Dans les siècles suivants, les ordres religieux qui se sont successivement établis ont cultivé la renommée de chacun de leurs membres ; de là les éditions, au moins passables, des maîtres célèbres des xiiie , xive et xve siècles. On a donc moins à espérer de retrouver beaucoup d’ouvrages inédits des maîtres de ces époques ; cependant, il y a lieu de rechercher si l’on ne découvrirait pas quelques fragments de professeurs célèbres, tels par exemple qu’Occam, qui a enseigné à Paris, et qui, ayant été mal avec l’autorité ecclésiastique, n’a pas eu le bonheur de la plupart des autres maîtres, dont leurs ordres ont recueilli avec soin les ouvrages.
Je pourrais faire voir cette unité dans Othello ou dans Macbeth : j’aime mieux la rendre sensible dans une des pièces où l’on s’attendrait le moins à la trouver, dans un de ces drames que sa fantaisie découpait dans les vieilles chroniques, et où il ne semblait guère songer à mettre un autre ordre que l’ordre historique des événements : dans Richard III.
Mais nulle voix ne met directement en question les principes de la foi : nulle voix surtout n’attaque la puissance de l’Eglise dans l’ordre temporel. […] Aucun mysticisme politique ne se mêle dans le culte de la personne royale : chez tous les penseurs du temps, la royauté est reçue comme garante et protectrice de l’ordre.
« Jamais je n’ai senti plus vivement l’odieux et le ridicule de l’ordre civil, etc. » Enfin, quoi ! […] Je crois aussi qu’on est bon et juste (quand on l’est) naturellement, par un sentiment qui commande et rend le plus souvent facile le sacrifice à autre chose que soi et, comme on l’a dit, par une « duperie » profitable à l’ordre universel et qui dès lors n’est plus duperie : mais pour croire que ce n’en est pas une, il faut faire effort, et sans doute la morale doit commencer par un acte de foi, formulé ou non.
C’est la manie légiférante, la réglementation et le contrôle à outrance ; c’est la suspicion jetée sur toute volonté d’indépendance dans l’ordre des idées et des croyances comme dans celui des actes. […] Cet individualisme ne dresse plus, comme le premier, l’individu contre la société dans l’ordre politique.
Ordres religieux. […] L’ordre n’est désirable que pour le progrès.
Il faut pour entreprendre la restitution d’un de ces grands êtres intellectuels qui sont, dans l’ordre de la pensée et de la sensibilité pures, comme les initiateurs d’une espèce morale, qui concentrent et qui exaltent en eux toute l’émotion et la réflexion excitée dans la foule mêlée de leurs admirateurs, remonter des parties éparses de son esprit à leur enchevêtrement et leur engrenage dans le tout, replacer cet esprit ainsi particularisé dans chacune de ces facultés et dans leur association, en un corps dont il sera nécessaire de connaître les représentations graphiques et dont les habitudes ressortiront des témoignages des contemporains : ce corps même et cet esprit, il faudra le prendre dans ses origines, la famille, la race, la nation, — dans son milieu premier, le lieu de naissance et d’enfance, le climat, le paysage, le sol : il faudra le suivre dans son développement et ses relations, de son enfance à sa jeunesse, de ses amitiés à ses liaisons, de ses lectures à ses actes, tracer le cours de ses productions, connaître les joies et les amertumes de sa vie, le conduire enfin à ce déclin et ce décès qui si rarement, pour les grands artistes, sont glorieux, ou fortunés ou paisibles. […] Les contemporains, les auteurs de mémoires, les comiques et les moralistes du temps, les représentations graphiques, des tableaux aux caricatures, les mille faits épars de la vie de tous les jours, la reconstitution architecturale et géographique des lieux, des monuments et des villes, tous les départements de la vie publique, de la politique à la théologie, seront mis à contribution, fouillés en quête de détails typiques et significatifs ; ces notions sur le vêtement, la demeure, le séjour, sur les habitudes intimes et sociales, sur le type ethnique, sur les relations célestes et humaines, sur toute la vie en somme du groupe formé autour d’une œuvre ou autour d’une famille d’œuvres, groupe qui comprendra tantôt tout ce qui est notable d’une nation, tantôt toute une classe, tantôt enfin un nombre épars d’individus dont il faudra rechercher les points d’union, — seront dégagés, fondus ensemble, ordonnés, et plaqués enfin sur la sorte de squelette psychologique que l’on aura obtenu antérieurement par l’ordre de recherches que nous avons exposé au précèdent chapitré.
J’ignore dans quel ordre chronologique ils ont été composés. […] Elle n’a pas le regard qu’on rabat du ciel sur les choses de la vie et qui, tombant de si haut, va au fond… C’est une femme du monde, qui peint une société dont les surfaces l’attirent, bien plus qu’un romancier moraliste qui prend les passions et les jauge partout où elles sont… Mais, si elle n’est pas, si elle ne peut pas être le moraliste à la façon des grands romanciers qui savent l’ordre le cœur humain pour tirer la morale du sang, des larmes et de la fange qu’ils en font sortir, elle est toujours et partout la plume pure que j’ai dit qu’elle était.
Depuis le maréchal Christophe-Jean, qui fut le fondateur de cette dynastie romanesque et un peu brigande des Kœnigsmark, jusqu’à ce comte Charles-Jean qui, au xviie siècle, se, battit contre les Turcs sur un vaisseau qui sauta, et, après avoir sauté avec le vaisseau, revint à la nage se battre encore, exploit à la Roland pour lequel l’ordre de Malte le fit chevalier, quoiqu’il fût protestant, — par un crime d’admiration que la gloire même n’excuse pas, — vous n’avez jamais en tous ces hommes qu’un type connu, le type des héroïques soudards de la guerre de Trente Ans, de ces derniers capitaines d’aventure dont le casque a rayonné sur les champs de bataille du monde. […] Avec cette invasion d’activité des grandes passions qui voudraient l’ubiquité de Dieu pour tout faire dans l’accomplissement d’un crime de cœur, elle dénonça l’amour de Kœnigsmark au duc régnant, extorqua l’ordre de le tuer, si on le trouvait chez la duchesse, écrivit de sa main faussaire un rendez-vous auquel ce malheureux se prit.
C’est l’honneur, en effet, le seul honneur de la Bohème au xve siècle, d’avoir à braver plus que Clichy et la police correctionnelle, et que pour tous les genres de billets à ordre et au collet d’un temps plus près de l’action et moins facile que le nôtre, il retournât de pendaison ! […] Opposition qui produit des arcs-en-ciel dans la nature, mais qui, dans l’ordre du sentiment et de la poésie, produit des choses encore plus charmantes que des arcs-en-ciel !
Fréron eut aussi son combat des Trente, mais il était seul et les Trente étaient contre lui… Dans l’ordre moral, Fréron fut un héros… Dans l’ordre intellectuel et littéraire, voyons ce qu’il fut, et si le talent de l’écrivain et du critique fut aussi grand que l’âme du héros.
Phénomène très particulier, même dans cet ordre de phénomènes qui s’est quelquefois répété dans l’histoire ! […] Ainsi, il vendit des biens d’Église, et devint distillateur et marchand d’eau-de-vie dans les proportions d’un monopole immense, pour faire vivre dans leur luxe effréné ceux-là que Léouzon-Leduc appelle hardiment ses mignons… L’un des plus comiques de ces spectacles fut sa coquetterie avec les Francs-Maçons et le prétendant d’Angleterre, qui était grand-maître de l’Ordre, auquel, dans des vues de conquête politique, il voulut succéder ; et surtout ce fut sa réclamation, comme Maçon, de la Livonie, qui avait jadis, comme on sait, appartenu aux Templiers… Extravagant, mais d’une extravagance qui passait comme un coup de vent, il rêva tour à tour qu’il prendrait la Norvège, qu’il confisquerait le Danemark, qu’il entamerait la Russie ; et il intrigua, brouilla, remua, mais stérilement, dans le sens de tous ces rêves, lesquels n’eurent de réel qu’une superbe bataille navale qu’il gagna lui-même en personne, — belle inutilité de plus !
Or, en France, dans le parti même qui aurait dû donner l’exemple de l’ordre et de la cohésion, personne ne s’entendait avec personne. […] l’ordre, si profondément troublé à cette heure, ne se refera en bas que quand il se sera refait en haut, et que la Royauté, où qu’elle soit, ne sera plus elle-même la Révolution.
Presque immédiatement, il le chamarre de tous les Ordres de la sagesse, de la vertu, du grand goût, du génie, de la magnanimité ; il le constelle de tous les crachats de la flatterie d’un souverain ; enfin, il en fait son Potemkin intellectuel ! […] Comme lord Byron, il a jusqu’à ses heures de prière… Encore une fois, un pareil homme devait, un jour ou l’autre, être à couteaux tirés avec Voltaire, qui n’aimait pas les capucins de Saint-François, mais qui n’en était pas moins le capucin de la philosophie, quêtant perpétuellement pour son Ordre, et qui croyait avoir recruté Vauvenargues parmi les Frères de son couvent.
— un autre aurait été plus doux pour mon cœur, celui de votre CONCUBINE et de votre fille de joie, espérant que bornée à ce rôle j’entraverais moins vos glorieuses destinées. » On a vu dans ce dernier mot une abnégation à la sainte Thérèse, quelque chose qui, déplacé de l’ordre divin dans le désordre humain, rappelait le cri sublime de la religieuse espagnole : « Quand vous me damneriez, Seigneur, je vous aimerais encore, même en enfer ! […] Oddoul tient pour des âmes de premier ordre en fait d’amour les deux lettrés mâle et femelle du xiie siècle.
Presque immédiatement, il le chamarre de tous les Ordres de la sagesse, de la Vertu, du grand goût, du génie, de la magnanimité ; il le constelle de tous les crachats de la flatterie d’un souverain ; enfin, il en fait son Potemkin intellectuel ! […] Comme lord Byron, il a jusqu’à ses heures de prière… Encore une fois, un pareil homme devait, un jour ou l’autre, être à couteaux tirés avec Voltaire, qui n’aimait pas les capucins de Saint-François, mais qui n’en était pas moins le capucin de la philosophie, quêtant perpétuellement pour son Ordre, et qui croyait avoir recruté Vauvenargues parmi les Frères de son couvent.
un autre aurait été plus doux pour mon cœur, celui de votre CONCUBINE et de votre fille de joie, espérant que bornée à ce rôle, j’entraverais moins vos glorieuses destinées. » On a vu dans ce dernier mot une abnégation à la sainte Térèse, quelque chose qui, déplacé de l’ordre divin dans le désordre humain, rappelait le cri sublime de la religieuse espagnole : « Quand vous me damneriez, Seigneur, je vous aimerais encore, même en enfer ! […] Oddoul tient pour des âmes de premier ordre en fait d’amour les deux lettrés mâle et femelle du douzième siècle.
Il est, dans l’ordre du talent, et presque, si on ose le dire, dans l’ordre de la moralité, très au-dessus de Schopenhauer et de Hartmann, de ces deux Chimères bobynantes dans le vide d’une métaphysique laborieusement et logiquement imbécile, et qui n’ont pas dans la poitrine de quoi se faire pardonner le crime intellectuel de leurs misérables têtes, contre la vie et contre Dieu !
Benoît Labre est un solitaire d’un autre ordre. […] Lui devait y être un humble soldat, — un solitaire, — un vagabond, — un pauvre, — un pauvre plus dénué et plus pauvre que saint François d’Assise lui-même, le père de la pauvreté ; car saint François a fondé un Ordre qui est sa gloire et sa richesse, tandis que Labre devait y être uniquement le pauvre, dans toute l’abjection de la pauvreté et son néant.
Dumas, c’est que, malgré l’approbation donnée par les supérieurs de son Ordre au livre, revu et corrigé, des Conférences du Père Didon, on espère mieux, pour l’avenir de ce dominicain, qui se dit le successeur de Lacordaire et qui fait sa méditation ordinaire devant le portrait de Savonarole. […] Nous laissons les singes passer par les cerceaux, les renards éblouir les dindons avec les mouvements de leurs queues, mais nous nous en tenons à l’ordre sacré du seul Pouvoir qui soit à nos yeux infaillible.
