Par son réalisme exact, par ses notes mises sous les yeux du public, par ses déductions avec preuves à l’appui, et ses caractères établis sur leurs actes, M. de Goncourt a pu accomplir pour des milieux et une époque restreints, des livres d’enquête sociale qui flottent entre l’histoire, et le recueil de notes psychologiques. […] Et cette perpétuelle vision de mouvements physiques, ces physionomies changeantes, ces bras remuants, ces muscles frissonnants sous l’épiderme, toute cette vie qui s’agite dans les pages descriptives de M. de Goncourt, secoue et précipite les passions de ses personnages, accélère leurs conversations en ripostes serrées de près, fait voler leur esprit, emporte leurs actes, varie leurs humeurs. […] III À ce sentiment vif et pénétrant de la vie en acte, de ses remuements physiques et des ses agitations morales, à cette recherche appliquée et reprise de l’enveloppement du fait par la phrase, se joint en M. de Goncourt le goût particulier d’une certaine sorte de beauté, qu’il recherche avidement et rend amoureusement, dont l’attrait l’a guidé dans ses courses de collectionneur, dans la détermination des sujets et des scènes de la plupart de ses romans : le goût passionné du joli. […] Que l’on relise surtout dans La Faustin, après les vues rembranesques des répétitions diurnes à la Comédie-Française, et la sinistré fin de dîner des auteurs dramatiques, les scènes ou apparaît l’honorable Selwyn, puis cet acte cruel du dénouement égal en puissance terrifiante à la Ligeia de Poe La Faustin imitant devant une glace, par une nuit d’automne, le rictus de son amant moribond.
Elle imagine de remplir, au moyen des actes notariés, — tels qu’obligations, contrats de mariage, de vente, de louage, inventaires après décès, — les vastes lacunes qui séparent un acte d’un autre acte de l’état civil. […] Nous avons l’acte de baptême d’un enfant de Mlle du Parc ; il est daté du 8 mars 1654. […] En effet, depuis l’acte daté de Lyon, le 29 avril 1655, et que nous avons rappelé, jusqu’au mois de mai 1656, précisément, nous ne connaissons que deux actes authentiques et deux preuves seulement des séjours de Molière. […] Nous n’avons pas l’acte authentique de cette commission. […] En effet, tous les actes authentiques donnent à la femme de Molière la qualité de sœur de Madeleine Béjart ; on voit le parti qui nous reste à prendre, puisqu’ouvrir la discussion sur ce point c’est s’inscrire en faux contre le témoignage des actes authentiques.
A parler sérieusement, il n’est qu’un cas où le personnage vivant ait plein droit d’invoquer avec éclat et franchise l’attention publique sur l’intimité de ses pensées et de sa vie ; c’est quand ce personnage est public lui-même, que ses actes extérieurs sont dévolus à l’opinion, et qu’il les discute par-devant elle : ses mémoires ne sont rien alors qu’un plaidoyer qu’il lance dans les débats, et le procès se poursuit jusqu’à ce que vienne l’histoire. […] Nous y voilà donc ; la singularité s’explique, les Mémoires de madame de Genlis sont et devaient être un acte public, comme tous ceux de sa vie une sorte de compte rendu au monument enfin plus que littéraire ; et qu’on cesse de s’étonner que, consacrant cette publication mémorable, le libraire Ladvocat ait fait frapper une médaille en bronze.
. — Dieu le veut, drame en cinq actes et six tableaux (1888). — Les Symboles, poèmes (1888). — Tobie, légende biblique en vers et cinq tableaux (1889). — Noël ou le Mystère de la Nativité, en vers (1890). — Trois mystères : Tobie, Noël, Sainte-Cécile (1899). — Les Mystères d’Éleusis, pièce en quatre tableaux, en vers (1894). — Les Symboles, nouvelle série (1895). — Les Chansons de Shakespeare (1896). — Conte de Noël, un acte, en vers (1897). — Chants populaires pour les écoles (1897). — Aux femmes d’Alsace (1897). — Lectures et récitations (1898). — La Chanson de Roland, traduction en vers (1898). — Vers la pensée et vers l’action (1899).
Le moi psychologique n’est pas autre chose que le lieu où la substance de l’être se divise, selon une infinité de proportions, en objet et en sujet et compose, pour se saisir, une infinité de compromis entre un principe d’acte et un principe contemplatif. […] De même que la réalité psychologique est un compromis entre un principe d’acte et un principe de contemplation, on peut remarquer tout d’abord, en ce qui touche à l’objet considéré isolément, qu’il apparaît et prend forme sous le regard de la conscience, à la suite d’un compromis entre un principe de mouvement et un principe d’arrêt.
