/ 2170
778. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Deuxième partie. Invention — Chapitre premier. De l’invention dans les sujets particuliers »

Derrière cette vérité, notre Molière en aperçoit une autre, plus universelle, plus humaine, moins étroitement chrétienne : les dons isolément les plus précieux, naissance, beauté, amour, grâce, courage, esprit, intelligence, corrompus par leur assemblage même, tournés eu monstrueuse scélératesse par le dérèglement et l’impunité, et portant pour fruits l’égoïsme féroce, le scepticisme insolent, le libertinage capricieux.

779. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des recueils poétiques — Dédicace, préface et poème liminaire de « La Légende des siècles » (1859) — Préface (1859) »

Plus tard, nous le croyons, lorsque plusieurs autres parties de ce livre auront été publiées, on apercevra le lien qui, dans la conception de l’auteur, rattache la Légende des Siècles à deux autres poëmes, presque terminés à cette heure, et qui en sont, l’un le dénouement, l’autre le couronnement : la Fin de Satan, et Dieu.

780. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Jean-Jacques Ampère »

Je crois apercevoir leurs buts principaux ; leur manière d’y marcher est sage et hardie. […] Il n’a fait qu’effleurer la Laponie, mais l’aperçu qu’il en a tracé est vivant et s’anime, jusque dans sa réalité, d’un souffle de sympathie humaine. […] Je ne sais pourquoi la biographie d’un homme distingué se restreint presque toujours à l’étude de l’esprit et aux travaux qui en dépendent : la sensibilité a ses mystères qui méritent bien aussi une analyse ou du moins un aperçu. […] Ampère, dans les années suivantes, eut l’occasion de se lier plus particulièrement avec les mêmes voyageurs que l’Italie avait fixés, et quand il s’aperçut que sa conversation d’une ou deux heures chaque après-midi était un intérêt, un soulagement, peut-être un besoin pour la délicate malade, il n’y tint pas ; son imagination si voisine de son cœur s’enflamma, et il enchaîna de nouveau sa vie. […] Les assertions anticipées, les aperçus ingénieux et hasardés d’Ampère étaient bien plutôt dans le sens de ce qui s’est vérifié depuis, et les chicanes exacte, mais négatives, de M. 

781. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1865 » pp. 239-332

Cet homme, que je ne connaissais pas, m’entend quand je parle, me regarde et me sourit, enfin s’aperçoit qu’il a quelqu’un à côté de lui… Mais c’est M. de Nesselrode, c’est un Russe, chez lequel subsiste la tradition des aristocraties. […] Là-dessus, comme nous nous levons, en lui témoignant tous nos regrets, il s’écrie qu’il voudrait bien nous rendre service, qu’il a peut-être lu le rôle d’une manière superficielle, qu’il le relira et qu’il verra… Je commence à m’apercevoir que les comédiens sont comédiens chez eux. […] Entre les rideaux on aperçoit un jardinet à tonnelle de marchand de vin de la banlieue. […] et nous pensons à ces petits bouts de rôle, aperçus sur des tables de nuit d’actrices de deux sous, et qui nous faisaient palpiter le cœur. […] » Nous allons au trou du rideau, essayant de voir dans la salle, et n’apercevons, dans une sorte d’éblouissement, qu’une foule très éclairée.

782. (1894) La bataille littéraire. Cinquième série (1889-1890) pp. 1-349

C’était là, assurément, le jeu favori du chien, qui devait le recommencer chaque fois qu’il apercevait les vaches étendues. […] Ce fut d’abord une pensée intermittente reparue chaque fois qu’elle apercevait, soit chez elle, soit ailleurs, la surface polie du cristal redoutable. […] Il s’approcha, fit tourner la clef sans aucun bruit, et, poussant brusquement la porte, il aperçut allongé dans l’eau, les bras flottants et les seins frôlant la surface de leurs fleurs, le plus joli corps de femme qu’il eût aperçu de sa vie. […] Heureux de son esclavage, l’amant reprend sa première chaîne sans s’apercevoir qu’il vient d’en accepter une autre dont le bout est tenu par Élisabeth. […] Je regardai de nouveau dans le ciel et j’aperçus un second soleil, celui-ci d’un beau vert émeraude.

