Hugo, et ne pouvait être exécutée que par un écrivain de ce style. […] Quant à la question des respects dus au mariage, et des atteintes qu’un illustre auteur y aurait portées par ses écrits, et des conséquences sociales que l’écrivain anglais y rattache, c’est un point qui vient d’être traité, et par l’auteur même inculpé, contre un adversaire français trop distingué, trop capable et trop courtois, dans des termes trop parfaitement convenables et dignes26, pour que je prétende m’en mêler. […] Cette beauté, il faut en convenir, cette harmonie de contours et de composition, qui peut réparer jusqu’à un certain point les désordres du fond, nos écrivains modernes, si éclatants dans le détail, ne l’ont guère, et c’est là peut-être ce qu’il faudrait leur demander plutôt qu’une moralité directe que l’art véritable n’a jamais cherchée et qu’il fuirait, j’en suis sûr, obstinément, sitôt qu’on la lui afficherait avec solennité.
Nous ne sommes pas de son sentiment, & nous allons établir nos raisons, ou plutôt combattre les siennes, sans craindre que ce Critique trouve mauvais que nous usions d’un droit dont il a usé lui-même à l’égard de plusieurs Ecrivains. […] Les Ouvrages de nos grands Ecrivains ont suffisamment prouvé qu’elle est capable de s’élever à tout & de tout enrichir, sous une plume habile à la manier. […] On peut aller plus loin, & ce ne sera pas un paradoxe que de soutenir qu’il est très-possible de faire perdre leur trivialité aux termes le plus en usage parmi le Peuple, pourvu qu’un Ecrivain soit assez courageux pour secouer le préjugé, & assez habile pour subjuguer la Langue, en ennoblissant des expressions qui seroient basses sous la plume d’un homme ordinaire.
On y trouve un écrivain dont les grands talens doivent faire oublier ses Lettres du chevalier d’Her… ses comédies peu théâtrales, son Apologie des tourbillons de Descartes & les Essais informes qu’il a faits dans les genres de Lucien & de Théocrite ; plus heureux dans ceux de Quinault & de Bacon, & surtout dans la géométrie ; faisant aimer les sciences les plus abstraites ; réunissant la subtilité du raisonnement à un stile qui lui est particulier & qui a fait beaucoup de mauvais imitateurs ; ayant plus d’esprit que de génie, & plus de délicatesse que d’invention ; placé sous deux règnes pour mériter l’estime de deux siècles, & par la variété de ses connoissances, & par la singularité de son ame toujours paisible, modérée, égale, inaccessible aux mouvemens inquiets ou violens, qui rendent les autres hommes malheureux ; fait, en un mot, pour les agrémens & les délices de la société, mais non pour être l’exemple des belles ames, des cœurs sensibles & reconnoissans. […] Les principales sont que cette idée étoit favorable au christianisme, à son établissement miraculeux, à l’explication de nos mystères, à la fuite du prince des ténèbres, à son silence supposé depuis l’apparition du messie, à la philosophie de Platon, si goûtée & si vantée de tous les écrivains ecclésiastiques. […] Des sectes entières de philosophes, des écrivains, & sur-tout les poëtes comiques, des grecs encore sans culture, mais d’un sens droit, des chrétiens eux-mêmes s’en moquoient ouvertement.
On est né l’un, de même que l’autre : on peut seulement, dit cet écrivain, conduire le génie & le régler. […] Un des écrivains les plus minutieux que nous ayons, accuse Gibert de l’être à l’excès. […] Ces paroles étoient moins l’effet de la présomption, que celui de la candeur & d’un certain oubli de soi-même, qui faisoit le caractère de cet écrivain.
Mais c’est chez un autre écrivain du même temps que la souffrance morale se révèle avec le plus d’intensité. […] Les agitations de l’écrivain se traduisent dans son œuvre. […] Mais il serait injuste d’appuyer sur cette faiblesse, puisque l’écrivain l’a désavouée de son mieux. […] Loin de là, la mélancolie n’a jamais eu peut-être de personnification plus éclatante que cet illustre écrivain. […] L’écrivain s’est inspiré de plusieurs types bien connus.
