Va, je suis pénétrée de ton courage, honorée de ton attachement et glorieuse de tout ce que l’un et l’autre peuvent inspirer à ton âme fière et sensible. […] Cette jeune âme d’abord consternée de son malheur, et qui sur l’arbre où son nid paisible était placé avait senti tomber la foudre, ne trouvait plus de sûreté, ne voulait d’abri et d’asile en définitive que sous l’arbre de la Croix. […] Ô superbes et vagues pensées d’hommes ou de femmes, combien en a-t-on vu ainsi, de ces âmes en peine, aller et venir au lendemain de l’orage comme des hirondelles effarées ! […] Se sentant vouée par les événements à une fin tragique, elle y avait beaucoup réfléchi et elle s’était dit qu’il fallait, quand on est appelé à représenter en public, faire un peu de toilette, pour le corps et pour l’âme. […] » « Il faudra du temps avant de revoir une telle âme !
mais quelle âme ! […] Elle est doublée de toute la grâce de ton âme, et je l’ai approchée de mon cœur brisé. — Je ne verrai pas de quelque temps M. […] Il ne faut pas éclater en sanglots devant ces âmes harmonieuses qui chantent pour consoler le monde. […] » Cette rigueur trop prolongée du sort n’est pas moins funeste aux âmes que le trop de mollesse : elle finit par mordre sur elles et les altérer. […] L’aspect nu de la réalité, tout ce qu’elle a d’inexorable et de fatal, revient assaillir, bon gré mal gré, ces âmes aimantes qui veulent espérer, et les envahit, les remplit de douleurs profondes.
Car, lui, il est l’âme même ; il vit d’une vie invisible ; il se guérit par ses propres baumes, il se répare, il recommence, il n’a pas cessé ; il va jusqu’à la tombe et s’éternise au delà. […] Une sorte de fierté modeste, ou de sauvagerie timide, isolait son âme et permettait de la méconnaître. […] Un voile couvrait sa voix ; un voile couvrait son âme et ses yeux et toutes ses beautés, jusqu’à ce que vînt l’heure. […] Cette espèce d’opposition s’est depuis rencontrée souvent, mais jamais, je crois, dans une nature d’âme plus noblement composée et mieux conciliante en ses contrastes que celle de M. de Murçay. […] Et je ne parle pas seulement de ce qui intéresse l’honnêteté naturelle et la justice : soyons d’accord en causant de tout, même des choses de bel-esprit, afin de mieux appuyer l’exact rapport de nos âmes.
Et réfléchissant avec humilité à l’étincelle qui peut jaillir sur les âmes de cette œuvre modestement accomplie, le poète se rappelle et s’applique un fabliau charmant que son aïeule bretonne, dit-il, lui a souvent raconté. […] Lui-même, dans une pièce À mon âme, l’exhortant à s’envoler vers les cieux, et à laisser ce corps qu’il a trop souillé, il lui dit : Fuis, âme blanche, un corps malade et nu ; Fuis en chantant vers le monde inconnu ! […] ; Mais toi, mon âme, à Dieu, ton fiancé, Tu peux demain te dire vierge encore ! […] On y voit à nu le fond de son âme et de son imagination aux heures riantes et aux saisons heureuses. Tel il était auprès de sa sœur, à seize ans, avant d’avoir laissé introduire dans son âme rien d’amer ni d’insultant.
Elles sont sœurs sans se connaître, et se touchent par l’âme, quoique chacune ait son drame à part. […] Dessiner un astragale comme l’Arioste, puis creuser les âmes comme Pascal, c’est cela qui est le poëte. […] Plusieurs des particularités les plus étranges de l’âme humaine sont indiquées par lui. […] Ce qu’on ne s’avoue pas, la chose obscure qu’on commence par craindre et qu’on finit par désirer, voilà le point de jonction et le surprenant lieu de rencontre du cœur des vierges et du cœur des meurtriers, de l’âme de Juliette et de l’âme de Macbeth ; l’innocente a peur et appétit de l’amour comme le scélérat de l’ambition ; périlleux baisers donnés à la dérobée au fantôme, ici radieux, là farouche. […] L’anglais, langue peu faite, tantôt lui sert, tantôt lui nuit, mais partout la profonde âme perce et transparaît.
Le vice ou la folie ou la vertu sont extraits de l’âme et amenés sur le visage. […] Ce maniement de l’âme humaine semble une sorte d’égalité avec Dieu. […] Certaines âmes ont des dents. […] Il subit la lugubre gravitation de la matière envahissant l’âme. […] La nuit n’est que la nuit du monde ; le mal est la nuit de l’âme.
J’aime son âme ardente et tourmentée, son génie si humain. […] Les envolées d’âme de Lamartine souvent entraînantes ne sont point non plus essors à dédaigner. […] Peut-être, Baudelaire et Verlaine sont-ils plus près de notre âme ? […] L’harmonie de nos deux âmes évoque toute l’harmonie. […] C’est l’âme la plus naturellement poétique des temps modernes avec Byron, Shelley, Ronsard, Le Tasse.
n’a-t-il pas une âme ? […] qu’il soit exclusivement composé d’âmes poétiques, élevées, éprises d’idéal ? […] Dans les premiers silences qui suivront, l’oreille et l’âme fatiguées croiront que tout est fini, étouffé dans le tapage. […] Quel est le célébrant que ton âme contemple ? […] L’état des âmes dans cette société mourante, voilà la préparation la plus efficace à l’avènement du christianisme.
