S’il lui arrive, dans les commencements, de traiter quelque sujet politique et économique à l’ordre du jour, ce n’est que par acquit de conscience et par manière de passe-temps, et il compare avec une grâce toute chrétienne ce travail inutile à ces corbeilles que tressaient les solitaires de la Thébaïde pour occuper leurs loisirs, et qu’ils jetaient souvent au feu à la fin de la semaine, quand ils ne trouvaient pas à en faire usage. […] On le voyait rougir et se taire dans le même moment, la partie supérieure de son âme laissant passer ce premier feu sans rien dire, pour rétablir aussitôt le calme et la tranquillité dans la partie sensible, qu’une longue habitude rendait toujours également docile aux lois de la raison et de la religion.
Mais lorsque, plus tard, dans sa chaire du Lycée, ayant trouvé sa fonction et sa vraie place, il lisait avec physionomie, avec feu, ses leçons en général judicieuses et élégantes, on s’étonnait de sentir en lui le maître, on le reconnaissait et on l’applaudissait sans effort, sans révolte. […] Le feu qu’il avait dans sa personne ne se communiquait en rien à sa poésie.
Or, un joyeux bouvreuil, Son poitrail rouge au vent, son bec ouvert, et l’œil En feu, jetait au ciel sa chanson matinale, Hélas ! […] L’air flamboie et brûle sans haleine : La terre est assoupie en sa robe de feu.
Les comités directeurs avaient dit aux libéraux français qu’ils envoyaient en Espagne : Vous vous organiserez militairement ; vous vous présenterez devant le front de la division française qui vous fera face ; vous recevrez sans y répondre le feu de l’avant-garde, qui sera probablement contre vous, mais le gros de l’armée ne tardera pas à se rallier autour de votre drapeau. […] Il s’y élevait à des vues générales qui embrassaient toute la politique et la civilisation de ce pays ; mais surtout il y exposait la campagne de Mina en Catalogne, et les aventures de la Légion libérale étrangère, avec feu, avec une netteté originale et une véritable éloquence ; on sentait qu’il ne manquait à ce style un peu grave et un peu sombre, pour s’éclairer et pour s’animer, que d’exprimer ce que l’auteur avait vu et senti.
Les frères Perrier, moyennant l’établissement de la pompe à feu, avaient entrepris de fournir Paris d’eaux salubres, abondantes, et à plus bas prix qu’on ne le faisait jusqu’alors ; chaque maison qui s’abonnait recevait par des conduits et tuyaux toute l’eau nécessaire, ce qui était très utile et très digne d’encouragement. […] Après avoir tiré tout son feu d’artifice d’esprit, Beaumarchais était insensiblement revenu à ses premiers penchants de Grandisson ; un singulier Grandisson toujours !
Il ne saurait admettre que, dans un État, tout le monde indifféremment soit élevé pour être savant : « Ainsi qu’un corps qui aurait des yeux en toutes ses parties serait monstrueux, dit-il, de même un État le serait-il, si tous ses sujets étaient savants ; on y verrait aussi peu d’obéissance que l’orgueil et la présomption y seraient ordinaires. » Et encore : « Si les lettres étaient profanées à toutes sortes d’esprits, on verrait plus de gens capables de former des doutes que de les résoudre, et beaucoup seraient plus propres à s’opposer aux vérités qu’à les défendre. » Il cite à l’appui de son opinion le cardinal Du Perron, si ami de la belle littérature, lequel aurait voulu voir établir en France un moindre nombre de collèges, à condition qu’ils fussent meilleurs, munis de professeurs excellents, et qu’ils ne se remplissent que de dignes sujets, propres à conserver dans sa pureté le feu du temple. […] Quelque ardent qu’ait été le caractère de Richelieu et son feu d’ambition, il reste évident que son esprit au fond est juste par essence et bien tempéré.
Item, ce jour même 13 septembre 1515, entre sept et huit heures du soir, fut vu en plusieurs lieux en Flandres un flambeau de feu de la longueur d’une lance, et semblait qu’il dût tomber sur les maisons ; mais il était si clair que cent torches n’eussent rendu si grande lumière. […] Les imprudents du parti avaient mis le feu aux poudres avant l’heure.
Mon âge, le feu des passions, le désir de la gloire, la curiosité même (pour ne te rien cacher), enfin un instinct secret m’ont arraché à la douceur du repos que je goûtais, et la satisfaction de voir mon nom dans les gazettes et ensuite dans l’histoire m’a séduit. […] Si je pouvais l’accélérer en sacrifiant toute ma bibliothèque, j’y mettrais le feu avec autant de zèle qu’Érostrate le mit au temple d’Éphèse.
Il y a quelques vers libres intercalés dans lespoèmes de Victor Hugo : Ce qu’on prend pour un mont est une hydre ; Ces arbres sont des bêtes ; Ces rocs hurlent avec fureur ; Le feu chante ; Le sang coule aux veines des marbres. […] Toute pleine du feu de tant de saints prophètes.
Encore aujourd’hui, il me semble voir flamber les périodes vengeresses dont le Torquemada de rhétorique avivait le feu sacré. […] Vous vous étonnez bien haut qu’ils n’épousent pas comme vous, qu’ils n’aient pas un pot au feu comme vous, qu’ils ne se tiennent pas dans les exigences sociales comme vous !
Il a, lui, ce que n’avait pas le sec et retors Courier, homme de verbe et de formules : il a le feu, la verve, les entrailles, l’abondance, une touche large et grasse, et même quelquefois grandiose. […] Mais Richepin a écrit qu’il était athée sur la cime de ses vers, qui sont des Alpes aussi, et dont la neige est du feu !
Il avait pris feu tout d’abord à l’idée de faire cette chronique : l’idée lui en était même venue à lui le premier, mais à la condition de conserver le plus strict incognito.
A travers les monts et les nues Où l’exil se traîne à genoux, Dans nos épreuves inconnues, Ame de feu, plane sur nous !
Sans doute, est-il, là-bas, des tâches nécessaires — révolte, gestes de justice — qu’il ne faut point délaisser : Ô mon Dieu, je m’agenouille au coin du feu ; Et j’ose vous demander où est mon vrai devoir : Est-ce dans la joie de votre création, ô Dieu, Ou là-bas dans la ville où le soleil est noir ?
Mais il était moraliste, et surtout moral, quand il disait au roi dans sa première épître : …………… Laissons là les sièges, les batailles ; Qu’un autre aille en rimant renverser les murailles, Et souvent sur tes pas, marchant sans ton aveu, S’aille couvrir de sang, de poussière et de feu ; À quoi bon d’une muse au carnage animée Échauffer ta valeur déjà trop allumée ?
Quoique ces morceaux aient leur mérite, à l’inexactitude près, l’Auteur ne trouvera pas étrange qu’on leur préfere la traduction de M. l’Abbé de la Bleterie, qui a paru depuis, & sur-tout celle de feu M.
Tous ces beaux génies vivoient dans la douceur d’un commerce libre & philosophique ; ils s’entr’aidoient à porter le fardeau de la vie, à se consoler des sottises humaines, à conserver sur la terre cette raison saine, ce feu pur & céleste, le partage de quelques ames privilégiées.
Pour peu que Saint-Gelais & Ronsard eussent voulu souffler ces restes de feu de discorde, il seroit devenu plus violent que jamais.
L’air que sonnent nos instrumens militaires, quand il faut demander quartier, ne ressemble point à celui qu’ils sonnent, quand il faut aller à la charge. " comme les anciens n’avoient point d’armes à feu dont le bruit empêchât les soldats d’entendre durant l’action le son des instrumens militaires dont on se servoit à la fois pour leur faire connoître le commandement, et pour les encourager, les anciens faisoient sur cette partie de l’art de la guerre, une attention et des recherches qu’il seroit inutile de faire aujourd’hui.
Feu de manuscrits dans la cheminée.
C’est la part du feu ; la malignité a eu son aliment ; elle se calme, elle s’apaise et elle ne nous anime plus.
Ces feux étoufferaient son ardeur amoureuse. […] — Voilà dont le feu Roi me promit récompense ; Mais la mort le surprit comme il la résolvait. […] Lorsque, pendant la Fronde, le prince de Condé et son frère avaient été arrêtés, le peuple avait fait des feux de joie ; puis, lorsqu’ils furent mis en liberté et rentrèrent dans Paris, ce même peuple les reçut comme eu triomphe et les accompagna de ses acclamations. […] Le poète ingénu n’était sans doute pas mécontent de ces trois déluges, d’eau, de feu et de sang, mis en regard. […] Celles d’en haut, qu’on appelle les herses, éclairent si bien les ciels, qu’elles y mettent le feu de temps en temps, et brûlent les théâtres avec les spectateurs.
Feu fieu : enfant mort.) […] Les tours de Sainte-Croix, éclairées au feu de Bengale, le feu d’artifice sur le fleuve, la veille au soir ; puis ces interminables panathénées orléanaises, avec des gendarmes, des soldats, des magistrats rouges, des robes blanches, et des bannières ! […] Plus haut, d’autres lumières entourent la première plate-forme, puis la seconde ; et, plus haut encore, très haut, luit une couronne de feu qu’on dirait suspendue dans l’air. […] Secondement, j’aurais voulu voir le feu d’artifice. […] À feu le duc de Saint-Simon.
Depuis quinze ans sa poitrine malade le dévorait d’un feu intérieur et lui donnait cette admirable voix musicale, vibrante et profonde, qu’ont parfois les phtisiques et qui charmait tout le monde. […] Cela est vrai, elle a les yeux petits, mais elle les a pleins de feu, les plus brillants, les plus perçants du monde, les plus touchants qu’on puisse voir. […] Elle avait fait transporter à l’endroit où l’on avait presque furtivement enterré son mari une large tombe de pierre, et durant un hiver fort rude, elle fit voiturer cent voies de bois dans le cimetière Saint-Joseph, afin que les pauvres gens se pussent réchauffer au feu d’un bûcher qu’on alluma sur la tombe de Molière. […] Mariage de Molière « Du lundy vingtiesme (février 1662), Jean-Baptiste Poquelin, fils de Jean Poquelin et de feue Marie Cresé (sic), d’une part, et Armande Grésinde Béiard, fille de feu Joseph Béiard et de Marie Herué, d’autre part, tous deux de cette paroisse, vis à vis le Palais-Royal, fiancés et mariés tout ensemble, par permission de M. […] À propos de Lulli, je trouve, dans une publication entreprise par feu Quérard, le bibliographe, et intitulée Le Quérard (tome II, p. 640), un renseignement qui vaut d’être recueilli sur un factum curieux : Requeste du sieur Guichard contre les sieurs J.
Le feu jaillit de l’acier comme si l’ouragan eût soufflé. « Le tranchant du fort javelot traversa le bouclier, et l’on vit sortir le feu des anneaux de la cotte de mailles. […] « Le feu jaillit de la cotte d’armes comme si le vent l’eût attisé. […] comme il chassa les cuisiniers loin du feu ! […] On rapporta le monstre auprès du feu.