Son talent d’écrivain ne commence à se produire qu’en se niant soi-même, en se plaignant et se déplorant comme incapable et nul, comme atteint de mort et anéanti. […] On aura remarqué que le talent d’écrivain, sans qu’il y vise, lui est venu de lui-même chemin faisant : il y a déjà telle lettre qui pourrait se citer d’un bout à l’autre, notamment l’une de 1812, où il introduit un passage de Fénelon en se l’appliquant, et qui débute en ces termes : « Je ne peux pas dire que je m’ennuie, je ne peux pas dire que je m’amuse, je ne peux pas dire que je sois oisif, je ne peux pas dire que je travaille. […] Il y avait entre les deux frères, alors si unis en apparence, un malentendu secret qui les séparait à leur insu et qui allait grandir et grossir de plus en plus et démesurément : ce malentendu, c’était le génie, d’écrivain et la gloire, pour lesquels l’un était fait et pas l’autre. […] Cet écrivain, qui se faisait pressentir en bien des lettres antérieures datées de La Chesnaie, se prononce nettement et avec vivacité dans toutes celles qu’il adresse de Paris à son frère en 1814. […] « J’ai peu de talent, écrit-il (26 octobre 1814), et pourtant en regardant dans ma tête il me semble qu’il y a là quelque chose qui ne demande qu’à sortir. » Les événements politiques pourront encore retarder La Mennais un ou deux ans ; l’écrivain dès lors se sentait prêt, en mesure et de force pour le combat.
Le 23 du mois dernier, est mort dans la force de l’âge un homme dont le nom et les œuvres n’étaient guère connus que de ceux qui s’occupent des productions de l’esprit, mais qui était fort apprécié par les meilleurs juges, d’une intelligence rare, élevée, étendue et sérieuse, d’un goût fin, curieux, quelquefois singulier, mais distingué toujours, d’un caractère à part, ironique et original ; écrivain des plus spirituels et des moins communs, et qu’il serait injuste de traiter comme il semblait par moments désirer qu’on le fît, c’est-à-dire par l’omission et le silence. […] Je ne me permettrai ici qu’une remarque : de tous les écrivains distingués de nos jours, il n’en est, j’en suis certain, aucun qui ait fait plus d’épigrammes contre l’Académie française que M. […] Ce n’est pas une biographie que je fais, mais le peu que j’ai dit était indispensable pour entrer dans l’esprit de l’écrivain et pour prendre la mesure de l’homme. […] Bazin : c’était à faire à un écrivain royaliste d’écrire de telles choses sur le premier roi Bourbon. […] Bazin qui rentrent dans les mêmes études du xviie siècle ; il s’était fort occupé de Saint-Simon et de Mme de Sévigné, laquelle il admirait comme écrivain par-dessus tout.
Mais je profiterai d’une publication récente, où un écrivain d’une plume brillante et vaillante, M. […] Rien n’est curieux comme cette sorte de charte, ou plutôt de loi spartiate et hébraïque, que M. de Bonald méditait d’imposer aux écrivains, et cela pendant les plus grandes saturnales de la presse, en plein Directoire. […] Semblable à une eau qui se perd dans le sable si elle n’est arrêtée par une digue, l’homme n’est fort qu’autant qu’il est retenu. » Se croyant déjà revenu à Lycurgue ou à Moïse, il proposait sérieusement à l’administration de faire faire des éditions châtiées et exemplaires des auteurs célèbres : on extrairait de chaque auteur ce qui est grave, sérieux, élevé, noblement touchant, et on supprimerait le reste : « Tout ce qui serait de l’écrivain social serait conservé, tout ce qui serait de l’homme serait supprimé ; et si je ne pouvais faire le triage, dit-il, je n’hésiterais pas à tout sacrifier. » Telle est la pensée que M. de Bonald énonçait en 1796, qu’il continuera d’énoncer et d’exprimer pendant toute la Restauration, et qu’il voudra réaliser tant bien que mal en 1827, comme président du dernier Comité de censure : peut-on s’étonner de la suite d’après le début ? […] M. de Bonald est un des écrivains dont il y aurait ainsi le plus de grandes ou spirituelles pensées à extraire ; on ferait un petit livre qu’on pourrait intituler Esprit ou même Génie de M. de Bonald, et qui serait très substantiel et très original. […] Les physiologistes de l’école de Lucrèce et de Lamarck qui pourront et oseront lui répondre (car la querelle à mort est entre eux et lui) sont encore à naître60· Ses relations avec de Maistre et avec Chateaubriand achèvent de le définir : un écrivain, selon moi, n’est bien défini que quand on a nommé et distingué à côté de lui et ses proches et ses contraires.
