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896. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXVI. Des éloges académiques ; des éloges des savants, par M. de Fontenelle, et de quelques autres. »

Il semble qu’on soit admis dans l’atelier du génie, qui travaille en silence à perfectionner la société, l’homme et la terre.

897. (1902) Propos littéraires. Première série

Ceci est tout personnel, et j’admets que d’autres aient une impression toute différente. […] S’il est vrai que le fondateur de l’Individualisme soit Jésus, ce que je suis assez porté à admettre, ouvrez l’Évangile. […] Troisième cas : la jeune fille admet que celui qui doit s’unir à elle ait un passé amoureux ; mais à la condition qu’il n’ait pas aimé. […] Elle admet que celui qu’elle doit épouser ait eu une liaison amoureuse, mais non un amour. […] Léon Tolstoï ne peuvent admettre comme étant des œuvres d’art que quelques romans de Victor Hugo, de Dickens et de George Eliot, et que tout le livre intitulé Qu’est-ce-que l’Art ?

898. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre V. La philosophie. Stuart Mill. »

On y suppose nos facultés en exercice, et l’on y admet leurs découvertes originelles. […] Nous pouvons bien admettre qu’il y a en nous une âme, un moi, un sujet ou « récipient » des sensations et de nos autres façons d’être, distinct de ces sensations et de nos autres façons d’être ; mais nous n’en connaissons rien. « Tout ce que nous apercevons en nous-mêmes, dit Mill1473, c’est une certaine trame d’états intérieurs, une série d’impressions, sensations, pensées, émotions et volontés. […] Dans la première, on l’admet ; dans la seconde, on l’explique. […] Cela admis, on voit à l’instant que la portée de notre esprit se trouve changée.

899. (1904) Zangwill pp. 7-90

Une conscience unique serait faite par tous, et tous y participeraient ; l’univers serait un polypier infini, où tous les êtres qui ont jamais été seraient soudés par leur base, vivant à la fois de leur vie propre et de la vie de l’ensemble. » C’est bien le ramassement de toute la mémoire humaine et surhumaine en une conscience Dieu ; or ce ramassement peut s’obtenir par deux moyens ; si l’on croit en Dieu, si l’on admet la résurrection des morts, et le miracle, ce ramassement de toute la mémoire des créatures peut s’obtenir sans passer par l’intermédiaire de l’histoire ; puisque ce sont les mémoires individuelles mêmes qui resservent ; il n’y a pas à rapprendre ; mais si, ce qui est, je pense, la position de Renan, nous ne croyons pas en Dieu, si nous n’admettons pas la résurrection personnelle, individuelle des morts, en un mot si de notre entendement nous rejetons le miracle, il n’y a plus aucun moyen d’obtenir ce ramassement de toute la mémoire sans passer par l’intermédiaire de l’histoire ; le couronnement et l’arrêt de la création s’obtient par la fabrication d’un historien Dieu ; Renan dirait : d’un Dieu historien ; mais pour nous, et pour ce que nous en faisons, cela revient au même ; je crois même que dans la formation de la pensée de Renan, c’est l’historien qui s’est haussé en Dieu, qui a culminé en Dieu, qui s’est fait Dieu, bien plutôt que ce n’est Dieu qui s’est incarné en historien. […] Peu de matière est maintenant organisée, et ce qui est organisé est faiblement organisé ; mais on peut admettre un âge où toute la matière soit organisée, où des milliers de soleils agglutinés ensemble serviraient à former un seul être, sentant, jouissant, absorbant par son gosier brûlant un fleuve de volupté qui s’épancherait hors de lui en un torrent de vie. […] Ainsi les propositions de Taine ont l’air moins audacieuses que les propositions de Renan, parce qu’elles ne parlent point toujours de Dieu, parce qu’elles ne revêtent point un langage métaphysique et religieux, parce qu’il était malhabile, maladroit dans les conversations religieuses, grossier, inhabile à parler Dieu ; mais elles sont d’autant moins nuancées, d’autant moins modestes au contraire ; et en réalité elles impliquent une immédiate saisie de l’homme historien, moderne, sur la totalité de la création ; c’est parce que les propositions de Renan revêtent un langage surhumain qu’elles sont modestes, sincères, qu’elles ne nous trompent pas sur ce qu’elles contiennent ou veulent révéler de surhumanité ; et c’est parce que les propositions de Taine revêtent un simple langage professoral, modeste, qu’à son insu elles nous trompent et que, nous donnant le dernier mot de la pensée moderne en tout ce qui tient à l’histoire, elles nous dissimulent tout ce qu’elles contiennent et admettent de surhumanité.

