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1651. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre IV. Le Séminaire d’Issy (1881) »

Un éternel fieri, une métamorphose sans fin, me semblait la loi du monde.

1652. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 mai 1886. »

Elle lui rappelle « qu’il est maudit … qu’il lui appartient de par tous les pouvoirs des anathèmes éternels … qu’il n’avait que faire de songer à un monde qui le répudierait avec horreur s’il pouvait y rentrer à jamais !

1653. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Lettres de m. l’Abbé Sabatier de Castres ; relatives aux trois siecles de la littérature françoise.ABCD » pp. -641

Je ne vous répete point un millier de bons mots, de sentences, de dits mémorables dont je suis l’éternel sujet ; je ne vous répete pas les Epigrammes, dont on m’assaillit & que je pardonnerois à leurs Auteurs, quand même ils y mettroient du sel.

1654. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre II, grandeur et décadence de Bacchus. »

Ses aventures sont innombrables, ses transformations égalent les avatars du Vischnou indien : non moins que lui mobile et nomade, prenant et rejetant toutes les formes de la vie divine et humaine, comme les costumes changeants d’une fête éternelle.

1655. (1856) La critique et les critiques en France au XIXe siècle pp. 1-54

L’éternelle nature s’offre tour à tour sous divers aspects aux hommes que le temps dans son cours entraîne devant elle.

1656. (1920) Action, n° 3, avril 1920, Extraits

Un Comte qui dans un bal musette Retire la plus belle grisette Il en fait la compagne de ses jours Croyant à son éternel amour.

1657. (1896) Impressions de théâtre. Neuvième série

la volupté de ne plus souffrir, l’immense repos éternel du non-être… Qu’as-tu à redire à ce projet ?  […] Il y a des fautes qui sont d’avance privées de remords, et vous avez commis de ces fautes-là. ») En somme, le problème se ramène vite, dans notre pensée, à l’éternel problème métaphysique de l’existence du mal. […] Tu es capable, après t’être mariée par amour, de te refuser à ton époux par pudeur, et de te séparer de lui par jalousie ; puis tu passeras un an ou deux à pleurer, à voyager, a lire, à prier, à t’ennuyer ; après quoi, tu voudras recommencer le roman de l’amour, et tu offriras ton âme à un monsieur que tu connaîtras à peine, qui te jurera un amour éternel, et qui, deux heures après, te soupçonnera et t’insultera comme la dernière des femmes ; Le jour même, emportée par le dépit et la colère, tu t’offriras tout entière à un autre que tu ne connaîtras pas du tout ; c’est-à-dire que tu te compromettras avec deux hommes, tout en adorant et n’ayant jamais adoré que celui que tu repousses, ton mari. […] Et l’héroïque parricide, attestant, dans les lueurs éternelles qui sont peut-être ses regards, le Dieu qui lit dans les consciences, et qui a voulu que, obligés envers nos générateurs terrestres, nous le fussions plus encore envers la patrie, la terre elle-même et le mystérieux univers : Vous êtes les témoins, astres, regards de Dieu ! […] Au troisième acte, Constantin était dans la morale éternelle : il est, aux deux derniers, dans la morale traditionnelle et historique.

1658. (1904) Propos littéraires. Deuxième série

Si les vertus sont des déguisements de l’égoïsme, elles sont éternelles. […] Il ne tient pas compte et des instincts mêmes, probablement éternels, de l’humanité, et de ses intérêts véritables. […] Ducros aurait-il dû faire attention au sens profond de ce mot de Grimm qu’il cite : « La loi éternelle s’exécute toujours [même dans la société, car c’est de la société politique qu’il parle] et veut que le faible soit la proie du fort. » C’est le mot d’un pur « naturaliste » que le « naturalisme » n’a pas rempli de pitié. — Et quant au rationalisme, il enseigne, si l’on veut, la philanthropie ; mais il l’enseigne très froidement. […] On sait assez que la reconnaissance de Sarcey fut éternelle et qu’About, vivant ou mort, fut toujours pour Sarcey un être à part, à qui il ne fallait pas toucher, dont tous les mérites devaient être exaltés avec piété, dont les erreurs devaient être oubliées et au nom de qui on pouvait demander à Sarcey tous les dévouements.

1659. (1890) Nouvelles questions de critique

Ce serait le cas de reprendre ici la fameuse comparaison de Stendhal : « Ce que j’appelle cristallisation, c’est l’opération de l’esprit qui tire de tout ce qui se présente la découverte que l’objet admiré a de nouvelles perfections. » Ainsi, chaque siècle, qui passe sur un chef-d’œuvre, sans en avoir altéré l’air d’éternelle jeunesse, donne au siècle qui suit cent raisons nouvelles d’y reconnaître de nouvelles beautés. […] ni Le flamboiement flottant sur les nuits éternelles ? […] Paul Lenoir a le mérite au moins d’avoir bien vu, le grand intérêt en est fait de ne pas être neuve, d’être au contraire de tous les temps, née avec l’art lui-même, éternelle et infinie comme lui.