Ses bottes s’évasant haut, armées d’éperons à chaînette de vermeil, jetaient des feux de vernis noir. […] Sur son ordre on hisse une nappe comme drapeau blanc, mais le feu continue toujours ; il est trop tard ! […] Tout le monde regarda : le globe de feu disparaissait aux trois quarts à l’horizon. […] Seuls, les enfants, un reflet de feu dans leurs beaux yeux vagues, riaient tout bas, sans comprendre. […] Le centre du monument restait inaccessible, mystérieux, menaçant ; un feu lent y couvait encore, rongeant les débris.
Quel feu ! […] Les impuretés de son livre en couvrirent si bien la quintessence qu’elles le sauvèrent du feu et de la censure inquisitoriale. […] Vous savez que les Lacédémoniens et les Athéniens, dès longtemps rivaux, sont jaloux de la primauté qu’ils se disputent par le fer et le feu dans toutes les contrées de la Grèce ? […] Le poète latin ne fut que naturel et d’une élégance exquise : l’auteur français lutta victorieusement avec ses grâces et sa finesse, et l’emporta de plus par le feu, la vigueur, le mouvement, et le coloris. […] Mais ce qu’exprime Alceste émane de son cœur : on aime à l’entendre, et le feu de ses publiques censures se communique à tous les spectateurs, qu’échauffe son indignation allumée.
Par exemple, sir Petre, voulant se rendre les dieux propices, « bâtit un autel à l’Amour avec douze vastes romans français proprement dorés sur tranche, pose dessus trois jarretières, une demi-paire de gants, et tous les trophées de ses anciennes amours ; puis, avec un tendre billet doux il allume le feu et ajoute trois soupirs amoureux pour attiser la flamme1116. » Nous demeurons désappointés, nous ne devinons pas ce que cette description a de comique. […] La Philosophie, qui jadis ne s’appuyait que sur le ciel, se rabat sur les causes secondes et disparaît ; la Religion rougissante voile son feu sacré, et la Moralité, sans s’en douter, s’éteint ; la vertu publique, la vertu privée n’osent plus jeter de flammes ; il n’y a plus d’étincelle humaine, il n’y a plus d’éclair divin. […] voilà que tu rétablis ton funeste empire ; la lumière meurt devant ta parole mortelle ; ta main, grand anarque, laisse tomber le rideau, et l’obscurité universelle ensevelit le monde1119. » Tapage final, cymbales et trombones, pétarades et feux d’artifice. […] et pourtant, par gageure sans doute, il a raconté dans la Boucle de cheveux une partie d’hombre ; on la suit, on l’entend, on reconnaît les costumes, « les quatre rois, majestés révérées, avec leurs favoris blancs et leurs barbes fourchues, les quatre belles dames dont les mains portent une fleur, emblème expressif de leur aimable puissance, les quatre valets en robes retroussées, troupe fidèle, une toque sur la tête, une hallebarde à la main, puis les quatre armées bigarrées, brillant cortége, rangées en bataille sur la plaine de velours vert1123. » On voit les atouts, les coupes, les levées, puis un instant après le café, la porcelaine, les cuillers, l’esprit de feu (entendez l’alcool) ; ce sont déjà les procédés et les périphrases de Delille.
Il est accordé à l’homme doué du sens musical d’y assister quelquefois et de saisir, à travers la distance et la solitude, comme un passant sous les balcons d’un palais, quelques faibles échos de ces concerts que la terre, l’air, les eaux et les feux donnent à leur Auteur. […] Le tambour même, au lieu d’être pour moi un coffre vide, est une urne pleine d’enthousiasme ; semblable à ces enfants qui le suivent dans les rues quand il précède nos bataillons en frappant le pas de la guerre, je le suivrais jusque sous la pointe des baïonnettes ou jusqu’à la gueule de feu des canons sans voir la mort et sans la sentir. […] J’attends d’abord une demi-heure dans une pièce énorme, sans feu, sans poêle, sans cheminée, froide comme la glace. […] Je la prie de vouloir du moins me faire entrer dans une pièce ou il y aurait une cheminée et du feu.
« Je vis bientôt venir plusieurs Espagnols avec cet homme à leur tête, fiers comme ils le sont tous, et qui leur criait d’entrer de force chez moi ; mais je leur montrai la bouche de mon canon prêt à faire feu, en les traitant de voleurs et d’assassins, et en leur disant que le premier qui s’approcherait était mort : ce qui fit tellement peur à leur chef qu’il piqua de l’éperon un genêt d’Espagne sur lequel il était monté, et qu’il prit la fuite à toute bride. […] Après que nous eûmes fait notre feu, je me haussai sur la muraille, et je vis parmi les ennemis un tumulte extraordinaire ; c’est que le connétable était tombé sous nos coups, comme nous l’apprîmes dans la suite. […] J’y faisais un feu continuel ; ce qui m’attirait les bénédictions de plusieurs cardinaux et seigneurs qui me regardaient. […] Tantôt j’avais envie de mettre le feu à sa maison, tantôt de lui estropier quatre bons chevaux qu’il avait dans son écurie ; mais je craignais que Tribolo ne pût se sauver avec moi.
C’est le riche qui se pique, encore aujourd’hui, d’ouvrir une allée en pleine forêt, d’amener une eau courante à travers les sables en feu, de meubler une ménagerie ; aussi inhabile que les seigneurs d’autrefois, les autres, ceux de La Bruyère, le riche d’aujourd’hui, à rendre une âme contente, à remplir d’une douce joie un cœur blessé, à faire que la pauvreté soit apaisée, heureuse, et que le pauvre puisse mourir en paix. […] que de feu dans ce regard, et quelle voix ! […] Que de gloires se sont brisées à la borne ardente de la cinquantième année, et que de génie immolé sur cet autel de feu ! […] Cette femme nous a amusés pendant cinquante ans, nous n’avons pas de temps à perdre à ramasser les cendres éteintes de ce flambeau qui a jeté son feu sur nos plus belles soirées d’hiver.
Il passe ses instants de loisir à polir durant des années des épigrammes de toutes sortes qu’il emprunte à Martial, à Catulle ou à de moins dignes, à correspondre avec les académiciens en renom, avec son voisin Balzac, « l’incomparable ermite de la Charente », avec les illustres de Paris, Chapelain, Gomberville et autres : il leur prodigue les louanges pour qu’ils les lui rendent ; il cherche à se rattacher à ceux qui vivent, et à ce qu’on dise de lui le moins possible feu Maynard. […] [NdA] Un sermonnaire et moraliste anglais, Henry Peacham, a dit, parlant de ce petit amas de boue : Cependant c’est ce point sur lequel nous avons promené le fer et le feu pour y établir les divisions qui le partagent entre tant de nations… Là nous avons nos dignités, nos armées, notre autorité ; là nous amassons des richesses, nous entretenons entre nous de perpétuelles guerres pour décider quel sera celui qui, comme le crapaud, s’endormira avec le plus de verve entre ses pattes.
Lavallée a eu soin de placer aussi un portrait de l’illustre fondatrice, où revit cette grâce si réelle, si sobre, si indéfinissable, et qui, sujette à disparaître de loin, ne doit jamais s’oublier quand par moments la figure nous paraît un peu sèche ; il l’emprunte aux Dames de Saint-Cyr dont la plume, par sa vivacité et ses couleurs, est digne cette fois d’une Caylus ou d’une Sévigné : Elle avait (vers l’âge de cinquante ans), disent ces Dames, le son de voix le plus agréable, un ton affectueux, un front ouvert et riant, le geste naturel de la plus belle main, des yeux de feu, les mouvements d’une taille libre si affectueuse et si régulière qu’elle effaçait les plus belles de la Cour… Le premier coup d’œil était imposant et comme voilé de sévérité : le sourire et la voix ouvraient le nuage… Saint-Cyr, dans son idée complète, ne fut pas seulement un pensionnat, puis un couvent de filles nobles, une bonne œuvre en même temps qu’un délassement de Mme de Maintenon : ce fut quelque chose de plus hautement conçu, une fondation digne en tout de Louis XIV et de son siècle. […] Cet idéal était patriotique et chrétien tout ensemble : un jour, dans un entretien dont les termes ont été recueillis par ses pieuses élèves, et après leur avoir parlé de tout ce qu’il y avait eu de peu médité et de non prévu dans sa grande fortune à la Cour, elle a dit avec un élan et un feu qu’on n’attendrait pas de sa part, mais qu’elle avait dès qu’elle en venait au sujet chéri : Il en est de cela comme de Saint-Cyr, qui est devenu insensiblement ce que vous le voyez aujourd’hui.
La dévastation et les incendies célèbres qu’entraînèrent ces luttes d’ambition lui causèrent des peines inexprimables : « Quand je songe aux incendies, il me vient des frissons… Toutes les fois que je voulais m’endormir, je revoyais tout Heidelberg en feu ; cela me faisait lever en sursaut, de sorte que je faillis en tomber malade. » Elle en parle sans cesse, elle en saigne et en pleure après des années ; elle en garda à Louvois une haine éternelle : « J’éprouve une douleur amère, écrivait-elle trente ans après (3 novembre 1718), quand je pense à tout ce que M. […] Elle tombe à ce sujet dans tout ce que peuvent imaginer aux jours de folie les plus grossières crédulités populaires : elle voit en Mme de Maintenon, même après la mort de Louis XIV et depuis qu’elle est ensevelie à Saint-Cyr, tantôt une accapareuse de blé, tantôt une empoisonneuse, experte dans l’art des Brinvilliers, une Gorgone, une incendiaire qui fait mettre le feu au château de Lunéville.
Mme Dacier nous a peint son père, bel homme, quoique d’une taille peu dégagée, blond, avec des yeux d’un bleu remarquable ; extrêmement bon, mais un peu brusque ; vif, plein de feu dans le moment, sans rancune, et bien qu’ayant rompu presque tout commerce avec le monde, toujours ouvert et tendre à l’amitié : Quoiqu’il fût, dit-elle, dans un des plus beaux pays du royaume, où l’on peut se promener le plus agréablement, il ne se promenait presque jamais ; son étude, ses enfants et un jardin, où il avait toutes sortes de belles fleurs qu’il prenait plaisir à cultiver lui-même, étaient son divertissement ordinaire. […] Et, dans une comparaison spirituelle, elle suppose qu’Hélène, cette beauté sans pareille chez Homère, est morte en Égypte, qu’elle y a été embaumée avec tout l’art des Égyptiens, que son corps a été conservé jusqu’à notre temps et nous est apporté en France ; ce n’est qu’une momie sans doute : On n’y verra pas ces yeux, pleins de feu, ce teint animé des couleurs les plus naturelles et les plus vives, cette grâce, ce charme qui faisait naître tant d’amour et qui se faisait sentir aux glaces mêmes de la vieillesse ; mais on y reconnaîtra encore la justesse et la beauté de ses traits, on y démêlera la grandeur de ses yeux, la petitesse de sa bouche, l’arc de ses beaux sourcils, et l’on y découvrira sa taille noble et majestueuse… C’est en ces termes véridiques et modestes que Mme Dacier annonçait sa traduction, et elle n’a rien dit de trop à son avantage.