» Des esprits de tout ordre ont été pris à cette horrible gageure de parti, et c’est parce que le mal a été grand à cet égard et qu’il augmente, que la vulgarisation des Évangiles est devenue de la plus grande opportunité. […] L’abbé Brispot accompagne le texte concordé des Évangiles de commentaires, explications et notes, tirés des écrivains les plus illustres de l’Église dans l’ordre de la sainteté ou de la science, et c’est dans le choix de ces annotations, qui viennent ajouter leur lumière à celle du texte souvent d’une trop divine pureté pour tomber dans des yeux charnels sans les offenser, que l’abbé Brispot a montré les richesses d’une forte érudition religieuse et le tact supérieur qui sait s’en servir.
Laubardemont, conseiller d’état, et l’un de ces hommes lâches et cruels faits pour servir d’instrument au plus cruel despotisme, pour égorger l’innocence aux pieds de la fortune, pour calculer toutes les infamies par l’intérêt, et avilir le crime même aux yeux de celui qui le commande et qui le paie, Laubardemont, enivré de sang et affamé d’or, présidait à la plupart de ces tribunaux, allait prendre d’avance les ordres de la haine, les recevait avec le respect de la bassesse, se pressait d’obéir pour ne pas faire attendre la vengeance, et, après avoir immolé sa victime, venait, pour le salaire d’un meurtre, recevoir le sourire d’un ministre. […] Pour voir maintenant s’il travailla pour l’État ou pour lui-même, il suffit de remarquer qu’il était roi sous le nom de ministre ; que, secrétaire d’état en 1624, et chef de tous les conseils en 1639, il se fit donner pour le siège de La Rochelle les patentes de général ; que, dans la guerre d’Italie, il était généralissime, et faisait marcher deux maréchaux de France sous ses ordres ; qu’il était amiral, sous le titre de surintendant-général de la navigation et du commerce ; qu’il avait pris pour lui le gouvernement de Bretagne et tous les plus riches bénéfices du royaume ; que, tandis qu’il faisait abattre dans les provinces toutes les petites forteresses des petits seigneurs, et qu’il ôtait aux calvinistes leurs places de sûreté, il s’assurait pour lui de ces mêmes places ; qu’il possédait Saumur, Angers, Honfleur, le Havre, Oléron et l’île de Rhé, usurpant pour lui tout ce qu’il était aux autres ; qu’il disposait en maître de toutes les finances de l’État ; qu’il avait toujours en réserve chez lui trois millions de notre monnaie actuelle ; qu’il avait des gardes comme son maître, et que son faste effaçait le faste du trône.
La défense des Ordres religieux a été en partie vraie dans la bouche de M. de Montalembert ; la péroraison adressée à M.
Amyot fut fait ensuite Evêque d’Auxerre, puis grand Aumônier de France, & enfin décoré de l’Ordre du S.
André nous développe ce principe avec un ordre, un discernement, une clarté, qui ne laissent rien à désirer.
Legendre plusieurs articles qui méritent l’attention du Lecteur curieux, comme la façon de faire la Guerre, l’administration de la Justice, les Diettes, les Cours plénieres, l’Origine des Fiefs, l’institution des Ordres de Chevalerie, les Joûtes, les Tournois.
On y travaillait avec un esprit chrétien, pour servir l’Ordre et l’Église, et pour trouver la vérité qui est Dieu. […] Il fut pourtant attaqué sur ses Saints de l’ordre de saint Benoît, sur sa Diplomatique, et sur sa Lettre contre le culte des saints inconnus. […] L’âge féodal dure encore ; l’ordre européen est fondé sur ces vieilles chartes que déchiffrent nos moines. […] Les préjugés ou l’ignorance des salons lui interdirent je ne sais combien d’ordres des connaissances humaines. […] La raison que j’y vois n’est pas d’ordre littéraire.
Il n’est donc pas vrai que le style consiste seulement, comme dit Buffon, « dans l’ordre et le mouvement des pensées ; » il faut ajouter à l’ordre et au mouvement le sentiment, seul moyen d’éveiller la sympathie. […] » Entre certaines émotions morales ou intellectuelles et les émotions d’ordre purement sensitif, il y a une correspondance qui permet d’éclairer et d’analyser les unes par les autres. […] On peut éveiller une image très nette d’un objet en excitant le sentiment qui en accompagne la vision ; l’image tire alors sa force de l’émotion qu’elle évoque, et parfois d’une émotion d’ordre moral ou même intellectuel. […] Le saint ordre de paix ; d’amour et d’unité. […] Cela est d’un ordre infiniment plus élevé.
Ils se rassemblent en synode et par province sans ordre ni autorisation, comme on l’eût fait sous Louis le Débonnaire.
François Coppée Quand Charles Morice fait des vers, je ne les comprends pas ; quand il écrit la Littérature de tout à l’heure, il est d’une clarté admirable, et il y a, là-dedans, des pages sur Pascal et le xviie siècle, qui sont tout à fait de premier ordre.
Son Histoire de Venise est très-propre à faire connoître le Gouvernement de cette République ; mais ses Mémoires par ordre alphabétique sont remplis d’une quantité d’anecdotes, dont la plupart sont fausses, & les autres si communes, que ce n’étoit pas la peine d’en faire un Livre particulier.
On remarque dans ses Ouvrages le même caractere d’esprit qui présidoit à ses leçons ; même profondeur dans les idées, même clarté dans les expressions, même ordre dans les matieres, même érudition dans les discussions.
Un des bons Littérateurs du Siecle dernier, digne d’être placé, non dans le premier ordre, mais dans celui d’une utilité qui exige de la reconnoissance.
On l’a vu successivement Capucin, Apostat, Secrétaire du Roi de Pologne Auguste III, puis rentrer dans son Ordre, en sortir ensuite pour parcourir un nouveau cercle d’aventures, & finir par mourir Protestant.
LOUIS, Religieux de l’Ordre des Carmes, né à Valréas en Provence en 1626, mort vers l’an 1700.
Ses Mémoires pour servir à l'Histoire ecclésiastique des six premiers Siecles, sont écrits de la même maniere ; c'est toujours le même ordre, la même netteté, la même exactitude, la même modestie.
Il demande pardon à ses lecteurs de les entretenir de détails si peu importants ; mais il a cru que le petit nombre de personnes qui aiment à classer par rang de taille et par ordre de naissance les œuvres d’un poëte, si obscur qu’il soit, ne lui sauraient pas mauvais gré de leur donner l’âge de Bug-Jargal ; et, quant à lui, comme ces voyageurs qui se retournent au milieu de leur chemin et cherchent à découvrir encore dans les plis brumeux de l’horizon le lieu d’où ils sont partis, il a voulu donner ici un souvenir à cette époque de sérénité, d’audace et de confiance, où il abordait de front un si immense sujet, la révolte des noirs de Saint-Domingue en 1791, lutte de géants, trois mondes intéressés dans la question, l’Europe et l’Afrique pour combattants, l’Amérique pour champ de bataille.
Ce fut un de ces moments trop rares qui replacent les choses dans leur ordre naturel et vengent le mérite avili des outrages de la fortune ». […] Elle n’eut aucune peine à prendre Jean-Jacques, et elle lui fut bien meilleure que n’avait été l’inquiète et tourmentante madame d’Épinay, d’ailleurs grande dame de second ordre. […] Rien que pour vivre, pour rester ce qu’ils sont, ils ont besoin de l’ordre social et politique d’alors, et ils ont besoin de l’Église. […] Je veux tout ce qui se rapporte à l’ordre de la nature que tu as établi, et aux règles de la raison que je tiens de loi. […] — Le vicaire croit du moins à la formation et à la mise en ordre du monde par Dieu.
C’est, transposé de l’ordre presque tragique à l’ordre comique, le plaisir de férocité que savourait Royer-Collard en face de Jouffroy. […] Cela commence à compter pour témoignage de premier ordre. […] Ne retenons que ceci : Corneille pour Sainte-Beuve est génie, sinon de second ordre, du moins « d’ordre second ».Il y a sans doute une nuance. […] Il y a là quelques pages de premier ordre. […] Il est de troisième ordre.
Naturellement, le noble doit l’emporter sur le touchant ; et Nicomède qui est tout noble, est d’un ordre supérieur à Bérénice qui est toute touchante. […] Puis-je le prononcer cet ordre sanguinaire ? […] Voilà l’amour paternel opposé à l’ordre des dieux et à l’intérêt de toute une armée. […] Ce n’est plus par l’ordre inévitable des destins que le crime et le malheur arrivent sur notre théâtre ; c’est par la volonté de l’homme, que la passion égare et emporte. […] Voilà des difformités ridicules, qui sont, comme on le voit, autant de contradictions avec une certaine idée d’ordre ou de décence établie.
Elles seules nous importent d’ailleurs, car nous ne visons pas, comme le naturaliste, à retrouver l’ordre de succession des diverses espèces, mais seulement à définir les directions principales de leur évolution. […] Cet effort ne peut aboutir à créer de l’énergie, ou, s’il en crée, la quantité créée n’appartient pas à l’ordre de grandeur sur lequel ont prise nos sens et nos instruments de mesure, notre expérience et notre science. […] Mais ce sont des connaissances d’un ordre bien différent. […] Pour le moment, le problème qui nous préoccupe est d’ordre psychologique. […] L’expliquer consiste toujours à la résoudre, elle imprévisible et neuve, en éléments connus ou anciens, arrangés dans un ordre différent.
C’en était un, avec un beau fronton soutenu par des ordres. […] Étant allé, par ordre de son maître, surveiller les apprêts du lunch, il y avait été fort mal reçu. […] Cette fois, tout était en ordre. […] Mais je veux une position définie et je prendrai un commandement sous ses ordres. […] La gendarmerie, dont le Prince n’aimait pas à se voir entouré, ne reçut qu’une mission d’ordre à remplir, cette fois.
Passemant, Ingénieur du Roi, une Lettre critique sur l'état de la Médecine, des Essais historiques, littéraires & critiques sur l'Art des Accouchemens chez les Anciens, une Lettre sur les Hôpitaux militaires, adressée à un Militaire* Littérateur ; tel est encore son Ouvrage qui a pour titre, Singularités historiques, littéraires & critiques en Médecine, Chirurgie & Pharmacie, disposées par ordre alphabétique, avec des Anecdotes sur plusieurs Médecins, Chirurgiens & Chimistes, tant anciens que modernes.
Mais cette page que j’avais l’ambition d’écrire, elle est tracée déjà, et par un homme qui était maître lui-même dans cet ordre de vues, et qui avait l’esprit d’organisation en plus d’une sphère, par Cuvier. […] Daru prescrivait aux intendants sous ses ordres d’envoyer au Jardin des plantes de Paris les catalogues du Jardin de Berlin et des plantes de la Poméranie, avec des échantillons de graines ; il en adressait aussi qui lui avaient été demandés pour le parc de la Malmaison, et, dans une lettre à l’impératrice Joséphine, il terminait cet envoi par des vers gracieux : L’humble ruisseau de Malmaison Roulait paisiblement ses ondes fortunées, Lorsque de belles mains, au sceptre destinées, Prirent soin d’embellir son modeste vallon, etc. […] Daru alors en Allemagne, en Westphalie (août 1808), et lui apprenant que « les bons Parisiens sont menacés de quatre grandes, comédies en vers », d’Andrieux (Les Deux Vieillards), de Picard (Les Capitulations), de Lemercier (Le Faux Bonhomme), et de lui-même Duval qui se met à lui citer des vers de son Aventurière, et qui regrette de ne le pouvoir consulter plus en détail : « Je me rappelle vos observations sur Le Tyran domestique, ajoute-t-il ; elles m’ont contrarié sans doute, mais j’en ai profité. » D’un caractère à part dans ce groupe des amis d’alors ; ombrageux, jaloux, très sensible à la critique, mais doué d’une certaine force de conception dramatique et de la faculté d’intéresser, Alexandre Duval, Breton de naissance, se pliait malaisément au ton de la petite société des dimanches ; il dépassait un peu par sa chaleur et sa poussée d’imagination l’ordre de critiques de style et d’observations de détail si goûtées d’Andrieux et de ses dociles émules.