Tout le roïaume d’Albe s’y méprend un an durant, et le dénouëment de la piece, laquelle fournit d’acte en acte des situations merveilleuses, est encore très-interessant.
Si cela était possible, Corneille nous montrerait l’acte volontaire en soi, hors du monde des accidents, sans une matière où il s’applique, se prenant lui-même pour but. […] Ce qu’il y a de romantique, au meilleur sens du mot (qui n’est pas le plus juste), dans Bajazet, c’est l’intelligence de l’histoire et de la couleur locale, et c’est aussi la grande tuerie du cinquième acte. […] Hermione, au quatrième acte, lui jette ses exploits à la face. « Je vous aime ; épousez-moi, ou j’égorge votre fils », c’est le fond de ses discours à Andromaque. […] Serait-il possible de montrer sous quel jour ils peuvent paraître entièrement vrais, même quand leurs actes ont des siècles de plus que leurs manières ? […] Néron même, Néron jeune, amoureux et jaloux, sans le meurtre du cinquième acte, on se demande si l’on pourrait le prendre en haine.
Elle est, par cela même, postérieure toujours à l’acte artistique. […] L’acte esthétique est désintéressé. […] L’acte artistique n’en reste pas moins une vision, une hallucination originairement involontaire et réflexe. […] Elle domine tout son être, elle apparaît dans tous ses actes, dans toutes ses pensées. […] Chacun des actes de ses drames constitue à la fois l’histoire particulière d’une foule d’individus et une histoire collective.
Je sens que c’est faire un grand acte d’humilité que de venir parler immédiatement après le discours éloquent qui vibre encore ; mais je m’y résigne. […] Si j’ai bien compris ces motifs de l’arrêt qui n’a infirmé que deux des premiers jugements, il s’ensuivrait que, pour être à l’abri de la contravention, il n’y a pas de moyen plus sûr, quand on veut discuter les actes du Corps législatif ou du Sénat, que de faire des articles incomplets, insuffisants. […] déchargeons autant que possible la magistrature, — cette magistrature si respectable, si méritante, si indispensable et si vigilante à chaque heure du jour et de la nuit, si digne de reconnaissance dans le cercle étendu de ses justes attributions, — déchargeons-la le plus possible d’une responsabilité de cette nature, sujette à tant d’écarts et dont les actes, à distance, font un étrange effet en présence de l’histoire et de la postérité. […] Goerg et d’autres députés, amendement ayant pour objet de supprimer l’article 28 du décret du 17 février 1852 et de faire revivre l’article 20 de la loi du 26 mai 1819, qui, dans les cas d’imputation diffamatoire, autorisait la preuve par témoins contre les dépositaires ou agents de l’autorité en ce qui concernait les actes ou les faits de leur administration. […] Jules Richard : « L’Académie des sciences morales et politiques a fait samedi un choix qui est un acte, dans ce moment où une Chambre française a songé sérieusement à priver des droits politiques les écrivains condamnés par la police correctionnelle.
Alger, l’Espagne, les deux grands actes extérieurs de la Restauration, prouvent que, malgré la difficulté de sa situation, l’honneur et la grandeur de la France n’ont jamais été en péril sous les ministres de la Restauration. […] Une femme belle et célèbre du temps m’a raconté bien souvent toutes les démarches de ces amis de l’écrivain pour faire pardonner, cet acte d’opposition, et pour obtenir de Bonaparte un poste supérieur à l’ambassade de Sion. […] Son génie, cet acte et sa brochure de Bonaparte et des Bourbons le placèrent naturellement, en 1814, à la tête de ceux que le nouveau gouvernement adopta pour illustrer son retour par la popularité du premier nom religieux et poétique de l’Europe, et à la tête de ceux qui saluèrent les Bourbons. […] Ce fut un bel acte de conscience et de foi dans sa politique de modération. […] XII Les événements ne me donnèrent pas le temps de rejoindre mon poste ; M. de Marcellus et moi nous déclinâmes la confiance et l’involontaire complicité de l’acte.
