Ainsi, tandis que l’affirmation porte directement sur la chose, la négation ne vise la chose qu’indirectement, à travers une affirmation interposée. […] Elles dessinent la vision qu’une intelligence systématique se donnera de l’universel devenir quand elle le regardera à travers des vues prises de loin en loin sur son écoulement. […] L’univers ne peut donc être un système de lois que si les phénomènes passent à travers le filtre d’une intelligence. […] Elle n’était pas la « chose en soi », elle n’en était que la réfraction à travers notre atmosphère. […] Les éléments diffus qu’il intègre en corps visibles et tangibles ont tout l’air d’être les particules mêmes des corps simples, qu’il suppose d’abord disséminées à travers l’espace.
Il est simple, celui-là, je l’avoue, car c’est un tarif, et encore l’est-il moins que ce fameux Périple où perce un petit coin de merveilleux à travers le grec, — ne fût-ce que ces peaux de gorilles prises pour des peaux humaines et qui étaient appendues dans le temple de Moloch (traduisez Saturne), et dont je vous ai épargné la description […] Il m’offrit de me conduire lui-même au séminaire d’Issy ; et en effet, un mercredi d’été, il vint me prendre, chez ma mère rue Montparnasse, en compagnie de son frère (actuellement professeur à l’université de Liège), et nous nous acheminâmes à travers la plaine de Montrouge jusqu’à Issy. […] « Charles Nodier, mon prédécesseur et qui a tant parlé Werther Allemagne, l’arrangeait encore plus à sa fantaisie et ne la voyait qu’à travers la brume ou l’arc-en-ciel : il ne savait pas l’allemand. a Alfred de Musset, le plus jeune d’entre tous, que je n’ai point nommé jusqu’ici et à dessein, mériterait un article à part.
Jugez : toutes les misères à Lyon passant à travers la mienne ; vingt, trente mille ouvriers cherchant jour par jour un peu de pain, un peu de feu, un vêtement pour ne pas tout à fait mourir. […] Merci de n’avoir vu que l’ouvrier souffrant à travers des tendances que j’ignore. » Dans cette relation affectueuse et délicate qu’elle entretenait avec M. de Latour, j’aurais à indiquer encore bien des recommandations, des intercessions pressantes dont elle se faisait l’organe, quelques paroles de vive et respectueuse doléance pour la reine Marie-Amélie au moment de la mort du duc d’Orléans ; et encore, auparavant, un autre cri impétueux de demande en grâce au lendemain de la condamnation à mort qui frappait le principal chef de l’insurrection du 12 mai 1839 : « Oh ! […] Bret rappelle le motif (toujours le même dans la grande cité industrielle, la question du salaire des ouvriers en soierie) qui amena la première insurrection de Lyon en 1831, où l’armée fut battue et dut opérer une retraite sous la fusillade des ouvriers à travers le faubourg de Bresse, ce qui, selon le mot officiel et authentique qui circula alors, appelait, de la part des autorités, une revanche .
Francisque Sarcey Tel est le drame bizarre, incomplet (Les Mères ennemies), incohérent, où éclatent deux ou trois belles scènes d’opéra, à travers des inexpériences et des puérilités singulières. […] Vu à travers la majesté de Imprécations d’Agar, à travers la splendeur de Pierre le Véridique, où les phrases sont pareilles à de frêles guirlandes tressées de pâquerettes, de boutons d’or, de myosotis et de toutes petites roses, Mendès m’apparaissait comme une espèce de dieu, tout en rayons, planant au-dessus de la foule.
Et puis, par malheur, Tristan ne dit pas cela, mais il dit : « Quand mon œil s’éteindra, alors je serai moi-même le monde. » Cette phrase, comme celles qui la précèdent et qui la suivent, a un sens excessivement vague ; c’est le désir de la mort, un besoin immense de se dissoudre, de se fondre en un tout, d’être enveloppé par lui, de s’étendre à travers l’infini, « de rêver dans des espaces immesurables… » Tout cela ce sont des sentiments, non pas des pensées logiques ; les mots ne sauraient les indiquer que très vaguement, et Wagner, avec un génie admirable, les a donc exprimés dans des phrases dont le sens est atténué au possible, pendant que la musique nous fait voir jusqu’au fond de l’âme des deux amants, en nous faisant sentir ce qu’ils sentent3. […] Le Lohengrin présentait une particularité singulière, c’est que le poëme avait été écrit en vers par le compositeur. — J’ignore si le proverbe français est vrai ici, « qu’on n’est jamais si bien servi que par soi-même » ; toujours est-il qu’à travers d’incontestables beautés poétiques, le public a trouvé des longueurs qui ont parfois refroidi l’effet de l’ouvrage. […] Je me mis à parcourir la ville à travers les brumes légères d’une belle matinée d’automne.