L’observation et l’expérience en sont le point de départ et le contrôle permanent ; l’induction et le raisonnement s’y mêlent avec plus ou moins de précaution ou de certitude, selon la nature des objets et l’ordre des faits. […] Parcourant dans le plus grand détail le cercle entier des études, depuis les classes les plus humbles jusqu’à celles de rhétorique et de logique, il s’attache à exposer dans quel esprit, dans quelle mesure chaque ordre d’enseignement doit être dirigé et distribué. […] Dumas et Le Verrier, Brongniart et Bérard dans l’ordre des sciences.
Ce jour-là, le jeudi d’après Pâques, il se mit en route à une heure de l’après-midi, par un beau temps et un vent frais, à pied, en compagnie d’Edmond de Cazalès, qui n’était pas encore dans les ordres. […] Tout rentra dans l’ordre ; et Guérin, à la veille de se trouver lancé dans la mêlée du monde, goûta quelques mois de parfaite harmonie. […] Il lisait alors Pausanias et s’émerveillait de la multitude d’objets décrits par l’antiquaire grec : « La Grèce, disait-il, était comme un grand musée. » — Nous assistons aux deux ordres, aux deux suites d’idées qui se rencontrèrent et se rejoignirent en lui dans une alliance féconde.
Encore une fois, mettons-nous à la place de ces premiers éditeurs : il n’est pas un seul d’entre nous qui, chargé au lendemain de la mort d’un ami célèbre de mettre en ordre ses papiers et d’en tirer la matière d’une publication réclamée et opportune, ne prenne garde, n’hésite plus d’une fois en vue même d’une mémoire respectée, ne conçoive des scrupules et n’estime quelques retranchements nécessaires, provisoirement du moins. […] L’ordre et la paix dans tout ce qui m’environne, dans les objets qui me sont confiés, parmi les personnes à qui je tiens ; les intérêts de mon enfant toujours envisagés dans mes différentes sollicitudes, voilà mes affaires et mes plaisirs. […] Quelle singularité pourtant, dans l’ordre littéraire et moral, que ces sortes de pastiches si visiblement empruntés et si parfaitement sincères !
La géographie physique des lieux parcourus, la géologie, la météorologie, les productions minérales, la flore, si l’on ose parler ainsi, la faune, sont la matière d’autant de chapitres et de tableaux ; puis l’on passe au moral des peuples qui se meuvent dans ce cadre inflexible et sous ce climat impérieux : les centres commerciaux, les centres religieux, puis les mœurs des Touareg en particulier, leurs origines probables, leur histoire (si histoire il y a), leur constitution, leur vie politique et intérieure, tout vient par ordre et en son lieu. […] Duveyrier s’est appuyé sur cette corporation amie ; le grand maître auquel il avait été recommandé crut avec raison qu’il le protégerait mieux à distance par un signe visible émanant de lui ; il lui conféra en conséquence le titre de frère et le revêtit du chapelet de l’Ordre. […] Les marabouts, très respectés parmi eux, sont des nobles qui ont abdiqué tout rôle politique dans la gestion des affaires pour conquérir une plus grande autorité religieuse, et pour exercer une sorte de magistrature libre dans l’ordre de la justice et de l’instruction publique.
Il résultait de là, selon Wolf, que les poëmes d’Homère, tels qu’ils existaient d’abord à l’état homérique primitif, étaient et devaient être tout ce qu’il y a de plus différent des poëmes d’un Apollonius de Rhodes, d’un Virgile, d’un Milton, de tout autre poëte épique destiné à être lu ; qu’ils flottaient épars, comme des membres vivants, dans une atmosphère créatrice et imprégnée de germes de poésie ; mais que, tels que nous les avons et les lisons aujourd’hui, ils ne datent guère que de l’époque de Solon et surtout de Pisistrate, lorsque, le souffle général venant à cesser et l’écriture étant en usage, on sentit le besoin de recueillir cette richesse publique, cet héritage des temps légendaires, d’en faire en quelque sorte l’inventaire total et d’y mettre un ordre, un lien, avant qu’ils eussent couru les chances de se perdre et de se dissiper. […] Déjà, avant Pisistrate, Solon, se préoccupant de cette immense richesse poétique flottante et de sa conservation chère à tous les cœurs grecs, avait imposé un ordre fixe de récitation aux rhapsodes de l’Iliade, pour la fête des Panathénées. « Non-seulement il ordonna qu’ils récitassent les rhapsodies dans leur suite naturelle, sans omission ni altération, mais encore il établit un souffleur ou autorité censoriale pour assurer l’obéissance à ses ordres » ; ce qui implique l’existence d’un ensemble ou agrégat régulier, généralement reconnu et consacré, et aussi l’existence de certains manuscrits.
Le maréchal de Noailles, dans un sentiment non de rivalité, mais d’intérêt public, croit devoir signaler au roi cette retraite précipitée, inexplicable, faite sans en avoir reçu l’ordre, comme la plus grande preuve du manque de concert et du peu de subordination qui compromet tout et tend à tout perdre. […] L’inquiétude, le trouble même que d’Argenson montra à la réception de la lettre de l’abbé, me fait croire qu’il a eu part aussi bien que tous les autres ministres à la pitoyable conduite du maréchal. » De même que le roi avait des correspondances secrètes à l’insu de ses ministres, de même les ministres envoyaient des ordres secrets à l’insu du roi ; chacun se comportait en maître dans son tripot (c’est encore une expression de Mme de Tencin, qui s’y connaît, et qui était placée au foyer de toutes ces intrigues). […] Cette dernière affaire notamment, cette belle occasion manquée en Alsace et la fâcheuse impression qu’on en reçut à Paris, sont bien senties et rendues. — Un contrôle d’un tout autre ordre et qui se rapporte à l’histoire la plus sévère, à la science même, nous est fourni par la Relation de la Guerre de Succession, que le général Jomini a ajoutée à celle de la Guerre de Sept ans, dans la 4e édition de son Traité des grandes Opérations militaires.
L’impassible Galba sourit de pitié et demande à un de ces prétendus meurtriers qui lui a donné ordre de tuer Othon. […] « L’autorité des chefs, la rigueur de la discipline, exigent que les centurions, les tribuns militaires eux-mêmes, exécutent, sans les examiner, les ordres qu’on leur donne. « S’il était permis à chacun de ceux qui reçoivent des ordres de s’informer des motifs et de les discuter, l’empire lui-même périrait avec le principe nécessaire de l’obéissance.
L’ordre des Frères prêcheurs est, je crois, à l’heure qu’il est, le plus brillant des ordres religieux, le plus généreux, le plus aventureux aussi. […] Tout le développement de cette première partie est remarquable par l’ordre et la clarté.
Malheureusement une épithète est d’ordre physique, l’autre d’ordre moral et Pascal trouverait que tes fenêtres, fausses toutes deux, sont, ridicule inattendu ! […] Mais ne suis-je pas vraiment trop naïf de remarquer qu’un marchand de bibelots, même lorsqu’il donne à son étalage un ordre heureux, n’est pas un artiste ?
M. de Balzac en est l’inventeur, et c’est là une de ses découvertes les plus réelles dans l’ordre du roman intime. […] Il a dit quelque part d’un artiste sculpteur découragé et tombé dans la paresse : « Redevenu artiste in partibus, il avait beaucoup de succès dans les salons, il était consulté par beaucoup d’amateurs ; il passa critique comme tous les impuissants qui mentent à leurs débuts. » Ce dernier trait peut être vrai d’un artiste sculpteur ou peintre qui, au lieu de se mettre à l’œuvre, passe son temps à disserter et à raisonner ; mais, dans l’ordre de la pensée, cette parole de M. de Balzac, qui revient souvent sous la plume de toute une école de jeunes littérateurs, est à la fois (je leur en demande bien pardon) une injustice et une erreur. […] Qu’elle fasse trêve du moins, qu’elle se repose ; qu’elle laisse aussi à la société le temps de se reposer après l’excès, de se recomposer dans un ordre quelconque, et de présenter à d’autres peintres, d’une inspiration plus fraîche, des tableaux renouvelés.
Son goût n’est ni très rare ni très curieux, ni même exquis ; mais, dans son ordre d’idées, ce goût est pur, sain et judicieux ; il est prompt et n’hésite pas. […] Nous aujourd’hui, même quand nous voyons Phèdre, nous ne sommes guère sensibles qu’aux trois ou quatre grandes scènes et à l’admirable style ; mais l’ordre de la pièce, la suite des scènes intermédiaires, leur arrangement et une foule de détails ne nous arrivent plus ; nous n’y entrons plus complètement. […] Cette guerre qu’il déclarait aux oppresseurs politiques de la veille, il ne la poursuivit pas moins dans l’ordre littéraire contre les propagateurs des idées philosophiques, qu’il en était venu à considérer comme les premiers auteurs du mal.
Comme M. d’Amezaga hésitait, la reine lui demanda s’il n’avait pas un ordre particulier du roi d’Espagne de lui obéir en tout et sans réserve ; ce qui était vrai. […] Et de cette dernière ville, quelques jours après, elle écrit (toujours à Mme de Maintenon) : J’attendrai les ordres du roi à Saint-Jean-de-Luz, où je suis dans une petite maison sur le bord de la mer. […] Et cependant, en quittant ces deux personnages de haute représentation, Mme des Ursins et Mme de Maintenon, ces deux sujets habiles et du premier ordre, me sera-t-il permis de rappeler au fond, en arrière et au-dessous d’elles, d’une époque un peu plus ancienne, une simple spectatrice de cette belle comédie de la Cour, une personne qui n’a eu en rien le génie de l’intrigue et de l’action, mais d’un bon sens égal, doux et fin, d’un jugement calme et sûr, la sage, la sincère et l’honnête femme véritablement en ce lieu-là, Mme de Motteville ?
Courier a fait pour ses lettres ce que Pline le Jeune avait fait pour les siennes, avec cette seule différence qu’il les a disposées par ordre chronologique. […] Dans l’été de 1807, à Naples, ayant eu ordre de venir rejoindre son régiment à Vérone, il s’amusait, comme si de rien n’était, près de Portici, à traduire du Xénophon (Sur la cavalerie), s’attardait en chemin à Rome, et n’arrivait à Vérone qu’à la fin de janvier (1808). […] Courier est là loin du centre, obéissant à des ordres souvent contradictoires, sans chances d’avancement, en danger d’être pris et pendu, n’échappant qu’à force de présence d’esprit et parce qu’il parle bien l’italien, perdant ses chevaux, son domestique, sa valise et ses nippes, toutes choses dont il croit devoir nous détailler le compte (triste état de services !)
Nous rencontrerons plus d’une fois, ajoute-t-il, l’expression de ces qualités toutes savoisiennes, mais jamais plus complètes que chez les deux écrivains qui, dans l’ordre des dates, sont aux deux termes extrêmes de l’histoire littéraire de leur pays, saint François de Sales qui l’ouvre au xviie siècle, et Xavier de Maistre qui la termine de nos jours. […] » Sur quoi le gentilhomme s’en tira comme il put, distinguant entre les divers ordres d’affection, et il ne sut point disconvenir toutefois qu’il sentait envers M. de Genève une amitié plus douce et plus sensible : « Eh bien, écrivez-lui, répliqua Henri IV, que je désire faire le troisième en cette amitié. » Quelques années après la mort de ce grand prince, en janvier 1617, pendant le premier et court ministère de Richelieu, on désira que le duc de Savoie envoyât un négociateur en France, et c’était sur saint François de Sales qu’on avait d’abord compté. […] Ses liens avec la France s’étaient resserrés encore par ses relations continuelles avec Mme de Chantal, fondatrice de l’ordre de la Visitation.
Nous ne nous contentons pas de les affirmer ; nous cherchons à les démontrer en donnant, à l’appui de nos affirmations, des raisons d’ordre impersonnel. […] Les vertus les plus hautes ne consistent pas dans l’accomplissement régulier et strict des actes le plus immédiatement nécessaires au bon ordre social ; mais elles sont faites de mouvements libres et spontanés, de sacrifices que rien ne nécessite et qui même sont parfois contraires aux préceptes d’une sage économie. […] Mais il y a surtout un ordre de valeurs qui ne sauraient être détachées de l’expérience sans perdre toute signification : ce sont les valeurs économiques.
