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885. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Rollin. » pp. 261-282

Avec l’abbé d’Asfeld, il causait surtout de l’Écriture, des grands desseins de Dieu sur les peuples et de l’explication des prophéties ; avec le maréchal, il parlait des sièges, des batailles, et se faisait expliquer les détails militaires, pour s’épargner, disait-il ingénument, les bévues grossières et les méprises. […] À quoi Rollin répondait : J’ai été quelquefois à Saint-Médard, qui est à ma porte, avec confiance dans l’intercession d’un grand serviteur de Dieu, dont j’ai connu et admiré l’humilité profonde, l’austère pénitence et la solide piété. […] C’est lui qui revit et qui retoucha la Vie de ce serviteur de Dieu (du diacre Pâris), qui fut imprimée en 1730. […] Il en donne des preuves touchantes en toute occasion, et notamment dans ses lettres, soit que, correspondant avec Jean-Baptiste Rousseau, il se montre continuellement en peine sur l’état de l’âme de ce poète, et sur la sincérité de son repentir au sujet de certains vers, que lui, Rollin, confesse n’avoir jamais lus ; soit qu’écrivant à Frédéric, au moment de son avènement au trône, il lui adresse des conseils de religion, et y mêle une prière à Dieu : « Qu’il lui plaise, dit-il à ce roi philosophe, de vous rendre un roi selon son cœur ! 

886. (1864) William Shakespeare « Conclusion — Livre I. Après la mort — Shakespeare — L’Angleterre »

Il aime et loue la France ; il l’appelle « le soldat de Dieu ». […] À l’heure qu’il est, on ne jouerait Shakespeare sur aucun théâtre anglais sans effacer dans le texte le mot Dieu partout où il se trouve. […] En Angleterre, hors de l’église, le mot Dieu ne se dit pas. […] Le profond souffle du génie, qui est la respiration de Dieu à travers l’homme.

887. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — Plan, d’une université, pour, le gouvernement de Russie » pp. 433-452

Le théologien aurait rapporté tout à Dieu ; le médecin, tout à la santé ; le jurisconsulte, tout à la législation ; le militaire tout à la guerre ; le géomètre, tout aux mathématiques ; le bel esprit, tout aux lettres ; et chacun eût été le pendant de Marcel11, qui croyait qu’un empire ne pouvait être que mal gouverné lorsqu’on n’y dansait pas supérieurement le menuet. […] Si j’étais souverain et que je pensasse que tous les jours de fêtes et de dimanches, entre onze heures et midi, cent cinquante mille de mes sujets disent à tous les autres et leur font croire, au nom de Dieu, tout ce qui convient au démon du fanatisme et de l’orgueil qui les possède, j’en frémirais de terreur. […] 1re classe Premiers principes de la métaphysique ; de la distinction des deux substances ; de l’existence de Dieu ; les corollaires de cette vérité. […] 1re classe Premiers principes de la métaphysique, de la distinction des deux substances, de l’existence de Dieu, etc.

888. (1874) Premiers lundis. Tome I « Madame de Maintenon et la Princesse des Ursins — I »

Plût à Dieu qu’il nous fût aussi facile de prendre le dessus sur les prêtres et les moines, qui sont la cause de toutes les révoltes !  […] Philippe lui écrivit une lettre de simple civilité ; madame de Maintenon la plaignit et lui prêcha la résignation : « Il faut se taire, madame, quand nos malheurs nous viennent de ceux que Dieu a faits nos maîtres. » Louis XIV la reçut avec décence, et lui fît conseiller d’aller jouir à Rome de la considération qu’on ne pouvait lui refuser.

889. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Contes de Noël »

Larmes de comédienne, sans doute ; larmes de névrosée sensuelle, superficiellement émue par ce qu’il y a de théâtral dans cette fête nocturne et dans cette antithèse d’un Dieu naissant sur la paille d’une étable… Claude se méfie. […] Vous réciterez avant de vous endormir un acte d’humilité, pour que Dieu vous pardonne.

890. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Gabrille d’Estrées et Henri IV »

Et je doute qu’après ce portrait, si peu chargé et si peu fidèle, de cet heureux de la gloire, on continue de nous donner ce triple Gascon, qui gasconnait avec ses amis, avec les femmes, avec Dieu même, pour le modèle des rois français. […] En amour comme en religion, avec les femmes comme avec Dieu, ce prince était le plus grand donneur de paroles pour ne pas les tenir qui ait jamais existé, alors que la fierté de la parole donnée existait encore, et que l’outrage n’avait pas vieilli de l’ancien mot de foi mentie.

891. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « La défection de Marmont »

Il est certain que Judas qui vendit son Dieu est au-dessous… Rapetti ne l’a pas rangé non plus parmi ceux-là qui vendirent leur pays, le visage nu, les mains ouvertes. […] Les entrailles de l’homme qui sait la vie et qui compatit à ses misères, les entrailles de l’homme y sont et y saignent, mais, grâce à Dieu !

892. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Edmond About » pp. 63-72

Dieu vous l’envoie. […] Mais, Dieu merci !

893. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Hebel »

Quoiqu’il fût né à Bâle, à quelques lieues de la frontière de France, nous ne connaissions pas plus Hebel que s’il avait été quelque poète norvégien ou danois, un de ces vaporeux génies des Fiords solitaires, comme il y en a, sans nul doute, de perdus, excepté pour Dieu seul, qui les écoute penser, dans ces pays silencieux où les neiges polaires semblent assourdir jusqu’aux pas de la Gloire, et où Byron mourrait sans écho comme Manfred ! […] À la profondeur de son sentiment, à la teinte passionnée de ses superstitions, à la couleur de sépia répandue dans ses poèmes et qui rappelle la vieille « Aikie », la vieille enfumée, on reconnaît dans Burns cette virginité du génie que Dieu met sous la garde de l’ignorance pour les plus aimés de ses poètes, et que Hebel — littéraire d’habitude, de sentiment, d’horizon, comme La Fontaine lui-même, — n’avait pas.

894. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Leopardi »

Vernier… Poète, romancier, fantaisiste et sceptique, ayant dans l’esprit le je ne sais quoi de français qui répugne, non pas à la tristesse d’une heure, mais à la lamentation éternelle, à la complainte infinie, au Jobisme à poste fixe et bête, — qui n’a pas même Dieu pour excuse, car Leopardi est athée, — comme il a dû souvent s’interrompre, M.  […] Je comprends l’impiété, cette misanthropie contre Dieu !

895. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Chapitre VII. De la physique poétique » pp. 221-230

Ainsi, dans leur grossièreté, ils pénétrèrent cette vérité sublime que la théologie naturelle a établie par des raisonnements invincibles contre la doctrine d’Épicure, les idées nous viennent de Dieu. […] Mais le même poète dans une autre comédie porte le sentiment au plus haut degré de sublimité en le singularisant et l’appropriant à celui qui l’éprouve, Deus factus sum, je ne suis plus un homme, mais un Dieu.

896. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxiiie entretien. Littérature russe. Ivan Tourgueneff »

Dieu a secondé l’empereur dans son magnanime dessein, et la Russie est régénérée. […] L’empereur a été applaudi par son peuple et assisté de Dieu. […] Dieu soit loué ! Arcadi Pavlitch ; Dieu soit loué ! […] Je payerai, comme il y a un Dieu.

897. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE KRÜDNER » pp. 382-410

C’est comme une sainte du moyen-âge qui nous apparaît, une sainte du Nord, du treizième siècle, une sainte Élisabeth de Hongrie, ou encore quelque sœur du Grand-Maître des Chevaliers porteglaive, qui, du fond de sa Livonie, attirée sur le Rhin, et longtemps mêlée aux délices des cours, ayant aimé et inspiré les illustres minnesinger du temps, ayant fait elle-même quelque roman en vers comme un poëte de la Wartbourg, ou plutôt ayant voulu imiter notre Chrestien de Troyes ou quelque autre fameux trouvère en rime française, en cette langue la plus délitable d’alors, serait enfin revenue à Dieu, à la pénitence, aurait désavoué toutes les illusions et les flatteries qui l’entouraient, aurait prêché Thibaut, aurait consolé des calomnies et sanctifié Blanche, serait entrée dans un Ordre qu’elle aurait subi, qu’elle aurait réformé, et, autre sainte Claire, à la suite d’un saint François d’Assises, aurait remué comme lui des foules, et parlé dans le désert aux petits oiseaux. Voilà, en effet, Mme de Krüdner, telle qu’elle aurait dû venir pour remplir toute sa destinée, pour ne pas être seulement un romancier charmant et bientôt une illuminée qui fit sourire, pour ne pas manquer, comme il lui est arrivé, cette seconde partie de son rôle et d’une vie qu’elle avait voulu rendre sans réserve à Dieu, à la charité, à l’œuvre de la sainte parole, au salut et au renouvellement du monde. […] Si l’on a pu dire de la conversion de quelques âmes tendres à Dieu : C’est de l’amour encore, il semble que le mot aurait dû être trouvé tout exprès pour elle. […] … » C’est qu’il n’a jamais existé qu’un seul crime, celui de vouloir se passer du Dieu vivant… Qu’ils ont dû être remplis, les immenses vœux de votre cœur, heureux Alexandre, quand, dans cette journée du Ciel, vous avez vu dans ces plaines où, il y a six cents ans, cent mille Français, en présence d’un roi de Navarre210, virent le supplice de cent quatre-vingts hérétiques à la clarté des torches funèbres ; vous avez vu, dis-je, cent cinquante mille Russes faire amende honorable à la religion de l’amour ! […] Elle commença au milieu de ces femmes étonnées et bientôt touchées : les plaies des puissants furent étalées ; elle frappa son cœur ; elle se confessa aussi grande pécheresse qu’elles toutes ; elle parla de ce Dieu qui, comme elle disait souvent, l’avait ramassée au milieu des délices du monde.

898. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXXIIe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (3e partie) » pp. 369-430

Je crois donc que ces historiens antiques ou ces historiens routiniers modernes qui ont imité Plutarque en plaçant le portrait à la fin au lieu de le placer au commencement, se sont trompés de place dans leur système historique ; je le crois d’autant plus que ce n’est pas ainsi que procède la nature, cette grande logicienne, cette grande rhétoricienne de l’école de Dieu. […] Cette justice rémunératoire que Dieu a placée dans nos actes mêmes comme une conscience plus sainte que la fatalité des anciens ne se manifesta jamais avec plus d’évidence ; jamais la loi morale ne se rendit à elle-même un plus éclatant témoignage et ne se vengea plus impitoyablement. […] Le récit vivifié par l’imagination, réfléchi et jugé par la sagesse, voilà l’histoire telle que les anciens l’entendaient, et telle que je voudrais moi-même, si Dieu daignait guider ma plume, en laisser un fragment à mon pays. » VII « Mirabeau venait de mourir. […] J’avais deux torts, en effet, que je ne cherche point à excuser : le premier, c’était de porter, quoique dans une intention très innocente et même très atténuante, le jour non pas de l’évidence, mais de la conjecture sur l’intérieur d’une femme qui ne doit compte qu’à Dieu et à son mari de la nature de ses intimités et de ses prédilections, intimités et prédilections que l’historien doit toujours présumer irréprochables ; le second, c’était de m’être servi du mot pudeur au lieu du mot convenance dans la dernière phrase de ce paragraphe. […] Ils étaient et ils se sentaient eux-mêmes mieux que cela : des ouvriers de Dieu, appelés par lui à restaurer la raison sociale de l’humanité, et à rasseoir le droit et la justice par tout l’univers.

899. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIVe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 257-320

C’est alors que ma paupière Vous vit pâlir et mourir, Tendres fruits qu’à la lumière Dieu n’a pas laissés mûrir ! […] Dieu de pardon ! leur Dieu ! Dieu de leurs pères ! […] » Dieu, tout espoir, les aurais-tu trompés ?

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