Aux principes de cet art nouveau l’école mystique anglaise resta toujours étrangère. […] Milsand, L’esthétique anglaise, étude sur M. […] Milsand, L’Esthétique anglaise. […] Robert de la Sizeranne, La Peinture anglaise contemporaine. […] Robert de la Sizeranne, La peinture anglaise contemporaine.
Le grand public anglais ne connaît l’Opéra que sous la forme introduite par Offenbach, traduite en anglais et rendue bien plus décente et bien moins amusante par Sullivan. […] Malheureusement ces messieurs n’ont pas encore développé un style personnel et anglais. […] Il a montré en effet dans ses œuvres une mélodie élevée et neuve ; et, comme il est anglais jusqu’à la moelle, le résultat est une musique anglaise. […] Le « Carl Rosa Opera Company » a été fondé en 1873 par Carl August Nicholas Rosa pour présenter à Londres et dans les provinces anglaises, des opéras en anglais. […] Frédéric Corder (1852-1932) était un compositeur et un professeur anglais.
Au reste, il est difficile d’atteindre sur ce point à tout l’enthousiasme des critiques anglais. […] Shakspeare est l’Homère des Anglais ; il a tout commencé chez eux. […] Les Anglais ont loué son harmonie ; et l’on peut remarquer souvent dans ses vers un soin curieux de tempérer l’âpreté des sons anglais par des noms propres d’origine italienne. […] L’étude des modèles anglais et de la littérature latine se mêlait à ces jeux poétiques. […] Il ne fut plus jacobite ou tory, mais citoyen anglais.
Que devient l’anglais ? […] Les Saxons en Angleterre. — Persistance de la nation saxonne, et formation de la constitution anglaise. — Persistance du caractère saxon et formation du caractère anglais. […] Aucun Français n’a ce courage comme un Anglais. […] Les Anglais oublient toujours d’être polis, et ne voient pas les nuances des choses. […] Fortescue, In leges Angliæ, London, 1599, avec trad. anglaise.
Il se contente de poser, sans le prouver, le fait étrange de cette monarchie tempérée qu’il est assez difficile d’établir quand on a un Henri VIII ou une Élisabeth derrière soi, et il ne commence, à proprement parler, son histoire qu’à la date éclaircie et certaine de la vraie monarchie anglaise : la fin des Stuarts et du droit divin. […] Il va jusqu’à dire hypocritement que les lois anglaises, sans exception, selon l’opinion des plus grands jurisconsultes : Holt, Tréby, Maynard et Somers, « restèrent après la Révolution ce qu’elles avaient été auparavant », comme s’il s’agissait de législation générale ! […] On a souvent parlé de la pruderie des femmes anglaises, mais, en fait de bégueulisme, les whigs pourraient donner des leçons aux femmes les moins vraies et les moins naturelles de leur pays ! […] Supposez-le protestant, vous avez un roi plus populaire que Guillaume qui ne le fut jamais, — un roi brave, un homme de mer qui avait la poésie des batailles gagnées, — un véritable Anglais, enfin, dans toute la grandeur, la noblesse et la force qu’on prête à ce mot. « Si le parlement l’eût permis, — disait-il avec un regret amer, — j’aurais élevé ma nation au rang des premières nations du monde. » Il applaudissait, au combat de la Hougue, à la charge des vaisseaux anglais qui se battaient contre lui !
Shakespeare est un esprit humain ; c’est aussi un esprit anglais. Il est très anglais, trop anglais ; il est anglais jusqu’à amortir les rois horribles qu’il met en scène quand ce sont des rois d’Angleterre, jusqu’à amoindrir Philippe-Auguste devant Jean-sans-Terre, jusqu’à faire exprès un bouc, Falstaff, pour le charger des méfaits princiers du jeune Henri V, jusqu’à partager dans, une certaine mesure les hypocrisies d’histoire prétendue nationale. […] Mais en même temps, insistons-y, car c’est par là qu’il est grand, oui, ce poëte anglais est un génie humain. […] Shakespeare modifie en beau le visage anglais. […] Les anglais se réveillent enfin du côté de leur gloire.
Je m’estime quand je me compare, c’est le mot des Anglais. […] Et quelle diplomatie, excepté la diplomatie anglaise, peut contraindre la France à ratifier de telles audaces contre le droit des peuples ? […] Mais négocions pour une Italie libre, et non pour une Italie sarde ou anglaise. […] Car, si la monarchie unitaire de l’Italie doit être anglaise, nous sommes Français avant d’être Italiens, et nous dirons : Plutôt point de trône qu’un trône anglais en Italie ! […] Le reste est une intrigue anglaise ; ceci est un principe italien.
Encore un regard ; car au-dessus de toutes ces figures un type surnage, le plus véritablement anglais, le plus saillant pour un étranger. […] L’auditoire applaudissait ou sifflait, à volonté. « En somme, me disait un Anglais, c’est de cette façon-là que nous faisons nos affaires. […] Les Anglais, de chair et d’os, semblent déjà fabriqués en tôle ; que sera-ce des statues anglaises ? […] L’Anglais a désormais son prêtre, son gentleman, sa manufacture, son confortable et son roman. […] « L’économie, disait de Foe en 1704, n’est pas une vertu anglaise.
Nulle découverte récente ne s’est faite sur le vieux grand Classique anglais. […] Taine écrivait son Histoire de la littérature anglaise, il ne pouvait pas, lui, éviter Milton. […] Milton n’est qu’un bourgeois anglais, — armorié, dit M. de Guerle, mais peu m’importe ! […] Ainsi, ce n’était pas assez que le pédantisme de la science : on y superposa le pédantisme de la sainteté anglaise, — une horrible sainteté, qui n’a rien ni de saint François de Sales, ni de Fénelon. […] L’instinct voyageur d’oiseau marin qui est dans tout Anglais, mais qui n’y dort pas, le fît aller un jour en Italie ; mais cet Oswald anticipé, plus sévère que celui du roman, n’y rencontra pas de Corinne.
Taine a le mérite d’avoir aperçues le premier et qui sont débattues dans ses œuvres les plus considérables, L’Histoire de la littérature anglaise, et La Philosophie de l’art. […] Depuis, la publication de l’Histoire de la littérature anglaise, il ne s’est guère produit dans le domaine de cette méthode de tentatives dignes de mention. […] Taine dans sa célèbre préface à son Histoire de la littérature anglaise (Hachette, 1863), multiplie les formules qui vont dans ce sens. […] Il s’est intéressé tout particulièrement à l’art de la Renaissance, au platonisme, ainsi qu’aux préraphaélites anglais. […] John Addington Symonds (1840-1893) : écrivain et critique anglais qui s’est intéressé à la Renaissance italienne, et à l’œuvre de Dante en particulier.
Touchons aux questions les plus graves, dût l’alliance anglaise en être ébranlée ! Voilà quarante ans que l’Anglais habite la France. […] En retour des prévenances dont nous avons fleuri sa route, savez-vous ce que l’Anglais nous réserve ? L’Anglais a imaginé de nous ruiner. […] Mais le Français, qui est né malin, a vu clair dans les trames ténébreuses qu’ourdissait l’Anglais, né perfide.
Cowper est de plus un patriote et un excellent Anglais, jusqu’aux préjugés et aux préventions inclusivement. […] Qui ne sent ici la douleur du vieil Anglais au moment où se détache toute l’Amérique du nord, ce magnifique quartier de la patrie britannique ? […] L’homme trouve son compagnon coupable, — coupable d’une peau autrement colorée que la sienne, etc… Il continue d’énumérer toutes ses douleurs et ses blessures comme Anglais, comme chrétien, et comme homme. […] Une édition de Milton, avec traduction en anglais des ouvrages latins, l’occupa ensuite ; il était peu propre à un tel rôle d’éditeur. […] [NdA] Cette étude sur Cowper m’a valu trois gracieux sonnets en anglais qui me sont venus de la patrie du poète, et qui ont été écrits le soir autour de la table à thé, pendant qu’on lit en famille un livre ami et que l’on en cause.
Il revint anglais dans son pays. […] Il fit du vieux jardin français de la Brède un parc anglais, dressa sa généalogie, — occupation anglaise ! — créa une substitution et sollicita l’érection de sa terre en marquisat, — ambition anglaise ! — enfin, exerça ses droits féodaux comme le plus féodal des terriens anglais. […] Quand Montesquieu revint en France, il était Anglais, et il ne se déteignit plus.