Ils n’ont pas d’ordre. […] L’ordre contient l’avarice, et la prodigalité contient la générosité, — dirait sentencieusement le philosophe hyperphysique. Je suis loin de vouloir soutenir qu’on ne peut être à la fois hommes de lettre et homme d’ordre, — que les hasards de l’amour libre sont plus favorables que le mariage aux créations de l’esprit, que l’art enfin se trouve mal assis au foyer domestique et mal couché sur le lit conjugal.
C’est le mot de l’Italien qui avait tué son père et qui disait : « J’ai fait un malheur » transporté dans l’ordre moral où nous ne voulons plus voir que des malheurs et non des fautes, tant nous fluons de pitié ! […] Le sens pratique des relations de droit commun entre les personnalités de l’ordre et de la famille fait défaut à cette moraliste qui veut juger la société. […] … Et comme à, ses yeux parmi les hommes, les plus mâles dans l’ordre intellectuel et moral sont les plus savants, les plus philosophes, les plus puritains, elle se fait, à bras raccourci, savante, philosophe, puritaine.
Depuis plus de trente ans, Édelestand du Méril — un bénédictin solitaire — dépense une volonté et une intelligence de premier ordre dans le fossé de l’érudition, dont malheureusement il n’est jamais sorti ; et quand j’écris « malheureusement », je l’écris moins pour lui que pour nous, — les idolâtres de l’esprit, sans aucune conversion possible ! […] Son livre, écrit du style d’un homme qui a agi sur la langue qu’il parle avec la même force qu’il a pensé sur elle, fourmille de faits et de rapprochements inattendus à enchanter les scholiastes et les bibliophiles ; mais, il faut bien que la critique le lui dise : ces détails, curieux pour des… curieux, n’apprennent, en somme, rien d’important et de nouveau et qui fasse trouée de boulet dans nos esprits et dans l’ordre de nos connaissances sur l’histoire de la comédie. […] Un jour, quelque savant de son ordre déterrera son livre, comme un élégant monument enterré sous le sable ; car il se permet d’être élégant, ce monument, malgré sa solidité et sa masse ; il se permet d’être léger, travaillé, dentelé, d’un style délicieusement composite.
Le couperet tombé, il n’y eut plus à la place de l’État qu’une horrible fantasmagorie d’hommes rouges qui s’agitaient sur un fond livide et décomposé, jusqu’au moment où un homme vint apporter l’Ordre en apportant la lumière et dire à son tour, ou du moins, s’il ne le dit pas, écrire sur toutes les marges de l’Histoire que l’État, c’était lui, car il l’avait refait ! […] Peu soucieux, d’ailleurs, de se contredire et de se prendre honteusement dans sa propre inconséquence, Saint-Simon ne craignit pas d’écrire que cet esprit foncièrement médiocre était capable de « se former et de s’élever…, qu’il voulait l’ordre et la règle…, qu’il était né sage, modéré, maître de ses mouvements et de sa langue, et le croira-t-on ? […] V On ne saurait donc trop prévenir l’imagination qu’il enlève par un talent de premier ordre, ce duc de Saint-Simon.
Dans cette Vie de Jésus où devaient s’allonger des textes retrouvés par une critique qui se vante de déterrer des truffes à chaque pas, et dont je nie la supériorité de groin jusqu’à nouvel ordre, je n’ai rien trouvé de découvert, de concluant, de médusant, et qui, scientifiquement, impose silence à ma foi. […] Renan parle de situation trop tendue, et prétend que la résurrection de l’âme est tout à fait différente de l’immortalité… Mais qu’importe la rédaction des devises, quand les bonbons qu’elles enveloppent sont empoisonnés, et quand on n’est, comme Renan, dans l’ordre moral et littéraire… qu’une Brinvilliers-Siraudin ! […] Quelquefois des philosophes, importunés de l’exceptionnalité de ce fait éclatant d’ordre divin, nous ont fait la mauvaise plaisanterie de nous parler du bouddhisme, de son organisation religieuse et de la masse de ses croyants.
Une société est-elle véritablement une si elle n’impose pas aux différents individus qu’elle rassemble un même ordre social ? […] Mais si, pour faire respectez l’ordre général, l’État ne dispose que de la force brutale toute nue, son œuvre reste précaire. […] La société guerrière idéale est celle qui agit le plus aisément comme un seul homme, celle par suite dans laquelle les ordres, vivement conçus par un centre cérébral unique, sont rapidement transmis jusqu’aux extrémités du corps social et immédiatement exécutés.
Son portier, par ordre, annonçait qu’il était en voyage. […] « Car nulle cause ou force ne peut se représenter sous une image qui ressemble à l’étendue ou à ce que nous appelons matière. » « Toute cause efficiente dans l’ordre physique même est une force immatérielle. » « Les êtres sont des forces, les forces sont des êtres : il n’y a que les êtres simples qui existent réellement à leur titre de forces ; ce sont aussi les véritables substances existantes. » « Aussi les esprits conséquents et qui pensent comme il faut, se trouvent-ils éconduits au point de spiritualiser le monde, comme a fait Leibnitz, en n’admettant d’autre réalité que celle des êtres simples dont toute l’essence est la force active. […] Vous avez beau regarder votre bras, connaître les muscles convenables, leur donner ordre, vouloir atteindre le but, si vous ne voulez rien d’autre, vous n’atteindrez pas le but avec cette pierre.
Cette condition seule peut-être a manqué pour donner dès-lors au Latium, dans un autre ordre de génie, une gloire égale à celle d’Homère. […] Catulle s’inquiète peu de l’ordre à mettre dans cette richesse, et du soin qui en lierait les diverses parties : il jette des vers admirables de description ou de passion, comme autant de couleurs dérobées aux maîtres de l’art hellénique. […] Par l’ordre des idées, elle ne parlait point à la foule ; par la disposition même du poëte, elle s’adressait rarement à l’âme, et ne pouvait lui donner ni passion, ni grandeur ; elle n’était pas lyrique.
L’ordre, la méthode, la précision & la clarté sont les qualités dominantes de cette Histoire : on y remarque aussi un esprit de critique & d’analyse, qui la distinguent avantageusement de tous les Ouvrages modernes de ce genre, si nous en exceptions celui de l’incomparable Abbé Fleuri.
Mabillon, le Cardinal Collorédo écrivit aux Bénédictins de Paris, par ordre de Clément XI, qu’ils feroient plaisir à sa Sainteté d’inhumer cet Homme illustre dans le lieu le plus distingué de leur Couvent, parce que tous les Savans de l’Europe ne manqueroient pas de leur demander : Ubi posuistis eum ?
Son Rationiarum Temporum, qui en est une espece d’abrégé, est un guide des plus sûrs pour l’ordre des temps, des faits, & la comparaison des dates.
« Marquer tous les pas de l’Art de guérir, soit qu’ils l’approchent, soit qu’ils l’éloignent de la perfection ; annoncer en quel temps & par qui il fut accéléré ou retardé dans sa marche ; présenter les découvertes vraiment originales, les vûes propres de chaque Inventeur ; disposer les inventions dans l’ordre de leur naissance ; indiquer où elles se trouvent, afin d’épargner au Lecteur qui sait qu’elle existe ; la peine de les chercher, & à celui qui l’ignore, celle de les inventer ; montrer comment une découverte a produit d’autres découvertes ; rapporter les inventions de tout genre à leurs véritables Auteurs ; déterminer le temps, le lieu, & les circonstances qui ont vu naître ces Auteurs, & recueillir les fruits les plus frappans de leur vie ; faire connoître le rang que la Chirurgie a tenu dans tous les temps parmi les autres Arts, le degré d’estime accordé à ceux qui l’ont professée, & le mérite personnel de ses promoteurs » : telle est la tâche étendue & pénible que M.
Débrouiller la Chronologie, faire revivre plusieurs Auteurs ignorés, commenter des Ouvrages obscurs, les rendre intelligibles, faire naître, pour ainsi dire, l'ordre & la lumiere du sein du chaos ; voilà l'idée qu'on doit se former des travaux de cet Ecrivain, plein, d'ailleurs, d'exactitude & de pureté dans le style.
Cette révolution voulait introduire, dans l’ordre politique, la liberté que Luther avait proclamée dans l’ordre religieux. […] La révolution qui s’était opérée, dans l’ordre religieux, ne pouvait pas manquer de s’opérer dans l’ordre politique. […] Il fallait donc bon gré, malgré, que l’abaissement de la papauté portât ses fruits dans l’ordre politique. […] Enfin le parti républicain, dans l’ordre politique, avait derrière lui le parti républicain, dans l’ordre religieux. […] Guizot possède un talent oratoire de premier ordre.
Les joies de la contemplation intellectuelle, la beauté de l’ordre comme ordre, voilà ce dont on ne veut plus entendre parler. […] Dans l’ordre pratique, cet abaissement général de ses perspectives devait avoir pour logique et nécessaire résultat le matérialisme. […] C’étaient hommes de second ordre qui n’ont participé d’eux-mêmes ni aux conquêtes du savoir, ni aux créations de l’art d’où cette époque tire sa magnificence. […] Il est d’un rang assurément moindre dans son ordre. […] Il avait cette richesse affective supérieure qui suppose l’ordre naturel des affections.
Dans l’ordre des temps, la France est entrée la première dans cette voie d’où elle sortit tout à fait. […] Ce n’est pas, sous tous les rapports, je crois, un perfectionnement indéfini ; mais c’est une tendance progressive à la clarté, à l’ordre, à la méthode. […] Il apprenait le latin comme il pouvait ; il était bien obligé de le savoir, puisque les ordres du maître étaient toujours promulgués dans cette langue. […] Dans l’ordre des temps, le récit de Joinville est le premier monument de génie en langue française. […] Après les anciens, qu’il nomme dans un ordre assez confus, ce sont les poëtes de la langue provençale.
Quand j’écris, quand je parle, je me sens presque involontairement amené à suivre un certain ordre de vérités et je ne trouve que là les réflexions dont mon esprit et ma plume ont besoin. […] La vérité, c’est l’ordre, c’est l’harmonie, c’est la paix, c’est l’homme restitué à l’image de Dieu ; c’est Dieu dans l’homme. […] C’est en même temps le résultat de la vie sociale, et le moyen de cette vie ; c’est une indispensable condition d’ordre, de ralliement, et par conséquent de progrès ; c’est le talisman de notre Babel. […] Comment satisfaire, sous de telles conditions, aux règles de la suite, de la proportion et de l’ordre ? […] Du pied des quatre évangélistes, assis au haut du ciel, le lion de saint Marc et l’aigle de saint Jean vont, à l’ordre de leurs maîtres, faire une reconnaissance sur la terre.
Ce n’est pas plaider de trop bonne foi la cause des Modernes, dit M. d’Alembert, que de croire leur assurer la supériorité en les opposant à Diodore de Sicile, historien crédule, écrivain du second ordre, & que d’ailleurs une traduction peut encore défigurer. […] Vincent de Beauvais, de l’Ordre des Freres Prêcheurs, publia vers le milieu du XIIIme. siécle un Miroir historial qu’il auroit pu intituler le Miroir des mensonges. […] L’ordre chronologique qui isole les objets, empêche aussi de lire cet ouvrage de suite ; mais si vous vouliez un livre où les matieres fussent plus liées, vous pourriez lire les Elémens de l’histoire de France depuis Clovis jusqu’à Louis XV. par M. l’Abbé Millot, en 2. vol. […] Desormeaux, & une du second, dans laquelle il y a de l’ordre & de la précision, par Ramsai in-4°. […] Les principaux événemens de cinquante années décrits avec beaucoup d’ordre & de clarté, & réunis par une liaison naturelle, forment un corps d’histoire qui seroit fort agréable si la fidélité de l’historien égaloit la beauté de son génie.
Les comédies d’Augier et de Ponsard en sont pleines, pour ne parler que de ceux-là, et en laissant de côté les Étienne, les Andrieux, les Collin d’Harleville, et tout le répertoire de second ordre de la fin du xviiie siècle.
C’est un évocateur de premier ordre.
Pour lui, sans renoncer à ses préjugés [comme il le paroît par son Histoire de la Papesse Jeanne, qui ne peut être que le fruit d’un esprit excessivement crédule, ou d’une imagination trop facile à se remplir de tout ce qui favorise les rêveries d’une Secte], il a su répandre, dans d’autres Ouvrages historiques, du discernement, de l’ordre, de la netteté, de l’élégance, & de l’instruction.
