« Il les publie, dît-il dans sa préface, pour faire valoir l’esprit de ses illustres amies, et pour ne rien ôter à si reconnaissance et à leur gloire. » Il ajoute : « Je leur dois rendre le témoignage que leurs innocentes faveurs ont adouci tout le chagrin de ma vie et m’ont mis en état de me passer plus aisément de ce qu’on appelle fortune… Les femmes de qualité ont poli mes mœurs et cultivé mon esprit ; et comme je ne leur ai jamais eu d’obligation pour ma fortune, je n’ai jamais souffert auprès d’elles de servitude ni de contrainte. » Ces paroles ne sont pas d’un homme méprisable. […] Je remarque ces circonstances pour que le lecteur ait une idée juste de l’état de la maison de Rambouillet depuis plusieurs années, Lorsque Molière mit ses Précieuses au théâtre de la capitale. […] « Madame d’Albret, dit-elle, eut le secret de s’attacher madame Scarron, que le maréchal avait connue chez son mari. » La maréchale d’Albret était une excellente personne de peu d’esprit, très dévote ; mais sa bonté jointe aux dignités du maréchal, à sa passion pour le bel esprit, au grand état de sa maison, y attirait la meilleure compagnie.
Une distinction de ce genre était à faire, sans doute ; mais il ne fallait pas s’enfermer dans l’état émotionnel. Il fallait, pour toucher le fond du plaisir du beau, remonter aux perceptions mêmes, aux états perceptifs de la vue ou de l’ouïe, lesquels sont agréables ou désagréables selon la nature et le degré de l’excitation. […] Mais il est parti de l’étude des œuvres complexes, il a négligé les cas simples, et il a donné pour premier temps de l’état émotionnel un sentiment d’exaltation neutre qu’il serait plus légitime d’attribuer au moment de la perception.
. — L’homme est un clavecin, doué de sensibilité et de mémoire… Que ce clavecin animé et sensible soit doué aussi de la faculté de se nourrir et de se reproduire, et il produira de petits clavecins. » Il disait : « Même substance, différemment organisée, la serinette est de bois, l’homme de chair. » Et encore : « Nos organes ne sont que des animaux distincts que la loi de continuité tient dans une identité générale », et il concluait comme s’il l’avait vu : « Quand on a vu la matière inerte passer à l’état sensible, rien ne doit plus étonner ! […] Ce poëme, illisible sans la grâce d’état philosophique, n’est dangereux que par fragments. […] — qui crut un jour pouvoir forcer la porte du pénitentiaire de Dieu, en mariant les langues, dans lesquelles nous sommes déportés, pour en faire une communauté et une langue universelle, Leibnitz aussi laissa surprendre sa religion et son génie à cette bêtise impie d’un optimisme, interdit nécessairement à un monde en chute, — mais c’est Hegel qui devait élever à l’état de principe le pressentiment de Leibnitz !
Cousin, — qui a nommé l’éclectisme, mais qui ne l’a pas inventé, — qui a donné une possession d’état à ce bâtard de l’optimisme de Leibnitz, M. […] quelle que soit la différence de ton de ces deux ouvrages, ils ont cela de commun qu’ils montrent très bien, chacun à sa façon, l’état actuel de la philosophie, et sur quel pauvre grabat d’idées la malheureuse se sent mourir. […] Taine, qui n’a pas l’esprit de son état, veut, lui, à toute force, le faire oublier.
A l’état de simple tendance, elle est partout dans la rature. […] Notre nature morale, prise à l’état brut, différerait alors radicalement de celle de nos plus lointains ancêtres. […] Tel de ces éléments a pu ne jamais se produire dehors à l’état pur. […] L’idée que l’homme se survit à l’état d’ombre ou de fantôme est donc toute naturelle. […] Il est rare, d’ailleurs, que l’évolution aboutisse à un état définitif.
Deux états sociaux ruinent l’idée ou plutôt le sentiment de la patrie : la vie politique trop violente, et la vie politique nulle. […] Il a été, chez les peuples qui l’ont adopté, un passage, une transition lente d’une religion à un état religieux, et d’un état religieux à une simple disposition spiritualiste. […] Il l’est doublement, étant de complexion un peu féminine, et faisant état de psychologue. […] Là où le climat fait la femme nubile de bonne heure, il la met dans un état de dépendance plus grande qu’ailleurs. […] Ce serait un état social parfaitement ordonné et odieux.
Il ne parvient donc à se réaliser dans un état de connaissance qu’en se divisant en objet et en sujet. […] Ce qu’il faut retenir de ces développements, c’est que la réalité psychologique de quelque façon qu’on l’imagine, est bien un compromis entre deux forces dont l’une s’exprime en une tendance à agir et l’autre en une tendance à prendre conscience, à titre de spectacle, des actes accomplis, c’est que cette réalité qui a pour support les combinaisons les plus diverses, les états d’équilibre les plus variés entre ces deux tendances, se voit abolie dès que l’une d’elles, triomphant de l’autre absolument, l’exclut : en sorte que, selon un Bovarysme essentiel, l’existence de quelque réalité psychologique suppose l’antagonisme de ces deux forces, dont chacune tient les conditions de sa mort pour les conditions de son triomphe et ne persiste dans l’être que par la vertu de sa défaite tout au moins partielle.
Il écrivoit de Ferrare, lieu de son exil, à François premier, aux dames de France, à toutes les personnes en état de le servir, afin de les intéresser en sa faveur. […] Mais, dieu mercy, après toute souffrance, Suis retourné au bon pays de France, De mon premier état récompensé D’un plus doulx roy qui fut onc offensé.
