Et j’expose tour à tour les deux faces de ce Dieu de la paix et de la guerre du feuilleton : « L’événement de la semaine (un véritable événement !) […] Resté noblement serviteur d’une cause tombée, en présence d’événements qui ont pu le surprendre, il a su s’effacer sans s’aplatir… comme tant d’autres. […] Delord a formulé en ces termes son opinion sur une pièce qui est un événement et une littérature : « Avec un fonds de comédie, drapés et cousus par une main intelligente, les oripeaux du Demi-Monde pouvaient encore fournir un costume leste et pimpant à Thalie. » M. […] Entre les événements du bombardement de Sweaborg, de la victoire de Traktir et du voyage de la Reine d’Angleterre, il publiait, lundi dernier, en première page et comme actualité piquante, une étude de M. de Saint-Félix avec ce titre : Pline-le-Jeune. […] Du reste, il est à remarquer que le mouvement des feuilles et des Revues est en sens inverse des événements : l’un se fige et se pétrifie à mesure que les autres bouillonnent et s’extravasent.
On le voit, c’était ici, autour de la table, comme partout dans le monde, un grand événement littéraire. Et c’est plus que cela pour quiconque réfléchit : c’est un événement social et philosophique. […] Qu’importe une suspension dans le développement des caractères et la marche des événements, si ces événements et ces caractères sont déjà posés et tracés d’une main si ferme que nous reconnaissons au premier coup d’œil dans le poète l’égal de Goethe et de Byron ? […] vois, vois les événements et les siècles futurs, pareils aux petits oiseaux que l’aigle poursuit ! […] Il crut que la vie n’était pas là, et, sentant toujours le besoin de la vie, il la chercha dans les courants fugitifs des événements qui se produisent au jour le jour.
Quelles ne sont pas, malgré ses précautions amusantes, malgré les signes cabalistiques qu’il emploie pour n’être pas compris, sauf des initiés, les révélations sur lui-même que Stendhal livre dans sa correspondance, quand il écrit à sa sœur, par exemple, qu’il lui parle de sa haine pour certains jésuites15 et qu’il discute avec elle des événements politiques. […] En histoire particulièrement, elles changeraient l’aspect des événements. […] Ils veulent déguiser un de leurs parents devant la postérité ou l’attitude d’une nation à une minute donnée du cours des événements. […] Elles ont paru à différentes dates dans des journaux ou dans des périodiques et à l’occasion d’événements sans rapport avec cette présente enquête.
Ils durent à leur mère une de ces enfances saines et heureuses dont il n’y a rien à dire, et où les événements mémorables, gravés à jamais dans la mémoire, ont été une partie de jeu, ou une condamnation au cabinet noir. […] Les années de collège furent aussi dénuées d’événements que celles de la première enfance. […] Il chamarre les événements d’épisodes de son cru : souvenirs de la salle de dissection, aventures ténébreuses dans le goût du jour. […] Au cinquième acte, la gracieuse idylle de Déidamia fait de nouveau dévier le sujet et termine le drame par un événement romanesque, un pur accident ; à moins que l’on n’accepte l’interprétation que M. […] Les événements de ces longues années sont quelques petits voyages et beaucoup de passions pour rire.
» Et puis, ce tribut payé à la pitié, on n’y a plus pensé, et on n’y pensera plus jusqu’à ce qu’un autre événement revienne nous apprendre encore que le hard labour existe réellement et qu’il faut le changer. […] Cet événement que relatent, avec des détails erronés d’ailleurs, toutes les gazettes de l’Europe, s’accomplit un samedi, jour favorable aux surprises de l’histoire. […] L’angoisse que les graves événements de l’intérieur et de l’extérieur donnent à tous les cœurs nobles, ne nous permet point les loisirs tranquilles et charmants que nous aimions. […] Mais il faut s’attendre aux plus étonnants événements… L’autre jour, j’ai rencontré une femme qui revendique plus encore. […] Au jour des fêtes nationales, des deuils publics, des événements qui jettent les foules dans les rues, on tremble que le patriotisme ne fasse une de ces frasques dangereuses qui peuvent amener d’irréparables malheurs.