900. (1864) Le positivisme anglais. Étude sur Stuart Mill

On y suppose nos facultés en exercice, et l’on y admet leurs découvertes originelles. […] Nous pouvons bien admettre qu’il y a en nous une âme, un moi, un sujet ou « récipient » des sensations et de nos autres façons d’être, distinct de ces sensations et de nos autres façons d’être ; mais nous n’en connaissons rien. […] Dans la première, on l’admet ; dans la seconde, on l’explique. […] Cela admis, on voit à l’instant que la portée de notre esprit se trouve changée.

901. (1898) Politiques et moralistes du dix-neuvième siècle. Troisième série

L’orgueilleuse Mathilde amoureuse de ce petit secrétaire, fils d’un scieur de long, … admettons ; et s’avouant à elle-même cet amour, … passe encore ; et se jetant aux bras du secrétaire ; non, cette fois, la chose est dure à admettre. […] Tocqueville ne croit nullement à cette anankè, et analyse très finement le tour d’esprit qui conduit à l’admettre. […] Elle admettra, à la rigueur, des guerres de commerce, des guerres lointaines, faites avec des vaisseaux, comme Cartilage ; des guerres d’extension territoriale, non ; celles-là, ce sont les monarques ou les aristocraties puissantes qui les font. […] Quel que soit le tour qu’elle prenne, dans tous les cas c’est la liberté qu’elle n’assure pas, et que, presque, elle n’admet point. […] Sainte-Beuve n’admettra jamais qu’on s’aventure beaucoup plus loin.

902. (1853) Portraits littéraires. Tome II (3e éd.) pp. 59-300

J’admets qu’il ait pu, s’il sait l’anglais, traduire en six mois le Paradis perdu ; mais je n’admettrai jamais qu’un an lui ait suffi pour lire, pour comparer, pour juger tous les monuments littéraires de la Grande-Bretagne, depuis la conquête normande jusqu’à nos jours, c’est-à-dire toutes les pensées exprimées par une grande nation dans l’espace de sept cent soixante-dix ans. […] Que si par malheur les poètes manquaient, l’Académie française, pour se compléter, serait légitimement admise à choisir un historien, un philosophe, un naturaliste, un géomètre. […] Nous ne sommes pas de ceux qui méprisent les faits, mais nous tenons beaucoup à ne pas les admettre sans les expliquer. […] Vitet à Georges Cuvier, encore moins Shakespeare au Créateur ; mais si une pareille comparaison pouvait être admise un seul instant, nous dirions, pour éclairer notre pensée, que M.  […] Dès qu’il a décidé le nombre et la nature des épisodes qu’il admettra, il les coordonne et les met en bataille d’après une logique inflexible.

903. (1868) Rapport sur le progrès des lettres pp. 1-184

Ainsi spectateurs et lecteurs, admis tous à l’Exposition, s’élèveront jusqu’à la pacifique et civilisatrice pensée qui en a conçu le plan, qui y préside et invite tous les peuples à remplacer les jeux meurtriers de la guerre par la bienfaisante rivalité de l’industrie et des arts. […] Nous croyons qu’on peut admettre dans la poésie ces caprices bouffons comme on admet les arabesques en peinture. […] Tous deux cherchent la beauté, mais l’un admet le joli, que l’autre repousse ; seulement ils ont le même soin exquis de la forme, le même souci de la langue et du style, la même patiente recherche de la perfection. […] Cette forme si artistement construite, d’un rhythme si justement balancé et d’une pureté qui n’admet aucune tache, convient à ce talent mâle, austère et sobre, d’une résignation si haute et si noble, et qui, vaincu par la destinée, garde, même dans la douleur, l’attitude musculeuse des captifs de Michel-Ange. […] Que sa nef dans la traversée ait été battue des vents, que peut-être, pour l’alléger, le nautonier ait été forcé de jeter à la mer bien des choses précieuses, nous le comprenons ; mais nous n’admettons pas que le vaisseau lui-même ait sombré.