Mais on remarquera, avant tout, ce voyage que la veuve du Prétendant, du feu roi soi-disant légitime, ne craignit pas de faire en Angleterre, c’est-à-dire dans le pays où il semble qu’elle dût le moins aller. […] Les dix années qu’elle passa avec son ami furent tout entières consacrées par elle à adoucir son amertume, à favoriser ses goûts, à y entrer autant qu’elle le pouvait, soit qu’il voulût jouer la tragédie, — ses propres tragédies, — à domicile (ce qu’il fit d’abord avec le feu et l’acharnement qu’il mettait à toute chose), soit qu’il lui plût de s’enfermer et de tirer le verrou pour travailler comme un forçat, versifier jour et nuit ou étudier le grec à mort : c’étaient les seules diversions assez fortes pour l’absorber et pour l’aider, tant bien que mal, à endurer les invasions intermittentes de la Toscane par les armées républicaines.
La Rochefoucauld a dit depuis longtemps, parlant des passions, que « l’absence diminue les médiocres et augmente les grandes, comme le vent qui éteint les bougies et qui allume le feu ». […] Qu’avait-il à faire de souffler pendant des années le feu, pour se dérober et s’enfuir au moment où il voit la flamme ?
Après Panard et avant Béranger, Collé est un des maîtres de la rime ; il a en même temps de l’imagination, du feu, et sa gaîté ne paraît jamais à la gêne. […] Le bonhomme a toujours manqué d’une élévation d’âme, même commune ; pour peu qu’il en eût eu, il aurait été le plus malheureux des hommes. » Collé donc, à la différence de Panard, avait de l’élévation d’âme : il voyait les grands, les gens riches, les amusait, leur plaisait, mais ne se donnait pas ; il restait lui ; il se défendait de leur trop de familiarité par le respect ; il gardait de sa dignité hors de sa gaîté ; il savait que, si bon prince qu’on fût avec lui, on ne l’était pas autant à Villers-Cotterets qu’à Bagnolet ; assez chatouilleux de sa nature, il allait au-devant des dégoûts par sa discrétion, et se tenait sur une sorte de réserve, même quand il avait l’air de s’abandonner : quand il sortait ces jours-là de sa maison bourgeoise, il disait qu’il allait s’enducailler, comme d’autres auraient dit s’encanailler ; puis, son rôle joué, sa partie faite, il revenait ayant observé, noté les ridicules, et connaissant mieux son monde, plus maître et plus content à son coin du feu que le meunier Michau en son logis.
Un historien de ces humbles religionnaires a retracé avec feu et piété toutes ces scènes de désolation80. […] Catinat écrivait au roi au mois d’octobre 1694, en insistant sur la nécessité d’assurer ses communications : « Il ne faut plus regarder les Barbets comme les simples Vaudois retirés dans les montagnes : c’est un grand nombre de sujets de Sa Majesté, des vagabonds de toute nation, des déserteurs de ses troupes, qui n’ont ni feu ni lieu, ni établissement, bien armés, bien vêtus, qui pendant douze lieues peuvent entreprendre sur vos convois, sur vos entrepôts. » Il écrivait encore au roi le 25 mars 1695 : « On peut détruire les habitations des Barbets, on ne réduira jamais les Barbets ».
Il y a parmi nous plus d’une tète ardente, plus d’un homme dangereux ; dans les deux premiers Ordres, dans l’aristocratie, tout ce qui a de l’esprit n’a pas le sens commun ; et, parmi les sots, j’en connais plusieurs capables de mettre le feu aux poudres. […] La dernière des conférences nocturnes, dans laquelle Mirabeau expose ses idées et crayonne en traits de feu le rôle qu’il ambitionne de prendre, est une page d’histoire et d’éloquence qui paraît ici pour la première fois : elle rejoint bien, pour les compléter, les révélations du comte de La Marck.
Mais à leur arrivée, la colonie était en révolte et en feu, la fièvre jaune sévissait, le parent était mort, et la mère de Mlle Desbordes mourut elle-même, atteinte du fléau. […] On t’a peut-être fait croire que Paris avait été à feu et à sang.
Pourquoi, le jour où vous avez revu celui que vous évitez de nommer, le jour où il vous a fait lire les feuilles d’épreuve d’un ouvrage vertueux qu’il achève, et où vous vous sentez toute transportée d’avoir découvert que, si l’auteur n’est pas un Rousseau, il a du moins en lui du Greuze, pourquoi conciuez-vous si passionnément la lettre à votre amie : « Reçois les larmes touchantes et le baiser de feu qui s’impriment sur ces dernières lignes ? » D’où vient que ce baiser de feu apparaît tout d’un coup ici pour la première fois ?
Ce n’est ni la pieuse et sublime mélancolie du Penseroso s’égarant de nuit, tout en larmes, sous les cloîtres gothiques et les arceaux solitaires ; ni une charge vigoureuse dans le ton de Regnier sur les orgies nocturnes, les allées obscures et les escaliers en limaçon de la Cité ; ni une douce et onctueuse poésie de famille et de coin du feu, comme en ont su faire La Fontaine et Ducis ; c’est Damon, ce grand auteur, qui fait ses adieux à la ville, d’après Juvénal ; c’est une autre satire sur les embarras des rues de Paris ; c’est encore une raillerie fine et saine des mauvais rimeurs qui fourmillaient alors et avaient usurpé une grande réputation à la ville et à la cour. […] C’est le poète-auteur, sachant converser et vivre5, mais véridique, irascible à l’idée du faux, prenant feu pour le juste, et arrivant quelquefois par sentiment d’équité littéraire à une sorte d’attendrissement moral et de rayonnement lumineux, comme dans son Épître à Racine6.
Mais il y a des sciences qui ne sont pas exactes et ne pourront jamais le devenir, comme la physiologie ; et il y a des prévisions exactes qu’on ne considère pas comme une science : savoir qu’une lumière s’éteindra dans l’eau, que la glace fondra sur le feu. […] 1° Ce que la science révèle est plus éloigné de la perception que ce qui est donné par la connaissance vulgaire ; la prédiction d’une éclipse de lune par l’astronome diffère, sous ce rapport, de cette prévision d’une servante quelconque, que le feu fera bouillir l’eau.
Jeune et dans son premier feu d’ambition, il avait de bonne heure mis tout son enjeu du côté de l’héritier présomptif du trône, qui devint George II ; il était de ceux qui, à l’avènement de ce prince (1727), devaient le plus compter sur sa faveur et sur une part de pouvoir. […] Or, c’est précisément ce feu sacré, cette étincelle qui fait les Achille, les Alexandre et les César, être le premier en tout ce qu’on entreprend, c’est cette devise des grands cœurs et qui est celle des hommes éminents en tout genre, que la nature avait tout d’abord négligé de mettre dans l’âme honnête, mais foncièrement médiocre, du petit Stanhope : Vous paraissez manquer, lui disait son père, de ce vivida vis animi qui anime, qui excite la plupart des jeunes gens à plaire, à briller, à effacer les autres. — Quand j’étais à votre âge, lui dit-il encore, j’aurais été honteux qu’un autre eût mieux appris sa leçon, l’eût emporté sur moi à aucun jeu, et je n’aurais trouvé de repos que je n’eusse repris l’avantage.
Cependant l’existence de ces Mémoires était un épouvantail pour bien des gens qui s’y savaient maltraités, eux et les leurs, et marqués en traits de feu. […] Les pages où il nous montre ce vieillard, fidèle jusqu’au bout à la mémoire de Louis XIII, ne manquant jamais tous les ans d’aller au service funèbre du feu roi, à Saint-Denis, le 14 de mai, et s’indignant vers la fin d’y être tout seul ; ces pages respirent une véritable éloquence de cœur et sentent la magnanimité de race.
Déjà, dans Thomas Corneille, ces qualités secondaires et purement spirituelles de son illustre frère se montraient plus ouvertement et, pour ainsi dire, sur le premier plan, n’étant plus tenues en bride et comme ramassées à l’ombre du génie ; mais, chez Thomas, il s’y mêlait encore de la verve et du feu de poésie. […] Lisez tout ce portrait, suivez cette conversation du Cydias-Fontenelle que La Bruyère nous fait si bien voir tel qu’il était alors dans la société, avec ce premier vernis de la jeunesse et dans tout le lustre de son apprêt naturel, déjà lui-même au complet pour la patience et l’accent, nullement pressé de parler et d’interrompre, attendant paisiblement que chacun ait jeté son feu, puis débitant gracieusement alors, et avec un demi-sourire, des contradictions et des paradoxes que La Bruyère estime des impertinences, qui pourraient bien être souvent des vérités, ou du moins qui pourraient y conduire, ce que La Bruyère ne dit pas.
À quarante ans passés, Raynouard allait y débuter avec le feu d’un jeune homme, et, de plus, avec la solidité d’un vétéran. […] Mais allant chez ma future, j’entrai un jour par la cuisine, où la domestique venait de laisser fuir le lait qui était sur le feu, et elle la grondait, mais sur un tel ton, que je me suis dit : Ce ne sera pas pour cette fois encore.
Il n’a jamais de ces mots qui font feu et qui illuminent. […] Plus tard, quand il se décida à ouvrir le feu contre M. de Villèle, en qui il n’appréciait pas assez le côté d’homme d’affaires, et qui le choquait par son manque d’attention et de soins pour l’esprit, il disait en souriant à quelques-uns de ses nouveaux alliés : « Nous autres, nous tirons par les fenêtres de la sacristie. » — Je ne donne pas cette guerre de Fronde pour de la haute et très prudente politique ; mais je la montre telle qu’elle était.
Il avait laissé un grand nombre de manuscrits : on avait dit d’abord « que M. de Secondat, son fils, vers la fin de 1793, lorsque le sang commençait à couler à Bordeaux, avait jeté au feu les papiers et manuscrits de son père, dans la crainte qu’on ne vînt à y découvrir des prétextes pour inquiéter sa famille ». […] C’est une fin voluptueuse et délirante, une fin à feu et à sang, qui n’a rien de touchant pour nous.
Je suis extrêmement mal logé ; car je n’ai aucun lieu où je puisse faire du feu à cause de la fumée ; vous jugez bien que je n’ai pas besoin de grand hiver, mais il n’y a remède que la patience. […] Dès le lendemain de la mort de Henri IV, la reine avait pu reconnaître la faiblesse de ses conseillers : il s’agissait de publier une déclaration conçue au nom du feu roi, pour la proclamer immédiatement régente ; Villeroy, plus hardi, offrait de dresser la pièce et de la signer ; le chancelier de Sillery, qui avait le cœur de cire , dit Richelieu, ne voulut jamais la sceller, et sa raison fut que, s’il le faisait, le comte de Soissons s’en prendrait à lui et le tuerait.
Grimm avait le sentiment vif de la musique ; il prit parti avec feu pour la musique italienne contre la musique française ; il se montrait en cela homme de goût, et il le fut avec l’enthousiasme de son pays et de son âge. […] Un homme d’esprit dit que l’arrivée de Manelli, le chanteur italien, en 1752, avait évité à la France la guerre civile, parce qu’autrement les esprits oisifs se seraient portés sur ces querelles du Parlement et du clergé et les auraient encore enflammées : au lieu de cela, ils se détournèrent avec fureur sur la querelle musicale et y dissipèrent leur feu.