Les grands faits sont bien souvent mieux expliqués par ces mémoires intimes que par les gros livres d’histoire qui, selon l’auteur du Génie du christianisme, ne sont que l’endroit des événements et n’en montrent pas l’envers. […] Composé d’événements qu’elle apprécié ou auxquels elle s’est trouvé mêlée, ce livre plein d’ardeur et de feu nous rappelle de grandes scènes pour la plupart dramatiques, où son talent descriptif se trouve à l’aise. […] Hervieu, c’est la sorte d’indifférence avec laquelle il sait présenter les événements, même les plus dramatiques de son roman. […] C’est le vertige que ce tourbillon d’événements qui emporte et apporte des hommes, et quels hommes ! […] On s’effare à l’abjecte idiotie non seulement des hommes, benêts de 89, tambours-majors de 93, pleutres de 95, mais encore des événements eux-mêmes.
Chacun bavarda à sa guise sur cet événement. […] Voici un événement qui ne les réjouira pas plus que votre ouvrage. […] N’est-elle pas à présent maîtresse des événements ? […] Et parce qu’elle n’a pas fait son rôle, le mien est mauvais, et je me suis rendu garant des événements ? […] Cet événement a produit une grande émotion parmi tous les ordres de l’État.
. — Juge si je suis contente et fière aujourd’hui de penser que tu consoles notre bien-aimé père de tout ce qu’il a enduré par un grand concours d’événements désastreux. […] C’est le jour de Noël que cet événement imprévu a éclaté.
. — Influence réciproque des événements et des écrits. […] Et d’abord il paraît constant, nonobstant chicanes, que le premier petit écrit dont se compose cette Satyre farcie (l’écrit intitulé la Vertu du Catholicon) fut imprimé réellement en 1593, avant la chute de la Ligue ; il n’est pas moins certain, pour peu qu’on veuille réfléchir, que tous ces quatrains railleurs, ces plaisantes rimes , épîtres et complaintes, que la Ménippée porte avec elle, coururent imprimées ou manuscrites, et durent être placardées, colportées au temps même des événements qui y sont tournés en ridicule.
Car c’est là le trait le plus frappant de ce style, la rapidité prodigieuse, le défilé éblouissant et vertigineux de choses toujours nouvelles, idées, images, événements, paysages, récits, dialogues, petites peintures abréviatives, qui se suivent en courant comme dans une lanterne magique, presque aussitôt retirées que présentées par le magicien impatient qui en un clin d’œil fait le tour du monde, et qui, enchevêtrant coup sur coup l’histoire, la fable, la vérité, la fantaisie, le temps présent, le temps passé, encadre son œuvre tantôt dans une parade aussi saugrenue que celles de la foire, tantôt dans une féerie plus magnifique que toutes celles de l’Opéra. […] Diderot le pousse à bout jusque dans l’emphase larmoyante ou furibonde, par des exclamations, des apostrophes, des attendrissements, des violences, des indignations, des enthousiasmes, des tirades à grand orchestre, où la fougue de sa cervelle trouve une issue et un emploi En revanche, parmi tant d’écrivains supérieurs, il est le seul qui soit un véritable artiste, un créateur d’âmes, un esprit en qui les objets, les événements et les personnages naissent et s’organisent d’eux-mêmes, par leurs seules forces, en vertu de leurs affinités naturelles, involontairement, sans intervention étrangère, de façon à vivre pour eux-mêmes et par eux-mêmes, à l’abri des calculs et en dehors des combinaisons de l’auteur.