Les Anglais de 1590, heureusement fort ignorants, aimèrent à contempler au théâtre, l’image des malheurs que le caractère ferme de leur reine venait d’éloigner de la vie réelle. […] La seule situation énergique que nous ayons vue depuis vingt ans, la scène du paravent, dans le Tartufe de mœurs, nous la devons au théâtre anglais. […] C’était bien la poésie faite pour le peuple qui, à Fontenoy disait, chapeau bas, à la colonne anglaise : « Messieurs, tirez les premiers. […] Comme nous sommes infiniment supérieurs par l’esprit, aux Anglais de cette époque, notre tragédie nouvelle aura plus de simplicité. […] Les vers italiens et anglais permettent de tout dire ; le vers alexandrin seul, fait pour une cour dédaigneuse, en a tous les ridicules.
L’auteur anglais ne s’est donc pas heureusement orienté en commençant ; il aime, en lisant, le pêle-mêle ; il y a un peu de béotisme dans son début ; comme il est fier et rude, ce n’est pas nous qui essaierons de le ramener et de lui indiquer les sentiers plus sûrs, moins à portée de son regard : Heu ! […] L’auteur anglais s’est laissé prendre à une couple de scènes où figure Louis XI. […] Nous n’expliquerons pas à l’auteur anglais quel cas nous faisons de M. […] Les œuvres les plus suaves et les plus chastes de sa plume ont passé, chez l’auteur anglais qui nous lisait en masse, dans une même bouchée, pour ainsi dire, que les plus fortes ; Lavinia n’a fait qu’un seul morceau avec Leone Leoni. […] L’auteur anglais a fait du moins à M. de Balzac la grâce insigne de discerner son Eugénie Grandet d’avec le Père Goriot.
Nommé membre de l’Assemblée dont il avait été longtemps secrétaire, chargé, de plus, de l’organisation et de la direction des Postes, il avait rendu de grands services à l’armée anglaise dans la guerre du Canada (1754). […] Mais, en 1759, Franklin n’était qu’un Anglais de l’autre côté de l’Atlantique, à qui la mère patrie faisait honneur par un accueil distingué. […] Un excellent critique anglais (Jeffrey) en a touché un mot dans le sens où il est permis à des littérateurs comme nous d’aborder ce sujet. […] En en dressant le plan, le ministère anglais faisait assez voir qu’il attribuait au Parlement britannique le droit de taxer à volonté les colonies et de leur signifier un impôt non consenti par elles. […] » demanda-t-on encore à Franklin ; et il répondit : « À se servir des modes et des objets de manufacture anglaise. » — « Et à quoi mettent-ils maintenant cet amour-propre ?
L’expression anglaise y devient souvent italienne. […] Mais la prétention du traducteur, interprète du grand poète anglais, est bien autrement considérable. […] Il était anglais. […] Et si ce n’est pas vrai, si l’Anglais, l’Anglais ineffaçable et indestructible, qui vivait peut-être avec la ténacité de ses préjugés, de ses haines et de sa race, sous la fleur du génie cosmopolite de Shakespeare ; si l’Anglais fit faire à ce génie, contre Jeanne d’Arc, ce que plus tard les plus grands esprits de l’Angleterre firent pendant des années contre l’Empereur Napoléon, bravo ! […] que trente mille chevaliers français sont tombés massacrés sous les haches d’une poignée d’Anglais, Henri V dit ces grandes paroles, aussi peu anglaises que le génie de Shakespeare qui les lui met sur les lèvres : « Ô Dieu !
Ce serait trop français pour Rémusat, devenu Anglais à force de regarder l’Angleterre, pour Rémusat qui a le spleen politique et la nostalgie du régime parlementaire dont il est privé ! […] Rémusat veut mettre l’histoire anglaise en épigrammes. […] Rémusat, si Anglais qu’il soit, n’est pas Junius. […] Il y a, si vous vous le rappelez, dans cette gravure, une femme qui rêve et pleure, avec de longues anglaises défrisées, lesquelles semblent pleurer comme elle. Eh bien, ces anglaises défrisées, je les retrouve dans la préface de Rémusat !
Les Anglais ont été longtemps sans songer à tourner leurs forces vers la marine. […] La discipline de ses vaisseaux est singulière ; le matelot anglais est absolument esclave. […] Toutefois le clergé anglais n’est pas sans défaut. […] Chez les Anglais il n’y a qu’ignorance, chez nous il y a dépravation. […] Colardeau, sont des ouvrages tout à fait différents de l’ouvrage anglais.
Peu d’auteurs décrivent autant que le romancier anglais ; peu sont aussi inhabiles à reproduire les aspects pittoresques de la campagne, de la mer, des fleuves. […] Et si l’absence de facultés graphiques étonne chez Dickens, le lecteur moderne, accoutumé à notre souci d’études d’après la vie, sera plus surpris encore des renseignements fantaisistes que l’auteur anglais donne audacieusement, sur les milieux qu’il présente. […] On chercherait en vain chez l’auteur anglais un récit contenu et impassible, une scène où l’écrivain ait l’art supérieur de laisser porter de leur poids propre les événements et les idées qu’il exprime et retrace. […] Sur le tard, une modification paraît s’être produite chez le romancier anglais dans le mode de sa connaissance des hommes. […] Tout cela est aisé à distinguer ; il paraît certain que la prédominance des facultés affectives a nui chez l’écrivain anglais au plein développement de l’intelligence, et qu’elles en ont pris, du même coup, quelque futilité puérile.
. — Ce qui manque à l’éloquence d’Addison, de l’Anglais et du moraliste. […] Sa religion, tout anglaise, était pareille. […] C’est qu’il offrait aux Anglais la peinture de la raison anglaise ; le talent et la doctrine se trouvaient conformes aux besoins du siècle et du pays. […] Sa morale, tout anglaise, se traîne toujours terre à terre, parmi les lieux communs, sans découvrir des principes, sans serrer des déductions. […] C’est que devant des Anglais cela n’est pas à craindre.
Dombey. — En quoi ces personnages sont Anglais. […] Le fond du caractère anglais, c’est le manque de bonheur. […] Aussi ce vice est-il anglais. […] La religion anglaise est peu dogmatique et toute morale. […] Gradgrind n’est pas tout Anglais.
. — Jugement de Burke et du peuple anglais sur la Révolution française. […] Les Anglais ne sont plus dignes de leur liberté. […] Il faut à l’Anglais un bon dîner, une fille et de l’aisance. […] Nulle histoire n’éclaire plus à fond le caractère anglais. […] Un Anglais, dit Chesterfield, se croit en état de battre trois Français.
L’invasion des romans allemands succédait à celle des romans anglais : on traduisait et imitait les productions larmoyantes, fades et ennuyeuses d’outre-Rhin. […] Une Anglaise ignore toute crainte. […] Chateaubriand va nous dire comment les Anglais nous payaient de retour. « Quand nous devînmes enthousiastes de nos voisins, quand tout fut anglais en France, chiens, chevaux, jardins et livres, les Anglais, par leur instinct de haine contre nous, devinrent anti-Français ; plus nous nous approchions d’eux, plus ils s’éloignaient de nous. […] Un Anglais sur notre scène est toujours un milord, ou un capitaine, héros de sentiment et de générosité. » Chateaubriand, Essai sur la littérature anglaise.
Dagorne, le chef anglais, est mort ; Bombourg lui a succédé ; mais il n’observe pas la même trêve qui consistait, dans ces guerres de nobles, à épargner le menu peuple et ceux qui travaillent le blé. […] Il met la bravade du côté des Anglais, de ceux qui auront le dessous. […] Beaumanoir lui donne la chevalerie au nom de la sainte Vierge, lui rappelle son aïeul qui s’est illustré à Constantinople, et jure que les Anglais le paieront avant l’heure de complies. […] Les Allemands et les Anglais se mettent en masse et se serrent comme s’ils étaient liés : il n’y a pas moyen de les entamer. […] [NdA] Le Combat de trente Bretons contre trente Anglais, publié par M.