L’an 1129, sous le règne de Louis VI, un feu du ciel tomba sur la ville de Paris, il dévorait les entrailles et l’on périssait de la mort la plus cruelle. […] Il a du feu, mais trop de petits effets qui nuisent à l’ensemble ; il perd à être détaillé, mais il sent, mais il sent fortement, c’est un grand point.
Il y avait le hardi faquin, le coquin héroïque, qui, avant d’être prêtre, n’eut que la seule qualité d’être brave au feu du canon comme il l’était au feu des filles ; mais prêtre et cardinal, et cardinal pour son argent, pour que cela fût plus miraculeux, le faquin et le coquin disparurent, et le ministre qui se mit alors à pousser sous cette majestueuse barrette que Richelieu avait portée, le ministre aurait été grand, s’il avait vécu, — si la mort n’avait coupé l’herbe sous le pied à sa gloire naissante, avec une faulx longtemps aiguisée par ses vices… Seulement, cet homme-là, dans Dubois, le passionné, le haineux, l’ambitieux, le jaloux Saint-Simon, ne pouvait pas le voir, et ni Drumont non plus, puisqu’il émet le doute qui ferait de Dubois le satanique que tiennent à voir en lui tous les superficiels de l’Histoire, c’est-à-dire que, par une haine d’une machiavélique profondeur contre Saint-Simon, Dubois aurait subi, sans protester, l’ambassade donnée à Saint-Simon par le Régent, parce que Saint-Simon, son ennemi, devait immanquablement s’y ruiner… Ni Saint-Simon ni son publicateur ne révèlent donc la vérité sur les étonnantes, les renversantes dépêches à Dubois ; et le mot de l’énigme sur l’homme le plus entier qui fut jamais et qui semble se rompre tout à coup en deux dans une contradiction mortelle, est un mot qui reste encore à deviner.
Tout y retentissait alors de catholicisme à propos de la question des mariages mixtes, soulevée par le fanatisme du feu Roi de Prusse. […] Elle se fût peut-être engourdie dans la volupté du succès ; elle se ranima sous l’aiguillon des revers ; elle reprit feu par les désastres.
III19 La maladie même et les plus épouvantables douleurs n’ont pas éteint en Heine le feu sacré du talent et l’ont même grandi, en l’exaspérant… L’Esprit n’a jamais mieux prouvé chez personne qu’il était d’une nature immortelle. […] supérieur peut-être aux martyrs de Dieu par la souffrance ; car les martyrs de Dieu ont l’extase qui les arrache à leurs bourreaux, en leur entr’ouvrant le ciel sur la tête, et qui peut miraculeusement changer leurs brasiers en des lits de roses, tandis que pour ces simples Déchirés de la vie à l’inspiration éternelle, des roses, de la masse de roses qui fleurissent dans leurs esprits et qu’ils sèment pour nous dans leurs œuvres, pas une seule ne tombe sur leur lit de douleur pour en atténuer la flamme, et il reste pour eux impitoyablement un lit de feu… Oui !
Feu Machiavel nous a légué son âme ! […] Voilà pourquoi le monde hésite à admettre cette notion de la Critique en dehors du monde, et se soucie médiocrement qu’on le mette à feu sous prétexte de science dans l’intérêt de la plus vaine et de la plus inepte curiosité.
Par un procédé qui lui est particulier, ce creuseur d’idées fait briller l’idée en la creusant, comme on fait jeter du feu à la pierre qu’on frappe. […] Il a touché d’un effleurement de feu trente-deux têtes de Saints qu’il a rendues flamboyantes, mais, puisqu’il aimait les Saints, puisqu’il les comprenait et qu’il savait pénétrer dans les merveilleux arcanes de leurs âmes, quel dommage qu’il n’ait pas pu se consacrer tout entier à leur gloire et qu’il ne l’ait pas vengée des abaissements que leur ont fait subir la philosophie et l’indifférence modernes, qui ne se doutent pas, les malheureuses !
Ô peuple antique d’Athènes, tant loué par vous-même et par tous les peuples, élite ingénieuse du monde, avez-vous jamais senti plus grande ivresse que le jour où, dans votre ville reconquise par vos matelots, en face de vos temples conservés en ruines et tout noircis encore des feux allumés pour les détruire, vous vous pressiez à la grande fête de la destruction ries Perses étalée en drame sur votre théâtre, et vous entendiez retentir, comme l’hymne de votre délivrance, ces cris de douleur de l’Asie vaincue ? […] « Au loin, vers le couchant, sous les derniers feux du soleil-roi.
L’ordre s’organisant avec l’Empire, la liberté revenant avec la Restauration, un jugement philosophique et moral sur la poésie d’Horace, un touchant et cordial éloge du feu duc Matthieu de Montmorency, ont tour à tour fourni aux développements de l’orateur et aux applaudissements de l’auditoire.
. — On marche dans les champs vers le soir en automne, on remarque des fumées bleues qui montent tranquillement dans les lointains, et à l’instant on imagine sous chacune d’elles le feu lent que les paysans ont allumé pour brûler les herbes sèches. — On ouvre un cahier de musique, et, pendant que le regard suit les ronds blancs ou noirs dont la portée est semée, l’ouïe écoute intérieurement le chant dont ils sont la marque. — Un cri aigu d’un certain timbre part d’une chambre voisine, et l’on se figure un visage d’enfant qui pleure parce que sans doute il s’est fait mal. — La plupart de nos jugements ordinaires se composent de liaisons semblables.
Ce sera l’histoire d’un vieux paysan qui fera le partage de ses biens à ses enfants ; ceux-ci, trouvant qu’il dure trop, le pousseront dans le feu à la dernière page.
Nous ne garantissons pas cette Anecdote, pour laisser une Production passable à son Auteur putatif ; du moins est-il certain que feu M.
Il est remarquable que, malgré ses liaisons avec feu M. de Voltaire & d’autres Ecrivains licencieux, M. le Comte de Tressan soit non seulement toujours resté fidele aux vrais principes, mais qu’il les ait défendus contre les attaques de ces mêmes Ecrivains.
, Gerdès, hanté par l’idée qu’on pouvait interpréter un chapitre politique du livre comme une allusion à l’événement du jour, tout plein, au fond, de méfiance pour ce titre bizarre, incompréhensible, cabalistique, et qui lui semblait cacher un rappel dissimulé du 18 Brumaire, Gerdès, qui manquait d’héroïsme, avait, de son propre mouvement, jeté le paquet d’affiches au feu.
Ses feux ne font que s’accroître des difficultés.
Il ne fit depuis qu’entretenir ce beau feu par tout ce qui nourrit & fortifie l’esprit des hommes, la lecture, la réflexion, les voyages, l’habitude d’écrire.
« Il n’y a que celui qui aime qui puisse comprendre les cris de l’amour, et ces paroles de feu, qu’une âme vivement touchée de Dieu lui adresse, lorsqu’elle lui dit : Vous êtes mon Dieu ; vous êtes mon amour ; vous êtes tout à moi, et je suis toute à vous.
Tels sont précisément ces images de soleil, de feux, de montagnes, si souvent employées dans la Bible, et ces peintures de bruits, de courses, de passages, si multipliées dans Homère98.
Il est impossible de le regarder sans se rappeler la figure du feu gros-Thomas.
C’est pour inventer des images qui peignent bien ce que le poëte veut dire, c’est pour trouver les expressions propres à leur donner l’être, qu’il a besoin d’un feu divin, et non pas pour rimer.
Si cet enthousiasme divin, qui rend les peintres poëtes, et les poëtes peintres, manque à nos artisans, s’ils n’ont pas, comme le dit Monsieur Perrault, ce feu, cette divine flâme, l’esprit de notre esprit, et l’ame de notre ame.
Je suis, au contraire, de ceux qu’elles n’effrayent pas, et j’aime mieux voir la plume de Chateaubriand « faire feu » dans les Mémoires que somnoler dans les Natchez.
Elles ne lui appartiennent ni par la date ni par l’inspiration, qui fut la grande inspiration du xixe siècle, l’inspiration de 1830, désormais épuisée ; car l’Esprit qui renouvelle les littératures, et qui ne souffle qu’à son heure, varie ses manières de souffler et ne descend point sur deux têtes ou sur deux époques sons la même forme de langue de feu… Il nous faut donc laisser là les réimpressions d’œuvres anciennes et d’œuvres posthumes qui ont aussi leur ancienneté.
Ainsi la découverte du feu, l’application de cet élément aux usages de la vie, l’art de forger les métaux, l’idée de fertiliser la terre en la remuant, la première et la grossière ébauche d’une charrue, voilà sans doute quels furent les premiers titres pour les éloges des nations : tout ce qui est vil aujourd’hui commença par être grand.
La chaleur des affections se fortifie en elle de l’ardeur des convictions, et ce double feu, moins brillant qu’échauffant, va jusqu’au bout animer et nourrir ses années de sérieux bonheur. […] devant la bergerie, Agneaux déjà marqués du feu, La troupe, de plaisir, s’écrie Sans regarder la fin du jeu. […] Je lis dans un morceau d’elle (17 juillet 1810) : Notre flambeau s’allume au feu du sentiment, a dit le poëte de la Métromanie, et je crois bien qu’on peut en effet regarder la sensibilité comme l’aliment de la poésie ; mais c’est lorsqu’elle n’est pas employée à autre chose, et que, tout entière au service du poëte, elle sert à éveiller son imagination, non à l’absorber.
Méphistophélès soulève un des coins du voile de la nature ; il met Faust en communication avec les sorciers, les monstres, les feux follets, les esprits secondaires qui peuplent, invisibles, tous les éléments, et il leur fait chanter des rondes bizarres et sataniques sur les vanités et sur les misères de l’humanité. […] « C’était un dimanche, dit-elle : le feu consumait tout. […] Une fois le soir venu, quand le feu de ses paroles avec ses amis est évaporé, il devient doux et maniable, et il sent ses torts envers les autres.
On se livre à lui malgré soi ; il s’empare de vous ; on ne croit que la moitié de ce qu’il dit, l’autre moitié vous fait peur ou horreur ; on voudrait raisonner contre lui, on n’en a pas le temps, on va, on va, on va ; c’est ce qu’on appelle la verve, la couleur, le feu du génie, le délire de la langue, la folie du mouvement. […] Myriel, et, convenons-en, il l’a fait avec une généreuse intrépidité dans un moment où la littérature, disons le mot, une littérature médiocre, scolastique, sans feu, sans ailes, sans imagination, se retourne niaisement vers l’athéisme, cette bêtise sans fond, et croit avoir inventé quelque chose en inventant le néant ! […] Il veut suppléer à cette clarté qui tombe du ciel, des étoiles, de la conscience du cœur, par je ne sais quel jour faux qu’il emprunte à un système qui n’est pas même le sien, le système de la terreur justifié par le sophisme ; la beauté de l’homicide, l’innocence de la férocité, la vertu du crime, la sainteté de la guillotine politique, la légitimité de l’assassinat juridique de sang-froid, tout ce qui fait horreur aux hommes, tout ce qui fait resplendir d’une lueur sanglante, d’une tache de feu, les noms malheureux des hommes qui ont tué en masse ou en détail leurs frères innocents, il le comprend, il le justifie, il l’exalte, il le transfigure, il le divinise.
