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719. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Alphonse Daudet  »

Ô locataire du moulin de Gaspard Mitifio, conteur des contes du lundi, ami du petit Jack et de la petite Désirée, compatriote infidèle de Tartarin, de Numa et de Bompard, historiographe du Nabab et de la reine Frédérique, ô magicien qui savez unir dans une si juste mesure et par un secret si rare la vérité, la fantaisie et la tendresse, ah ! […] Je disais aux platanes : « Adieu, mes chers amis, « et aux bassins : « C’est fini, nous ne nous verrons plus. » Il y avait dans le jardin un grenadier dont les belles fleurs rouges s’épanouissaient au soleil. […] Mais, comme l’explique un damné, « l’air du paradis est fatal à la mémoire : chacun de nous a là-haut un parent, un ami, un frère, une sœur, une mère, une femme ; de ces êtres chéris nous ne pûmes jamais obtenir un regard ». […] Une fillette sortant de Saint-Lazare aperçoit son amant assis, menottes au poing, à l’autre bout du couloir, et fait avec lui un bout de conversation par l’intermédiaire d’un brave homme de garde de Paris : « Dites-y bien que j’ai jamais aimé que lui, que j’en aimerai jamais un autre dans ma vie. » Et quand le garde a fait sa commission : « Qu’est-ce qu’il a dit   Il a dit qu’il était bien malheureux  T’ennuie pas, m’ami… ; les beaux jours reviendront  Va donc ! […] » et le « bon petit déjeuner », et les cerises à l’eau-de-vie, et le bout de conduite fait par le vieux à l’ami de Maurice.

720. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Les regrets. » pp. 397-413

M. de Lally-Tollendal et ses amis s’étaient arrêtés à un certain jour de l’Assemblée constituante ; la justice et la vérité politique se prolongeaient pour eux jusqu’à ce jour-là, et ne subsistaient pas vingt-quatre heures de plus. […] Mais qu’il tombe : le soir même de la disgrâce, m’assure-t-on, subitement, rudement, avec une brutalité dont je n’ai jamais été témoin, le vide se fait autour de lui ; quand je dis le soir, ce n’est peut-être que le lendemain ; car je ne puis supposer que, pour la forme, quelques politesses au moins n’arrivent pas ; puis, la cérémonie faite, il ne reste que les amis. […] Si vous saviez combien de fois il m’avait assuré que nous passerions notre vie ensemble, et que je n’avais pas au monde un meilleur ami que lui ! […] Croiriez-vous cependant que cet homme disgracié trouve encore des amis, et que le meilleur de ces amis soit un homme de lettres ?

721. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Franklin. — II. (Suite.) » pp. 149-166

Au moment de mettre le pied sur le vaisseau, il écrivait agréablement à lord Kames, l’un de ses amis d’Écosse : Je ne puis quitter cette île heureuse et les amis que j’y laisse, sans un extrême regret, bien que ce soit pour aller dans un pays et chez un peuple que j’aime. […] Il sort de Philadelphie, entouré d’une cavalcade d’honneur de trois cents concitoyens qui l’accompagnent jusqu’au port ; et, laissant derrière lui beaucoup d’amis dévoués et aussi bon nombre d’ennemis politiques, il s’embarque encore une fois pour l’Angleterre (novembre 1764). […] Franklin, que j’ai rapproché, pour la forme d’esprit littéraire et scientifique, de ses amis de l’école d’Édimbourg, avait un coin par lequel il en différait notablement : il était passionné et convaincu à ce point que le froid et sceptique David Hume lui trouvait un coin d’esprit de faction, touchant de près au fanatisme. […] Pour l’intérêt de sa cause, et par un procédé qui tenait plus du citoyen que du gentilhomme, il crut, un jour, devoir envoyer à ses amis de Boston des lettres confidentielles qu’on lui avait remises avec assez de mystère, et qui prouvaient que les mesures violentes adoptées par l’Angleterre étaient conseillées par quelques hommes même de l’Amérique, notamment par le gouverneur de l’État de Massachusetts Hutchinson, et par le lieutenant gouverneur Olivier.