Le but de Platon est toujours de conserver dans son état les parties d’un art qui sont presqu’incapables de nuire, lorsqu’il proscrit celles qui lui semblent trop dangereuses. […] On ne doit proscrire dans un état que les arts superflus et dangereux en même tems, et se contenter de prendre des précautions pour empêcher les arts utiles d’y faire du dommage : Platon lui-même ne défend pas de cultiver la vigne sur les côteaux de sa republique, quoique les excès du vin fassent commettre de grands désordres, et quoique les attraits de cette liqueur engagent souvent d’en prendre au-delà du besoin.
Chaque romancier aura-t-il la ridicule prétention de nous dresser un rapport sur l’état anatomique et l’état dynamique de ses héros et de ses héroïnes. […] Nous répliquerons facilement qu’autre chose est un trouble organique passager ou permanent qu’un seul mot indique ; et autre chose est l’état sain où toutes les fonctions ont un jeu libre et régulier. […] Après avoir décrit l’individu à l’état sain, ils le reprennent à l’état maladif. […] Ce qui ne les empêche pas de continuer leur état. […] Cela peut se prolonger indéfiniment et l’auteur n’y manque pas c’est passé chez lui à l’état de tic.
Voilà, soit dans l’état sauvage, soit dans l’état de société, voilà l’homme isolé et libre de J. […] Cette définition, que nous n’avons malheureusement rencontrée jusqu’ici dans aucun publiciste moderne, et qui est pour nous à l’état d’évidence, élève le législateur véritable à la dignité d’oracle, fait du commandement un sacerdoce civil, de l’obéissance un devoir, de l’amour de la patrie un culte, et du dévouement des citoyens au gouvernement une sainteté. […] L’homme a été créé par Dieu un être essentiellement sociable, tellement sociable que, s’il cesse un moment d’être sociable, il cesse d’exister ; l’état de société lui est aussi nécessaire pour exister que l’air qu’il respire ou que la nourriture qui soutient sa vie. […] On se demande si les sexes doivent faire des différences dans la loi de partage ; si les filles, par leur état de faiblesse et de minorité, espèce d’esclavage attribué par la nature à la femme, doivent posséder des propriétés territoriales qu’elles ne peuvent pas assez défendre. On se demande si, quand l’état de mariage les fait suivre forcément hors du foyer de la famille un maître ou un époux qui les assujettit à son empire, elles doivent emporter dans des familles étrangères la propriété héréditaire de leur propre famille.
Il m’a trouvé le foie à peu près à l’état normal, et semble croire, comme Potain, que c’est un rhumatisme qui se promène sur l’estomac et sur le foie. […] Après la guérison d’une embolie cérébrale, il aurait une embolie pulmonaire, et serait dans un état désespéré. […] Il croit son cœur en mauvais état, et va consulter un médecin, son livre fini. […] Il signalait la dépression morale, qu’à la longue amenait l’état du condamné, disant qu’il était arrivé à ne plus parler, et qu’à sa rentrée en France, il était resté, pendant des années, silencieux, muet. […] Mme Commanville, que je coudoie, m’annonce qu’elle part le lendemain, pour Nice, avec le pieux désir de voir, de consoler la mère de Maupassant, qui est dans un état inquiétant de chagrin.
Mais l’écrivain ne doit pas perdre de vue que nous ne pouvons nous représenter complètement un symptôme physiologique d’un état mental et le ressentir par contagion si nous ne sommes pas déjà prédisposés à cet état mental. […] Le chemin à parcourir pour l’esprit d’un signe extérieur à l’état intérieur qui lui correspond, étant indirect, exige une dépense d’attention plus forte, qui entrave la contagion nerveuse. […] Le résultat, c’est que la littérature qui procède de Rousseau devait s’attacher à peindre un état de société moins conventionnel, moins faux que la société des salons d’alors, qui avait seule servi de type aux précédentes littératures. […] Or, en une certaine mesure, chacun de nous est tout le monde, aussi longtemps du moins qu’il demeure en l’état de calme ; et le personnage d’un drame aussi est tout le monde à moins de personnalité par trop marquée. […] L’émotion la plus vive est l’état mental le plus instable.
En cet état, un besoin naît, qui est que notre façon d’être ne nous soit pas imposée par autrui. […] Les constituer à l’état de corps, c’est par définition briser l’unité et établir la lutte. […] Pour s’y mettre, il faudrait s’entendre ; et s’entendre, c’est être en état social depuis des siècles. […] C’est chrétien, ce n’est pas l’état chrétien. […] Au fond, dans cet état, c’est nous, très pur, que nous adorons.
Il suit de là que des états définis du cœur sont enveloppés dans des états correspondants de l’intelligence, et que toute doctrine philosophique suppose un cortège d’émotions qui raccompagne. […] Justement au moyen d’une minutieuse peinture d’états successifs. […] Il correspond d’une manière merveilleuse à certains états de l’esprit, et, pour ce motif même, il ne correspond pas à d’autres. […] A un certain état des nerfs qui seul permet certaines perceptions, correspond un état de l’intelligence et de la volonté, et c’est cette correspondance que nos réalistes sensitifs méconnaissent sans cesse […] Chacun des chapitres étudie un état de l’âme, et, sous le titre de Concordances, quelques lignes le précèdent qui établissent de la manière la plus sèche l’événement d’où est né cet état de l’âme.