Ayant traversé Charleroi et arrivé à Gilly, Napoléon, dont la vue se justifiait, et qui avait saisi le point faible de la ligne, le joint entre les Prussiens.et des Anglais, avait intérêt à amener les premiers dans des plaines de Fleurus pour.leur livrer bataille et les rejeter du côté de Namur, d’où ils venaient. […] Quant aux Anglais, encore dispersés, et qui avaient à venir de Bruxelles et des environs, il suffisait, pour les arrêter, d’envoyer Ney sur la.gauche et de lui faire occuper la position centrale des Quatre-Bras. […] Ce général, qui connaissait les Anglais pour les avoir combattus si vaillamment en Espagne, appréciait leur force, leur solidité, et, les supposant déjà massés en grand nombre aux Quatre-Bras, apprenant d’ailleurs par un des plus braves officiers de l’armée le mouvement général des Prussiens vers Fleurus, estima qu’il y aurait péril à avoir les Anglais devant soi aux Quatre-Bras et les Prussiens à dos ; mais ce retard même allait créer le danger aux Quatre-Bras, où les Anglais, assez faibles jusqu’à midi, convergeaient de toutes parts et se renforçaient à vue d’œil. Ney attendait donc pour agir le corps de Reille, et, sur son ordre pressant, il ne vit arriver en premier lieu que Reille lui-même en personne, dont les divisions ne se mirent en mouvement pour rejoindre qu’un peu plus tard, et dont les conseils prudents, les remarques à l’égard des Anglais et du caractère particulier de leurs troupes, ne laissaient pas de lui donner à penser. […] Il crut qu’on lui demandait un suprême effort aux Quatre-Bras contre les Anglais, pour pouvoir ensuite, apparemment, se porter sur les derrières de l’autre ennemi, les Prussiens, et, au lieu de ralentir son action et de se borner, comme il le fit plus tard à la fin de la journée et après des prodiges de valeur perdue, à une solide défensive, il songea à ramasser ses forces pour porter un rude coup devant lui ; dans cette préoccupation unique et absolue, il envoya dire à d’Erlon, à ce même chef qu’un ordre de l’Empereur remis par Labédoyère dirigeait en ce moment vers le moulin de Bry, à dos de l’armée prussienne, de revenir en toute hâte aux Quatre-Bras : c’était un contresens.
Voltaire, qui succédait au siècle de Louis XIV, chercha dans la littérature anglaise quelques beautés nouvelles qu’il pût adapter au goût français3. Presque tous nos poètes de ce siècle ont imité les Anglais. Saint-Lambert s’est enrichi des images de Thomson, Delille a emprunté du genre anglais quelques-unes de ses beautés descriptives ; Le Cimetière de Gray ne lui fut point inconnu : il a servi de modèle, sous quelques rapports, à Fontanes dans une de ses meilleures pièces, Le Jour des Morts dans une campagne. […] Mais le talent consiste à savoir respecter les vrais préceptes du goût, en introduisant dans notre littérature tout ce qu’il y a de beau, de sublime, de touchant, dans la nature sombre, que les écrivains du Nord ont su peindre ; et si c’est ignorer l’art que de vouloir faire adopter en France toutes les incohérences des tragiques anglais et allemands, il faut être insensible au génie de l’éloquence, il faut être à jamais privé du talent d’émouvoir fortement les âmes, pour ne pas admirer ce qu’il y a de passionné dans les affections, ce qu’il y a de profond dans les pensées que ces habitants du Nord savent éprouver et transmettre. […] Voltaire aurait désavoué, je crois, cette phrase du Mercure, qui paraîtra dénuée de vérité à tous les Anglais, comme à tous ceux qui ont étudié la littérature anglaise : « On serait étonné de voir que la renommée de Shakespeare ne s’est si fort accrue, en Angleterre même, que depuis les Éloges de Voltaire. » Addison, Dryden, les auteurs les plus célèbres de la littérature anglaise, ont vanté Shakespeare avec enthousiasme, longtemps avant que Voltaire en eût parlé.
Il a les dentelures et les arabesques brillantes de la gelée sur les vitres, mais la chaleur ne lui vient et il ne la donne aux autres que par la sensation du froid… Horace Walpole a la froideur de l’Anglais et de la plaisanterie anglaise, et il en a encore une autre bien supérieure à celle-là : il a la froide plaisanterie du dandy. […] Walpole, l’humoriste anglais, n’a rien de ce fantaisiste éblouissant, incroyablement belge et autrichien, mais bohème et hongrois plutôt, ce brillant hussard de la correspondance, aux fleurs roses de la gaieté la plus charmante qui ait jamais fleuri un kolback ! […] Il est trop anglais pour être gai, même quand il rit, même quand il dit avec mélancolie : « Je veux mourir le jour où je ne trouverai plus quelqu’un pour rire avec moi. » Car on ne rit point avec lui ; on sourit peut-être, et c’est tout ! […] « Mais je ne lui ressemble — écrivait-il — que par les rides. » Le plus grand malheur de sa vie furent ces rides-là et la goutte, une goutte anglaise comme son dandysme ! […] Il prétendait qu’il renfermait plus de craie que de muscles dans sa mince personne, et cette idée de craie, rapprochée de l’idée de sa gaieté froide et forcée, fait penser à ces clowns anglais qui s’en barbouillent et qui rient, comme par ressorts, sous ce masque blanc… « Je sais maintenant comment je finirai, — écrit-il à Lady Ossory, le 16 janvier 1785. — Comme je ne suis plus qu’une statue de craie, je m’émietterai en poussière.
La traduction anglaise, qui a pour auteur M. […] Quelle fut la première poétesse anglaise ? […] Il connaît l’Inde mieux que ne la connaît aucun Anglais vivant et sait l’hindoustani mieux que ne devrait le savoir un écrivain anglais. […] Wyke Bayliss, en ses bons moments, écrit fort bien l’anglais. […] Car l’anglais l’a introduit ici, et l’Irlandais… l’y a maintenu.
Oui, qu’il étudie la littérature anglaise, la civilisation italienne, quelques écrivains français contemporains, la société parisienne ou la révolution, son souci constant est d’appliquer et de vérifier une certaine méthode. […] Taine ne vécut que pour saisir la cause ordonnatrice dans la multitude des faits que nous classons sous les noms de littérature anglaise, civilisation italienne, Révolution française, etc., etc. […] Et quand il nous promena ensuite dans l’histoire de la pensée anglaise, dans les musées italiens, dans la vie privée de Thomas Graindorge, etc., etc., c’était moins encore pour nous renseigner sur tous ces instants de la civilisation que pour nous enseigner à analyser. […] Sur un point seulement, il nous inquiète, et quelque jour nous nous en expliquerons : c’est qu’après avoir, pendant des années, jugé les hommes au point de vue esthétique (éloge des tyrans de la Renaissance, des brutes anglaises, etc.), il en arriva, sur le tard, à ne plus guère se préoccuper que du point de vue moral.
Elle aimait l’Angleterre et les Anglais ; elle causait bien politique, et ce fut une des femmes du xviiie siècle qui, les premières, surent manier en conversant cet ordre d’idées et de discussions à la Montesquieu. […] Le diplomate anglais Dutens la vit, à son arrivée à Paris, en mai 1762, et dînant avec elle chez M. […] Au milieu de toutes leurs prévenances pour leurs nouveaux hôtes (car elle avait quelques amis de France avec elle), les Anglais faisaient leurs observations sur ce qu’on appelait la légèreté, la vivacité française, et ils ne la trouvaient pas tout à fait à la hauteur de sa réputation. […] Cette Anglaise ne reçoit aucune compagnie. […] Il s’agissait de la traduction d’un ouvrage anglais dont, par malheur, Dutens n‘a pu nous dire le titre ; sans quoi Ion arriverait à savoir le nom de ce moine si digne d’intérêt et si reconnaissant.
[Préface] Quand parut la première édition de cet ouvrage, la psychologie anglaise contemporaine était à peu près inconnue en France. […] Les Anglais, meilleurs juges que nous sur ce point, n’ont pas trouvé l’ouvrage indigne d’être traduit et ils n’y ont relevé que quelques erreurs de détail qui ont été soigneusement corrigées. […] Elle diffère donc de la première édition française et de la traduction anglaise.
