tableau d’animaux. mauvais animaux, secs et durs ; mauvaises petites figures ; mauvaises montagnes froides et monotones ; tableau détestable.
Aujourd’hui, nous avons à mettre en regard avec le premier le second mérite de Mme de Girardin et à examiner les deux volumes où la femme d’esprit apparaît avec un tel mouvement, un tel étincellement, une telle vie, qu’elle emporte tout, comme l’hirondelle « Emporta toile et tout, « Et l’animal pendant au bout ! » (l’animal pendant au bout, c’est la femme de lettres), et qu’il n’y a plus là, que le triomphant naturel d’une simple femme, non !
Diderot, qui était presque un Allemand du dix-neuvième siècle parmi les Français du dix-huitième, écrivait avec le même aplomb qu’Hegel : « On ne sait pas plus ce que les animaux étaient autrefois qu’on ne sait ce qu’ils deviendront. — L’homme est un clavecin, doué de sensibilité et de mémoire… Que ce clavecin animé et sensible soit doué aussi de la faculté de se nourrir et de se reproduire, et il produira de petits clavecins. » Il disait : « Même substance, différemment organisée, la serinette est de bois, l’homme de chair. » Et encore : « Nos organes ne sont que des animaux distincts que la loi de continuité tient dans une identité générale », et il concluait comme s’il l’avait vu : « Quand on a vu la matière inerte passer à l’état sensible, rien ne doit plus étonner !
trop animal ! L’auteur, qui a sa fierté après tout, a beau se mettre de la famille de Noé vis-à-vis des animaux de l’arche, purs ou impurs, il est englobé, à tout instant, par eux.
L’art est virtuellement dans toute la nature ; la plante et l’animal ne sont pas les seuls êtres qui le contiennent dans leurs harmonies et leurs proportions. […] Et quanti l’homme était encore absent de la terre, quand son œil n’était pas là pour jouir de ces décorations, qu’importe, elles se réfléchissaient dans l’œil des animaux qui la peuplaient, et qui, en harmonie eux-mêmes avec la géométrie divine, goûtaient de cette beauté du monde les rayons qu’ils pouvaient en saisir et qui les animaient, comme encore aujourd’hui, sans qu’ils en eussent conscience, comme l’air qu’ils respirent, la lumière qui les éclaire, la chaleur qui les échauffe, l’orage qui les effraie. Et quand il n’y aurait eu ni hommes ni animaux sur la terre, sa beauté n’en aurait pas moins contenu virtuellement l’art, qui devait se produire quand, par la série du progrès et la marche continue de l’œuvre de Dieu, l’homme apparaîtrait à sa surface. […] De même que dans l’industrie l’homme ne fait que modifier la nature, tailler, greffer, déplacer, ou grouper ce qui est déjà ; ainsi, dans cet art intermédiaire, il ne fait que modifier l’art qui existe déjà, en tailler des débris, en déplacer des portions, greffer dessus quelques inspirations d’un autre âge ; et il n’arrive, la plupart du temps, qu’à défigurer et amoindrir les œuvres sur lesquelles il travaille, comme l’industrie fait souvent d’un animal généreux un animal timide et sans beauté, ou d’un arbre élancé et vigoureux un arbre rabougri ou monstrueux dans sa forme.
Les hommes, en passant d’un habitat chaud dans un habitat froid, se sont couverts de fourrures et non d’une toison : les tribus frugivores ont transporté avec elles le blé dans toute la zone de cette céréale ; l’homme primitif, au lieu de développer en fuyant devant les gros carnivores des qualités extrêmes d’agilité et de ruse, comme tous les animaux désarmés, a inventé les armes. […] Tandis que, soumise à l’action du soleil, une pierre s’échauffe, un animal conserve sa température ou meure, et si l’espèce de cet animal persiste dans une contrée tropicale, ce n’est pas que ces êtres se sont modifiés pour y vivre ; c’est qu’il s’en est trouvé par hasard qui étaient faits de façon à pouvoir durer. […] Binet, la Psychologie du raisonnement [Le psychologue Alfred Binet (1857-1911), ami de Féré et de Ribot, collaborateur de Charcot à l’hôpital de la Salpêtrière, spécialiste du magnétisme animal et de la suggestion, venait de publier sa Psychologie du raisonnement en 1886, sous-titrée « recherches expérimentales sur l’hypnotisme ». […] Rappelons que Binet et Féré venaient tout juste de publier leur livre sur le « magnétisme animal » (Alcan, 1887), relançant le débat sur cette vieille question qui a traversé tout le xixe siècle.
VIII Cependant les chasseurs, aiguillonnés par le pressant besoin de la faim, dépècent un certain nombre de cerfs et autres bêtes fauves qui, échappés à la dent meurtrière des animaux féroces, étaient aussi tombés sous leurs coups. […] » L’écuyer resserre les rênes, un ermite paraît, joignant les mains en signe de supplications pour le pauvre animal. […] Qu’est-ce que l’existence fugitive de ce frêle animal, comparée à la pointe acérée de tes traits ? […] » leur dit-il en langage vulgaire, « ne perdez pas de temps à mettre en sûreté les faibles animaux qui peuplent votre sainte retraite : tout annonce l’approche du roi Douchmanta (c’est lui-même), qui se livre au plaisir de la chasse. » Puis, reprenant le langage des vers, comme cela a lieu dans le drame toutes les fois que l’expression s’élève avec le sentiment ou avec la description : « Déjà », dit-il, « un tourbillon de poussière soulevé par les pieds des chevaux retombe sur vos vêtements d’écorce, tout humides encore et suspendus aux branches où ils achèvent de se sécher, semblables à ces nuées d’insectes qui, par un beau rayon de soleil, viennent s’abattre en foule sur les arbres de la forêt… « … Tenez-vous en garde surtout, ô pieuses ermites, contre cet éléphant sauvage chassé par la meute, qui répand l’effroi dans le cœur des vieillards, des femmes et des enfants ! […] » Sacountala revient sur ses pas, rappelée par sa tendresse pour les animaux favoris qu’elle abandonne.