Zola, comme tous les écrivains peu aptes à imaginer le mécanisme intérieur de la machine humaine, et comme aucun des romanciers psychologues, montre les actes de ses personnages de préférence à leurs raisonnements, les effets plutôt que les causes. […] Zola n’est ni un écrivain extraordinaire tel que V. […] Zola montre qu’il n’existe pas plus d’écrivains purement réalistes qu’il n’y a d’absolus idéalistes. […] Autant cet écrivain nous paraît piètre penseur, mal renseigné et peu spéculatif, autant nous l’admirons pour son génie incomplet mais puissant. […] Zola, la tâche de continuer le roman moderne devront partir de ce grand écrivain plus vaste qu’élevé, mais qui a construit, une fois pour toutes, les assises des œuvres futures.
Et l’écrivain qui les a décrits, ces horizons et ces environs, avec le sens et le goût des choses divines, qui est-il ? […] C’est ici que l’auteur des Horizons prochains va gagner en s’élevant une originalité relative ; elle est un Michelet assaini, essuyé, clarifié, brillant d’une pureté que rien ne ternit et qui par ce côté écrase l’écrivain qu’elle rappelle et lui eût fait honte à lui, dont les dons étaient si beaux et qui en a tant abusé, s’il avait pu se regarder tel qu’il aurait pu être, dans ce miroir, tout ensemble faux et fidèle, taillé dans le diamant qu’il n’avait plus ! […] Aussi, l’attendrissement que nous causent ces simples histoires ne nous fond pas le cœur, mais nous le fortifie ; et c’est là la caractéristique de l’écrivain. […] La pensée de l’écrivain et son inspiration sont plus haut qu’elles. […] (Voir le Ier volume des Œuvres et des Hommes, Philosophes et Écrivains religieux, Ire série.)
Ce n’est pas de l’auteur que je parle ainsi, c’est de l’homme : l’homme en lui était mille fois plus vaste que l’écrivain. L’écrivain écrit, l’homme sent et pense. […] » Tout le monde finit par être de son avis : la conscience d’un écrivain de génie intimide les sots, foudroie les méchants, rassure les lâches ; c’est ce que Balzac trahit à mes yeux. […] C’est mal, cependant ; il faut une organisation robuste qui vous manque, à vous autres femmes, pour supporter les tourments de la vie de l’écrivain. […] Elle adorait Balzac, comme écrivain.
Les écrivains détraqués se plaisent aussi à décrire des scènes de crime et de sang, tout comme Ribeira, le Caravage et les autres peintres homicides se plaisent dans les représentations horribles. […] La théorie de la décadence doit donc s’appliquer à des groupes d’écrivains, à des fragments de siècle, à des séries d’années maigres et stériles : toute généralisation est ici impossible. […] Les écrivains du dix-septième siècle étaient-ils plus modestes ? […] Même lorsque la vertu est prise comme objet de drame ou de roman, c’est l’élément passionnel de la vertu, c’est la passion de la pitié, du dévouement, etc., qui d’habitude fournit à l’écrivain ses sujets préférés. […] Les écrivains qui visent à être « physiologistes », ne devraient pas ignorer les effets physiologiques de la suggestion.
Nul poète, nul écrivain ne l’a ressenti plus profondément, et ne l’a exprimé en termes plus poétiques. […] Autant la phrase de l’écrivain réfléchi est nette, courte et ramassée, autant celle de l’écrivain inspiré est complexe. […] L’écrivain qui ne peut penser qu’à ce qu’il écrit actuellement est incapable de composer une œuvre. […] Un écrivain ainsi constitué ne pourra s’exprimer exactement qu’en métaphores. […] Daudet et quelques autres écrivains, ce phénomène se produirait soudainement, comme une crise.
Écrivains latins, poètes latins, les Pères s’efforçaient de former des latinistes. […] On admirait en lui l’écrivain et le penseur. […] Mais peu à peu l’écrivain l’emporte sur le peintre. […] On a eu raison de remarquer que chez lui le peintre a moins gagné au voisinage de l’écrivain que l’écrivain au voisinage du peintre. […] Nos écrivains ont subi l’influence du désastre, non celle du peuple qui nous l’avait infligé.
Il y a les écrivains du parloir et les écrivains du gueuloir. […] Il vient d’avoir vingt ans, et vraiment peu d’écrivains ont été plus précoces. […] Un écrivain a une tendance à croire que la littérature, la pensée, l’intelligence auront arrondi certains angles, émoussé certaines épines de la nature féminine, et une femme de lettres en croit autant d’un écrivain. […] Aussi touchant et naïf, ce perroquet de la sainte littérature, dans le cabinet de travail du vieil écrivain que dans la chambre de Félicité ! […] Nul écrivain n’a moins à perdre que lui à cette mise en lumière des dessous et des substructions.