Sans le respect pour la Religion, la connoissance de soi-même, l’amour de l’ordre, l’élévation des sentimens, le zele de l’utilité publique, la Philosophie n’est qu’une chimere en spéculation, ou un être malfaisant en pratique.
Il ne cessa point de veiller au bon ordre, & de secourir ses Concitoyens.
Ce Poëte agreable, qui fit de la Poésie son amusement plutôt que son occupation, attachoit si peu de prix à ses Ouvrages, qu’il dédaigna de les mettre en ordre : on les eût même brûlés, si l’on eût exécuté ses dernieres intentions.
— Pourquoi Dieu permit qu’un ordre de choses analogue à celui de l’antiquité reparût au moyen âge.
Il chante la paix rendue à la France, l’ordre restauré avec la monarchie, la haine de la guerre religieuse et civile : choses qui lui tiennent au cœur, mais à tout le monde avec lui. […] Il exprimait le besoin de paix, d’ordre, de discipline, qui était celui de toute la France.
Pour alléger la phrase, on la débarrassa de l’échafaudage logique qui l’étayait ; les idées se lièrent par elles-mêmes, se subordonnèrent par leur ordre de présentation ; et l’on rebuta des termes de liaison, conjonctions et locutions conjonctives. […] Les esprits fins et secs se réjouissaient : le bel ordre de la langue, sa netteté, sa précision qui la rendaient si commode et si claire, les consolaient de toutes les pertes : « La langue, disait le P.
Que le poëte eût dit simplement au lieu d’ Amphitrite , la déesse de la mer, au lieu de porrexerat, avait jetté ; au lieu de ses longs bras, ses bras ; au lieu de longo margine terrarum, autour de la terre ; qu’en se servant des mêmes expressions il les eût placées dans un ordre différent, plus d’image, rien qui parlât à l’imagination, nul effet. Mais si l’effet tient au choix et à l’ordre des mots, il tient aussi au choix des syllabes.
Les beautés de cette espèce ne sont que du second ordre, car ce qui est grand est préférable à ce qui n’est que fin ; elles sont néanmoins celles qui demandent le plus de sagacité pour être produites, et de délicatesse pour être senties ; aussi sont-elles plus fréquentes parmi les nations chez lesquelles les agréments de la société ont perfectionné l’art de vivre et de jouir. […] Faute de suivre cette méthode, l’imagination échauffée par quelques beautés du premier ordre dans un ouvrage, monstrueux d’ailleurs, fermera bientôt les yeux sur les endroits faibles, transformera les défauts même en beautés, et nous conduira par degrés à cet enthousiasme froid et stupide qui ne sent rien à force d’admirer tout ; espèce de paralysie de l’esprit, qui nous rend indignes et incapables de goûter les beautés réelles.
Passe donc pour renverser, en certains cas, l’ordre de l’enquête ; mais je n’en voudrais pas faire une règle absolue, et je ne croirais pas pouvoir suppléer si facilement « les notions de l’hérédité et de l’influence des milieux », quoique les lois en soient encore « incertaines et présomptives ». […] Indiquer un ordre de travail, et avoir donné l’exemple d’une méthode, c’est la marque d’un vigoureux et solide esprit : on en jugera déjà par l’application faite à Victor Hugo dans l’appendice du livre même.
C’est l’histoire d’une famille de chrétiens, charmants et sublimes tour à tour, comme le sont les âmes saintes, racontée par eux-mêmes encore plus que par Mme Craven, leur sœur et leur fille, qui n’a guère fait, elle, que de mettre en ordre leur correspondance et leurs mémoires. […] Le récit de la sœur, est ce qu’il y a de moins long, en ce livre ; de moins ému, de moins inspiré et, disons-le, de moins beau et de moins céleste dans l’ordre de l’émotion sacrée et de la foi.
Il fut la perfection du genre, et il est resté le type le plus éclatant et le plus complet de tous ces révoltés au ventre, comme l’aurait dit l’ancienne législation avec son énergie romaine, qui ne peuvent par donner à l’ordre moral et social d’avoir été violé par eux du fait même de leur naissance. […] Si Chamfort n’était qu’un homme d’esprit, les dilettanti qui le publient ne se mettraient probablement pas en frais d’une édition nouvelle ; mais il fut contre la société, dans l’ordre de la plume, un précurseur de Robespierre ; et voilà l’intérêt pour eux !
Et si, enfin, le pays qui a l’esclavage, le divorce, la loi de Lynch et les initiatives de la flibuste, est un pays sain, vigoureux, normal, et dans lequel le pouvoir, la famille et l’ordre ne sont pas des équivoques ? […] Ce n’est pas, celle-là, une aristocratie de source et de vocation divine, mais le contresens de l’aristocratie méritante et dévouée : une négation de l’ordre social.
Et, en effet, pas un mot de rancune, dans l’introduction de Pelletan, contre cet homme d’énergie et d’ordre qui fît, lui, son Deux-Décembre au mois de Juin. […] Ôtez le pittoresque de l’expression dans cette page terrible des Soirées de Saint-Pétersbourg, écrite ainsi pour faire mieux sentir la vérité de sa thèse, de Maistre, en parlant du bourreau, n’a posé que la nécessité de la peine de mort pour la conservation de tout ordre social, ce qu’on peut soutenir, n’est-il pas vrai ?
Il répète ce qui a été dit mieux… C’est l’apologie des Ordres Religieux qu’on ne pourra jamais trop faire, quand on la fera bien ; mais cette apologie nouvelle est sans nouveauté. […] Villemain est, dans l’ordre des orateurs, un parleur très arrangé, qui épile des phrases, sceptique à tout, si ce n’est à la rhétorique et à l’orthographe, tandis que M. de Montalembert est un homme convaincu toujours, souvent passionné, lourd habituellement, mais brusque et vrai en somme, quoique de temps en temps déclamateur.
Et voilà le problème, insoluble peut-être : — à laquelle de ces deux puissances qui se partagent les échos de la célébrité, — la Moquerie ou la Gloire, — appartiendra définitivement Swedenborg, ce jour et nuit dans l’ordre des idées, ce génie imposant ou ce fou grotesque ? […] Fils d’évêque, riche de son patrimoine, élevé à l’ordre équestre, assesseur au Collège des mines, comblé par le roi et les princes de Suède, il passait sa vie à écrire ses livres dans sa belle maison de Stockholm et à voyager incessamment dans les deux pays qu’il préférait, l’Angleterre et la Hollande, et, à y préparer de magnifiques éditions de ses ouvrages, colossaux de nombre et de poids.
L’auteur des Philosophes, qui a mesuré le danger qu’elle court et l’abaissement dans lequel elle est tombée et où elle tombe chaque jour davantage, a donné dans son histoire critique la preuve de cette dégradation de la pensée par le Matérialisme, qui est à la fin de tout dans l’ordre philosophique : Finis Poloniæ ! […] » Il faut bien le reconnaître, malgré la tradition badaude des Écoles, malgré les phrases des pédants, dupes de celles qu’ils écrivent, malgré la popularité facile des idées abjectes, qui réussissent toujours, au fond, ce sont de pauvres hommes intellectuels dans l’ordre philosophique que Bacon, — grand de loin, petit quand on s’approche, — Locke, Condillac, Destutt de Tracy, Laromiguière, Cabanis lui-même et Broussais, — tombé de son propre matérialisme à lui dans le matérialisme fantoche de Gall et de ses bosses !
Il est évident, pour qui veut bien y regarder, qu’on ne pourrait pas étudier longtemps impunément une créature de cet ordre, et que, ne fût-on qu’un écrivain, on emporterait sous sa plume même quelque chose de la sagesse et de la simplicité de cet admirable saint dont on se consacre à écrire l’histoire. […] Je citais Richelieu : mais le cardinal de Richelieu, cet homme d’ordre et d’unité, avec ses quatre à cinq coups de hache éblouissants qui brillent dans l’histoire, n’a jamais créé autour de lui des unités de volonté et d’obéissance aussi vastes, aussi cohérentes et aussi profondes, que cet humble et bon Vincent de Paul, qui n’a jamais frappé personne !
Il parla de l’antagonisme fatal des idées, aussi bien dans l’histoire que dans la pensée, dans la conscience de l’homme que dans l’humanité ; enfin il amnistia la guerre, fit une théorie sur les grands hommes qui leur arrachait ce qu’il y a de plus beau en eux : leur libre individualité ; et, adroitement, se coulant de ces hauteurs où il s’était laissé enlever, au niveau abaissé de son auditoire, sentant bien qu’il avait affaire à un genre de public qui aurait donné toutes les spéculations métaphysiques pour une chanson de Béranger, il arriva en dernier ordre, par une subtilité de dialectique, à la Charte, cette chimère de l’époque d’alors, et posa comme l’idéal de sa philosophie la monarchie constitutionnelle, aux cris d’enthousiasme de tous ces Prudhommes de vingt ans ! […] Ils viendront sans doute et passeront ici dans l’ordre successif de réimpression et de publication qu’on leur prépare.
II Mais dans l’ordre mystique, il existe, et fortement, et grandement, cet homme exceptionnel. Dans cet ordre-là, il touche au génie, et si ses Contes extraordinaires étaient tous d’une transcendance égale à la transcendance de trois d’entre eux, le génie ne lui serait pas contesté.
En effet, Laurent est un poète, comme Sténio, qui, disait-on, était déjà un portrait ; débauché comme Sténio, amoureux comme Sténio, bien plus de l’émotion de l’amour que de la femme aimée, recherchant cette émotion moins pour l’éprouver que pour la peindre, contradictoire comme un enfant et comme tant de génies, lorsque la religion, qui fait seule l’harmonie et l’ordre dans ces têtes sublimes et troublées, n’y verse pas la paix féconde et la lumière ! […] Car, ici, il ne s’agit que de Romanciers, et madame Sand, malgré la langue française qui ne prend pas toujours les ordres de l’intelligence pour faire ses mots, n’est qu’une Romancière, c’est-à-dire, en fin de compte : un bas-bleu.
En effet, Laurent est un poète, comme Sténio qui, disait-on, était déjà un portrait, débauché comme Sténio, amoureux comme Sténio, bien plus de l’émotion de l’amour que de la femme aimée, recherchant cette émotion moins pour l’éprouver que pour la peindre, contradictoire comme un enfant et comme tant de génies, lorsque la religion, qui fait seule l’harmonie et l’ordre dans ces têtes sublimes et troublées, n’y verse pas la paix féconde et la lumière ! […] Car ici, il ne s’agit que de ROMANCIERS, et Mme Sand, malgré la langue française qui ne prend pas toujours les ordres de l’intelligence pour faire ses mots, n’est qu’une ROMANCIÈRE, c’est-à-dire, en fin de compte : un bas-bleu.
» XXII Elle finissait de parler quand la porte s’ouvrit et que tu l’embrassas comme un fils, en lui faisant compliment sur la propreté et sur l’ordre de ta maison rustique. […] Le gothique est beau ; mais l’ordre et la lumière y manquent ; ordre et lumière, ces deux principes de toute création éternelle. […] Il consistait en un carré long, entouré d’un péristyle de quarante-six colonnes d’ordre dorique. […] LXVI Je ne sens point de tristesse ici ; l’âme est légère, quoique méditative ; ma pensée embrasse l’ordre des volontés divines, des destinées humaines ; elle admire qu’il ait été donné à l’homme de s’élever si haut dans les arts et dans une civilisation matérielle ; elle conçoit que Dieu ait brisé ensuite ce moule admirable d’une pensée incomplète ; que l’unité de Dieu, reconnue enfin par Socrate dans ces mêmes lieux, ait retiré le souffle de vie de toutes ces religions qu’avait enfantées l’imagination des premiers temps ; que ces temples se soient écroulés sur leurs dieux : la pensée du Dieu unique jetée dans l’esprit humain vaut mieux que ces demeuras de marbre où l’on n’adorait que son ombre.