Cet intérêt, fruit de l'art & du génie ; cet heureux tissu de fictions ; ces combinaisons d'incidens qui saisissent & captivent l'ame du Lecteur, la tiennent dans un enchantement continuel, & la conduisent au dénouement, à travers une inépuisable variété de sensations ; où les trouve-t-on dans M. de Voltaire ? […] Mais peut-on se dissimuler qu’en séparant le coloris, du fond des tableaux, on ne distingue, à travers les prestiges du pinceau qui les enlumine, tous les genres altérés ; l’illusion, substituée à la vérité ; les idées reçues, sacrifiées à l’envie de plaire ; & le ton qui convient aux matieres qu’il traite, défiguré par sa maniere, indépendante de toutes les regles ? […] Est-ce à travers des saillies, des épigrammes, des jeux de mots, des plaisanteries indécentes, qu'elle se plaît à lancer ses rayons & à faire entendre son langage ?
» * * * — Un prêtre que je connais à travers des gens de notre intimité, disait dernièrement à une femme, dont le mari commence à se refroidir auprès d’elle : « Il faut, voyez-vous, ma chère enfant, qu’une femme honnête ait un petit parfum de lorette ! […] Tout cela coulant, débordant, en une nuit d’été, de cet éloquent toqué du passé et de l’antiquité, dans l’ombre d’un mylord qui roule au petit pas, à travers le bois de Boulogne, avec un cocher dormant sur le siège, et dont il dit : « Ne le dirait-on pas accoudé sur un triclinium ? […] Sur le petit sentier serpentant par la côte, et derrière les caprices de la haie, l’écho retentissant des sabots d’une vendangeuse, dont la chemise blanche éclate, de temps en temps, à travers les trous de la haie, et que l’on voit, d’une main, abaissant son chapeau de paille sur les yeux.
À travers le corridor, se croisant, des académies biscornues, mal enveloppées dans les peignoirs, et les demandes du médecin : « Comment avez-vous dormi ? […] * * * Un mystère, un mystère incompréhensible, insondable, que dans cet atrophiement du cerveau, la résistance, la survie de certaines facultés, de certaines puissances de l’entendement, un mystère que cette échappée de mots, de réflexions, de choses vives ou profondes, jaillissant à travers cette léthargie qu’on penserait universelle, un mystère qui vous retire à tout moment de votre désespérance et vous fait dire : « Mais cependant ? […] » * * * À midi, j’ai vu à travers la porte de la salle à manger, les chapeaux de quatre hommes noirs… Nous sommes montés dans la petite chambre… Ils ont relevé la couverture, ont glissé sur lui un drap, et en une seconde, ont fait de son maigre cadavre, à peine entrevu, un long paquet au linge rabattu sur la figure : « Doucement, ai-je dit, je sais bien qu’il est mort, mais cela ne fait rien… doucement !
Le rat passe sa tête à travers le trou du fromage de Hollande dans lequel il grignote, pour jurer qu’il ira, quand on le voudra, au secours de Ratapolis bloquée « J’ai toujours été — dit-il — à la disposition de mon pays. » Ton pays, mon ami, ne pense point à toi ! […] C’est la glorification muette de l’Église… À travers les mille hérésies qui, au siècle de Marc-Aurèle, s’élevèrent comme des millions d’atomes dans un rayon de soleil, l’auteur de la Vie de Jésus a très bien discerné et démêlé la formation intime, le développement et l’organisation complète d’une Église orthodoxe, impénétrable aux hérésies, qui les combat et qui les gouverne quand elle en a triomphé. […] un grand écrivain, si réellement l’auteur de l’Antechrist en avait eu le génie, se serait ému et exalté à cet instant inouï de l’Histoire et aurait pu arriver à des résultats d’effet sublime, mais il n’a été et il ne pouvait être qu’ingénieusement médiocre, surtout à cette lumière de l’Apocalypse de saint Jean à travers laquelle il regarde Néron et Rome, et dont il cherche, mais en vain, à pénétrer l’impénétrable poésie surnaturelle.
Il retrouve la pulsation de la nature, à travers la vie de l’homme et la vie des choses. […] La science s’est reproduite trop identique à elle-même à travers ce puissant cerveau ; le produit de cette fécondation n’apparaît pas suffisamment nourri de la richesse propre de l’individu fécondé. […] On sent à travers toute l’œuvre de Zola qu’il a moins vécu lui-même que conçu la volonté de décrire la vie.
