté la profondeur de la vie, il n’a accumulé aucune de ces sources d’émotion purement personnelle d’où les grands artistes ont tiré le fluide précieux qui fait le sang éclatant et vivant de leurs créations.

313. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Réponse à une lettre de M. Grimm » pp. 205-206

Ses deux paysages avec figures sont de vrais Berghem pour le choix des sites, l’effet et le faire ; sa petite bataille et son pendant tout à fait dans le style de Wouwermans, fins comme les ouvrages de cet artiste. […] Et à tout prendre, je vois qu’il vaut encore mieux pour nos artistes qu’ils soient tombés entre mes mains qu’entre les vôtres.

314. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Deuxième partie. Ce qui peut être objet d’étude scientifique dans une œuvre littéraire — Chapitre IV. Cause immédiate d’une œuvre littéraire. L’auteur. Moyens de le connaître » pp. 57-67

à tous les artistes, lorsqu’il s’écrie12 : Quand je vous livre mon poème, Mon cœur ne le reconnaît plus. […] » Et puis, est-il si rare qu’un artiste se pare et se farde pour le public auquel il veut plaire ? […] Zola, Lemaître, Alphonse Daudet, Rodin, Puvis de Chavannes, Berthelot, c’est-à-dire des écrivains, des artistes, des savants à une investigation méthodique et minutieuse. […] Wechniakoff (Savants et artistes.

315. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Introduction. Du bas-bleuisme contemporain »

Dernièrement, n’avons-nous pas vu une femme d’un talent secondaire, décorée, comme un homme, reconnu grand artiste, ne l’est souvent pas ? […] Les femmes peuvent être et ont été des poëtes, des écrivains et des artistes, dans toutes les civilisations, mais elles ont été des poëtes femmes, des écrivains femmes, des artistes femmes. […] Elles restent donc incommutablement femmes, quand elles se montrent le plus artistes ; et les arts mêmes dans lesquels elles réussissent le mieux, sont ces arts d’expression qu’on pourrait appeler des arts femmes.

316. (1883) Le roman naturaliste

car c’est à ce prix seulement que vivent d’une vie réelle les créations de l’artiste. […] vous retournerez contre nous les scrupules de notre conscience d’artiste ! […] I Avant tout et par-dessus tout, Flaubert fut un artiste : artiste par ses qualités, artiste aussi par ses défauts. […] Et devant vous aussi vous avez la manière de l’artiste. […] Il y eut de cet artiste et de ce bourgeois dans Flaubert.

317. (1767) Salon de 1767 « Dessin. Gravure — Cochin » p. 332

Je ne saurais m’empêcher d’insister sur un autre défaut qui n’est pas celui de l’artiste, c’est que la barbarie et le mauvais goût des vêtemens donnent à ces compositions un aspect bas, ignoble, un faux air de bambochades. […] Et, enragées bêtes que vous êtes, je ne l’exige pas de vous pour faire un nez, une bouche, un œil, mais bien pour saisir dans l’action d’une figure cette loi de sympathie qui dispose de toutes ses parties, et qui en dispose d’une manière qui sera toujours nouvelle pour l’artiste, eût-il été doué de la plus incroyable imagination, et eût-il par devers lui mille ans d’étude.

318. (1859) Cours familier de littérature. VII « XXXVIIe entretien. La littérature des sens. La peinture. Léopold Robert (2e partie) » pp. 5-80

Être compris, pour un artiste, poète, peintre, musicien, statuaire, c’est être obligé. […] D’ailleurs, nous l’avons dit, la physionomie ingrate et le caractère concentré du jeune artiste ne laissaient ni prévoir en lui, ni éclater hors de lui, des sentiments contre lesquels la princesse aurait pu avoir à se défendre. […] Mais le peintre raisonnait en politique comme Platon : c’est le défaut des artistes. […] Il dessine son tombeau d’artiste, symbole des sombres pressentiments qui travaillaient son âme. […] La princesse n’avait donné qu’une tendre amitié au fidèle artiste.

319. (1904) Propos littéraires. Deuxième série

Il faut, pour faire œuvre de grand artiste, croire à son œuvre ! […] quel prodigieux artiste en écritures !  […] Elle traite toujours les anciens en purs artistes. […] Ce n’est donc pas littéralement un but qu’il faut recommander à l’artiste de poursuivre, c’est un but qu’il faut souhaiter que l’artiste atteigne sans l’avoir formellement poursuivi. […] Brunetière a entretenu les artistes sur cette question de l’art pour l’art.

320. (1920) Essais de psychologie contemporaine. Tome I

Il est rare qu’un artiste tout jeune en ait la divination. […] Cet artiste en images était un physiologiste, et ce lyrique un érudit minutieux. […] La portée de la vérité ainsi entrevue par l’artiste fait la portée de son génie. […] Telle est dans cette histoire la part de l’artiste, et même les adversaires de M.  […] Mais ici l’artiste s’accompagne d’un savant sur lequel il s’appuie.

321. (1874) Premiers lundis. Tome II « Poésie — Alphonse Karr. Ce qu’il y a dans une bouteille d’encre, Geneviève. »

Les deux enfants de madame Lauter, après la disparition de son mari, grandissent et deviennent, Léon un artiste charmant, Geneviève une personne adorable et sensible : Albert et Rose, leur cousin et cousine germaine, avec qui ils ont grandi, ont aussi une vive fleur d’âme et de jeunesse. […] A côté des scènes plaisantes d’hôtel garni et d’atelier, d’étudiants en droit et d’artistes, l’auteur sait introduire de fraîches descriptions de la nature, et même de touchantes situations de cœur.

322. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Glatigny, Albert (1839-1873) »

Cependant, comme les hasards nécessaires arrivent toujours, les pérégrinations du comédien errant l’amenèrent à Alençon, où Malassis, l’éditeur artiste qui à ce moment-là n’habitait pas encore Paris, lui donna un recueil de vers quelconque d’un poète contemporain. […] après avoir dévoré, relu ce livre par lequel il avait eu la révélation du vrai langage qu’il était destiné à parler, Glatigny fut du coup, immédiatement et tout de suite, l’admirable rimeur, l’étonnant forgeur de rythmes, l’ouvrier excellent victorieux de toutes les difficultés, l’ingénieux et subtil artiste qu’on a admiré dans les Vignes folles, dans les Flèches d’or, dans le Fer rouge, dans le Bois, dans Vers les saules, dans l’Illustre Brisacier.

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