Ainsi, pour n’en donner qu’un exemple, que je pourrais accompagner de beaucoup d’autres, l’écrivain anglais compare quelque part les découragements de Nelson au commencement d’une carrière à laquelle il faillit renoncer « aux sécheresses de ces mystiques qui finissent par être des saints » ; et cette comparaison qui veut être une idée, je la retrouve littéralement dans M. […] Les Anglais ont fait une renommée à sa Vie de Nelson parce que c’était la Vie de Nelson. […] Oui, puisque cette histoire, trop anglaise peut-être pour un Français, — car elle nous fait saigner le cœur de tant de gloire contre nous, — tentait une intelligence assez ferme, assez enveloppée du triple airain pour la raconter, il y avait à la faire très grande, cette histoire, qui vous laisse petit, si vous n’êtes pas aussi grand qu’elle. […] Il y avait enfin à donner cette noble leçon à l’Angleterre, de l’impartialité de la France dans le jugement des grands hommes anglais, et à payer la basse Histoire de Bonaparte, par Walter Scott, avec une histoire magnanime de Nelson ! […] Cœur tendre dans un pauvre corps avorté, il pouvait à peine se traîner sur la terre, et il alla à la mer, comme disent les Anglais, et jamais pied plus solide ne la foula, quand il fut dessus.
Ainsi, pour n’en donner qu’un exemple, que je pourrais accompagner de beaucoup d’autres, l’écrivain anglais compare quelque part les découragements de Nelson, au commencement d’une carrière à laquelle il faillit renoncer, « aux sécheresses de ces mystiques qui finissent par être des saints » ; et cette comparaison, qui veut être une idée, je la retrouve littéralement dans M. […] Les Anglais ont fait une renommée à sa Vie de Nelson parce que c’était la Vie de Nelson. […] puisque cette histoire, trop anglaise peut-être pour un Français, — car elle nous fait saigner le cœur de tant de gloire contre nous, — tentait une intelligence assez ferme, assez enveloppée du triple airain pour la raconter, il y avait à la faire très grande, cette histoire, qui vous laisse petit si vous n’êtes pas aussi grand qu’elle. […] Il y avait, enfin, à donner cette noble leçon à l’Angleterre de l’impartialité de la France dans le jugement des grands hommes anglais, et à payer la basse Histoire de Bonaparte, par Walter Scott, avec une histoire magnanime de Nelson ! […] Cœur tendre dans un pauvre corps avorté, il pouvait à peine se traîner sur la terre et il alla à la mer, comme disent les Anglais, et jamais pied plus solide ne la foula, quand il fut dessus.
le régiment rouge des gardes anglaises, couché derrière les haies, se leva, une nuée de mitraille cribla le drapeau tricolore frissonnant autour de nos aigles, tous se ruèrent, et le suprême carnage commença. » Tout de suite après la vision de la bataille, c’est la vision de l’enfant qui se lève, touchante, familière, naïve. […] Nos voisins les Anglais me paraissent posséder une littérature populaire plus abondante que la nôtre et plus saine, et, de même, les Russes. Pour m’en tenir aux Anglais, il est remarquable que leurs romanciers, à la différence des écrivains français, ne s’attachent pas, en général, à l’étude d’un cas de psychologie passionnelle, d’un scrupule, d’un doute, d’une situation intéressante sans doute, mais exceptionnelle, soit en elle-même, soit par la qualité des personnages qu’elle met en scène. […] Ils peuvent tracer un tableau fidèle de la vie anglaise, sous toutes les latitudes, de l’équateur aux pôles, sans risquer de dérouter complètement le lecteur, parce qu’un élément du moins ne variera pas, parce que les mœurs anglaises, le home anglais, le thé anglais, le corsage clair et le chapeau canotier des Anglaises, l’amour des sports, l’endurance, la hauteur d’âme et d’humeur de l’Anglais se ressemblent, au cap de Bonne-Espérance, aux frontières de l’Inde et dans le dominion du Canada. […] Et ainsi le roman anglais est un roman plus que le nôtre près du peuple, plus conforme au cours même de la vie et mieux en harmonie avec l’esprit des simples.
Ils établirent définitivement la renommée du « Mangeur d’opium anglais ». […] Ruskin, parmi les plus parfaits poètes de la prose anglaise. […] J’ai connu des Anglais qui, à force de vivre éloignés de leur pays, avaient cessé d’être Anglais ; mais à travers toutes les éducations, sous tous les cieux, les Slaves conservent intact le tempérament de leur race. […] Les Anglais trouvent plus commode de lui envoyer de l’argent, et les roubles arrivent toujours. […] Ces quelques pages ont été écrites au lendemain de la mort du grand poète anglais.
V Shelley et Byron (Trelawney) ; Lord Byron et la société anglaise [V-X]. […] C’est du style parfaitement littéraire, d’un mérite fort mince, il est vrai, mais après tout un de ces styles convenables, corrects, comme il s’en confectionne beaucoup à Londres, et qui se ressemblent tous les uns aux autres, comme toutes les vignettes anglaises et toutes les écritures anglaises se ressemblent. […] L’auteur des Recollections, qui a ramassé des atomes pour en faire des pierres de fronde contre le géant de la poésie anglaise, n’a rien compris à l’âme magnanime de Byron. […] Nisard oppose et dédouble lord Byron et la société anglaise. […] Noble douleur, anglaise et chrétienne, dont il a fini par mourir (Voir dans les Recollections la lettre à sa sœur que la mort a interrompue, comme les stances d’André Chénier).
Dans le séjour qu’il fit à Lausanne, jeune, de seize à vingt et un ans, il s’apprit tout à fait à penser en français, à ce point que les lettres en anglais qu’il écrivait pendant ce temps sont de quelqu’un qui ne sait plus bien sa langue. […] Il y a un moment où, dans les dangers de la guerre de Sept Ans, il est redevenu Anglais à la voix de Pitt ; il s’est fait capitaine de milice et a paru animé d’un éclair d’enthousiasme patriotique. […] Il trouve assez peu de facilité d’abord pour entrer dans la société anglaise, moins ouverte et moins prévenante que celle de Suisse ou que celle de France. […] D’ailleurs aucun Anglais n’était moins disposé que lui, même dans la solitude de sa jeunesse, à l’ennui, au vague du cœur et au spleen. […] L’obligation principale qu’il eut à la milice fut de se mêler aux hommes, de les mieux connaître en général et ses compatriotes en particulier ; ce fut de redevenir un Anglais (ce qu’il n’était plus), et d’y apprendre ce que c’est qu’un soldat.
Corinne, entre autres caractères, a celui d’être un roman international : l’Anglais, l’Italien, le Français y sont définis en formules un peu sèches, dont la réalisation actuelle a quelque chose d’abstrait et mécanique. […] Elle a débuté par adorer la monarchie anglaise : Benjamin Constant la convertit à la République des États-Unis. […] Elle se restreint trop exclusivement aux considérations politiques : elle s’obstine à ne voir que des constitutions ; tout ira bien, si l’on a la constitution anglaise, puis la constitution américaine, puis de nouveau la constitution anglaise. […] Avec sa lucide intelligence, elle parle des Anglais et des Allemands comme personne encore n’en avait parlé chez nous ; elle laisse à leurs œuvres la coupe et l’aspect étrangers. […] Elle accueille d’abord la Révolution avec joie et avec foi ; son salon est le lieu de réunion des amis de la constitution anglaise, Mounier, Malouet, Clermont-Tonnerre, Montmorency ; mais, en sept. 1792, elle est forcée de se réfugier à Coppet, au bord du lac de Genève.
Cela le met à part d’Alfred de Vigny, poète anglais en langue française, qui avait la beauté anglaise, l’originalité anglaise, la pureté et même la pruderie anglaises ; qui, comme les grands Anglais, ne relevait que de la Bible et de lui-même, et qui avait le dédain anglais pour cette société démocratique qu’est devenue l’ancienne société française.
Qu’est-ce que les Anglais appellent un grand scholar, un lettré par excellence ? […] Canning, le Chateaubriand anglais, à la cause des rois coalisés contre l’Espagne. […] Canning étaient liés par les goûts littéraires communs que le premier ministre anglais avait conservés de son premier métier de journaliste. […] Je n’oublierai de longtemps ce repas offert par une Anglaise à un Français sur un pic du Liban. […] « Bien d’autres Anglais, passagers en Syrie, m’ont obsédée de leurs persécutions.