En résumé donc, à côté du corps qui est confiné au moment présent dans le temps et limité à la place qu’il occupe dans l’espace, qui se conduit en automate et réagit mécaniquement aux influences extérieures, nous saisissons quelque chose qui s’étend beaucoup plus loin que le corps dans l’espace et qui dure à travers le temps, quelque chose qui demande ou impose au corps des mouvements non plus automatiques et prévus, mais imprévisibles et libres : cette chose, qui déborde le corps de tous côtés et qui crée des actes en se créant à nouveau elle-même, c’est le « moi », c’est l’« âme », c’est l’esprit — l’esprit étant précisément une force qui peut tirer d’elle-même plus qu’elle ne contient, rendre plus qu’elle ne reçoit, donner plus qu’elle n’a. […] La vérité est que si nous pouvions, à travers le crâne, voir ce qui se passe dans le cerveau qui travaille, si nous disposions, pour en observer l’intérieur, d’instruments capables de grossir des millions de millions de fois autant que ceux de nos microscopes qui grossissent le plus, si nous assistions ainsi à la danse des molécules, atomes et électrons dont l’écorce cérébrale est faite, et si, d’autre part, nous possédions la table de correspondance entre le cérébral et le mental, je veux dire le dictionnaire permettant de traduire chaque figure de la danse en langage de pensée et de sentiment, nous saurions aussi bien que la prétendue « âme » tout ce qu’elle pense, sent et veut, tout ce qu’elle croit faire librement alors qu’elle le fait mécaniquement. […] De fait, à travers tout le xviiie siècle, nous pouvons suivre à la trace cette simplification progressive de la métaphysique cartésienne.
Ce sont là vérités courantes, que la théologie enseignait, et qui, des couvents, au cours des âges, diffusaient à travers la culture française. […] Outre que le provençal n’est pas si éloigné du français, ni du latin qu’on ne le devine à peu près, à travers l’ensoleillement des finales. […] Villon reste, à travers les âges, le maître de la simplicité pathétique. […] Le maître véritable est celui qui, à travers son périple mental, s’est unifié le plus et le mieux. […] Il y a toute raison d’admettre que la pensée est diffuse à travers l’organisme, qu’elle commande.
J’ai trouvé, par exemple, éparse à travers les dix volumes de ses écrits, la meilleure histoire de la musique que peut-être on ait faite. […] Il erra, longtemps sans but, à travers le comté de Galles, dépensant sou à sou la petite somme qu’il avait emportée. […] La colonie pénitentiaire de Xara se révolte contre ses chefs : l’insurrection se propage de proche en proche, à travers l’empire, et jusque dans Lipara, la capitale. […] Enfin son nouveau chancelier lui conseille d’entreprendre, avec sa femme et son enfant, un grand voyage à travers son empire. […] Giuseppe Giacosa, l’auteur d’un drame que Mme Sarah Bernhardt a promené, il y a quelques années, à travers l’Amérique.
Quand on en vient là, toute discussion est superflue ; et, en vérité, du moment qu’il croyait nécessaire d’implorer le Deus ex machina, contre la règle de l’art, Nec Deus intersit, il aurait mieux fait de couper court tout de suite aux difficultés historiques, en admettant que le cœur de saint Louis, s’envolant miraculeusement de Monréale à Paris, à travers les airs, était venu s’enterrer lui-même dans la Sainte-Chapelle, à l’insu de tout le monde, gardant un incognito que personne ne pouvait violer. — On voit qu’avec un peu d’aide, quelque chose d’analogue à la Sainte Ampoule pouvait nous être rendu ; et, à l’heure qu’il est, il y a des gens qui ne me pardonnent pas d’y avoir mis obstacle. » On a là un échantillon de la manière piquante et incisive de M.
C’est de la poésie lunaire et nocturne : « Les cieux étaient de cendre… C’était nuit en le solitaire octobre de ma plus immémoriale année… À travers une allée titanique de cyprès, j’errais avec mon âme une allée de cyprès avec Psyché, mon âme… » Ou bien : « À minuit, au mois de juin, je suis sous la lune mystique : une vapeur opiacée, obscure, humide, s’exhale hors de son contour d’or et, doucement se distillant goutte à goutte sur le tranquille sommet de la montagne, glisse avec assoupissement et musique, parmi l’universelle vallée.