On n’y retrouve pas les animaux chers au grand Champenois.
Mme Vien met dans ses animaux de la vie et du mouvement.
Mais l’oie est, comme on le sait, un animal sérieux et réfléchi. […] D’un autre côté, voici le péril : quand il verra cette femme accordée à Klimof, il est dans le cas de tout briser et de tout saccager : un animal pareil ! […] Un animal ! […] Mais en face de cet animal… — Va-t’en, dit Gabriel impatienté. » Klimof se retira. […] Une mère n’a pas plus de sollicitude pour ses enfants que Guérassime n’en eut pour l’animal chétif.
La morale de Wagner est, toute, en ces autres commandements ; compâtir, épargner aux animaux, être tempérant, renoncer l’amour sexuel. […] Ne point jurer le serment, ne point manger la viande des animaux, et vaincre, ainsi, éternellement, l’épouvantable Mal ! […] Aux Allemands, Wagner recommande qu’ils renoncent le mauvais désir des nourritures animales, l’intempérance, l’isolement des efforts et des travaux. […] Et Wagner, aussi, nous enseigne vaincre les orgueils : les animaux nous doivent être sacrés, parce que, les traitant mal, nous affirmons notre vaine supériorité égoïste. […] Seule vit notre Ame ; elle crée, seule, nos visions, et les hommes, et les animaux, et les grandes plaines odorantes.
Nul ne sait, à moins d’avoir été bouvier, pasteur, soldat, chasseur ou solitaire comme moi, combien il y a d’amitié entre les animaux et leur maître. […] Cette divinité du foyer, les animaux eux-mêmes l’entendent et la sentent ; car au moment où ma jument aperçut, quoique de si haut et de si loin, les tours du château et les grands prés à droite, où elle avait galopé et pâturé tant de fois dans sa jeunesse, un frisson courut en petits plis de soie sur son encolure ; elle tourna ses naseaux à droite et à gauche en flairant le vent, elle rongea du pied le rocher de granit sur lequel je l’avais arrêtée, elle hennit à ses souvenirs d’enfance, et, lançant deux ou trois ruades de gaieté à mes chiens sans les atteindre, elle bondit sous moi, en essayant de me forcer la main pour s’élancer vers ses chères images. […] Je garde l’âne, ou plutôt l’âne me garde quand les enfants n’y sont pas ; car il est vieux pour un animal presque autant que je suis vieux pour un homme ; il sait que je n’y vois pas, il ne s’écarte jamais trop des chemins ; et quand il veut s’en aller, il se met à braire, ou bien il vient frotter sa tête contre moi tout comme un chien, jusqu’à ce que nous revenions ensemble à la cabane. » — « Mais le jour ne vous paraît-il pas bien long ainsi, tout seul dans les sentiers de la montagne ? […] Je me rappelais père, mère, sœurs, enfance, jeunesse, amis de la maison, contemporains de mes jours de joie et de fête, arbres d’affection, sources abritées, animaux chéris, tout ce qui avait jadis peuplé, animé, vivifié, enchanté pour moi ce vallon, ces prairies, ces bois, ces demeures.
Au lieu que le XVIIe tout imprégné de philosophie cartésienne, mettait l’homme à part de la nature, nous nous sommes replacés au milieu des choses ; nous nous sommes mieux saisis comme une partie intégrante et inséparable de l’univers visible ; nous nous sommes sentis mêlés à tout le reste par nos obscures et profondes origines, plus proches du monde des plantes et des animaux, plus proches de la terre dont nous sortons, et nous l’avons mieux aimée. […] Ce n’est qu’à regret qu’il écrase la mouche qui menace ses ouailles ; et quand il a pris le loup il n’ose le tuer, il le laisse partir ; car Fleuse sait que partout, dans les animaux, dans les insectes, dans les plantes, dans les choses, dans le vent, dans la nuit, il y a des âmes, des esprits inconnus auxquels il ne faut pas toucher : Son idée, que l’analyse n’avait pas affaiblie, qui, en l’absence de toute formule, s’était changée en sentiment, vivait robuste dans ce crépuscule intellectuel : l’idée de l’homme chétif soumis à son grand gardien, l’Invisible. […] Ce bouc qui dénoue le drame redouble encore l’impression d’épouvante et de mystère : il convenait qu’un animal eût un rôle, et un rôle humain, dans une histoire d’hommes si voisins de l’animalité primitive.
Assemblez confusément des objets de toute espèce et de toutes couleurs, du linge, des fruits, des liqueurs du papier, des livres, des étoffes et des animaux, et vous verrez que l’air et la lumière, ces deux harmoniques universels, les accorderont tous, je ne sais comment, par des reflets imperceptibles. […] Au milieu d’une scène atroce, deux animaux se caressent, comme s’ils se félicitaient d’être d’une autre espèce que la nôtre.
Il y a gradation dans l’échelle animale, et même on ignore où elle commence ; il y a saut lorsqu’on arrive à l’homme : la Genèse consacre pour l’homme une création à part. Chaque essence animale souvent y est désignée par un nom collectif, mais les individus en sont séparés ; l’homme seul est un.