Aucune de ces idées n’aurait pu être formulée, si elle ne s’était exprimée tout d’abord en des actes et en des croyances, comme l’effet de la sensibilité de quelque collectivité humaine particulière. […] La force de la coutume et de la loi l’oblige à se concevoir autre qu’elle n’est et une partie de son énergie est employée à accomplir, des actes dont les mobiles ne sont pas en elle-même. […] C’est cette religion qui à son tour fixa la forme des institutions sociales et voici les premiers actes par lesquels la croyance ancienne, retirée du terreau physiologique où elle avait germé, abstraite et détachée du souci humain dont elle était la servante, devint une idée dogmatique à qui il appartint de gouverner des consciences sans justifier de son droit. […] Or, « on ne peut appartenir ni à deux familles, ni à deux religions domestiques. » 13 Aussi, la cérémonie du mariage consistait-elle essentiellement en l’acte par lequel le père dégageait sa fille des liens religieux qui l’attachaient au foyer, et en cet autre acte par lequel l’épouse introduite dans la maison de l’époux était mise en présence du dieu domestique et touchait le feu sacré. […] Ce n’était pas l’acte matériel de la naissance qui faisait la parenté : c’était la communauté par le culte.
Il sentait que la crainte d’exposer les signes brutaux des passions aux yeux des spectateurs, et l’habitude de montrer seulement les principes moraux des faits, avaient banni à peu près toute espèce d’action de nos tragédies, qui étaient devenues d’assez vides « conversations en cinq actes ». […] Il lui arriva de refaire trois, quatre fois un acte, une pièce : c’est-à-dire qu’il improvisa trois, quatre actes pour un ; trois, quatre pièces pour une.
Lorsque l’autorité commet de pareils actes, il importe peu de quelle source elle se dise émanée, qu’elle se dise individu ou nation ; elle serait la nation entière, moins le citoyen qu’elle opprime, qu’elle n’en serait pas plus légitime. » L’idéologie démocratique tend à résorber toutes les libertés dans la liberté dite politique. […] C’est la manie légiférante, la réglementation et le contrôle à outrance ; c’est la suspicion jetée sur toute volonté d’indépendance dans l’ordre des idées et des croyances comme dans celui des actes. […] Il lui est interdit de bénéficier du principe de la séparation des pouvoirs ; car lésé par l’arbitraire de ses chefs hiérarchiques, il ne peut les attaquer devant les tribunaux pour leurs actes administratifs.
Le Père leur enverra d’en haut son Esprit, qui deviendra le principe de tous leurs actes, le directeur de leurs pensées, leur guide à travers le monde 880. Chassés d’une ville, qu’ils secouent sur elle la poussière de leurs souliers, en lui donnant acte toutefois, pour qu’elle ne puisse alléguer son ignorance, de la proximité du royaume de Dieu. « Avant que vous ayez épuisé, ajoutait-il, les villes d’Israël, le Fils de l’homme apparaîtra. » Une ardeur étrange anime tous ces discours, qui peuvent être en partie la création de l’enthousiasme des disciples 881, mais qui même en ce cas viennent indirectement de Jésus, puisqu’un tel enthousiasme était son œuvre. […] Quelquefois sa mauvaise humeur contre toute résistance l’entraînait jusqu’à des actes inexplicables et en apparence absurdes 903.
ayons toutes les qualités, s’il se peut, et le moins possible les défauts de nos divers âges ; mais gardons-nous, tout en faisant pour la forme nos légers mea culpa, de prétendre retoucher à notre jeunesse, — aux œuvres et aux actes de notre jeunesse ; — et surtout si ç’a été celle du grand Corneille. […] Il reste dans la même ville (à Séville), mais il est tantôt dans la maison de Chimène, tantôt dans celle de don Diègue, tantôt dans le palais du roi, tantôt dans la rue : le premier acte renferme ainsi trois changements, le second trois, le troisième deux, le quatrième deux, le cinquième quatre, de compte fait. […] La première scène de l’acte Il est entre le comte et don Arias, qui vient lui signifier de la part du roi d’avoir à faire des excuses et des soumissions à don Diègue. […] La conclusion de l’acte et la décision du roi, c’est que l’affaire mérite d’être plus amplement délibérée : en attendant, don Sanche (singulièrement choisi pour un tel office) reconduira Chimène en son logis ; don Diègue reste à la Cour prisonnier sur parole, et l’on fait chercher Rodrigue. […] Il y a deux de ces visites du Cid à Chimène ; celle-ci, la première, est empruntée de l’auteur espagnol : la seconde, au cinquième acte, sera tout entière de Corneille.