Or, bien que l’idéal doive planer toujours un peu plus haut que la ligne de l’horizon au-dessus du réel, dans les œuvres des esprits supérieurs qui veulent faire avancer le monde social, afin qu’il y ait toujours un mieux moral posé devant les hommes pour les faire marcher à Dieu ; cet idéal ne doit jamais être tellement séparé du réel, c’est-à-dire des conditions bornées de la nature dans l’imparfaite humanité, qu’il sorte entièrement de l’ordre réel et qu’il devienne rêve au lieu de rester pensée. […] Toute l’harmonie de la saison s’accomplissait dans un gracieux ensemble ; les entrées et les sorties du printemps avaient lieu dans l’ordre voulu ; les lilas finissaient, les jasmins commençaient ; quelques fleurs étaient attardées, quelques insectes en avance ; l’avant-garde des papillons rouges de juin fraternisait avec l’arrière-garde des papillons blancs de mai. […] Jusqu’à ce que l’ordre, qui n’est autre chose que la paix universelle, soit établi, jusqu’à ce que l’harmonie et l’unité règnent, le Progrès aura pour étapes les révolutions. […] L’hydre au commencement, l’ange à la fin. » XXX Ces pages sont très belles, mais, de quelque mot qu’on se serve, de quelques phrases qu’on les pare, il n’y a, il n’y a jamais eu et il n’y aura jamais que deux philosophies sociales ici-bas : La philosophie sociale des jouissances matérielles à multiplier et à faire convoiter de bonne foi à tous les hommes ; La philosophie sociale du spiritualisme et de la résignation pieuse à l’ordre douloureux de la nature, ce décret absolu du Créateur, ce fait accompli, et tristement accompli, du destin ; l’imperfection, la douleur, le travail et la mort, pour mériter un autre sort dans le monde ascendant et invisible dont la terre est la ténébreuse avenue. […] Ces quatre lois accomplies, tout rentrera de soi-même dans l’ordre, jusqu’à ce que de nouveaux besoins physiques, intellectuels ou moraux, constatés, demandent à la société de nouvelles satisfactions légitimes.
Lagrange décrit ainsi le théâtre où la troupe de Molière jouait par ordre du sieur de Rataban, surintendant des bâtiments du roi : « … trois poutres, des charpentes pourries et étayées, et la moitié de la salle découverte et en ruine. » Ailleurs, en date du dimanche 15 mars 1671, il dit : « La troupe a résolu de faire un grand plafond qui règne par toute la salle, qui, jusqu’au dit jour 15, n’avait été couverte que d’une grande toile bleue suspendue avec des cordages. » Quant à l’éclairage et au chauffage de cette salle, particulièrement à l’occasion des frais extraordinaires qu’entraîna la Psyché, qui était de Molière et de Corneille, on lit ceci : « chandelles, trente livres ; concierge, à cause du feu, trois livres. » C’étaient là les salles que « le grand règne mettait à la disposition de Molière. » IV Shakespeare obtint à la fin un rôle muet dans une pièce ; il fut chargé d’apporter son casque au géant Agrapardo. […] Macbeth tue le sommeil, l’innocent sommeil, le sommeil qui remet en ordre l’écheveau confus de nos soucis ; le sommeil, mort tranquille de la vie de chaque jour, bain accordé à l’âpre travail, baume de l’âme malade, loi tutélaire de la nature, l’aliment principal du tutélaire festin de la vie. » LADY MACBETH. […] Holà, un mot : ces hommes attendent-ils nos ordres ? […] Ne vous arrêtez pas à conserver l’ordre des rangs ; sortez tous ensemble. […] Que dites-vous de Macduff, qui refuse de se rendre en personne à nos ordres souverains ?
Dans le second cas, elle sera l’explication par certaines raisons d’ordre supérieur, qu’il s’agira de déterminer. […] L’idée de liberté implique nécessairement, outre l’élément d’activité, un élément d’intelligence ; elle implique une causalité d’ordre intellectuel ; là où cesse l’intelligence, c’est l’abîme, c’est la nuit, l’insondable et l’innommable, c’est x. […] Nous ne pouvons donc vérifier notre pouvoir des contraires qu’en réalisant l’un et l’autre successivement ; mais alors, nous ne sommes plus dans les mêmes conditions, puisque nous avons à chaque fois le souvenir de l’action précédente, avec un motif de faire l’action contraire pour montrer notre pouvoir même, ou encore de répéter la même action pour montrer qu’aucun ordre fixe ne nous enchaîne. […] On peut seulement dire qu’alors, malgré la contrainte interne, il y a déjà l’apparition d’un ordre de choses différent de ce mécanisme grossier où le premier terme pousse, sans le savoir, un second terme mû sans le savoir. […] Etre indépendant, c’est pouvoir agir et vouloir dans telles circonstances, sans que l’acte ou la volition soit l’effet de tel et tel ordre de causes ou de raisons.
Les prétendus Réformés de France furent les premiers qui mirent quelque ordre & quelques raisonnemens dans leur discours, parce qu’on est obligé de raisonner méthodiquement quand on veut changer les idées des hommes ; mais ces raisonnemens étoient fort éloignés de l’éloquence, & la chaire n’en fut pas moins livrée au mauvais goût. […] La grande réputation du Pere Chapelain, Prédicateur du premier ordre, a mérité au recueil de ses Sermons publié en six vol. […] Celui de l’Evêque de Meaux est, à la vérité, moins égal, moins pur, moins soutenu ; il est cependant plus rempli de ces grands sentimens, de ces traits hardis, de ces figures vives & frappantes qui caractérisent les discours des Orateurs du premier ordre. […] L’usage qu’il fait de l’Ecriture sainte, prouve qu’elle lui est plus familiere, qu’à beaucoup d’autres Orateurs du même ordre, & qu’il entend l’art des applications. […] L’auteur de ce livre est le Pere Hyacinthe de Montargon, Augustin de la place des Victoires, Religieux considéré dans son Ordre, estimé dans le monde, Prédicateur connu, qui après avoir prêché à la Cour avec succès, n’a pas dédaigné d’écrire pour les habitans de la campagne.
Ce n’est pas que cet Ouvrage ait le même ton de plaisanterie ; mais il n’a pas non plus celui qui convient à l’Histoire ; c’est-à-dire, l’ordre, la netteté, la dignité, & la critique.
Je serai satisfait de mon travail, si elle y reconnaît le témoignage de mon entier dévouement à ses ordres et de la durée de ma reconnaissance pour ses bienfaits.
Les grammairiens et les rhéteurs ayant fait des observations sur les diférentes maniéres de parler, ils ont fait des classes particuliéres de ces diférentes maniéres, afin de mettre plus d’ordre et d’arangement dans leurs réfléxions. […] C’est passer de l’ordre idéal à l’ordre physique que d’imaginer un autre système. […] Il y a en éfet je ne sai quoi d’oposé à l’ordre naturel, de nomer une chose par son contraire, d’apeler lumineux un objet parce qu’il est obscur ; l’antiphrase ne satisfait pas l’esprit. […] L’idée de cet original et l’aplication qu’on en fait à un sujet d’un ordre moins sérieux, forment dans l’imagination un contraste qui la surprend, et c’est en cela que consiste la plaisanterie de la parodie. […] C’est peut-être ce qui a doné lieu à un grand nombre d’erreurs où les homes sont tombés, faute d’avoir reconu que les mots dont ils se servoient en ces ocasions n’étoient que les signes des afections de leur esprit, en un mot, de leurs abstractions, et non l’expression d’objets réels ; delà l’ordre idéal confondu avec l’ordre physique ; delà enfin l’erreur de ceux qui croient savoir ce qu’ils ignorent, et qui parlent de leurs imaginations métaphysiques avec la même assurance que les autres homes parlent des objets réels.
En ce dernier recueil, un poème, Simplice, est de premier ordre.
Il ne tenait qu’à Mlle Holmès d’entrer dans la voie des succès faciles… Loin de là ; elle a dédaigné même les tentatives sérieuses de second ordre.
Cet Ouvrage, spécialement composé pour tourner en ridicule les Zélateurs du grand Œuvre & les Freres de la Rose-croix, excede les bornes de la plaisanterie, & contient des allusions personnelles qui le firent supprimer par ordre du Gouvernement.
À partir du 1er octobre, les articles, chaque lundi, se succédèrent dans l’ordre qui suit.
Voltaire entend par ces mots « la soumission qui suit aveuglément les ordres d’un supérieur ». […] Mais, dans cette composition d’ordre mixte, voici le moyen âge lui-même qui va reparaître à son tour. […] Nous avons suffisamment parlé de ce jugement par ordre. […] Prenez entre vous l’ordre et du temps et du lieu. […] Sitôt qu’il l’aura trouvé inflexible, il exécutera sans pitié les ordres reçus, n’ayant plus affaire à un ami, mais à un rebelle.
On pourrait faire des remarques analogues sur les toiles de Bonnat, qui est à n’en pas douter un visuel de premier ordre. […] Il leur cherchera, dans l’ordre des choses visibles, un équivalent. […] Qu’importe, nous en retrouverons au moins l’équivalent, en sentiments et idées de même ordre. […] Il a inspiré des œuvres de tout premier ordre. […] On pourrait faire des observations de même ordre sur L’art égyptien primitif, sur l’art chrétien du moyen âge.
Qu’est-ce l’Amérique tout entière auprès d’un rayon de cette gloire infinie dont brille en Italie une ville de second ou de troisième ordre, Florence, Pise, Sienne, Pérouse ? […] Par une conséquence fatale, et pour correspondre aux besoins de chacun des ordres intellectuels, deux genres inférieurs, qui auparavant existaient à peine dans la littérature à l’état d’informes embryons, se sont brusquement épanouis avec la toute-puissance du succès numérique. […] Pour Lamartine, un phénomène du même ordre se dessina en 1820, quand parurent les Premières Méditations. […] C’est plutôt un composé de cinq ou six individualités diverses qui tiennent la parole les unes après les autres, sans ordre logique, au hasard de l’inspiration momentanée, sans que chacune d’elle prenne soin de ce qui a été dit précédemment. […] Mais que l’artiste ait voulu modeler une Aphrodite, une Victoire Aptère ou une Polyxène, la question n’a en définitive qu’une importance de second ordre.
un ordre monastique ou un ordre de chevalerie ? L’esprit de la chevalerie fut non pas le moyen, comme on l’a dit, mais le principe de son institution, et il créa vraiment l’ordre des chevaliers errants de la Vierge et de Jésus. […] Sa volonté n’a plus aucun de ces caprices qui créent la douleur et le danger, parce qu’ils sont en désaccord avec l’ordre moral, ce qui équivaut à la complète sécurité. […] Plus cette lumière brille en lui, mieux il découvre les lois de l’ordre du monde entier, mieux il lit les décrets de l’éternelle justice et de l’éternel amour. […] Qui sait cependant si cette petite ville ne tient pas dans l’ordre général de l’univers une plus grande place que d’autres matériellement plus considérables ?
Nous les reproduisons avec la date et selon l’ordre chronologique de leur publication. […] Comme tous ceux de cet ordre, il résulte d’un mouvement progressif qui a sa trace dans l’histoire. […] Elles invoquent des raisons accidentelles et de second ordre qui, seules, ne suffiraient point à expliquer un effet si considérable. […] Bourget le porte à tout spectacle, soit interne, soit externe, mais de préférence à ceux de l’ordre psychologique. […] La transposition est évidente ; mais le critère de certitude reste, au fond, le même : il est d’ordre intellectuel.
Paul Guigou Malgré deux ou trois morceaux de premier ordre, des morceaux tels qu’ils sacrent un poète, malgré de rares qualités d’expression et un instinct délicat du rythme, je dis sans hésitation que Tellier a été moins poète dans ses vers que dans sa prose.
L’amour de l’ordre prévaut toujours contre les secousses turbulentes de la nouveauté : ceux-là seuls qui ont travaillé à le maintenir ou à le rappeler, peuvent être regardés comme la gloire & les vrais bienfaiteurs du genre humain.
On dit que les Comédiens se préparoient à la jouer, lorsque l’Auteur, qui ne s’étoit jamais proposé de travailler pour eux, obtint un ordre pour en arrêter la représentation.
Le goût est plus difficile à contenter ; il exige de l'ordre, de la clarté, de la méthode ; il demande de la chaleur & de l'intérêt dans l'exposition des faits, du discernement dans le choix des autorités, & une noblesse d'expressions assorties aux événemens qu'on raconte : or, c'est ce que M.