Il est protestant, et non pas du petit troupeau qui paît à l’écart, pacifique et docile ; il a dans l’âme le feu des guerres civiles, et continue de ne voir dans la France apaisée que des bourreaux on des martyrs. […] Dans le champ qu’il veut couvrir de ses couleurs, D’Aubigné trace sept compartiments : les Misères, composition générale qui rassemble sous les yeux toutes les iniquités et toutes les hontes ; les Princes, où les figures des rois persécuteurs, le féroce et le coquet ressortent avec une admirable énergie ; la Chambre Dorée, où la justice des magistrats étale ses horreurs ; les Feux, qui sont comme les annales du bûcher, le martyrologe de la Réforme depuis Jérôme de Prague et depuis les Albigeois ; les Fers, tableaux des guerres et des massacres ; les Vengeances, où apparaissent les jugements de Dieu sur les ennemis d’Israël et de l’Évangile, sur Achab et sur Néron, tout un passé sinistre qui répond de l’avenir ; enfin le Jugement, où le huguenot vaincu, déchu de toutes ses espérances terrestres, assigne les ennemis de sa foi, les bourreaux, les apostats, devant le tribunal de Dieu, à l’heure de la Résurrection. […] Lapointe consiste à prendre feux à la fois au figuré comme régime de brûlé, et au propre comme antécédent du relatif.
La voie qu’il avait ouverte, il l’a suivie courageusement sous le feu croisé des moqueries et du dédain. […] Georges Lafenestre Sur les fermes sommets des grandes Pyrénées, Plus l’amas est profond des glaces enchaînées, Plus pur est le regard qui fixe le soleil ; Ainsi d’un feu plus clair tu rayonnes, ô Gloire, Sur le front du génie, au plus haut de l’histoire, Quand la neige des ans y dort son blanc sommeil ! […] Dont l’acier clair et les éclairs Foudroient la nuit impure ; Doux chevalier pour les très doux enfants Dont vous baisiez les têtes De cette bouche au loin tonnante aux ouragans Et aux tempêtes ; Noir chevalier songeur par les soirs merveilleux Dont les feux immobiles Brûlaient dans la parole et dans les yeux Des soudaines Sybilles ; Clair chevalier et moissonneur d’azur Tantôt sur terre ou bien là-bas parmi les nues Où vous glaniez des phrases inconnues Pour définir te Dieu futur ; De par ton œuvre ouverte ainsi qu’une arche Devant l’humanité tragique ou triomphante, Poète en qui songeait l’hiérophante, Tu fus le rêve autour d’un monde en marche… [La Plume (1898).]
Ne cherchez pas une autre cause de l’incertitude et des obscurités soudaines de la langue de Corneille, après cette lumière, cette force, cette netteté, ce feu divin des belles scènes. […] Il restait à perfectionner la langue des chefs-d’œuvre de Corneille, non pour le nerf, l’élévation, la hardiesse, le feu, mais pour la correction, qui est un degré de vérité de plus ; en soutenant les créations de ce grand homme, et en y ajoutant. […] Si la poésie est à la fois un langage, une peinture et une musique, si elle doit plaire à l’âme, à l’imagination et à l’oreille, il restait à faire connaître, après le style de Corneille, plus oratoire que poétique, plus énergique qu’harmonieux, plus ferme que varié, où il y a plus de feu que de douceur et plus de mouvement que d’images, un style qui réunît à toutes les beautés du style de Corneille, dans des vérités dramatiques du même ordre, toutes les beautés propres aux vérités dramatiques qui restaient à exprimer ; un style qui contentât la raison par l’exactitude des paroles, l’âme par leur accent, l’imagination par leur éclat, l’oreille par leur harmonie.
Ce n’est pas que la grivoiserie et même l’obscénité ne soient toujours demeurées comme un feu latent qui couve à toutes les époques dans les sous-sols du donjon romanesque, et cela, je le crois bien, dans toutes les littératures. […] Nous n’avons pas à rappeler aux lecteurs de la Revue les beautés du récit et la magnificence de son cadre ; il importe pourtant de faire admirer l’enthousiasme et l’éternelle jeunesse de cœur qui brûle, comme un feu mystérieux, sous la conception de l’artiste. […] « L’amour, a-t-il dit dans une étude sur les Personnages de roman, n’est que l’épisode sur le terrain de la vie, tantôt le feu d’artifice, tantôt la lampe sage qui veille.
L’Europe ne tenait pas toute, en effet, à cette heure, dans les entrechoquements de la politique, de la guerre, de la cour, des passions charnellement humaines, mais elle tenait encore plus dans les idées, qui tombaient de toutes parts, dans tous les esprits, comme la pluie de flammes de Sodome, et qui allaient mettre à feu toutes les traditions respectées, depuis des siècles, par les peuples. […] Ne lui avaient-elles pas donné, ces rhétoriques, à la Muse de l’Histoire, comme elles disaient, une plume de fer, pour se dispenser de lui en donner une de feu ? […] Il l’aurait allumée au feu de ses croyances en deuil, devant le désastre de sa cause et de son histoire.
Dans l’imagination et le souvenir de tout le monde, Proudhon, l’auteur de : La Justice dans la Révolution et dans l’Église, continue d’être le terrible incendiaire qui a bouté le feu — et qui s’en est vanté — « à toutes les broussailles de la Révolution, pour en faire lever les derniers marcassins qui s’y cachent ». […] Proudhon ne connut pas celle-ci : l’imagination dévorante, le cancer de feu dont madame de Staël disait : « Ce n’est plus une faculté, c’est une maladie… » En restant et en développant ce que Dieu l’avait fait, — une nature chrétienne, — et même en devenant un Saint, s’il avait pu le devenir, Proudhon n’eût jamais été, par exemple, un Saint comme le fut saint Jérôme. […] vous avez du feu dans l’expression, ô mon pauvre grand écrivain, comme vous en aviez dans la tête !
. ; que j’avais grand soin de ne parler mal de personne ; que pour Sa Majesté j’aimerais mieux être mort (en le regardant avec feu entre deux yeux). […] Quand un homme nous met le feu au cerveau, nous nous sentons presque du génie sous la contagion de sa verve ; par la chaleur notre esprit arrive à la lumière ; l’émotion l’agrandit et l’instruit. […] Son chien, son laquais, son soulier, sa marmite, sa garde-robe, son fumier, il fait sauter tout pêle-mêle et retire de ce bourbier l’objet qui peut figurer à nos yeux son personnage, nous le rendre aussi présent, aussi tangible, aussi maniable que notre robe de chambre et notre pelle à feu.
Courant donc au premier voleur, il fit feu sur lui de son pistolet, qui rata. […] Lucien Paté, dans l’étendue modeste de ses productions, ne manque pas de feu intérieur et d’une certaine ampleur de forme. […] Maurice Bouchor le talent ; il a de la verve et un certain feu de jeunesse. […] Le premier, vrai feu de paille, ne résista pas longtemps à l’absence. […] L’instrument est de chair, la note est de feu.
je t’adore… Et il étouffait ses paroles sous ses baisers, et le feu qui le dévorait se glissait lentement dans les veines de la jeune femme, quand des cris éclatèrent au dehors. […] Autrefois, chez nous, rue Claude-Vellefaux, tu ne jetais pas tes cigares au feu avec impatience ; dans ton fauteuil, content de te reposer, tu fumais ta pipe et tu n’avais pas cette figure préoccupée. […] Ne voulant pas causer l’émotion de la surprise à sa femme, il reste au coin du feu avec sa tante. […] On voyait sa rondeur sinistre dans la nuit ; Et l’on voyait décroître en ce silence sombre, Ses ulcères de feu sous une lèpre d’ombre. […] Ses crevasses montraient encore un peu de feu, Comme si par les trous du crâne on eût vu l’âme.
Le Roman d’une nuit, dont je ne vous lis pas un vers, parce que ce serait du temps mal employé, c’est quelque chose comme les Marrons du feu avec la rime en plus et le génie en moins. […] L’unique bougie s’éteignait bien tard dans le logis souvent sans feu. […] C’était en plein hiver, avec de la cendre dans le foyer, rien que de la cendre, — des gens riches avaient fait du feu autrefois ! […] Et, sans avoir faibli un instant sous le rude coup de ma franchise, il jeta au feu, — nous faisions du feu alors, — les six mille vers qu’il m’avait apportés ! […] Qui vont la joue en feu, les bras entrelacés.
À la première page de Pendennis, vous voyez le portrait d’un vieux major, homme du monde, égoïste et vaniteux, confortablement assis à son club, auprès du feu et de la fenêtre, envié par le chirurgien Glowry que personne n’invite, cherchant dans les comptes rendus des fêtes aristocratiques son nom glorieusement placé entre ceux d’illustres convives. […] Quel bon feu dans sa chambre lorsqu’elle vient vous rendre visite ! […] — La table des rangs et des distinctions est un mensonge, et devrait être jetée au feu. […] Dans la vigueur de la jeunesse et dans le premier feu de l’invention, il inventa le punch au marasquin, une boucle de soulier et un pavillon chinois, le plus hideux bâtiment du monde. « Nous l’avons vu au théâtre de Drury-Lane, nous l’avons vu, l’unique ! […] Au feu baptême et mariage, et le marquisat, et l’auguste seing dont votre prédécesseur a daigné honorer notre famille. » Et comme Esmond parlait, il jeta les papiers dans le brasier ; puis, continuant : « Vous voudrez bien, sire, vous rappeler que notre famille s’est ruinée par sa fidélité pour la vôtre, que mon grand-père a dépensé son domaine et donné son sang et le sang de son fils pour votre service, que le grand-père de mon cher lord (car vous étés lord maintenant, Franck, par droit et par titre aussi) est mort pour la même cause, que ma pauvre parente, la seconde femme de mon père, après avoir sacrifié son honneur à votre race perverse et parjure, a envoyé toute sa fortune au roi et obtenu en retour ce précieux titre que voilà en cendres et cet inestimable bout de ruban bleu.
