Mais dans les colères mêmes de Joseph de Maistre il y a fort à distinguer ; il y a la colère contre les amis, laquelle est d’une nature et d’une qualité particulière, ce qu’il appelle la colère de l’amour. […] Un jour douze cents Espagnols incorporés dans la grande armée désertent et arrivent au camp russe gelés, affamés ; on les traite en amis, on les caserne par ordre de l’empereur de Russie, et dans les plaines de Czarko-Zélo, le ministre d’Espagne en résidence à Pétersbourg leur fait prêter serment à leur souverain Ferdinand VII, à la Constitution et au Roi, c’est la formule : le ministre d’Espagne, dans un discours très chaud, célèbre le prix inestimable de la liberté civile. […] L’un est de convention et tout en compliments et en grands mots ; il ne parle que de confiance parfaite, de reconnaissance sans bornes, d’augustes amis, de hautes puissances, etc., etc. ; je sais cette langue aussi bien qu’un autre, et je la vénère comme bonne dans l’usage commun et extérieur.
Un de mes amis, qui n’est pas Français, il est vrai, et qui est sévère pour notre littérature, me disait à ce propos : « N’avez-vous pas remarqué ? […] Que si je semble disposé, cette fois, à ne rien passer à un auteur si distingué et qui est de mes amis, c’est qu’il n’est pas de ces talents dont on a dès longtemps fait son deuil pour leurs défauts, et qu’on prend tels quels, en bloc, sans plus espérer désormais de les modifier. […] S’il lui arrivait seulement de tenir compte, dans un livre futur, d’une ou deux observations essentielles que nous lui aurions faites avec tout un public ami, ce serait un résultat.
Quinet qui, jusque-là, voyageur panthéiste et rêveur, s’était un peu abîmé en présence de la nature, transporta dans la vue des temps et de l’histoire sa pensée amie des interprétations et des symboles. […] Toutefois, Français de la tradition grecque et latine rajeunie, mais non brisée, ami surtout de la culture polie, studieuse, élaborée et perfectionnée, de la poésie des siècles d’Auguste, et, à leur défaut, des époques de Renaissance, le lendemain matin qui suit le jour de cette lecture, je reprends (tombant dans l’excès contraire sans doute) une ode latine en vers saphiques de Gray à son ami West, une dissertation d’Andrieux sur quelques points de la diction de Corneille, voire même les remarques grammaticales de d’Olivet sur Racine ; et aussi je me mets à goûter à loisir, et à retourner en tous sens, au plus pur rayon de l’aurore. le plus cristallin des sonnets de Pétrarque.
Mais, au milieu de ces études paisibles, de ces méditations solitaires, de ces reproductions naïves des anciens chefs-d’œuvre, survint l’invasion de 1815, qui brisa le cœur du jeune poëte comme celui de tous les amis de la France. […] Seulement je ne comprends pas encore pourquoi le poëte a fait précéder sa consultation par cet incroyable discours dans lequel un ami, en sa qualité de peintre apparemment, se met à décrire tous les sites des environs. […] Pour avoir connu la popularité, pour s’y être livré, et pour lui avoir ensuite résisté un seul jour, Édouard a perdu sa situation politique, sa maîtresse, son ami : il lui reste sa conscience et la bénédiction de son père.
Un de nos amis les plus chers, qui, pour être romantique, à ce qu’on dit, n’en garde pas moins à Racine un respect profond et un sincère amour, a essayé de retracer l’état intérieur de cette belle âme dans une pièce de vers qu’il ne nous est pas permis de louer, mais que nous insérons ici comme achevant de mettre en lumière notre point de vue critique. […] Dans un très-beau cantique sur la Charité, imité de saint Paul, il dit lui-même, en des termes assez semblables, et dont notre ami paraît s’être souvenu : En vain je parlerais le langage des Anges, En vain, mon Dieu, de tes louanges Je remplirois tout l’univers : Sans amour ma gloire n’égale Que la gloire de la cymbale, Qui d’un vain bruit frappe les airs. […] Du temps de Racine, Fénelon, son ami, son admirateur, et qui semble un de ses parents les plus proches par le génie, écrivait de Molière : « En pensant bien, il parle souvent mal.
Comme on préparait, vers le temps de sa mort, une nouvelle édition de ses Voyages, et que l’un de ses amis avait songé que ce pourrait être une occasion de faire appel à la justice, il écrivait (8 janvier 1852) : En résumé, mon cher ami, je vous le répète, celle publication me fera plaisir, et j’espère qu’elle me donnera quelque jouissance. […] S’il en était autrement, j’en serais bien aise assurément ; mais pour rien au monde, à quelque titre que ce soit et de quelque manière que ce puisse être, je ne voudrais pas que ce fût pour moi, ou de la part de mes amis pour moi, l’occasion d’une provocation.