783. (1896) La vie et les livres. Troisième série pp. 1-336

J’aperçois de bons hellénistes, des philologues diligents, qui ont peiné afin de déchirer le voile qui dérobait à nos yeux la radieuse, la charmante antiquité. […] Il eût aperçu, dans ses songes, une Grèce aimable, heureuse de vivre, maîtresse d’éloquence et de sagesse, mais parée et rieuse comme une reine d’Orient. […] C’est seulement en ces circonstances-là, et pour quelques instants, que l’on peut parfois apercevoir dans le cœur de la société, au centre des familles ou entre les deux parties d’un ménage, leur armature à nu, le lien d’argent. […] Voici un aperçu des sommes que les gens de là-bas lui firent payer : un costume de soirée, 120 dollars ; une course en fiacre pour aller dîner en ville, 3 dollars, et 5 s’il s’agit de revenir. […] J’ai admiré la clairvoyance aiguë avec laquelle il aperçoit, dans la complication d’une âme moderne, les péchés originels dont nous portons la peine et les vertus ancestrales qui furent, pour les générations des hommes, un signe de noblesse et d’élection.

784. (1925) Proses datées

On s’en aperçut quand, à la suite de je ne sais quel incident, Leconte de Lisle envoya ses témoins à Anatole France . […] Je m’en aperçus assez vite. […] Cela se voit dans la curieuse vignette que voici : « Nous aperçûmes M. de Lamartine. […] De l’un comme de l’autre, il est trop aisé d’en apercevoir les caractéristiques pour qu’il soit nécessaire de les définir.     […] Demain je serai ailleurs, mais demain, ici, de la fenêtre de ma chambre, on apercevra toujours, à la cime du magnolia, cette fleur que, d’en bas, l’on ne voit pas.

785. (1924) Intérieurs : Baudelaire, Fromentin, Amiel

C’est là le principe d’un renouvellement que nous commençons seulement à apercevoir en quelque ensemble et quelque suite. […] Et au bout de cinq mois de labeur il s’aperçoit qu’il a perdu son temps, que tout ce travail est demeuré à peu près stérile, et qu’il lui faut l’Afrique. […] Amiel a-t-il aperçu cet opérateur au travail ? […] Ce style se développe avec quelque lourdeur et quelque lenteur, mais sa substance est saine, forme une épaisseur d’eau transparente où le regard aperçoit jusqu’au fond les créations délicates de la vie intérieure. […] On aperçoit d’ailleurs le raccord entre cette liberté suprême et le principe du romantisme allemand.

786. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Académie française — Réception de M. de Falloux » pp. 311-316

Patin pour lecteur) a répondu par un compliment fort agréable, comme on en faisait dans l’ancienne Académie, comme on s’en permet trop peu dans la nouvelle, pas trop long, pas du tout théorique, où la fleur est sans épine, où l’anecdote pique sans arrière-pensée, et où les douceurs toutes bienveillantes ne laissent en rien apercevoir ce que M. 

787. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXVI » pp. 256-263

Le seul point d’espérance, le seul grain orageux ou plutôt lumineux qui s’aperçoive à l’horizon et en rompe la monotonie est l’Histoire du Consulat de M.

788. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXXVII » pp. 306-312

Pourtant de notables négligences s’y décèlent par places, et surtout, après le premier volume, on s’aperçoit qu’il y a trop d’abondance et de longueur.

789. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Quatrième partie. Élocution — Chapitre VII. De la propriété des termes. — Répétition des mots. — Synonymes. — Du langage noble »

Que Denys d’Halicarnasse, grammairien subtil, signale dans un discours de Démosthène toutes les figures de la rhétorique ; ce qui loue vraiment l’orateur, c’est que l’auditeur ne les aperçoit pas, et n’y fait pas réflexion, et que ce qui est figuré lui paraît propre : il n’imagine point d’autre moyen de dire ce que l’orateur voulait dire.

790. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Quatrième partie. Élocution — Chapitre IX. Précision, brièveté, netteté »

Nous retrouvons donc ici cette loi que nous avons déjà aperçue tant de fois : dans toutes les parties de la tâche de l’écrivain, la marque éminente de la bonté et de la beauté des choses, c’est la nécessité.

791. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Chirurgie. » pp. 215-222

Vous vous en apercevrez le jour où vous aurez une tumeur ou une fistule.

792. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre V. Harmonies de la religion chrétienne avec les scènes de la nature et les passions du cœur humain. — Chapitre VI. Harmonies morales. — Dévotions populaires. »

Les filles qui ont perdu leurs fiancés, ont souvent, au clair de la lune, aperçu les âmes de ces jeunes hommes dans ce lieu solitaire ; elles ont reconnu leurs voix dans les soupirs de la fontaine.

/ 2170