CXII Ces pressentiments n’étaient que trop fondés, monsieur ; pourtant nous fûmes bien tranquilles pendant un certain temps après l’événement du châtaignier ; nous guérissions avec beaucoup de soins sa blessure, comme vous voyez ; tous les jours Hyeronimo et Fior d’Aliza apportaient au pied de l’arbre des mottes de terre humide, enlevées au bord de la grotte, pour rafraîchir l’arbre et pour le panser comme on panse un malade. […] CXVIII Tout étourdis que nous étions par les événements de la journée, et tout abattus par la terreur qui nous enlevait jusqu’à la pensée du lendemain, cependant nous ne pouvions pas attendre le grand jour pour soustraire Hyeronimo au danger qui le menaçait et aux menaces que les sbires avaient proférées en s’éloignant.
Le soir, les portes de la prison ne s’ouvrirent plus, et cet événement, dont le bruit remplissait alors le monde, retombe tout entier sur deux femmes solitaires et malheureuses, et qui n’étaient soutenues que par l’attente du même sort que leur frère et leur époux. […] L’espérance des nations, si longtemps attachée au destin de la France, ne pourrait plus entrevoir dans l’avenir aucun événement réparateur de cette génération désolée. » XXIV 1 Le neuf thermidor et la chute de Robespierre permirent à madame de Staël d’élever la voix.
Comme lui, il ne fut d’Église que pour avoir part aux revenus de l’Église, du reste l’esprit le plus laïque qu’on puisse voir : comme lui, il recueillait de toutes bouches l’exact détail des événements, à grands frais et fatigue de corps, aujourd’hui à Londres, demain en Écosse, cette année à Paris ou en Auvergne, l’autre en Avignon, en Béarn, en Hollande, toujours interrogeant et notant, et de loin en loin se reposant dans son Hainaut pour classer et rédiger ses notes : indifférent du reste aux intérêts vitaux des peuples et des temps dont il fait l’histoire, ni Anglais, ni Français, ni même Flamand de cœur et de sentiment national, clerc aujourd’hui de Madame Philippe reine d’Angleterre, demain chapelain de Mgr le comte de Blois, à l’aise dans tous les partis, sans amour et sans haine, parce qu’il est sans patrie, curieux seulement de savoir et de conter. […] Sa poésie est toute réelle et personnelle, toute de circonstance ; il rime au jour le jour tous les événements de sa vie, et tous ceux de son temps.
Il démonte, pour ainsi dire, les événements, pèse les forces et les influences, sonde les conséquences. […] Je ne puis même résumer ici, mais il faut voir avec quelle incomparable maîtrise Commynes décompose tous les éléments, toutes les étapes de la ruine de son ancien maître, toutes les occasions de salut gâchées ou refusées et, d’autre part, le jeu de son nouveau maître, les commodités qu’il offre à son ennemi pour aller « où le conduisait son malheur130 », les multiples assurances qu’il prend pour ne rien perdre, et pour gagner à tout événement, la fiévreuse activité dont il recueille, après la mort de Charles, les résultats de son apparente indolence, l’échafaudage de motifs, le balancement de pour et contre, qui précèdent chaque démarche, chaque parole décisive : si on lit cette partie de la chronique, on comprendra du même coup et Louis XI et Commynes.
Son habileté à intéresser par des procédés de style, des âmes factices, des séries d’événements cauteleusement rapprochés, des suggestions et des surprises, perdrait vite tout ascendant, si le conteur n’avait tenu compte par instinct d’une loi de psychologie que l’école allemande a formulé presque mathématiquement et dont on peut saisir l’effet dans la diminution de plaisir à la répétition d’un morceau bissé, dans la lecture de moins en moins fructueuse d’un roman parcouru de suite. […] Ayant choisi un effet premièrement nouveau, secondement vif, je considère si on peut le produire le mieux par des incidents ordinaires et un ton particulier, ou par des incidents et un ton particuliers, regardant ensuite autour de moi ou plutôt en moi pour trouver cette combinaison de ton et d’événements qui m’aideront le mieux à produire l’effet.