Enfin parce qu’eux-mêmes, punis d’avance par les reproches secrets de leur propre conscience, cachent en faux braves l’inquiétude qui les dévore, & fiers de leurs vaines lumières, ne cherchent à les répandre que pour éblouir & pour égarer les victimes qu’ils surprennent ; semblables à ces feux trompeurs, dont la funeste clarté ne sert pendant la nuit, qu’à augmenter la terreur de celui qui voyage, & à redoubler l’horreur de l’obscurité ; il faudra bannir de l’univers toute vertu & toute vraie science, rompre tous les liens de la société, vivre esclaves de l’ignorance & de nos passions, abjurer en un mot pour toujours les droits sacrés de l’humanité ! […] Alors déployant toutes les richesses de l’Art, soutenue par une imagination vive & brillante, toujours guidée par le goût, elle peignoit avec des traits de feu leurs vertus, leurs actions, leurs talens & leur courage, en arrosant de ses larmes les fleurs qu’elle jetoit sur leurs tombeaux. […] Il faut donc nécessairement au génie une première impulsion, qui provoque son feu, lui donne de l’action, & l’enflamme. […] Cette Traduction, qui n’est que manuscrite, pourroit soutenir le grand jour de l’impression, même à côté de l’excellente Traduction de feu M. l’Abbé d’Olivet. […] « l’expérience faite le 16 Août 1771 dans le laboratoire du sieur Rouelle, Démonstrateur de Chimie au Jardin Royal, par laquelle il a été prouvé que le diamant s’évapore au grand feu, & s’y volatilise tout entier, sans laisser dans le creuset aucune trace de matière ».
Nous verrons là-dedans, Bonnes gens, Si le feu vous réveille ! […] Sans armes cette fois, comme ce capitaine à la canne de jonc du récit d’Alfred de Vigny, il s’exposa au feu avec un flegme très voisin du désespoir, en homme à qui pèse la vie. […] fi de mon vieux feu qui tousse ! […] Puisse le « feu du ciel » l’anéantir ! […] Le feu de l’âme s’est éteint : ce sont des cendres seulement qui obstruent le foyer.
Ce désordre me vient pour avoir trop de feu. […] C’est, sous trois noms, la même « Iris en l’air. » Cette négligence du peu à peu qu’il prend pour un excès de feu poétique, c’est la facilité de Ronsard ; ce soin d’éviter la cacophonie, c’est le purisme. […] Nous voyons, vers la fin de la vie de La Fontaine, Racine et Boileau le décider à mettre au feu un conte qu’il songeait à adresser au grand Arnauld, qui l’avait loué de ses fables. […] Les mauvais poètes, « nation farouche qui prend feu si aisément, ces esprits si gourmands de louanges135 », y ripostent par tous les moyens. […] Cette sorte de spéculation, moitié littéraire, moitié philosophique, qui le plus souvent dégénère en une sorte de rêverie laborieuse et confuse, ne s’accommode pas de cet enthousiasme intérieur, de ce feu sans lequel il n’y a pas de poète.
Il connaissait mieux que beaucoup de ceux qui le raillèrent alors les mœurs de la France, et comment le feu chez nous prend aux poudres plus vite que chez nos voisins. […] La nuit dernière, je me suis levé à deux heures, je me suis mis dans ma chaise longue, devant mon feu, pour examiner les états de situation que m’avait remis, hier soir, le ministre de la Guerre.
Né à Paris sur la paroisse de Saint-Gervais, le 4 février 1688, d’un père financier et dans l’aisance, d’une famille originaire de Normandie qui avait tenu au parlement de la province, Pierre Carlet de Chamblain de Marivaux reçut une bonne éducation, ce qui ne veut pas dire qu’il fit de fortes études ; il n’apprit nullement le grec et sut le latin assez légèrement, ce semble ; son éducation, plutôt mondaine que classique, et particulièrement son tour d’esprit neuf, observateur, et qui prenait la société comme le meilleur des livres, le disposaient naturellement à être du parti dont avait été feu Perrault, et dont, après lui, Fontenelle et La Motte devenaient les chefs, le parti des modernes contre les anciens. […] Cette vivacité d’esprit dont je parle a cela de beau qu’elle éclaire ceux qu’elle touche, elle les pénètre d’évidence : on en aperçoit la sagesse et le vrai, d’une manière qui porte le caractère de ces deux choses, c’est-à-dire distincte ; elle ne fait point un plaisir imposteur et confus, comme celui que produit le feu de l’imagination ; on sait rendre raison du plaisir que l’on y trouve.
Il ne se trompe certainement pas lorsqu’il montre les grands, les nobles, le haut clergé, les femmes à la mode, ceux qu’on appellera aristocrates quelques mois plus tard, commencer par être les vrais démocrates, désirer un changement dans le gouvernement, y pousser à l’aveugle pour se procurer chacun plus de crédit dans sa sphère, se comporter en un mot comme des enfants qui, en maniant des armes à feu, se blessent et blessent les autres : « Ces aristocrates, dit-il, sont les véritables auteurs de la Révolution ; ils ont enflammé les esprits dans la capitale et les provinces par leur exemple et leurs discours, et n’ont pu ensuite arrêter ou ralentir le mouvement qu’ils avaient excité. » La bourgeoisie française a fait depuis, et sous nos yeux, ce que l’aristocratie avait fait alors ; ç’a été la même répétition, et selon le même esprit, à un autre étage. […] Les Mémoires de Mme Du Hausset, femme de chambre de Mme de Pompadour, ont été conservés par M. de Meilhan, qui empêcha un jour M. de Marigny de les jeter au feu et qui les emporta ; ils passèrent de ses mains entre celles de M.
Ilne fit jamais si bien qu’à ses commencements, et le premier feu jeté, il se figea vite. […] Horace Vernet ne souffrait pas de ces injustices autant qu’on pouvait le croire ; Delaroche, si indignement traité par le même Aristarque, saignait et s’en irritait : Horace était un meilleur soldat au feu, et il allait son train toujours.
Les hommes y ont un flegme qui fixe le feu follet des Français ; ils ne voient les choses que dans un sens, et ce sens ordinairement est le bon… » Très-bien ! […] Dans un passage des Rêveries que le comte Vitzthum a rétabli exactement selon le manuscrit, on lit cet hommage rendu à la valeur française : « C’est le propre de la nation française d’attaquer… La valeur et le feu qui animent cette nation ne s’est jamais démenti, et, depuis Jules César, qui en est convenu lui-même, je ne sais aucun exemple qu’ils n’aient bien mordu sur ce que l’on leur a présenté.
Lors même que le feu des premières illusions est passé, lorsqu’on n’épouse plus ardemment une cause et qu’il n’y a plus de cause, la jouissance de la curiosité et de l’expression critique reste tout entière. […] Malgré tout, je l’avouerai, j’en veux un peu à nos auteurs dramatiques de la moderne école ; ils ont poussé en avant les critiques et ne les ont pas suivis ; ils se sont comportés comme les chefs d’une armée feraient avec le corps du génie, en lui disant : « Nous voulons passer là, il nous faut une route. » Les critiques se sont mis à l’œuvre hardiment, sous le feu ; il fallait passer jusqu’au travers de l’ancien théâtre, qui barrait et offusquait.
Enfin, espérant trouver de l’autre côté des Alpes l’imagination italienne plus inflammable au feu de ses nouvelles doctrines, elle envoya son disciple Lacombe prêcher sa foi à Verceil, en Piémont, et l’y suivit encore. […] Il reçut ce coup avec sa sérénité habituelle. « J’aime mieux, dit-il à l’abbé de Langeron qui accourut pour lui apprendre ce malheur, que le feu ait pris à ma maison plutôt qu’à la chaumière d’une pauvre famille. » Cependant Bossuet fulminait de sévères censures contre le livre de Fénelon, à qui le roi enjoignit de quitter Versailles et de se rendre à Cambrai, sans s’arrêter à Paris.
Telle était l’ardeur de Marguerite pour la science, qu’en 1524 l’évêque de Meaux, Briçonnet, lui écrivait « Madame, s’il y avoit au bout du royaume ung docteur qui par un seul verbe abrégé peust apprendre toute la grammaire autant qu’il est possible d’en sçavoir, et ung aultre de la rhétorique, et ung aultre de la philosophie, et aussy des sept arts libéraux, chacun d’eux par un verbe abregé, vous y courriez comme au feu. » Elle voulait tout savoir, et savoir vite. […] Or sont de là les plus gros feux passés ; Rien n’ay mesfaiçt ; au roy doulceur abonde ; Tu es sa sœur ces choses sont assez Pour rappeler les plus pervers du monde38.
Son art n’est que la hardiesse d’un esprit timide et le feu d’un homme froid. […] L’Ode au comte du Luc est même un chef-d’œuvre pour qui ne demande à l’ode ni une raison exacte, ni un sentiment profond, ni le feu, si différent de cet enthousiasme que simule le versificateur par la violence des figures de mots.
D’abord, il est des consolations en ce désastre, puisque l’on a pu sauver du feu la partition d’Egmont, un buste, et les trente-cinq sols qui restaient encore dans la caisse. […] Le bâtiment fut reconstruit mais il prit feu à nouveau en cette année 1887, à cause d’une mauvaise utilisation de l’éclairage au gaz, ce qui causa la mort de quatre-vingt-quatre personnes.
Le père a un maître, l’art ; le fils a une maîtresse, madame Léa de Clère, une jeune femme séparée de son mari, qu’il aime avec le feu de la jeunesse et l’emportement d’un premier amour. […] Ensuite, la retournant sur le gril, puisque le feu n’a pas pris de ce côté-là, elle lui parle des amours que son mari a traversées avant le mariage.
La mitrailleuse elle-même a fait plus de fumée que de feu. […] Quoi qu’il en soit, je ne me figure guère un Krupp, même français, la tête ceinte d’une auréole allumée au feu de sa forge, et tendant des mains, noires de poudre fulminante, vers le Dieu de miséricorde.
Écoutons le raisonnement : Si l’on veut bien considérer, nous dit d’Olivet, qu’il a vécu quatre-vingt-onze ans moins quelques jours, qu’il se porta dès sa plus tendre enfance à l’étude, qu’il a toujours eu presque tout son temps à lui ; qu’il a presque toujours joui d’une santé inaltérable ; qu’à son lever, à son coucher, durant ses repas, il se faisait lire par ses valets ; qu’en un mot, et pour me servir de ses termes, ni le feu de la jeunesse, ni l’embarras des affaires, ni la diversité des emplois, ni la société de ses égaux, ni le tracas du monde, n’ont pu modérer cet amour indomptable de l’érudition qui l’a toujours possédé, une conséquence qu’il me semble qu’on pourrait tirer de là, c’est que M. d’Avranches est peut-être, de tous les hommes qu’il y eut jamais, celui qui a le plus étudié. […] Cette passion, qui n’était que dans le ton, tenait au feu de la jeunesse ; cette première rudesse, que l’abbesse voudrait enlever, se polira vite dans le monde et à la Cour.
Ce fut le feu d’artifice et le bouquet par lequel le spirituel abbé couronna brillamment sa période d’existence parisienne. […] Cependant le pauvre abbé vieillit et plus vite qu’un autre, comme si chez lui, avec cette vivacité de feu, tout était dans une mesure plus rapide, comme si l’étoffe plus mince devait être plus vite dévorée.
Il avait le regard couvert, mais ses yeux étaient pleins de feu. […] Et dessinant la situation en traits de feu, il ne craint pas de prononcer le mot d’échafaud et de montrer la chose fatale dans le lointain.