722. (1923) Au service de la déesse

Les autres, depuis Rousseau jusqu’à Zola, lui sont des amis autant que des maîtres : de bons amis, de mauvais maîtres ; et il vous les arrange ! […] de Robert Greene et de ses amis. […] Quels amis ? Leurs amis particuliers ? […] Une jeune fille fait le portrait de ses amies.

723. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Quelques « billets du matin. » »

Un des meilleurs, et des mieux doués parmi ceux de mes amis qui sont plus jeunes que moi, Jules Tellier, vient de mourir. […] Mais, comme ils n’y entendent rien, ils sont dupés par les marchands et raillés par leurs amis. […] Partout des figures de connaissance, devenues des figures amies. […] Le sentiment qu’il voue à ses amies est encore un peu l’amour. […] On devine, à certains passages, que le doux poète s’est fait gronder, tout comme un jeune homme, par ses belles amies.

724. (1895) Les confessions littéraires : le vers libre et les poètes. Figaro pp. 101-162

et il y a bien longtemps que nous l’admirons, et il le sait, et il sait où sont ses vrais amis. […] Excusez-moi, cher confrère et ami. […] Mon ami a grand talent ! […] Moréas, se séparant ouvertement de ses anciens amis, institua l’École Romane. […] — Ami, ne cherche plus, tu ne trouverais pas.

725. (1892) Sur Goethe : études critiques de littérature allemande

Parlerai-je de ses amis ? […] Il n’y a de commun entre Henri Heine et ses amis qu’un échange de pensées frivoles. […] Il s’agit de Fink, l’ami d’Antoine, et de Sabine, la sœur de T.  […] Nous sommes devenus sages à présent, Wohlfart ; nous sommes tous deux libres, et c’est pourquoi nous pouvons aller ensemble bras dessus bras dessous comme deux amis, ô vous, mon cher ami !  […] Mon ami, ne deviens jamais amoureux, si cela est possible.

726. (1883) Essais sur la littérature anglaise pp. 1-364

C’est un ami qui vous tient sous le joug, un hôte qui vous écrase sous le poids de son hospitalité. […] Ce chœur d’amis et de camarades se divise infailliblement en deux bandes : la bande des amis sages et studieux, compagnons des heures graves et confidents des peines et des joies sérieuses ; la bande des amis gais et pétulants, compagnons des heures de folie, et complices des joies bruyantes. […] Benvolio est l’ami sage, modéré et prudent, le conseiller, le mentor ; Mercutio est l’ami fou, brillant, amusant, le camarade et le complice. […] Cher ami, qui êtes-vous ? […] Il y en a qui m’appellent un ami : “J’ai été informé par un ami qu’un tel a l’intention de ne pas laisser un seul liard à sa femme, et qu’il n’y a entre eux aucune affection.”

727. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LVI » pp. 215-217

Cette satisfaction et ce plaisir formaient un mélange visible en lui, ce qui faisait dire plaisamment à un de nos amis et compatriotes, le docteur R… qui a suivi de près tout ce débat, que le ministre était vraiment comme l’Andromaque de l’Antiquité, entre un sourire et une larme, δαϰρυόεν γελάσασα. […] Peisse a toujours été très-vanté par ses amis Thiers et autres, comme promettant beaucoup, et qu’il a très-peu produit.

728. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « Conduite de l’action dramatique. » pp. 110-232

Les grands intérêts se réduisent à être en péril de perdre la vie, ou l’honneur, ou la liberté, ou un trône, ou son ami, ou sa maîtresse. […] Tout ce qui se présente, arrive entre des amis, entre des ennemis, ou entre des personnes indifférentes. […] L’importance des intérêts, la grandeur des sacrifices, est encore ici nécessaire : l’amitié seule, ne peut produire de grands mouvements au théâtre que quand un ami sacrifie à son ami un trône, une grande passion, ou même sa vie. […] L’égalité parfaite semble être nécessaire entre les amis, et relever le caractère de l’un et de l’autre. […] Il serait beau de voir le représentant de tous les rois de la Grèce, tutoyé par son ami.