904. (1894) La bataille littéraire. Septième série (1893) pp. -307

Cette pensée est irréductible en moi ; elle me vaudra, j’espère, l’indulgence des « esprits forts » qui professent ce que Montaigne appelait « l’opinion si rare et incivile de la mortalité des âmes », opinion qu’il m’est impossible d’admettre. […] J’aurais bien des choses à dire sur l’esclavage en Égypte, sur les sciences, les lettres et les arts, sur l’armée, mais je dois me borner à signaler ce livre de haut intérêt et dont la conclusion est que si l’on admet (combien de faits à l’appui !) […] Ou bien faut-il admettre que cet homme voulut en imposer à ses compatriotes en donnant à croire qu’il était un saint ? […] Sans admettre, avec les rapport des gens de police, qui, à force de le répéter, en était arrivés à le croire, que les Parisiens redoutaient un incendie méthodique pareil à celui de Moscou, il paraît cependant hors de doute que la population avait de terribles craintes. […] Sans perdre une minute, il changea de costume et se rendit au château de Marac où résidait l’Empereur, qui l’admit immédiatement en sa présence.

905. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « L’abbé Fléchier » pp. 383-416

Dans l’un et dans l’autre cas, il obéit à un genre admis et à un ton donné. […] Lisez donc la première historiette toute romanesque qu’il a mise à dessein en tête des Grands Jours pour les commencer sous de gracieux auspices, et ne pas trop dépayser tout d’abord, lisez-la comme vous feriez d’une nouvelle de Segrais ; voyez-y ce qu’il a voulu surtout y montrer, l’application du sentiment et du ton des précieuses chez une belle de province ; et tout en notant ce que le récit a pour nous de singulier de la part d’un jeune abbé, qui avait déjà titre alors prédicateur du roi, disons-nous bien : ce n’est là autre chose qu’une contenance admise et même requise dans un monde d’élite, l’attitude et la marque d’un esprit comme il faut.

906. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Charles Labitte »

à quel degré daigneraient-ils m’admettre ? […] Je n’irai pas jusqu’à conjecturer d’après cette entière concordance qu’il y eut dès lors, et dans les dernière mois de 1593, des copies manuscrites qui coururent (ce qui n’aurait rien d’ailleurs que d’assez vraisemblable) ; j’admets tout à fait que, de la part de ces historiens si bien informés, c’est là un léger anachronisme résultant d’une association d’idées involontaire.

907. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXIIIe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (4e partie) » pp. 1-63

Elle dicte à son mari de noires trahisons contre le roi qui l’a admis dans son ministère ; elle anime les Girondins, ses familiers, d’une haine implacable contre la reine, déjà si humiliée et si menacée ; elle n’a ni respect ni pitié pour cette victime, elle la désigne du doigt à la multitude ameutée. […] Je n’aurais pas dû admettre, même dans une seule ligue, cette circonstance atténuante dans les moralistes immoraux de la Révolution, qui l’ont érigée en préjugé pour glorifier les bourreaux aux dépens des victimes.

908. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « M. Paul Verlaine et les poètes « symbolistes » & « décadents ». »

Verlaine représente pour moi le dernier degré soit d’inconscience, soit de raffinement, que mon esprit infirme puisse admettre. […] On dirait d’abord que ce poète est, peu s’en faut, un ignorant  Vous me répondrez que vous en connaissez d’autres, et que cela ne suffit pas pour être original  Mais je suppose ce point admis que, malgré tout et en dépit de ce qui lui manque, M. 

909. (1912) Enquête sur le théâtre et le livre (Les Marges)

Et si rien n’est obtenu aux termes de ce délai, on ne mène pas une amitié plus avant, nul n’admet de perdre son temps. […] Le snobisme peut faire admettre, par un public servile, prétentieux et abêti, des œuvres littéraires dépourvues de vie et de vérité, des œuvres plastiques propres à révolter le bon sens et le goût.

910. (1890) L’avenir de la science « XXIII »

Il n’y a que des esprits superficiels ou des cœurs faibles, qui, le christianisme étant admis, puissent prendre intérêt à la vie, à la science, à la poésie, aux choses de ce monde. […] Quoi, vous admettriez que la matière est, parce que vos yeux et vos mains vous le disent, et vous douteriez de l’être divin, que toute votre nature proclame dès son premier fait ?

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