L’ordre des vierges n’est ni moins varié ni moins nombreux : ces filles hospitalières qui consument leur jeunesse et leurs grâces au service de nos douleurs ; ces habitantes du cloître, qui élèvent à l’abri des autels les épouses futures des hommes, en se félicitant de porter elles-mêmes les chaînes du plus doux des époux, toute cette innocente famille sourit agréablement aux Neuf Sœurs de la Fable.
Le moindre désir exprimé par Victor Hugo devenait un ordre, auquel on était heureux d’obéir. […] Georges comprend le danger ; mais ne pouvant s’éloigner sans un ordre de son chef, il lui confesse tout : — Amiral, j’aime votre femme. […] les voilà qui défilent en bel ordre. […] Il n’était pas facile de grouper dans un ordre logique des poèmes conçus et écrits à des époques diverses, et répondant parfois à des ordres d’idées et de sentiments contradictoires, MM. […] Je suppose la révolution accomplie, l’ancien ordre renversé, l’ordre nouveau établi — tant bien que mal, comme tout ordre en ce monde — sur de nouveaux principes… L’humanité y aura-t-elle perdu ?
On confond quelquefois le bon air avec l’agrément ; il y a pourtant beaucoup de différence. « Le bon air, dit le chevalier, se montre d’abord, il est plus régulier et plus dans l’ordre. […] Je le fis partir tout à l’heure avec ordre de ce qu’il avoit à faire, d’envoyer mon équipage chez moi, de dire que j’avois pris une autre route, et de m’apporter un habit comme je le voulois (c’étoit lui qui m’habilloit), et je lui recommandai surtout de ne pas tarder. […] On me donna une chambre fort commode, et je m’étonnois qu’en un lieu si sauvage il y eût tant d’ordre et de propreté ; mais j’admirois principalement qu’une si rare personne y fût cachée. […] de Méré était chevalier de Malte et servait sur les galères de l’Ordre. […] La Beaumelle, ce chroniqueur si peu sûr, a romancé selon son usage le chapitre où figure le chevalier ; il est temps qu’un noble et grave historien, M. le duc de Noailles, vienne remettre l’ordre et la justesse dans les choses de sa maison.
Il affecte une méchanceté surhumaine, il grossit comme un porte-voix les ordres du maître, il parle au dieu qu’il mène à sa suite, comme à un tortionnaire soldé pour sa tâche. — « Fais ce que le Père t’ordonne d’accomplir ! […] Mais la nécessité me contraint : il est dangereux d’enfreindre l’ordre du Père. » — Et avec une lourde insistance qui accroît à son insu le supplice, il dénombre longuement au Titan les souffrances qu’il va endurer : — Ce seront d’abord l’isolement absolu, l’angoisse incurable ; l’insomnie sans trêve, les cris sans écho ; puis les ardeurs du soleil et les sueurs froides de la nuit qui, tour à tour, brûleront et glaceront sa chair : pour torture suprême, tout mouvement entravé, nul moyen de se retourner sur son lit sinistre ; l’immobilité dans la convulsion. — La sentence est dure, et les remontrances qu’Héphestos y mêle doivent la rendre plus odieuse encore au patient. […] Héphestos compatit évidemment au sort tragique de Prométhée, mais il est résigné, sinon rallié à l’ordre nouveau. […] Zeus était venu après eux, plus dégagé des scories de l’origine matérielle, vraiment divin par certains côtés, régulateur et conservateur, doué du génie de l’ordre et de l’équilibre. […] Angoisses de l’homme luttant contre des lois implacables dont le plan échappe à sa vue, protestations de la conscience indignée par les triomphes du mal et l’injustice distributive de la destinée, alternatives d’immenses espérances et de désespoirs infinis, attente anxieuse d’un ordre meilleur qui recule à mesure que le pressentiment s’en approche ; Prométhée est resté le prophète permanent, la voix inextinguible de ces cris de l’âme.
L’auteur des Mystères de Londres, des Amours de Paris, du Fils du diable, du Bossu, des Fanfarons du Roi, et de tant d’autres ouvrages, est, dans l’ordre du roman, ce que les mélodramaturges sont dans l’ordre du drame, et ils ont beau tresser et tordre, dans les implications et les complications de leur œuvre, les événements, les incidents, les péripéties, les surprises, les mélodramaturges du roman comme ceux du drame n’en sont pas moins obligés, dans une mesure quelconque, à la passion, sous peine de n’être plus que des joueurs d’échecs ou de casse-têtes chinois littéraires. […] et pour arriver à la simplicité du plan, au rythme aisé du récit, à la concision savante, à la mesure, à l’ordre lucide, à ce fini dans l’art que Platon appelait, avec une justesse si exquise, une rondeur, Féval montre souvent de la passion vraie, de l’observation acérée, de l’invention de bon aloi. […] Mais il nous donne, dans son Chevalier de Kéramour, monsieur Polduc Le Bihan, le fort buveur de cidre, qui a inventé tout un ordre de jurons pour jurer tout son saoul sans offenser Dieu, et qui proteste, l’épée nue à la main, à la fin de chaque repas, en l’absence perpétuelle d’un chapelain qu’il ne peut appointer et qu’il dit en vacances, contre l’usurpation de la duchesse Anne de Bretagne, laquelle lui a volé sa couronne ducale ; et cette tête de monsieur Polduc Le Bihan est excellente, et d’une verve qu’aurait assurément goûtée avec délices le grand peintre en originaux et le grand connaisseur écossais. […] Avec ce que je sais de ces indifférents sublimes aux choses du temps, qu’on croit si occupés de la terre, Crétineau dut prendre l’initiative d’une histoire complète de leur ordre et leur demander la permission de l’écrire. […] Je l’ai dit et le répète : je crois ce livre, dans l’ordre pratique, d’une influence bien plus considérable que l’Histoire des Jésuites par Crétineau, mais nous sommes dans des temps si mauvais que le doute du bien est permis.
Tous ont leurs lois à part, et toutes ces lois diverses tendent à une loi commune et forment l’univers… Mais ces soleils assis dans leur centre brûlant, Et chacun roi d’un monde autour de lui roulant, Ne gardent point eux-même une immobile place : Chacun avec son monde emporté dans l’espace, Ils cheminent eux-même : un invincible poids Les courbe sous le joug d’infatigables lois, Dont le pouvoir sacré, nécessaire, inflexible, Leur fait poursuivre à tous un centre irrésistible. » C’était une bien grande idée à André que de consacrer ainsi ce troisième chant à la description de l’ordre dans la société d’abord, puis à l’exposé de l’ordre dans le système du monde, qui devenait l’idéal réfléchissant et suprême. Il établit volontiers ses comparaisons d’un ordre à l’autre : « On peut comparer, se dit-il, les âges instruits et savants, qui éclairent ceux qui viennent après, à la queue étincelante des comètes. » Il se promettait encore de « comparer les premiers hommes civilisés, qui vont civiliser leurs frères sauvages, aux éléphants privés qu’on envoie apprivoiser les farouches ; et par quels moyens ces derniers. » — Hasard charmant ! […] Il s’est accrédité, parmi quelques admirateurs du poëte, un bruit, que l’édition de 1833 semble avoir consacré ; on a parlé de trois portefeuilles, dans lesquels il aurait classé ses diverses œuvres par ordre de progrès et d’achèvement : les deux premiers de ces portefeuilles se seraient perdus, et nous ne posséderions que le dernier, le plus misérable, duquel pourtant on aurait tiré toutes ces belles choses.
Ils proclament complaisamment la déchéance et la captivité du roi qu’ils auraient voulu conserver pour personnifier en lui un ordre légal. […] L’ordre libre, mais l’ordre très prédominant sur ce qu’on appelle la liberté. […] Quant au style, je ne m’en occupai pas ; j’étais sûr que les événements eux-mêmes m’inspireraient, malgré mon peu d’habitude de la prose, la clarté, l’ordre, la lumière, le naturel et même la seule éloquence de l’histoire, la sensibilité communicative qui mêle du cœur au récit.
Non ; aucun homme d’État ne pouvait, de bonne foi, se faire une illusion pareille ; la guerre à mort entre l’ordre public, qui est l’intérêt et le droit de tous, et la presse libre, qui n’est que l’intérêt d’un petit nombre d’hommes de plume sans mandat et sans responsabilité, était évidemment l’état sauvage, au lieu de l’état régulier d’une nation en état légal. Donc, cette croyance à la liberté illimitée de la presse était, en lui, ou une fiction à l’usage d’un imbécile, ou un crime contre l’ordre social. […] Chateaubriand se conduisit en grand écrivain, et moi en honnête homme ; il fut un écrivain du premier ordre, et moi un bon citoyen ; il inventa la coalition de 1827 pour se grandir, au risque de perdre la monarchie ; j’inventai la république unanime et modérée pour sauver la France et l’Europe : qu’on juge par le résultat. […] Sa vieillesse seule l’aurait retenu dans l’inaction pendant cet accès de guerre civile ; il n’aurait su à quel parti se rallier pour combattre avec lui ; son amitié pour Carrel et ses adulations aux hommes de son bord l’auraient empêché de combattre les républicains ; son légitimisme d’apparat l’aurait empêché de combattre avec les républicains patriotes et modérés ; ses principes et ses goûts aristocratiques l’auraient empêché de combattre avec les meurtriers de tout ordre et de toute civilisation ; sa soif de popularité l’aurait empêché de se prononcer contre la lie du peuple.
Cela ne veut pas dire non plus que la science, en s’efforçant de débrouiller le mystère qui nous enveloppe, fasse fi de l’ordre, de l’élégance, du bien dire, de tous les attraits que l’art prête à l’exposé des idées et des faits ; elle aussi, suivant les temps, les matières traitées et les goûts individuels, elle aspire plus ou moins à charmer, ne fût-ce que pour les tenir en éveil, les intelligences qu’elle veut avant tout éclairer. […] La botanique et la zoologie apprennent à classer les plantes et les animaux dans un ordre indiqué par leur structure même, et voilà des parentés inattendues qui se révèlent, une échelle des êtres qui s’ébauche, une série régulière de formes qui va de l’infiniment petit jusqu’à l’homme. […] L’histoire, qui est et sera toujours science et art, a renversé l’ordre jusqu’alors accepté dans la proportion de ces deux éléments. […] Elles confirment, au lieu de l’infirmer, la relation perpétuelle des deux ordres de choses que nous mettons ici en regard.
C’est toujours ce dictionnaire d’où il tombe, dans un certain ordre, des mots avec lesquels on fait du style et on joue la pensée, ce qui ravit les sots de voir qu’on peut se passer d’elle ! […] En effet, à part les principes qu’il n’a point et en restant dans l’ordre abaissé des impressions personnelles, Villemain ne sait résoudre aucune des questions de critique qui se rencontrent sur son passage, et même sur celles-là qu’une érudition plus forte que la sienne a le plus discutées, l’existence d’Homère, par exemple, la moralité de Sapho, l’authenticité des Orphées, etc., etc., la décision de Villemain ne dépasse pas le doute, et il rappelle à l’esprit le mot de Goethe, que nous ne nous lasserons jamais de citer à ces sceptiques, qui devraient être les trappistes de la pensée, car qui doute n’a pas le droit d’enseigner et même de parler : « J’ai bien assez d’opinions douteuses en moi sans que vous y ajoutiez encore ! […] Bon pour faire brillamment une classe, Villemain voulut un jour aborder l’histoire et il ne comprit rien à celle de Grégoire VII, sous laquelle sa minceur d’homme de lettres resta écrasée… Pas plus d’instinct que de réflexion, Villemain ne va à ce qui est supérieur et grand, et pas plus dans l’ordre de la parole, qui est son domaine, que dans l’ordre de l’action, qui ne l’est pas… Chose à remarquer !
Et l’ordre teutonique qu’il dit mort ou dégénéré et qui alors, me dit-on, n’était pas né : — vérifiez, historiens !
Entre autres poésies de premier ordre, je citerai celle-ci : Ressemblance.
Il ne faut point prendre garde si tous ces anciens auteurs sont appelés profanes, et si quelques-uns ont quelques termes libres et impurs : le soleil jette ses rayons sur la boue, de même que sur les choses précieuses, sans être endommagé ; cet astre apporte du changement aux substances qu’il éclaire, et le sage en fait de même de tout ce qui est soumis à ses ordres. […] Ayant à faire la part de Marolles dans le mémoire sur les gens de lettres dressé en 1662 par ordre de M. […] Je ne puis qu’admirer la patience, le soin, l’industrie, le bel ordre qu’il a mis dans le rassemblement et la distribution de ces pièces innombrables dont il discernait et goûtait les grandes et maîtresses parties, et dont il sentait aussi l’utilité continuelle pour l’éclaircissement de l’histoire.