Ces Lundis sont une incohérente collection d’âmes individuelles : Sainte-Beuve ne s’emprisonne pas dans la littérature ; il suffit qu’un homme ou une femme ait écrit quelques lettres, quelques lignes, pour lui appartenir : le général Joubert aussi bien que Gœthe, et Marie Stuart avec Mlle de Scudéry ; généraux, ministres, gens de lettres et gens du monde, français, anglais, allemands, toutes sortes d’individus l’arrêtent ; il extrait de leurs accidents biographiques toutes les particularités psychologiques et physiologiques qui les définissent en leur unique caractère. […] Je n’ai pas à discuter ni même à exposer la valeur philosophique de ce système original, où Taine, utilisant et dépassant certaines théories de Condillac et des philosophes anglais contemporains, Stuart Mill, Bain, Spencer, réduisait l’esprit à être « un flux et un faisceau de sensations et d’impulsions, qui, vus par une autre face, sont aussi un flux et un faisceau de vibrations nerveuses859», faisait de la faculté d’abstraction l’unique faculté qui distingue l’intelligence humaine de l’intelligence des animaux, et engendrait toutes les idées, l’idée même du moi, par une série d’opérations d’abstraction. […] l’Essai sur Tite-Live (1856), mais surtout l’Histoire de la littérature anglaise (1863) et les études sur la Philosophie de l’art (1865-1860), voilà les maîtresses pièces de la critique de Taine. […] « Il n’y a ici comme partout qu’un problème de mécanique : l’effet total est un composé déterminé tout entier par la grandeur et la direction des forces qui le produisent866. » Ainsi, la littérature anglaise est le produit de la race anglaise, sous tel climat, dans telles circonstances historiques, telles croyances religieuses : Shakespeare, Milton, Tennyson, sont des « résultantes », qui représentent diverses forces appliquées en divers points. […] Préface de la Littérature anglaise.
Le roi anglais siégeait à Paris ; le Dauphin français se maintenait à grand-peine sur la Loire. […] La voix ne cessait de répéter à la jeune fille qu’il lui fallait aller à tout prix en France ; elle le lui redit surtout à dater du jour où les Anglais eurent mis le siège devant Orléans, ce siège dont l’issue tenait alors en suspens tous les cœurs. […] Mais il faut convenir qu’elle tenait moins au sang des Bourguignons et des Anglais. […] S’attaquant d’abord à la bastille de Saint-Loup, où étaient environ trois cents Anglais (d’autres disent cent cinquante), elle va planter l’étendard au bord des fossés. […] À quoi elle répondait que, pour tout sortilège, elle disait aux siens : « Entrez hardiment parmi les Anglais !
l’idéal anglais de la justice me paraît préférable au nôtre, et surtout plus facile à réaliser. […] L’extréme Orient. — Nos alliés les Anglais. — Le comte de Boursoufle. […] Janin a-t-il fort mal pris la chose, et s’est-il bien vengé de ces coquins d’Anglais qui se sont laissé piller. […] Dans tout cela l’État n’est pour rien ; c’est toujours avec un soin jaloux que l’Anglais écarte son intervention. […] Il faut absolument, pour qu’un Italien écrive en anglais, qu’il pense en anglais ; à vrai dire, du reste, il faut en arriver là dans toutes les langues, avant de pouvoir dire qu’on les possède réellement.
Enfin en divers endroits (1er chap. de l’Histoire de la littérature anglaise, Essai sur La Fontaine), M. […] Ainsi, il y eut parmi les écrivains latins, des Grecs, des Italiotes, des Carthaginois, des Espagnols ; il y a parmi nos peintres contemporains, des Italiens, des Belges, des Allemands, des Américains, des Anglais ; ainsi notre littérature doit autant aux Celtes de Bretagne qu’aux Romains de la Provence. […] Que les âmes anglaises eussent été plus frivoles, Bunyan aurait probablement persisté à écrire son livre, muet alors et stérile et qui eût été rejoindre la masse des œuvres mort-nées. […] Ils signifient et représentent une évolution de l’âme française ou anglaise, non parce qu’ils la suivent, mais parce qu’ils la précédent et la constituent, en la résumant, non comme exemplaires et spécimens, mais comme types. […] Cette formule est empruntée à Taine, aux dernières lignes de la préface à L’Histoire de la littérature anglaise (op. cit.
Les livres traduits de l’anglais l’intéressaient particulièrement ; à propos des Discours sur Tacite, de Thomas Gordon : « Avec quelles délices, s’écrie-t-il, on lit ces raisonnements forts et fortement exprimés des Anglais, quand on aime la politique comme je fais depuis longtemps ! » Il se demande pourquoi ces livres traduits de l’anglais ont tant d’attrait pour lui ; il s’aperçoit bien de ce qui y manque pour l’ordre, pour la méthode, et combien « à décliner les choses par les règles » les écrivains français paraissent supérieurs ; il sent le besoin de s’expliquer cette action si réelle sur les esprits sérieux : C’est qu’ils raisonnent avec grande force, dit-il, et qu’il n’y a jamais de lieux communs comme dans nos auteurs, même comme dans ceux des nôtres qui raisonnent le plus à l’anglaise. La Bruyère seul découvre et raisonne à neuf… Ce qui caractérise les écrivains anglais, et toute cette nation si approfondissante, si réfléchissante, c’est un grand sens en tout. […] Parlant du roman de Tom Jones que tout le monde lisait alors, et qu’il goûte singulièrement (février 1750) : Qui nous aurait dit, il y a quatre-vingts ans, que les Anglais auraient fait des romans et nous auraient surpassés ? […] [NdA] Une fois cependant les goûts de race et d’antique noblesse semblent lui revenir, et il écrit vers la date de 1750, sous ce titre : Gradation pour vivre noblement : J’aimerais à l’imitation des Anglais, à vivre ainsi graduellement en ces différents postes : À la ville ne vivre qu’en bourgeois aisé ; petite maison bourgeoise, mais commode, et d’une grande propreté au dedans ; chère bonne et propre ; quelques amis seulement le fréquentant.
Il y servait sous le général Reynier : il se trouvait à la malencontreuse bataille de Sainte-Euphémie, livrée avec imprudence aux Anglais à peine débarqués, et qu’on ne mit pas une demi-heure à perdre (4 juillet 1806). Franceschi, par une charge vigoureuse exécutée à temps, refoula une colonne anglaise qui prenait l’offensive, et fit que la retraite put s’opérer du moins avec plus d’ordre. […] Le général Moore était en retraite : La Romana protégeait à Mansilla, en avant de Léon, la marche des Anglais. […] Faite prisonnière des Anglais à la retraite de Porto, où son cheval fut blessé, elle demanda à être conduite à Wellington, qui lui offrit de suivre l’armée anglaise jusqu’à ce qu’elle pût rejoindre le régiment de son colonel. […] « Plusieurs officiers non moins heureux qu’intrépides avaient réussi à traverser la ligne anglaise pour donner avis de ce qui se passait soit dans Gênes, soit à l’armée.
L’observateur en lui fut saisi par la vue de la nature anglaise, si particulière, si forte, si crûment grossière, si finement élégante là où elle l’est. […] Qu’on voie, dans les Anglais chez eux, ce groupe effrayant, Misere et ses petits, et cette autre planche intitulée Convoitise ! […] Malgré le grand nombre de dessins envoyés par lui à l’Illustration et la série des Anglais chez eux, on ne connaît que très imparfaitement en France cette branche exotique de l’œuvre de Gavarni. Ce qu’on peut dire, c’est qu’il est entré d’emblée et à fond dans la nature anglaise, dans toutes les formes de cette misère horrible et aussi de cette grâce singulière. […] Il y a dans ces invalides quelques Anglais tels que Childe-Harold ou Oswald : ils sont et restent bien Anglais de type jusque dans leur décadence.
Mais, si on allait plus avant, si on parlait de ces similitudes extérieures, les unes nécessaires et dans l’essence de toute Révolution analogue, les autres purement capricieuses et accidentelles, pour arriver à des conséquences logiques et pour conclure politiquement de la situation anglaise en 1688 à la situation française en 1830, on se méprendrait fort ; on embrouillerait le point de vue actuel, qui est d’une clarté admirable ; et comme cette confusion et cette méprise sont assez ordinaires depuis quelques jours, nous croyons utile de prémunir là-dessus certains esprits amoureux de ressemblances. […] La religion, sans doute, a joué un rôle dans la Révolution française, de même que la liberté politique n’a nullement été désertée par les divers sectaires de la Révolution anglaise. […] Quand, à force de folies et de crimes, les Stuarts et leurs conseillers eurent réuni contre eux, dans une haine commune, anglicans, presbytériens et puritains, les grands seigneurs anglais comprirent qu’il était temps d’agir, et entrèrent en pourparlers avec Guillaume. […] Par sa base historique, le système anglais appliqué à la France est ruineux, puisqu’il repose sur des similitudes superficielles.