Le soir, il se fait traîner chez quelque dame ou chez quelque ami, cherchant un peu de cette conversation substantielle ou piquante qui lui est comme la tasse de café nécessaire à l’esprit : Ici donc ou là, je tâche, avant de terminer ma journée, de retrouver un peu de cette gaieté native qui m’a conservé jusqu’à présent : je souffle sur ce feu comme une vieille femme souffle, pour rallumer sa lampe, sur le tison de la veille. […] Dans la polémique, fort de sa conscience et de la droiture de ses intentions, il passe les bornes, et il s’en doute un peu, comme lorsqu’il dit, par exemple, à propos de sa réfutation de Bacon : « Je ne sais comment je me suis trouvé conduit à lutter mortellement avec le feu chancelier Bacon.
La gêne domestique l’obligea à tenir quelque hôtel ou table d’hôte, circonstance qui fut tant reprochée depuis à Rivarol : C’est dans Bagnols que j’ai vu la lumière, Au cabaret où feu mon pauvre père À juste prix faisait noce et festin, lui faisait dire Marie-Joseph Chénier dans une assez triste satire. […] Une fois sa verve excitée, le feu d’artifice sur ses lèvres ne cessait pas.
Grand, beau, l’air ouvert et martial, l’œil plein de feu, la tête haute, avec une coiffure à lui, la chevelure assez rase et en rond, à la Charles XII, ou à la Titus comme nous dirions, Bonneval attirait les regards. […] La marquise de Prié et sa fille s’étaient permis de dire à leur cercle que la reine d’Espagne, épouse du jeune roi Louis Ier et fille de feu le duc d’Orléans régent, avait eu une aventure galante, accompagnée de certaines circonstances où le poignard avait joué un rôle.
Voltaire jeune a été seul, sans partisans, sans appui ; ce souvenir de sa vie si souvent brisée et agitée lui a fait sentir l’importance d’avoir à soi un parti et une armée ; il les voudrait organiser de loin sans trop aller au feu de sa personne ; il y pousse d’Alembert et ses amis. […] Le curé de Moëns, paroisse voisine de Ferney, a soutenu un procès à Dijon contre les pauvres de sa paroisse, qui se croyaient en possession de je ne sais quelle dîme (bien que, d’après l’ancien droit, une communauté d’habitants fût incapable de posséder une dîme) ; Voltaire prend feu, il fait appel au président : « Ayez compassion des malheureux, vous n’êtes pas prêtre.
L’histoire entière des peuples est présentée comme un vaste quiproquo et une fausse route prolongée qui ne doit se rectifier que lorsque les hommes seront éclairés et sages ; et comme le néophyte, effrayé de ce spectacle universel d’erreurs, se met à désespérer de nouveau et à se lamenter, le Génie le rassure une seconde fois et lui démontre que ce règne de la sagesse et de la raison va enfin venir ; que, par la loi de la sensibilité, l’homme tend aussi invinciblement à se rendre heureux que le feu à monter, que la pierre à graviter, que l’eau à se niveler ; qu’à force d’expérience, il s’éclairera ; qu’à force d’erreurs, il se redressera ; qu’il deviendra sage et bon, parce qu’il est de son intérêt de l’être ; que tout sera fait quand on comprendra que la morale est une science physique, etc. […] Chaque année, quand l’hiver m’attriste, je parle d’aller en Provence, et, quand je songe au départ, je m’enfonce dans mon grand fauteuil, et je fais plus grand feu pour remplacer le soleil.
Il ne faut rien de plus que la main d’un enfant idiot ou pervers pour mettre le feu à une ville, rien de plus que la pensée d’un sophiste pour mettre le feu à une société.
mais d’une grandeur sinistre, — quelque chose de chauffé et de recuit au feu de l’enfer de sa haine du p…, comme il disait, le mot prêtre lui paraissant trop effrayant pour qu’il voulût jamais l’écrire. […] ce n’est pas un pleurard du genre de Jules Favre, mais la larme monte et perle dans ces yeux pétillants du feu acéré de l’esprit pendant si longtemps… et que je croyais immortel !
Lorsque le soleil parut sur l’horizon et frappa de ses premiers feux les pyramides, tous posèrent leurs armes, et firent une halte spontanée pour contempler le spectacle sublime dont ils étaient témoins.
Aucune consolation partielle, aucun plaisir détaché ne peut donner du secours ; cependant, comme l’âme est toujours plus capable de vertus et de jouissances relevées, alors qu’elle a été trempée dans le feu des passions, alors que son triomphe a été précédé d’un combat, la bonté même n’est une source vive de bonheur que pour l’homme qui a porté dans son cœur le principe des passions.
Le type de l’homme de cabinet, savant ou lettré, à qui il est indifférent que l’Europe soit en feu, pourvu qu’il ait trois mille verbes bien conjugués dans ses tiroirs, tend à se constituer.
Allez de l’avant avec courage ; ne supprimez rien de votre ardeur ; ce feu qui brûle en vous, c’est l’esprit même qui, répandu providentiellement au sein de l’humanité, est comme le principe de sa force motrice.
Un écheveau brouillé par un chat, tous les hiéroglyphes de la dynastie de Pharaon, ou les feux d’artifice de vingt réjouissances.
Un françois refugié en Hollande se plaint du moins trois fois par jour, que sa gaïeté et son feu d’esprit l’ont abandonné.
Durant les chaleurs il en sort des exhalaisons qui s’allument d’elles-mêmes et qui forment de longs sillons de feu ou des colonnes de flâme dont la terre est la base.
Feu Monsieur De Tournefort, un des plus dignes sujets de l’académie des sciences, dit, en parlant d’un pas difficile qu’il franchit.
Le plaisir de mieux comprendre met, du reste, dans l’esprit un certain feu, une certaine chaleur qui excite l’imagination elle-même.
Rien n’effacera ces quelques lignes : « Lorsque l’ennemi était à Paris et que la déchéance de l’Empereur avait été prononcée par un Sénat rebelle, lorsque Napoléon n’avait pour toute ressource que son génie, plus grand dans l’infortune, comme une torche qui jette plus de feu quand une fois elle est renversée, et aussi l’idée, terrifiante pour les étrangers, que l’armée était toujours fidèle, Marmont, qui commandait l’avant-garde, la livra sans consulter personne et traita nuitamment avec Schwartzenberg. » Or, voilà ce qu’a dit Rapetti avec un impitoyable détail et une conclusion plus impitoyable encore.
Sans un don supérieur, sans l’ironie qu’il manie en maître, il faudrait le classer, comme penseur et comme écrivain, bien au-dessous de Diderot, l’homme du feu sacré et des grosses belles larmes, de Diderot dont il rappelle parfois le style érudit, la déclamation, l’hyperbole, et, j’en suis bien fâché pour un socialiste comme lui !
Alors il passe dans la manière du poète un phénomène d’expression colorée, brûlante et sensuelle, que les vers qui suivent traduisent et peignent : Ne me demandez pas si sa prunelle est peinte Ou du céleste azur ou du bleu de la nuit ; Quelle nuance d’or, de jaspe ou d’hyacinthe A ses tempes se joue, en sa tresse reluit ; D’albâtre ou d’incarnat si sa joue est empreinte ; Si c’est grâce chez elle ou beauté qui séduit ; Ne me demandez pas quel espoir, quelle crainte, Se mêlant à mes feux, me guide ou me poursuit !
Parce qu’il n’a jamais eu, lui, — et son livre l’atteste, — que des inspirations sociales ; parce que l’Empire l’a créé poète en le touchant de son rayon de feu et qu’il ne se détache jamais de la gloire ou des malheurs de l’Empire en se repliant sur lui-même, il nie l’inspiration la plus profonde de l’humanité, son inspiration éternelle, qui va de Job jusqu’à lord Byron… Franchement, n’est-ce pas abuser de sa propre préoccupation personnelle ?
Ce n’est pas tranquillement se mettre entre les jambes, au coin du feu ou d’un pot de bière, l’honnête rotin de l’imitation laborieuse qui a servi à faire du chemin, comme un bon bâton qu’il est, mais à pied !
Avec ma main brûlée, j’ai le droit maintenant d’écrire des phrases sur la nature du feu. […] La première partie est close quand elle jette au feu son bouquet de mariage. […] Lors du feu d’artifice, il pense à l’incendie, lors de la promenade d’Emma aux accidents, et, quand Justin va au capharnaüm, à l’arsenic. […] c’est que j’ai passé bien des heures de ma vie, au coin de mon feu, à me meubler des palais, et à rêver des livrées, pour quand j’aurai un million de rentes ! […] Mais le gros Arnoux vit autant en dehors, en fumée et en bruit, que le baron vit en chair, en sang et en feu.
Enfin, si la jeunesse bressane fait encore les feux de la Saint-Jean, peut-être ignore-t-elle l’origine de ces feux, telle que la rapportaient les hommes d’âge, selon le témoignage de M. […] Le feu est bon en toute saison. » Telle est l’origine des feux de la Saint-Jean. […] As-tu mis la robe de feu ? […] Sous le feu de l’ennemi, il prenait des croquis avec la même tranquillité que s’il eût été paisiblement assis à sa table, dans son cabinet. […] Tous les soleils sont des gouttes de feu et toutes les planètes des gouttes de boue.
La faune qui peuple ces pays fabuleux comprend des cygnes, des paons, — beaux oiseaux d’ailleurs et dont il n’y a pas à médire, — des griffons, des tarasques, des licornes « ruant du feu », des guivres, des hippogriffes et des sphynx. — Les vaches, les porcs, les poules en sont soigneusement exclus, ainsi que le blé, les navets et les choux. […] Nul feuillage ne l’égayait, nulle saison ne le changeait ; l’oiseau s’y posait à peine, comme si, en touchant la masse échappée du feu central, il eût craint de se brûler les ailes. […] Puis, comme l’enfant terrible raille la colichemarde et s’enfuit, en chantant, vers le Midi plein de rayons, elle lance à sa poursuite ses apothicaires patentés : les pasteurs et les moralistes, afin qu’ils lui inculquent force lavements chrétiens, afin qu’ils noient, sous un flot de dogmes et de préceptes, le feu d’irrespect qui le dévore. […] Parmi des fusées bancroches et des feux de Bengale livides, il est le grand artificier du royaume des ombres. […] Prévoir qu’un temps viendra où les peuples désabusés, fatigués d’aller à la boucherie pour le plus grand profit des Banquiers, des Industriels et des États-Majors, aboliront les frontières, échangeront librement leurs inventions et leurs produits, jetteront leurs artilleries à la vieille ferraille, et feront des feux de joie avec leurs drapeaux, n’est-ce pas le comble de l’utopie ?
Et avec cela il est artiste, et il l’est doublement : il a un coup d’œil et un flair 93 qui, dans cette foule dorée et cette cohue apparente de Versailles, vont trouver à se satisfaire amplement et à se repaître ; et puis, écrivain en secret, écrivain avec délices et dans le mystère, le soir, à huis-clos, le verrou tiré, il va jeter sur le papier avec feu et flamme ce qu’il a observé tout le jour, ce qu’il a senti sur ces hommes qu’il a bien vus, qu’il a trop vus, mais qu’il a pris sur un point qui souvent le touchait et l’intéressait. […] S’il lui avait fallu jeter au feu ses Mémoires, croyant avoir fait un long péché, quel dommage, quel arrachement de cœur ! […] , et en même temps un sang-froid qui lui laissoit tout voir et tout prévoir au milieu du plus grand feu, et du danger et du succès le plus imminent, et c’étoit là où il étoit grand.