Mais le sage et circonspect Chapelain fit remarquer que puisque, par malheur, les conférences avaient éclaté, on n’avait plus la liberté du choix ; que cette offre honorable de protection, venant de si haut, était un ordre, et que se dérober à la bienveillance du cardinal, c’était encourir son inimitié : Spretaeque injuria formae. […] Mais un jour, un ordre précis arrive de Ruel où était le cardinal, à tous ceux qui font partie de l’Académie, d’avoir à opter dans trois jours ou d’y donner leurs soins et leurs assistances régulières, lorsqu’ils seront à Paris et qu’ils ne seront point malades, ou de faire place à beaucoup de personnes de considération qui demandent à y entrer : Et cet ordre sérieux, et témoigné par Mme la duchesse d’Aiguillon qui y était présente, a eu un tel effet, nous dit Chapelain, que notre homme (Voiture) s’est résolu de contraindre son libertinage et de venir plutôt à l’Assemblée en enrageant que de la négliger comme il l’avait fait, de peur d’attirer sur lui l’indignation de celui qui peut toutes choses.
Il assembla chez lui dans le courant d’avril le maire, les jurais, les principaux du Parlement ; il y manda le baron de Vaillac sous prétexte d’avoir à lui communiquer quelques ordres du roi. […] Henri III, également satisfait de la prise du Château-Trompette, en remercia le maréchal et y ajouta l’ordre de marcher sur Agen, dont la reine Marguerite prétendait se faire une place de guerre et de sûreté. Pendant cette expédition du maréchal, Montaigne se trouva seul, en qualité de premier magistrat, chargé de la police et de l’ordre de la cité (mai 1585).
Cet édit avait pour objet de régler l’entière évacuation du pays, l’ordre et la marche des détachements ; les exilés avaient dix jours pour vendre leurs biens ; ils devaient déposer les armes sur l’heure, et démolir tous leurs temples de leurs propres mains avant leur départ. […] Enfin il était bridé par les ordres de la Cour. […] Pour lui, heureux d’avoir fait son devoir et contenté son maître, il se félicita presque de n’avoir plus à suivre pour le reste de la campagne que les ordres de Versailles.
Valmore père et fils61 m’ont permis de jeter les yeux sur le trésor domestique tout intime, qu’ils ont pieusement conservé et mis en ordre, des papiers, notes et correspondance de cet autre tendre et passionné poète, Mme Desbordes-Valmore, qui unissait une délicatesse morale si exquise à un don de chanter si pénétrant, ou plutôt chez qui cette sensibilité et ce don ne faisaient qu’un. […] Elle était l’intime amie de cette grande et royale cantatrice, Mme Branchu65, qui régnait au temps du premier Empire et qui trouvait que tout avait été en décadence à l’Opéra depuis le jour où le préfet du palais n’était plus là pour lui donner poliment la main et l’introduire, comme le comte de Rémusat ne manquait jamais de le faire, lorsqu’elle allait jouer par ordre au château de Saint-Cloud. […] C’est, dans son ordre, la même distance que d’une ode des premiers Recueils de Hugo à l’une des Contemplations.
Jusque-là, cette poésie, en ce qu’elle avait de particulier, et j’oserai dire d’essentiel, semblait décidément subalterne, inférieure à la prose, incapable dans ses vieilles entraves d’atteindre à tout un ordre d’idées modernes et d’inspirations, qui s’élargissait de jour en jour. […] Ainsi, d’élans en élans, d’émotion en impiété, tout nous mène à la volupté enivrante de la nuit, au meurtre de l’époux, à la volupté encore, sur cette mer de Venise, où reparaissent voguant, pleins d’oubli, le meurtrier aimé et la belle adultère : Peut-être que le seuil du vieux palais Luigi Du pur sang de son maître était encor rougi ; Que tous les serviteurs, sur les draps funéraires, N’avaient pas achevé leurs dernières prières ; Peut-être qu’à l’entour des sinistres apprêts, Les prieurs, s’agitant comme de noirs cyprès, Et mêlant leurs soupirs aux cantiques des vierges, N’avaient pas sur la tombe encore éteint les cierges, Peut-être de la veille avait-on retrouvé Le cadavre perdu, le front sous un pavé ; Son chien pleurait sans doute et le cherchait encore : Mais, quand Dalti parla, Portia prit sa mandore, Mêlant sa douce voix, que la brise écartait, Au murmure moqueur du flot qui l’emportait… Les deux autres drames de ce volume, Don Paez et la Camargo, renfermaient des beautés du même ordre, mais moins soutenues, moins enchaînées, et dans un style trop bigarré d’enjambements, de trivialités et d’archaïsmes. […] Mérimée, dans le choix de ses sujets, se prend-il de préférence à des époques où les particularités ne sont pas trop commandées par un ordre dominant, ou à des races qui sont demeurées dans leur sauvagerie primitive.
Ernest, secrétaire d’ambassade à Rome, a reçu un ordre de retour ; il part demain pour Paris ; de là il courra à Chamalières. […] » Ernest est parfait, mais il n’est pas idéal ; mais, après cette amère et religieuse douleur d’une amie morte pour lui, morte entre ses bras, après cette sanctifiante agonie au sortir de laquelle l’amant serait allé autrefois se jeter dans un cloître et prier éternellement pour l’âme de l’amante, lui, il rentre par degrés dans le monde ; il trouve moyen, avec le temps, d’obéir à l’ordre de celle qui est revenue à l’aimer comme une mère ; il finit par se marier et par être raisonnablement heureux. […] Crois-moi donc, conservons notre 23 juin intact : c’est le destin qui l’a arrangé, c’est Dieu qui l’a voulu ; aussi son souvenir ne nous donne-t-il que de la joie. » Si Ernest eût vécu à une époque chrétienne, j’aime à croire qu’il ne se fût pas marié après la perte de son amie, et qu’il fût entré dans quelque couvent, ou du moins dans l’Ordre de Malte.
À chaque ordre de sensations esthétiques répondit un art résonateur. […] L’impression de l’artiste fut du même ordre : une impression de spectateur d’actes. […] Le Théâtre Libre, et c’est, qu’on le sache, sa seule raison d’être, nous fournit un plaisir de cet ordre, avec des publics et des programmes trop mélangés.
À chaque ordre de sensations esthétiques répondit un art résonnateur. […] L’impression de l’artiste fut du même ordre : une impression de spectateur d’actes. […] Le Théâtre Libre, et ce fut, qu’on le sache, sa seule raison d’être, nous fournit un plaisir de cet ordre, avec des publics et des programmes trop mélangés.
Il y avait antagonisme natif entre ce dieu d’équilibre et d’ordre, dont les violences même tendaient à une règle, et les puissances litaniques, habituées à l’anarchie du Chaos. […] Les dieux et les déesses vinrent, par ordre du maître, lui faire leurs présents funestes. […] Pandore souleva le couvercle du vase, et tous les Maux que les dieux y avaient enfermés, misères et maladies, guerres et crimes, violences et soucis, s’en échappèrent sur la terre. — « Seule, l’Espérance resta dans le vase, arrêtée sur les bords, et elle ne s’envola point ; car Pandore avait refermé le couvercle par l’ordre de Zeus qui amasse les nuées. » — Belle et touchante légende !
Les contemporains de Mlle de Lespinasse, ses amis les plus proches et les mieux informés, n’y avaient rien compris ; Condorcet, écrivant à Turgot, lui parle souvent d’elle et de ses crises de santé, mais sans rien paraître soupçonner du fond ; ceux qui, comme Marmontel, en avaient deviné quelque chose, se sont trompés tout à côté, et ont pris le change sur la date et l’ordre des sentiments. […] Dans l’ordre des sentiments, il avait le mouvement, le tumulte et le fracas de la passion, non pas la chaleur. […] Il ne paraît pas, en effet, que l’ordre et l’exactitude aient été au nombre des qualités de M. de Guibert : il brouille volontiers les lettres de son amie, il les mêle à ses autres papiers, il les laisse volontiers tomber de ses poches par mégarde en même temps qu’il oublie de cacheter les siennes.
Tandis que la plupart des femmes sont occupées à faire retraite en bon ordre et à prolonger leur âge de la veille, elle prit d’elle-même les devants, et elle s’installa sans marchander dans son âge du lendemain. […] Son activité était de celles qui se font remarquer principalement par le bon ordre, une de ces activités discrètes qui agissent sur tous les points presque en silence et insensiblement. […] Quand il y avait quelque infraction au règlement et qu’il éclatait quelque imprudence de parole, c’était à lui qu’elle s’en prenait volontiers pour n’y avoir pas mis bon ordre.
Voilà bien Jeanne dans toute sa beauté et sa grâce militaire, parlant d’une voix de femme, mais avec le ton du commandement, soit qu’elle s’adressât à ses pages, soit qu’elle donnât ses ordres aux prêtres et gens d’Église. […] J’ai pour moi la parole directe et l’ordre du grand Jupiter : c’est le seul Dieu dont la volonté compte. […] Comme lui, elle avait l’ordre direct et le conseil du Dieu suprême.
Il y a le Fontenelle bel esprit, coquet, pincé, damoiseau, fade auteur d’églogues et d’opéras, rédacteur du Mercure galant, en guerre ou en chicane avec les Racine, les Despréaux, les La Fontaine ; le Fontenelle loué par de Visé et flagellé par La Bruyère ; et à travers ce Fontenelle primitif, à l’esprit mince, au goût détestable, il y en a un autre qui s’annonce de bonne heure et se dégage lentement, patiemment, mais avec suite, fermeté et certitude ; le Fontenelle disciple de Descartes en liberté d’esprit et en étendue d’horizon, l’homme le plus dénué de toute idée préconçue, de toute prévention dans l’ordre de la pensée et dans les matières de l’entendement ; comprenant le monde moderne et l’instrument, en partie nouveau, de raisonnement exact et perfectionné qu’on y exige, s’en servant avec finesse, avec justesse et précision, y insinuant l’agrément qui fait pardonner la rigueur, et qui y réconcilie les moins sévères ; en un mot, il y a le Fontenelle, non plus des ruelles ni de l’Opéra, mais de l’Académie des sciences, le premier et le plus digne organe, de ces corps savants que lui-même a conçus dans toute leur grandeur et leur universalité quand il les a nommés les états généraux de la littérature et de l’intelligence. […] « En vérité, je crois toujours de plus en plus, dit-il, qu’il y a un certain génie qui n’a point encore été hors de notre Europe, ou qui, du moins, ne s’en est pas beaucoup éloigné. » Ce génie européen, qui est proprement celui de la méthode, de la justesse et de l’analyse, et qui, selon lui, s’étend à tous les ordres de sujets, il croit que c’est à Descartes surtout que nous en devons la découverte et l’usage ; mais il s’agit de le mieux appliquer encore qu’il ne l’a fait. […] Ce livre des Mondes offre, en quelque sorte, deux aspects, et il aboutit par une double influence à deux ordres d’écrits tout différents.
C’est cet air de grandeur que Retz prisait le plus, qu’il ambitionna d’abord en tout, dans ses paroles, dans ses actions, et qu’il porta dans tous ses projets ; mais, s’il affectait la gloire, il avait en lui bien des qualités de premier ordre pour en former le fonds. […] Ce n’est que dans ses dernières années que Retz se relève, qu’il recouvre quelque dignité par une retraite noblement soutenue, qu’il réveille même l’idée de probité par d’immenses dettes complètement payées, et qu’il se rachète à nos yeux dans l’ordre de l’esprit par la composition de ses incomparables Mémoires. […] Savant docteur ou assez habile pour le paraître, administrateur soigneux, toujours prêt à défendre les droits et les prérogatives de son ordre, excellent et éloquent prédicateur, prodigue en aumônes à toutes fins, il avait une réputation double, et ses aventures de toute sorte dans la politique et l’intrigue ne purent jamais, grâce à l’incomplète publicité d’alors, ébranler son bon renom dans l’île Notre-Dame ni dans tout le quartier Saint-Jacques.