Par suite d’un semblable procédé de sélection et par une éducation soigneuse, la totalité des Chevaux de course anglais sont arrivés à surpasser en légèreté et en taille les Chevaux arabes dont ils descendent ; si bien que ces derniers, d’après les règlements des courses de Goodwood, sont chargés d’un moindre poids que les coureurs anglais. Lord Spencer et d’autres ont démontré que le bétail anglais a augmenté en poids et en précocité, relativement à celui que produisait anciennement le pays. […] La troisième édition anglaise ajoutait ici : « Sous ce point de vue, les récentes expériences de M. […] Ils manquent à la troisième édition anglaise, mais ont été insérés que dans la deuxième édition allemande. […] On croit que le Chien d’arrêt espagnol (Spanish Pointer) est la souche du Chien d’arrêt anglais actuel (English Pointer).
Les Anglais et les Allemands sont de mon sentiment, et cela ne prouve pas qu’il est mauvais : les Français sont d’un autre avis, et cela ne prouve point que le leur soit bon. […] C’est le chaos des pièces anglaises, mais il en part quelquefois les mêmes éclairs, les mêmes mouvements de sensibilité, qui valent bien l’alignement méthodique de toutes les périodes du jour. […] Ce sont ces Lettres de William Coxe, traduites de l’anglais et augmentées par le traducteur (1781), qui attirèrent vivement l’attention des curieux et qui commencèrent la réputation du jeune Ramond. […] Ramond s’est permis d’ajouter aux descriptions du voyageur anglais forme plus d’un tiers de l’ouvrage, et n’en est sûrement pas la partie la moins intéressante. » Coxe avait voyagé en homme riche et qui s’arrête a mi-côte ; Ramond, svelte, allègre et dispos, en piéton et en homme dont ces sortes de fatigues font le bonheur. […] [NdA] Coxe et lui furent les premiers guides des voyageurs en Suisse en ces années : Ceux-ci parcouraient à l’envi, nous dit Ramond, les routes que nous avions frayées, mais n’en frayaient guère d’autres ; et les lieux ignorés dont j’avais révélé le secret devenaient peu à peu une promenade publique où les Anglais rencontraient des Anglais, les Français des Français, et personne les Suisses.
Dans l’histoire de ce talent, on verra l’histoire de l’esprit anglais classique, sa structure, ses lacunes et ses puissances, sa formation et son développement. […] Le Menteur, quoique bien traduit et bien joué, a paru plat aux Anglais et fort au-dessous des caractères de Fletcher et de Ben Jonson. […] Pour un Anglais elle ressemble à un chant, et le transporte à l’instant dans un monde idéal ou féerique. […] On disait que le Virgile anglais allait donner le Virgile latin à l’Angleterre. […] Mais d’autres traits non moins anglais le soutiennent.
Et Garat, dans ses Mémoires sur la vie de Suard, a montré Montesquieu dans son domaine de La Brède, « parmi les pelouses, les fontaines et les forêts dessinées à l’anglaise, courant du matin au soir, un bonnet de coton blanc sur la tête, un long échalas de vigne sur l’épaule : ceux qui venaient lui présenter les hommages de l’Europe lui demandèrent plus d’une fois, en le tutoyant comme un vigneron, si c’était là le château de Montesquieu ». […] Un jeune Anglais de distinction, lord Charlemont, se trouvant à Bordeaux en compagnie d’un de ses amis, fut invité par Montesquieu à l’aller voir à La Brède, et dans son journal de voyage il a rendu compte de cette visite en ces termes : Le premier rendez-vous d’une maîtresse chérie ne nous aurait pas tenus plus éveillés toute la nuit que ne fit cette flatteuse invitation ; et le lendemain matin nous nous mîmes en route de si bonne heure, que nous arrivâmes à sa campagne avant qu’il fût levé. […] Nous n’étions pas revenus de notre surprise, elle augmenta encore lorsque nous vîmes entrer le président, dont l’aspect et les manières étaient tout à fait opposés à l’idée que nous nous étions faite de lui : au lieu d’un grave et austère philosophe dont la présence aurait pu intimider des enfants comme nous étions, la personne qui s’adressait à nous était un Français gai, poli, plein de vivacité, qui, après mille agréables compliments et mille remerciements pour l’honneur que nous lui faisions, désira savoir si nous ne voudrions pas déjeuner ; et comme nous nous excusions (car nous avions déjà mangé en route) : « Venez donc, nous dit-il, promenons-nous ; il fait une belle journée, et je désire vous montrer comme j’ai tâché de pratiquer ici le goût de votre pays et d’arranger mon habitation à l’anglaise. » Nous le suivîmes, et, du côté de la ferme, nous arrivâmes bientôt à la lisière d’un beau bois coupé en allées, clos de palissades, et dont l’entrée était fermée d’une barrière mobile d’environ trois pieds de haut, attachée avec un cadenas : « Venez, dit-il après avoir cherché dans sa poche ; ce n’est pas la peine d’attendre la clef ; vous pouvez, j’en suis sûr, sauter aussi bien que moi, et ce n’est pas cette barrière qui me gêne. » Ainsi disant, il courut à la barrière et sauta par-dessus le plus lestement du monde.
Il sait l’anglais aussi bien qu’un Anglais, et certainement mieux que vous tous réunis, mais naturellement, il ne peut pas le prononcer… tout à fait bien. […] Version originale en anglais « Notes on England. […] Traduit de l’anglais par Jean-Marc van Bever. […] Version originale en anglais « My visit to London » dans le texte source [NdE-Obvil]. Traduit en anglais par Arthur Symons.
Et les signaler d’autant plus que, ces faits, les Anglais ont déjà commencé de les reconnaître avec une bonne foi plus forte que les préjugés et une fermeté d’intelligence très digne d’une nation politique, qu’on nous permette le mot ! […] Mgr Salvado aurait pu ajouter aux paroles si sensées et si courageuses du docteur, ce passage des Monthly Records, plus courageux et plus explicite encore : « S’il est un fait incontestable, — disent les Monthly Records, — qui nous humilie et qui nous afflige, c’est que là où nous, anglicans, nous agissons timidement, dans nos possessions australiennes, l’Église de Rome est activement à l’œuvre avec un zèle et une sagesse que nous ferions bien d’imiter… Ses évêques sont partout où il y a des âmes à conquérir et à changer… Une maîtresse pensée (master mind) anime et dirige leurs travaux… Quand un seul membre de notre clergé poursuit solitairement une tâche accablante, sans être assisté des conseils de ses supérieurs, l’Église de Rome ne cesse d’apparaître avec tous ses moyens d’action au grand complet… » Certainement, jamais le sentiment de ce qui manque à sa patrie n’a inspiré à un anglais plus de noble jalousie et de justice, et il n’y aurait qu’à admirer, si, en sa qualité d’anglican, l’écrivain auquel on applaudit ne provoquait pas le sourire en nous parlant des moyens d’action au grand complet de cette Église romaine dont il faut bien compliquer le génie pour en comprendre la puissance, quand on ne croit plus à sa divine autorité ! […] Si jamais elle avait été là, l’écrivain anglais auquel nous répondons aurait eu certainement raison d’écrire « qu’il fallait que l’Église anglicane imitât l’Église romaine ». […] Un livre probe, savant et complet dans sa concision sévère, manquait absolument sur la nouvelle partie du monde découverte, il n’y a pas un siècle, par les navigateurs anglais. […] Mgr Salvado n’a pas été seulement le charmant et naïf Hérodote chrétien de sa mission apostolique ; il n’a pas seulement tracé l’histoire de la colonie anglaise à travers laquelle il a passé ; mais il nous a donné l’histoire, plus difficile à connaître, de cette curieuse race indigène avec laquelle il a vécu.
Ainsi, tel artiste allemand ou anglais est plus ou moins propre au comique absolu, et en même temps il est plus ou moins idéalisateur. […] Je garderai longtemps le souvenir de la première pantomime anglaise que j’aie vu jouer. […] Ils étaient Anglais, c’est là l’important. […] Pourquoi la guillotine au lieu de la pendaison, en pays anglais ? […] Aussi, avec le talent spécial des acteurs anglais pour l’hyperbole, toutes ces monstrueuses farces prenaient-elles une réalité singulièrement saisissante.