Lorsque Barthélemy publiait son voyage, M. de Choiseul était mort depuis 1785 ; Mme de Choiseul existait et était destinée à survivre à l’ami qui la célébrait si délicatement. […] Dans une des séances de la Convention qui suivirent la mort de Barthélemy, Dusaulx, l’ancien ami de Jean-Jacques et le traducteur de Juvénal, monta à la tribune, et prononça de lui un éloge, dans lequel il recommandait les neveux du défunt à la sollicitude de la patrie. […] » À cette maxime affreuse d’aimer ses amis comme si on devait les haïr un jour, Barthélemy aimait à substituer, d’après un ancien, cette autre maxime plus consolante et plus humaine : « Haïssez vos ennemis comme si vous deviez les aimer un jour. » Barthélemy marque la fin du xviiie siècle dans son plus honorable déclin.
Tout le livre est ainsi le récit des déterminations nécessaires d’un assassin singulier, en présence de ses amis, d’un juge d’instruction, de sa famille, d’une sorte d’amante. Le devoir d’arracher sa sœur à Loujine lui donne un instant la force de reprendre sa vie normale ; un curieux conflit d’amour instinctif, de besoin de pitié, d’ironique abaissement, le pousse à chercher en une prostituée une amie, comme la curiosité, la haine et le pressentiment d’une secrète et honteuse égalité l’attachent aux pas de Svidrigaïloff. […] Masloboïef, dans Humilies, reconnaît sans impudence sa coquinerie, et avec une sorte de tristesse matoise offre ses services au pauvre écrivain dont il tâche, malgré son métier, de rester l’ami.
Mon ami, le témoignage de deux hommes suffit pour conduire sur un échafaud. […] ô mon ami, la belle occasion que cet artiste a manquée, de montrer l’extravagante barbarie de la question ! […] Mais, mon ami, y avez-vous jamais rien compris ?
En effet, même quand il est le plus aimable pour ses amis, ce moqueur a de telles habitudes d’ironie qu’elles le sauvegardent de l’enthousiasme dangereux. […] Babou n’aurait pas de ces petites erreurs de système respiratoire, et le sifflet ne reviendrait pas si vite et si naturellement dans son souffle, qu’importerait qu’un de ses amis fût surfait ! […] Dans la farandole bariolée de ces Lettres, qui passent sous nos yeux lestes, pimpantes et rapides, et que l’auteur des Amitiés littéraires a mises chacune à l’adresse d’un de ses amis, il en est une adressée à Montégut (de la Revue des Deux-Mondes), et le sujet de cette lettre est Nicolardot et son livre : Ménage et finances de Voltaire.
Il a été remarqué que l’auteur, en se proposant et en professant hautement un but moral des plus honorables, jette quelquefois bien durement le défi à la société ; qu’il la maltraite en masse et de parti pris plus qu’il ne conviendrait dans une vue plus impartiale et plus étendue ; qu’il n’est pas très juste de croire, par exemple, qu’un jeune homme tel qu’il nous a montré le sien, Georges, le personnage principal de la pièce, riche, aimé, considéré à bon droit, puis ruiné un matin à vingt-cinq ans par un si beau motif, doive perdre en un instant du même coup tous ses amis, moins un seul ; il a été dit que l’honneur et la jeunesse rencontrent plus de faveur et excitent plus d’intérêt, même dans le monde d’aujourd’hui. […] On a fort loué et fait ressortir ce personnage de Rodolphe, l’ami âgé de trente ans, plus mûr, plus sage, point trop misanthrope, unissant l’expérience, quelque ironie et beaucoup de cœur.
Gallus, l’ami de Virgile, les avait traduites ou imitées en vers latins, comme Virgile semble y faire allusion dans la belle églogue où il introduit son ami.
Cependant il a la piété large et tolérante : ami des jansénistes, il ne s’engage pas dans la secte. […] Comme au reste il est honnête homme, il serait patriote, ami du bien public, pitoyable au menu peuple : du moment que les petites gens se connaîtraient et ne « prétendraient » rien contre la hiérarchie, Saint-Simon gouvernerait en bon propriétaire et bon père de famille.
Prenant des notes, dégageant les principes, m’efforçant surtout d’atteindre la sensibilité et la tournure d’esprit des auteurs, je ne me suis décidé à publier mon Art d’écrire que sur les très vives instances de mes amis. […] Prenant des notes, dégageant les principes, m’efforçant surtout d’atteindre la sensibilité et la tournure d’esprit des auteurs, je ne me suis décidé à publier mon Art d’écrire que sur les très vives instances de mes amis.
On dit que les amis de M. […] Toujours est-il qu’il n’a pas répondu comme au père Félix… et qu’il semble, lui et ses amis, recommencer un nouveau silence… En sortira-t-il encore une fois ?