729. (1868) Curiosités esthétiques « V. Salon de 1859 » pp. 245-358

La première fois que j’aperçus son tableau, j’étais avec notre ami commun, M.  […] Ses grands amis de Rome sauront-ils vaincre la rancune impériale ? […] Considérez cela, mon cher ami, et dites-moi ensuite si vous croyez que M.  […] Ici, mon cher ami, je suis obligé, je le crains fort de toucher à une de vos admirations. […] Votre très-dévoué collaborateur et ami.

730. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gui Patin. — I. » pp. 88-109

En retour il promet toutes sortes de bons offices : « J’ai en cette ville deux choses desquelles je me puis vanter, de bons livres et de bons amis, qui sont à votre service. » Gui Patin collectionnait des thèses, son fils Charles sera un grand collectionneur de médailles ; c’est là une passion de famille. […] Bayle, qui parle de lui en cent endroits, a dit dans une lettre à un ami, et corrigeant à l’avance le jugement de Voltaire : « J’ai pris assez de plaisir, moi qui aime ces sortes de personnalités, et qui travaille ex professo à ces recherches, à parcourir les lettres de Gui Patin qui nous sont venues de Genève. » C’est que Bayle était avant tout de cette famille des curieux. […] Quand son ami, le docteur Riolan, publie ses Œuvres in-folio (1649), il est heureux d’en dresser lui-même la table en quelques soirées : « Et comme tout l’ouvrage est parsemé de quantité de choses fort curieuses, j’ai fait en sorte que la table en retînt quelque chose. » Cette table des matières à composer a été un de ses plaisirs2. […] Je vous tiendrai néanmoins toujours pour mon maître, et réputerai à grande faveur d’apprendre de vous, pourvu que ce soit sans ces mots odieux : Sus Minervam, qui sont tout à fait indignes, à mon jugement, d’être proférés entre deux amis de l’un à l’autre. Ce qui est à noter, c’est que lui qui parle de la sorte, il sera prodigue de pareils mots insultants et grossiers, non pas avec ses amis, il est vrai, mais avec les adversaires qu’il rencontre en mainte occasion.

731. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Sénac de Meilhan. — II. (Fin.) » pp. 109-130

Parmi les morceaux les plus distingués du livre, je compte le Fragment de lettre d’une femme qui a substitué avec préméditation la vanité au sentiment, et qui, dans l’art de la vie, ne fait entrer comme principe dominant que l’amour-propre et le plaisir de briller : elle se raconte à une amie et expose son système complet de domination, son code de Machiavel. […] Pendant que Salem, qui a été doué tout au rebours d’Aladin et qui est la perfection de l’homme actif et médiocre, fait son chemin méthodiquement et parvient aux plus hautes places du royaume, Aladin, à qui il arrive mainte mésaventure par imprudence, cède aux conseils de ses amis, et se met à voyager en compagnie du Kalender. […] Il avait la manie de rester au lit des journées entières, et prétendait qu’il n’avait plus la force d’en sortir : Sortez donc quelquefois, mon cher ami, lui écrivait le prince de Ligne : si je pouvais être tous les jours chez vous avec un récipient pour toutes les idées que vous jetez en l’air, je ne demanderais pas mieux ; mais vous jetez bien des perles aux pieds de ces messieurs qui vont chez vous. […] Craufurd, un Anglais ami de la France et de notre littérature, sur laquelle il a publié des Essais, acheta pour cent louis, de M. de Meilhan, je ne sais quels manuscrits : c’est sans doute ce qu’il a publié depuis, des anecdotes originales sur M. de Choiseul, sur le Dauphin, sur cette cour de Louis XV que M. de Meilhan avait connue près de son père et par les escaliers dérobés. […] Voyez le père, l’époux, le voisin et l’ami dans sa vie privée, et repentez-vous.

732. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Œuvres de Louise Labé, la Belle Cordière. »

Boulmier, qui est solide et même ferré sur ces matières du xvie  siècle, avait annoncé, de plus, le dessein de réhabiliter Salmon Macrin, un poète latin dans le genre lyrique, contemporain et ami de Du Bellay, de Ronsard et autres novateurs, et il semblait se réserver de lui découvrir une certaine influence occulte, et non encore reconnue, sur le développement de la poésie française ; je ne vois pas qu’il ait mis jusqu’ici à exécution ce projet et cette promesse qu’il avait jetée d’un air de défi ou de paradoxe. Je ne ferai que citer à la file nombre de ces tentatives moins ambitieuses de réhabilitation, ou plutôt de ces exhumations toutes provinciales de poètes du xvie  siècle : Alexandre, surnommé le Sylvain de Flandre, et dont le vrai nom était Van den Bussche, qui vint en France à la Cour des Valois, se polir, se galantiser, rimer dans le goût, du temps et mériter ce nouveau nom travesti de Sylvain ; qui fut mis en prison pourtant l’année même de la Saint-Barthélemy, et peut-être pour n’en avoir pas approuvé les horreurs54 ; — et Blaise Hory, un poète Suisse de Neufchâtel, pasteur d’un petit village bernois55, — et Loys Papon, chanoine de Mont-brison, cher aux Forésiens et aux bibliophiles plus à bon droit qu’aux poètes56 ; — et Julien Riqueur de Séez, l’ami de Bertaut57 ; — et Guy de Tours58 ; — et André de Rivaudeau, le poitevin59, etc., etc. : — et Nicolas Ellain, poète parisien, aussi enterré qu’un poète de province60. — Enfin, nous attendons de jour en jour Pierre de Brach, le poète bordelais, l’ami de Montaigne, que le jeune érudit, M.  […] De méchantes langues se sont raillées de lui, et un aimable poète du temps, ami de Joachim du Bellay, Olivier de Magny, qui vit beaucoup la belle Louise à son passage à Lyon, à son aller en Italie ou à son retour, a fait ces vers à Sire Aymon : Si je voulais par quelque effort Pourchasser la perte ou la mort Du Sire Aymon, et j’eusse envie Que sa femme lui fût ravie. […] Il en était ainsi d’Étienne de La Boétie, à sa manière, et les sonnets de Louise me remettent directement en mémoire le meilleur de ceux que Montaigne nous a transmis et conservés de son ami, au nombre de vingt-neuf. […] Quand tout nous rejetait, le néant et la vie, Tes bras compatissans, ô notre unique amie !

733. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Horace Vernet (suite.) »

Un jour, après juillet 1830, comme il en était venu à un degré de gêne extrême ou plutôt de détresse qui sautait aux yeux, et qui s’accusait même d’une façon cynique, un de ses amis lui dit : « Que n’écris-tu ce que tu dis tout le long du jour ? […] Il y a des hommes qui causent d’une manière, qui écrivent d’une autre, qui sont plus familiers avec les amis, plus réservés dans le monde et avec les étrangers, qui ont plus d’un ton à leur usage : ce sont des esprits à plusieurs tiroirs. […] Il écrit donc à sa femme et à ses amis comme il aurait causé avec eux, et cette sincérité, telle quelle, est incomparable. […] Mais il est arrivé à Bone ; il est logé, installé chez Yusuf, lequel, en légère disgrâce, est pendant ce temps-là à Paris ; il voit les amis d’Yusuf, la première Mlle Yusuf, une musulmane aux longs yeux pleins de douceur et de mélancolie, et qui lui a cédé la maison ; il s’inquiète d’abord de l’avenir de son ami, et donne de bons avis sur les hommes, sur les gouverneurs présents et passés, des jugements qui ne seraient pas tous à reproduire ici. […] Les lions, les hyènes et les chacals se chargeaient de la musique et se disputaient dans l’ombre les mules et les chevaux que nous laissions derrière nous sur la route ; car, ma chère amie, tu ne peux te faire une idée de la quantité de ces pauvres animaux qu’on abandonne, faute de pouvoir les nourrir.

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