Voyez-le dans cet intéressant entretien qu’il a avec l’écuyer anglais, Henri Crystède, pendant un de ses derniers voyages en Angleterre. […] Cette nuit, les Anglais se logèrent dans un lieu assez fort, entre haies, vignes et buissons. […] Quatre chevaliers envoyés pour reconnaître l’ordre et le plan des Anglais le viennent redire au roi Jean, qui, « monté sur un grand blanc coursier », exhalait son ardeur et n’épargnait pas les paroles pour piquer les siens : « Entre vous, disait-il, quand vous êtes à Paris, à Chartres, à Rouen ou à Orléans, vous menacez les Anglais et vous vous souhaitez le bassinet en la tête devant eux : or, y êtes-vous ; je vous les montre… » Et ses barons lui répondaient par des cris de joie et d’espérance. […] Mais au même instant, le chevalier, tout grand et robuste qu’il est, a fort à faire pour défendre sa noble capture ; car, Anglais et Gascons, c’est à qui se ruera à l’entour du roi en criant à tue-tête : « Je l’ai pris ! […] De même que messire Jacques d’Audelée est celui qui est proclamé avoir le mieux fait du côté des Anglais, de même le roi Jean est salué le premier en cette journée du côté des Français.
Caractères propres du roman anglais. — En quoi il diffère des autres. […] — Son tempérament. — Ses principes. — L’épouse anglaise. — Clarisse Harlowe. […] — L’ecclésiastique anglais. […] Combien anglais ! […] La vertu protestante et anglaise n’a point formé un modèle plus éprouvé et plus aimable.
C’est à l’Angleterre seule de se féliciter du démembrement de l’empire ottoman par Méhémet-Ali, ou de la promenade monarchique du roi de Piémont en Italie pour y lever une armée de quatre cent mille hommes concentrés dans la main d’un client obligé des Anglais. […] Demandez-lui si elle reconnaît le principe des nationalités sur ce rocher moitié arabe, moitié italien et tout catholique de Malte, où elle règne à la portée de ses canons sur la Méditerranée, et où elle a usurpé des ports tout creusés par des puissances catholiques, pour en faire des ports et des arsenaux protestants plus anglais que Portsmouth. […] Demandez-lui si elle reconnaît le principe de nationalité à Canton, à Shang-haï en Chine, où elle enclave des comptoirs anglais dans des garnisons britanniques ; où elle proclame, au lieu du droit public des nations, le droit d’empoisonner les peuples de la Chine, avec impunité et privilège, au moyen de cet opium qui leur donne l’ivresse, la stupidité, la mort, et qui enrichit les Anglais du salaire de cet empoisonnement national. […] La seule alliance possible de l’usurpation de famille en France était l’alliance anglaise. Le roi de la branche cadette des Bourbons n’avait pas le choix : il fallait être Anglais ou être seul.
Employé ensuite à la réforme des statuts anglais et à la confection d’un code unique, puis gouverneur de la Virginie, député de nouveau au Congrès, de là, ministre plénipotentiaire en France à l’origine de notre Révolution, rappelé et nommé par le président Washington secrétaire d’État du nouveau Cabinet, vice-président et ferme à son poste d’opposition à la tête du sénat sous la présidence de John Adams, président enfin lui-même de 1800 à 1808, il remit alors par un bienfait signalé le gouvernement de son pays dans les voies sincèrement démocratiques d’où Washington, vers les derniers temps, l’avait laissé dévier, et d’où John Adams, si respectable d’ailleurs, l’avait de plus en plus éloigné à dessein. […] Le colonel Hamilton soutenait ouvertement l’excellence de la constitution anglaise, sans en rien rabattre, et travaillait en même temps à la complication d’un système financier artificiel. […] Nous avons contre nous le pouvoir exécutif, la judicature, deux des trois branches de la législature, tous ceux qui ont des places dans le gouvernement et ceux qui en désirent, tous les gens timides qui préfèrent le calme du despotisme aux orages de la liberté, les marchands anglais et les Américains qui commercent avec des capitaux anglais, les agioteurs et tous les hommes intéressés dans les banques ou dans les fonds publics, invention imaginée dans des vues de corruption et pour nous assimiler en tout point, aussi bien aux parties gangrenées qu’aux portions saines du modèle anglais.
Pour cette raison, sans nul doute, la littérature anglaise, plus qu’aucune autre littérature, abonde en biographies, en vies historiques précises, tranchées, prises plus profond et plus fin que l’histoire même. […] … Clément est un de ces biographes à la manière anglaise, ayant pour qualité dominante cette recherche du détail et du point juste où les choses commencent et où elles finissent qui donne à un livre historique la clarté souveraine qu’aucun nuage de métaphysique, aucune audace de théorie, ne pourront désormais troubler. […] Quand la France aura un Shakespeare, nous saurons alors les affres de ce temps… On sortait des guerres civiles d’Armagnac contre Bourgogne, de la folie de Charles VI, des déportements d’Isabeau, mais on était entré dans une période non moins funeste : la guerre étrangère, l’invasion par les Anglais, et tous ces désastres et toutes ces incomparables misères invétérées depuis tant d’années, et qui allaient durer trente ans encore, « Quand le roi Charles VII commença la guerre pour son droit, — nous dit un vieux historien avec une expression tragique, — il y avait soixante-dix ans que la France était dans le sang et dans la misère… Il n’y avait de toutes parts que déchirements, confusions, frayeurs, solitude… Le paysan, dénué de chair et de graisse, n’avait que les os… encore étaient-ils foulés ! Les bêtes errant dans les campagnes, entendant le tocsin, prenaient la fuite et gagnaient d’elles-mêmes leurs retraites… » Ce fut le temps des Retondeurs et des Écorcheurs, plus terribles au pays que l’Anglais même… En l’an 1000, on avait cru généralement à la fin du monde, mais sous les premières années du règne de Charles VII, on aurait pu croire à la fin de la France, infailliblement perdue sans Jeanne d’Arc, et l’on peut ajouter aussi : sans Jacques Cœur. […] Jacques Cœur, en effet, avait souvent manié l’épée dans cette guerre perpétuelle de France, et combattu, avec Lahire et Xaintrailles, à l’ombre des flèches des archers anglais.
Il plaît particulièrement aux romanciers anglais. […] Or, le roman d’aventures anglais est toujours absolument sans amour. […] Il transformait en même temps le roman anglais avec George Eliot. […] Giraudoux dérouterait moins un Anglais qu’un Français. […] L’évolution du roman anglais serait un peu différente.
C’est dans cette crainte que ces messieurs ont fait siffler les acteurs anglais. […] On sait que les sifflets et les huées commencèrent avant la pièce anglaise dont il fut impossible d’entendre un mot. […] Un habitant de l’île d’Elbe s’étonne ; un espion anglais achève de s’enivrer et tombe sous la table au lieu de faire son signal. […] Les vers anglais ou italiens peuvent tout dire, et ne font pas obstacle aux beautés dramatiques. […] D’où je conclus que les d… auront beaucoup de mérite à l’avenir, et en même temps toute l’hilarité d’un lord anglais.
Que chacun se regarde dans le jeune roi anglais, qui du monde était le plus vaillant des preux. […] Nous remarquerons ailleurs à quel point l’influence des troubadours se retrouve dans les premiers essais de la poésie anglaise. […] « Or, sachent bien mes hommes et mes barons anglais, normands, poitevins et gascons, que je n’ai si pauvre compagnon que je voulusse pour argent laisser en prison. […] La procédure anglaise est remplie de termes du vieux français. […] Voyez les poëtes anglais de la fin du treizième siècle ; ils sont Français par le caractère des inventions et des formes.