Depuis lors, certaines croyances, certaines doctrines morales sur la vie, sur les hommes, sur l’âme et sur Dieu, se sont répandues dans le monde et ont pénétré dans tous les cœurs. […] Il dégage en nous, il ravive, il divinise ces empreintes chères à nos sens et dont tant de fois s’est peinte notre prunelle, ces comparaisons presque innées, les premières qui se soient gravées dans le miroir de nos âmes. […] Les nuages et la nuit couvrent presque tout le ciel ; il n’y a plus qu’à l’occident, à l’endroit où le soleil vient de sombrer dans la mer, une seule porte éclatante, une arche de feu où tout se précipite et va s’engloutir, jour, nuées, aquilons, poussière, écume, et l’âme du poète. […] Habituellement, M. de Lamartine semble craindre, en refeuilletant, comme dit André Chénier, son âme et sa vie, de rouvrir en lui-même des émotions trop déchirantes, de ranimer des traces trop vives. […] La Bénédiction de Dieu dans la solitude unit à cette belle réalité de notre sol et de notre nature une sorte de religion salubre qui passe de tous les objets à l’âme, qui la pénètre et la rend saine.
D’un paysage, il ressent l’âme, avant d’en avoir vu les traits. […] Ce livre procure une grande ivresse qui n’est point amère ni voluptueuse ; qu’on l’approche de son âme, on y entendra l’immense respiration de la vie : ainsi le coquillage redit à l’oreille l’immortel murmure de la mer. […] Je crois son âme souple, obligeante et docile ; elle se rend de bonne grâce aux sollicitations du paysage, et leur contact ne me semble jamais brutal, soit que le décor informe son âme, soit qu’il repose aux principes extérieurs son allégresse préférable ou son souci. […] Francis Vielé-Griffin s’est emparé de tout ce qu’il y a de fécond pour l’âme du voyageur dans notre Touraine actuelle ; il la fait revivre dans ses poèmes avec une grâce touchante, il lui donne une figure émue ; mais souvent les rythmes essentiels lui manquent, qui eussent pu ajouter quelques sourires immortels à la vieille nourrice de […] La plupart des sentiments dont il a reçu l’héritage sont trop universels encore pour qu’il puisse les dire selon les saintes règles d’une prosodie que des siècles ont formée et dans laquelle, poème à poème, s’est révélée toute l’âme d’un peuple dans sa précision victorieuse.
Son tempérament est, pour ainsi dire, plus intellectuel que son âme. […] Son âme marche du même train que le drame et ne peut s’arrêter non plus que lui. […] C’est plus d’émotions que l’âme n’en peut porter en un si court espace de temps. […] L’originalité véritable de sa nature apparaît, et l’on voit jusqu’au fond de son âme. […] L’âme emprunte aux sens leur énergie de révolte et leur fougue audacieuse, les sens empruntent le langage de l’âme pour exprimer leurs plaisirs.
Votre âme a l’âge de chacune de nos âmes. […] C’était un grand preneur d’âmes. […] C’était une âme énorme et candide. […] Mon âme est toute pleine de leurs reliques. […] La fierté fut le ressort de son âme.
Et la candeur d’un jour nouveau rafraîchit mon âme. […] Mais l’âme de Verlaine s’est obscurcie. […] — Entrons donc dans ces âmes tragiques. […] Son âme bistournée, pleine de bibeloteries et de kakémonos, cette âme qui se croit perverse et qui n’est que baroque nous amuse. […] C’est une âme faible quasi méprisable.
» Ainsi à ces époques, plus heureuses par là que les nôtres, et jusqu’en ces âmes dissipées, même au fort du libertinage, on croyait ; quelle que fût la surface et le soulèvement des orages, le fond était de la foi : on revenait à temps, et les grandes âmes allaient haut. […] Rancé était une âme forte, une grande âme ; il comprit du premier jour qu’il avait perdu ce qu’il ne recouvrerait jamais, que recommencer sur les brisées d’hier une vie moindre, c’était indigne même d’une noble ambition humaine. […] Ces âmes-là, une fois prises, n’ont que faire d’un doux et faux bonheur, au sein duquel elles se sentiraient éternellement désolées. […] Rancé pouvait se dire un ravisseur d’âmes, et il avait quelquefois à les disputer aux autres couvents qui les voulaient retenir. […] Les serments vont toujours leur train ; ce sont toujours les mêmes mots, mais ils sont morts ; l’âme y manque : je vous aime n’est plus là qu’une expression d’habitude, un protocole obligé, le j’ai l’honneur d’être de toute lettre d’amour.
Il a bien joué le coup de la grandeur d’âme : les compensations attendues lui sont données, de riches abbayes, dont Saint-Denis. […] Et par Retz se révèle l’affinité de l’héroïsme cornélien avec la virtù italienne : il est sublime d’absolue immoralité dans la grandeur d’âme continue. […] Mais il est à noter qu’il n’affadit pas son personnage : il lui arrive de se noircir à plaisir : il ne lui déplaît pas de montrer combien son âme est supérieure aux préjugés, aux vertus des âmes médiocres. […] Elle, la raison même, Racine était son poète, tandis que Mme de Montespan goûtait mieux Boileau : ces préférences mettent à nu le fond des âmes. […] Mme de Maintenon fut une éducatrice merveilleuse, d’un sens droit et ferme, d’une finesse singulière, d’un tact exquis, d’un art infini pour manier et façonner les âmes.