Marius succombe à la fin, le dernier, dans son fossé de feu ; on l’emporte au cabaret. […] Celle qui soufflait en cet instant-là apporta nettement des roulements de tambour, des clameurs, des feux de peloton, et les répliques lugubres du tocsin et du canon. […] Misères du laboureur qui amollit le sol de ses sueurs, qui le sème par la pluie, qui le moissonne sous les feux de la canicule !
Parsifal attendri se prête innocemment à ce long baiser ; mais son feu inattendu le pénètre d’une douleur terrible. […] La lumière pourpre enveloppe les chevaliers et sa gloire les inonde d’un baptême de feu. […] Écoutons Schopenhauer : « Ainsi que les torches et les feux d’artifice pâlissent devant la lumière du soleil, de même l’esprit, oui, le génie, et la beauté, sont surpassés par l’éclat de la bonté du cœur.
Jeudi 9 février Je vais chez les Daudet que je trouve tout tristes ; la femme avec la migraine, le mari avec un abcès dans la bouche, et nous causons tranquillement, gentiment, comme on cause au coin du feu, pendant les heures mélancoliques. […] Une femme brûlée, en se chauffant en chemise, en jupon, en camisole, au coin de son feu. […] Vendredi 29 décembre Dîner hier chez Daudet, avec le peintre Beaulieu, le peintre des feux de Bengale dont j’ai donné l’atelier dans Manette Salomon, et que j’ai perdu de vue, au moins depuis quinze ans.
Son dialogue est plein de feu & de saillies. […] Quel feu ! […] Colardeau est plein de feu, & la poésie en est à la fois brillante & pathétique.
Le plus fort est celui qui a le plus de mots à son service ; on polit les phrases, on fait battre des antithèses, on surveille les enjambements, on alimente le feu croisé des rimes ; on parle pour ne rien dire. […] Il courait la nuit en vomissant des flammes, en poussant des cris, en entraînant à sa suite des légions de diablotins et de sorcières ; mais une locomotive remorquant son convoi lance plus de feux, jette plus de clameurs, emporte plus de monde que lui ; il bâtissait des palais en un jour, mais voyez donc ce qui se fait au Louvre maintenant ; il donnait des trésors à ceux qui lui vendaient leur âme ; l’industrie en procure d’aussi grands, de plus inépuisables, et n’exige que du travail en échange ; il disait certaines paroles qui cicatrisaient les blessures et endormaient la douleur, mais le chloroforme en sait plus long que lui sur ce sujet. […] La salle est énorme ; de larges feux l’éclairent au milieu desquels passent des hommes demi-nus, noirs, en sueur, actifs, musculeux et superbes comme des cariatides du Puget.
.) — J’ai passé six heures au coin du feu avec Siben, parlant un peu de tout, mais surtout de l’importance et de la dignité du professorat, texte bien fécond que je préfère à tout autre157. » Nommé en 1847 membre de l’École d’Athènes, Gandar partait pour la Grèce au commencement de 1848 ; mais il fit le trajet à loisir en s’acheminant à travers l’Italie et en y distribuant ses étapes et ses stations à son gré. […] Dans cet ordre de succès réguliers et paisibles, où il ne s’agit point de feux d’artifice à tirer à de certains jours, mais de fruits à produire durant des années, le bonheur calme et pur est un meilleur conseiller encore que l’amour-propre. […] Ici le contraste est parfait : Gandar et About, deux cerveaux disparates ; l’antithèse, pour qui les connaît, saute aux yeux et rit à l’esprit : l’un grave, consciencieux, religieux aux anciens, déférant aux modernes, se tenant dans sa voie et ne s’en laissant détourner par rien ; portant du sérieux et de l’affection en tout, de cet approfondissement attentif et pénétré, quelque peu étranger à la nature française, et que les Allemands qui se l’arrogent expriment très bien par le mot Gründlichkeit, réalisant encore l’idée du σπουδαῖος d’Aristote, l’homme vertueux et non léger ; un gros front énorme venant en surcroît au portrait163 : l’autre gai, vif, ironique, espiègle même, le nez au vent, la lèvre mordante, alerte à tout, frondant sans merci, à l’exemple de Lucien ne respectant ni les hommes ni les dieux : chez l’un l’École normale en plein exercice et développement de son professeur modèle, dans tout le large de la tradition régulière et directe ; chez l’autre cette même École en rupture de ban, en pleine dissipation et feu d’artifice d’homme d’esprit émancipé, lancé à corps perdu à travers le monde, mais d’un homme d’esprit, remarquez-le, dont c’est trop peu dire qu’il pétillé d’esprit, car sous sa forme satirique et légère il fait bien souvent pétiller et mousser le bon sens même, et toujours dans le meilleur des styles : toutes qualités par où il témoigne encore de son excellente nourriture et tient, bon gré mal gré, de sa mère. […] ) Tandis que vous parliez de Haydn, de Mozart, de Beethoven, vous devinez sans peine que Montesquieu tenait une grande place dans nos entretiens de coin du feu.
Nous leur mettrons plutôt le feu au ventre pour la glus grande gloire du festin. […] Sans sortir du coin du feu ou de l’omnibus, nous voilà tremblants, les yeux pleins de larmes ou secoués par les accès d’un rire inextinguible. […] Votre génie d’observateur et votre goût pour les détails s’exerceront sur les scènes de la vie domestique : vous excellerez à peindre un coin du feu, une causerie de famille, des enfants sur les genoux de leur mère, un mari qui le soir veille à la lampe près de sa femme endormie, le cœur rempli de joie et de courage, parce qu’il sent qu’il travaille pour les siens. […] Ce coin du feu où ils vont passer la soirée est un sanctuaire, et les tendresses de famille sont la seule poésie dont ils aient besoin.
Une fenêtre éclairée et comme vivante au milieu des ténèbres, des cierges allumés, du blanc de rideaux et, sur les feux des cierges, des ombres qui passent, une ombre qui se penche : c’est l’Extrême-Onction qu’on donne à la malade : un mystère qui passerait sur une flamme. […] Vendredi 15 août Je me réjouis d’aller ce soir au feu d’artifice, de me fondre dans la foule, d’y égarer mon chagrin. […] que de prédispositions et de motifs et de raisons elle trouvait en elle pour se dévorer et saigner en dedans : d’abord le repoussement par moments d’idées religieuses avec les terreurs d’un enfer de feu et de soufre ; puis la jalousie, cette jalousie toute particulière qui, à propos de tout et de tous, empoisonnait sa vie ; puis, puis… puis le dégoût que les hommes, au bout de quelque temps, lui témoignaient brutalement pour sa laideur, et qui la poussait de plus en plus à la boisson, l’amenait un jour à faire une fausse couche en tombant ivre-morte sur le parquet. […] Un salon où il y a des meubles d’une élégance vieillotte, dans la cheminée un feu mouillé et désolé, aux murs beaucoup d’images quelconques qui sont dans des cadres, sur une table un grand volume illustré pour le Jour de l’an ; dans un coin, un piano qui dit une femme, une famille : un salon qui ressemble un peu à la pièce pauvre et solennelle, que les relieurs ont pour recevoir leurs clients.
Dans Molière, quand Orgon revient de voyage et se chauffe les mains au feu, il finit par dire : La campagne à présent n’est pas beaucoup fleurie. […] Avec qui marche donc l’auréole de feu ? […] Figure aux cheveux roux, d’ombre et de paix voilée, Errante au bord des lacs, sous ton nimbe de feu, Salut ! […] Avec ce qui l’opprime, avec ce qui l’accable, Le genre humain se va forger son point d’appui ; Je regarde le gland qu’on appelle aujourd’hui, J’y vois le chêne ; un feu vit sous la cendre éteinte.
Né en 1792, enfant d’une génération qui a produit des hommes supérieurs ou distingués en tout genre, élève de l’École normale dans la première ferveur de la création, il eut aussi, à sa manière, le souffle et le feu sacré ; il marqua de bonne heure, entre ses jeunes camarades, par des qualités qui étaient bien à lui.
L’idée qui a présidé à l’ouvrage est celle-ci ; La poésie tire son premier charme des images qu’elle emprunte à la nature ; dans nos tièdes contrées, au sein d’une civilisation toute-puissante, cette nature a peine à se faire jour et n’est pas à l’aise pour se déployer : là seulement où un climat de feu la féconde sans relâche, et où le voisinage de l’homme ne la met point à la gêne, pleine de vie et de jeunesse, elle éclate dans toute sa solennité.
Nous trouvons cette sorte d’amour énergiquement exprimée dans une pièce de vers inédits adressée à un jeune homme qui se plaignait d’avoir passé l’âge d’aimer : Va, si tu veux aimer, tu n’as point passé l’âge ; Si le calme te pèse, espère encore l’orage ; Ton printemps fut trop doux, attends les mois d’été ; Vienne, vienne l’ardeur de la virilité, Et, sans plus t’exhaler en pleurs imaginaires, Sous des torrents de feu, au milieu des tonnerres, Le cœur par tous les points saignant, tu sentiras, Au seuil de la beauté, sous ses pieds, dans ses bras, Tout ce qu’avait d’heureux ton indolente peine Au prix de cet excès de la souffrance humaine ; Car l’amour vrai, tardif, qui mûrit en son temps, Vois-tu, n’est pas semblable à celui de vingt ans, Que jette la jeunesse en sa première sève, Au blondi duvet, vermeil et doré comme un rêve ; C’est un amour profond, amer, désespéré, C’est le dernier, l’unique ; on dit moins, j’en mourrai ; On en meurt ; — un amour armé de jalousie, Consumant tout, honneur et gloire et poésie ; Sans douceurs et sans miel, capable de poison, Et pour toute la vie égarant la raison.
Le ciel rayonne en myriades D’étoiles au feu transparent ; A son bandeau royal scintillent les Pléiades, Et resplendit l’Aldebaran.
et lorsque le hasard a pu combiner ensemble la réunion la plus fatale au bonheur, l’esprit et la sensibilité, n’abandonnez pas ces malheureux êtres destinés à tout apercevoir, pour souffrir de tout ; soutenez leur raison à la hauteur de leurs affections et de leurs idées, éclairez-les du même feu qui servait à les consumer !
« Si la nature n’avait allumé ces vastes fourneaux sur les rivages de l’Océan, ses eaux seraient couvertes d’huiles végétales et animales… La nature purge les eaux par les feux des volcans… Elle brûle sur les rivages les immondices de la mer. » Savez-vous pourquoi « la vache a quatre mamelles quoiqu’elle ne porte qu’un veau et bien rarement deux »?
Il suppose qu’un arrêté préfectoral vient de fermer les bains Deligny, « attendu que ledit établissement de bains est entièrement construit en bois, ce qui l’expose d’une façon particulièrement grave aux dangers du feu… ».
Il en sortit les joues en feu, la tête lourde ; et il confiait par lettre à sa sœur : « Si tu savais ce que c’est que cette nourriture bon marché, dont la cuisson est bâclée à la diable !