1660. (1892) Essais sur la littérature contemporaine

Enfin, je n’apprendrai à aucun de mes lecteurs ni qu’il y a dans notre prose peu de récits d’une beauté plus triste, ou d’une émotion plus pénétrante que Laurette, ni que quelques vers du Mont des Oliviers, de la Colère de Samson, de la Maison du berger, ne périront, s’ils doivent périr, qu’avec la langue française ; — ceux-ci, par exemple, qui sont dans toutes les mémoires : S’il est vrai qu’au Jardin sacré des Écritures Le Fils de l’homme ait dit ce qu’on voit rapporté ; Muet, aveugle et sourd aux cris des créatures, Si le Ciel nous laissa comme un monde avorté ; Le juste opposera le dédain à l’absence, Et ne répondra plus que par un froid silence Au silence éternel de la Divinité. […] …………… La suprême Berceuse Sans bouger, sur son aile ouverte et paresseuse, Attend, le regard fixe au fond des cieux rivé, Un ordre souverain qui n’est pas arrivé… …………………………………………… Dans l’azur, un silence immense et solennel Semble épier l’arrêt de l’Arbitre éternel… Mais ce n’est qu’un moment, et reprenant brusquement son vol vers les hauteurs, la Mort les enlève et la Terre, et, d’une course vertigineuse, montant jusqu’au zénith, elle les dépose, encore « étonnés du départ », dans le suprême et entier Paradis. Car c’est assez, pour être mis au nombre des élus, qu’ils n’aient point hésité devant le dernier sacrifice ; et, dégagés désormais de toutes les attaches qui les retenaient encore à la condition humaine, ils ont mérité d’entrer, pour avoir eu plus de pitié des autres que d’eux-mêmes, dans le sein de la paix, dans le midi de la lumière, et dans la gloire du triomphe éternel. […] Quand sur une personne on prétend se régler C’est par les beaux côtés qu’il lui faut ressembler, c’est par les côtés éternels de sa comédie, si je puis ainsi dire ; ce n’est point par les côtés qui la datent, qui en font une œuvre de son temps ; ce n’est point enfin par ses défauts, s’il en a ; — et qui doute, aussi lui, qu’il en ait ? […] Mais ce qui sera plus intéressant peut-être, ce sera de rappeler quels sont les principes de cet art, ou encore les raisons, les éternelles et solides raisons qu’il y aura toujours d’en faire cas.

1661. (1933) De mon temps…

D’année en année il s’élevait plus ample, plus grave, plus pathétique, tantôt hymne extasié à la beauté du monde, à ses éblouissements de midi, à ses splendeurs du soir, tantôt appel impérieux d’une âme insatiable vers le bonheur et vers l’amour, tantôt incantation magique pour retenir tout ce qui fuit et arrêter tout ce qui passe, tantôt confidence inquiète d’un cœur secret, tantôt défi hautain aux puissances destructrices qui s’acharnent à ruiner ce qui n’est pas éternel et qui commencent en nous-mêmes leur œuvre de néant. […] Soumise à la loi inéluctable et aux forces éternelles, elle s’est tue.

1662. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « Conduite de l’action dramatique. » pp. 110-232

Pyrrhus, rebuté par les refus de sa captive, se résout à épouser la princesse ; il vient en avertir Oreste : D’une éternelle paix Hermione est le gage. […] Le comique de caractère peut être d’une ressource infinie pour ce théâtre ; il fournirait au poète et au musicien un moyen de sortir de la monotonie éternelle d’expressions miellées, de sentiments doucereux, qui caractérisent nos opéras lyriques.

1663. (1907) L’évolution créatrice « Chapitre III. De la signification de la vie. L’ordre de la nature et la forme de l’intelligence. »

Il pourra hypostasier l’unité de la nature ou, ce qui revient au même, l’unité de la science, dans un être qui ne sera rien puisqu’il ne fera rien, dans un Dieu inefficace qui résumera simplement en lui tout le donné, ou dans une Matière éternelle, du sein de laquelle se déverseraient les propriétés des choses et les lois de la nature, ou encore dans une Forme pure qui chercherait à saisir une multiplicité insaisissable et qui sera, comme on voudra, forme de la nature ou forme de la pensée. […] Le mystère répandu sur l’existence de l’univers vient pour une forte part, en effet, de ce que nous voulons que la genèse s’en soit faite d’un seul coup, ou bien alors que toute matière soit éternelle.

1664. (1782) Essai sur les règnes de Claude et de Néron et sur la vie et les écrits de Sénèque pour servir d’introduction à la lecture de ce philosophe (1778-1782) « Essai, sur les règnes, de Claude et de Néron. Livre second » pp. 200-409

Il n’en est rien ; et pour répondre à Sénèque dans sa manière, je lui dirai : « Nous sommes touchés de tout ce qui nous promet des regrets éternels. […] La sagesse éternelle n’a ouvert (Lettre LXX) qu’une porte pour entrer dans la vie, et en a ouvert mille pour en sortir. […] Ou le monde est éternel, ou il ne l’est pas. S’il est éternel, voilà donc un être absolu et indépendant de la puissance des dieux ; s’il ne l’est pas, il a été créé. […] 13° « Qu’il a plu à l’auteur de peindre Suilius, Dion Cassius et Xiphilin comme les plus scélérats des hommes…374 » L’auteur a dit, d’après Tacite, que Suilius était un scélérat ; d’après Crevier, que Dion était le calomniateur éternel des grands hommes, et d’après La Mothe-le-Vayer, Juste Lipse, Bayle et Montaigne, que Xiphilin avait la tête mauvaise ; mais il n’a pas dit de tous les trois indistinctement que ce fussent des scélérats.

1665. (1922) Nouvelles pages de critique et de doctrine. Tome II

Ne distinguez-vous pas de même, dans l’actuelle méconnaissance de la sensibilité française par les Anglais, un signe de leur éternelle insulation ? […] Grâce à elle, les Allemands ont faussé quelques vérités politiques et camouflé en idéologies leurs éternels instincts de conquête déjà stigmatisés par Tacite. […] Après avoir analysé la théorie de Kant sur la liberté et montré qu’elle n’est qu’un déterminisme, mal déguisé par la distinction célèbre entre l’Homme phénomène ou l’homme engagé dans le temps et l’homme éternel, ou noumène, M.  […] La propriété héréditaire, c’est l’organe de durée sans lequel une société ne serait plus qu’un éternel et stérile recommencement.

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