Ainsi l’examen de leur œuvre et de leur vie nous apprend que Marivaux, Montesquieu, Voltaire, Diderot, Rousseau, Ducis ont tous aimé, admiré, reproduit certains écrivains anglais : nous voici autorisés à déclarer que l’Angleterre a exercé sur la France une forte influence intellectuelle au cours du xviiie siècle, et avec un peu d’attention, il est aisé de marquer dans quels domaines, entre quelles dates, en quel sens elle a agi. […] Dans la seconde moitié du siècle dernier renaissent en France des goûts qu’on n’y connaissait plus ; on s’y éprend à la fois des voyages, de l’agriculture, des idylles, des jardins anglais, des romans champêtres, des sites sauvages qualifiés de « romantiques », des tableaux représentant la vie du village : choses d’ordre différent, mais qui se ressemblent et qu’on peut réunir sous une seule formule en disant : la France revient à la nature extérieure. […] Mais il remarque que les écrivains anglais et un écrivain suisse, Rousseau, sont parmi les préférés du moment. […] Il voit que les œuvres de Rousseau, qui sont les premières à prêcher en langue française l’amour des champs, paraissent de 1750 à 1760 ; il constate que les Anglais, Thomson, par exemple, ont exprimé les mêmes sentiments plus de vingt ans auparavant.
Il n’est pas un Anglais, un Suisse, un Allemand, Qui n’éprouve à leurs noms un saint frémissement. […] Corneille, que soutient une vieille énergie, S’il n’était inégal n’aurait point de génie ; Et Molière lui-même eût été réformé, Si le Welche et l’Anglais ne l’avaient estimé. […] Lachaussée, auprès d’eux, était un vrai farceur ; Et, si le goût anglais envahit notre scène, Nous irons quelque jour rire avec Melpomène. […] Mais si parmi les Goths, les Pictes, les Teutons, Nos rimeurs aujourd’hui vont prendre des leçons, Que nos historiens n’en suivent point la trace, Et des Anglais surtout n’imitent point l’audace.
Ayez du goût comme des Anglais, de l’esprit comme des Allemands ; c’est le seul moyen qui vous reste de cueillir encore des couronnes. […] Ce qu’il y a de plus difficile à expliquer, c’est la bonne contenance des dames anglaises aux pièces du grand poète. […] Félicitons-nous de ce que nos vieux mystères, ni les tragédies de Jodelle, même de Mairet et de Rotrou, n’ont rien offert de comparable aux conceptions originales du poète anglais. […] Il faudra donc que Jeanne d’Arc soit brûlée après que les Anglais l’auront prise, que l’amiral Coligny tombe sous le fer des assassins, quand Médicis et les Guise l’auront ordonné : le poète a pu disposer de presque tous les faits antérieurs. […] Ce qu’il faut admirer dans le poète anglais, c’est qu’il a su peindre l’amour aussi fortement que la déraison ; les confondre, pour ainsi dire, en une même folie, en un seul malheur, et porter, par ce hardi mélange, le pathétique à son comble.
Ces enfants de ses sœurs montrent bien de quelle race fortement constituée et prédestinée à l’action il était issu ; la plupart des nièces nous représentent bien cette race en tout ce qu'elle avait de non altéré et de genuine, comme disent les Anglais, la force sacrée du sang, comme diraient les Grecs, la noblesse naturelle avec de terribles instincts d’aventures. […] Dès son arrivée, et en mettant le pied sur le sol anglais, le duc de Nivernais put s’apercevoir combien la paix y était peu populaire : un aubergiste de Canterbury, pour une nuit que l’ambassadeur avait passée, lui septième, à son auberge, le rançonna en lui demandant quarante-trois guinées. […] Comprendre quelque chose au jeu de la machine, avoir la moindre idée de la constitution anglaise, impossible ! […] Le mauvais vouloir de la nation anglaise et des partis, les lenteurs et les prétentions de l’Espagne comprise dans le traité, la nouvelle de succès obtenus par les armes anglaises, la prise de La Havane, qui intervint dans le cours même de la négociation, la médiocre sincérité de quelques-uns des ministres anglais qui concouraient à la confection du traité et leur crainte de se compromettre, retardèrent de quelques semaines la signature qu’il aurait fallu enlever de prime abord. […] Dans Horace Walpole nous avons l’image de l’amateur anglais en son temps.
. — En quoi l’imagination anglaise et l’esprit de salon sont inconciliables. […] Disproportion de l’esprit anglais et des bienséances classiques. — Prior. — Gay […] Déjà son goût perçait : entre tous les poëtes anglais, son favori était Dryden, le moins inspiré et le plus classique. […] Pope n’en jouit pas ou n’en jouit guère ; il reste satirique et Anglais au milieu de ce luxe aimable importé de France. […] En somme, les Anglais, même lord Chesterfield et Horace Walpole, n’ont jamais attrapé le véritable ton des salons.
Richelieu soutint résolûment qu’il fallait exiger des Anglais et des Hollandais le nombre de vaisseaux auxiliaires auxquels ils s’étaient obligés par les nouveaux traités, vingt de Hollande, sept ou huit d’Angleterre ; il prétendait de plus faire stipuler, pour être sûr que ces vaisseaux opéreraient efficacement et n’iraient pas à l’inverse du but, qu’on aurait droit d’y mettre à bord des capitaines français, avec des équipages français, soit en totalité, soit en grande partie. […] Croire qu’il s’embarquerait dans ses grands desseins de combinaisons étrangères en laissant La Rochelle ouverte à l’Anglais et en communication avec les Cévennes mal soumises et avec le Languedoc à demi rebelle, c’était ne pas le connaître. […] Celui-ci avait promis au roi d’Angleterre de prendre les armes après que l’armée anglaise aurait fait sa descente dans l’île de Ré, et il tint parole. Ce n’est pas à moi d’essayer de faire l’histoire de ces mémorables exploits en ces passes si disputées, et de cette prise de La Rochelle, après plus d’un an de blocus et trois expéditions navales des Anglais impuissantes à la secourir. […] Elle a été attaquée par le Français et abandonnée par l’Anglais.
J’étais un peu en arrière avec cette Histoire, et avant le tome xiie dont j’ai à rendre compte, j’ai dû lire le xie , qui contient les événements de la guerre d’Espagne et de Portugal pendant la première moitié de l’année 1809, l’expédition des Anglais sur Walcheren, et, après la paix de Vienne, le divorce avec Joséphine et le mariage avec une archiduchesse, — le tout formant deux livres seulement. […] Cette expédition de Masséna en Portugal, dont le but était de rejeter les Anglais et lord Wellington hors de la péninsule et de ne laisser aucun pied de ce côtél, était la question même de la paix de l’Europe qui allait se décider à ces extrémités lointaines. […] C’est une phrase des libelles anglais. […] Masséna, par exemple, hésitait fort à s’engager dans cette expédition de Portugal ; il sentait qu’il n’avait pas assez de forces, et que les Anglais en avaient plus qu’on n’en accusait. […] On lit dans une lettre de Napoléon à Berthier, du 19 septembre 1810 : Mon cousin, faites partir demain un officier porteur d’une lettre pour le prince d’Essling, dans laquelle vous lui ferez connaître que mon intention est qu’il attaque et culbute les Anglais ; que lord Wellington n’a pas plus de 18000 hommes dont seulement 15000 d’infanterie, et le reste de cavalerie et d’artillerie ; que le général Hill n’a pas plus de 6000 hommes d’infanterie et de cavalerie ; qu’il serait ridicule que 25000 Anglais tinssent en balance 60000 Français, etc.
Il est bien remarquable, en effet, que tandis qu’en France nos plus volumineuses physiologies278 se bornent généralement à réimprimer sur ces questions quelques phrases de Condillac, les physiologistes anglais sont au courant des plus récents travaux psychologiques et y contribuent pour leur part. […] L’introduction de cet ouvrage qui a pour sujet « la Méthode en psychologie », est très sévère pour la métaphysique et pour l’emploi exclusif de cette méthode que les Anglais appellent introspective : (l’observation intérieure de Jouffroy et de l’école spiritualiste). […] En dehors des naturalistes, les tendances expérimentales se rencontrent chez plusieurs psychologues anglais contemporains, parmi lesquels nous ne citerons que MM. […] Parmi les psychologistes anglais, l’auteur auquel il doit le plus, dit-il, est Herbert Spencer, « en particulier pour l’habile analyse qu’il a donnée du raisonnement sous sa forme qualitative et quantitative. […] Au reste, les critiques anglais, et Bain à leur tête, viennent de reconnaître en lui « un psychologiste d’un ordre peu commun » ; et nous nous associons pleinement à leur jugement : « que ses traités sont des plus suggestifs que l’École de l’expérience ait publiés en Angleterre, dans ces dernières années. » Signalons encore M.
Mais l’explication donnée par l’auteur des Martyrs sur le silence et l’oubli du poète anglais me semble une très mesquine puérilité. […] Mais j’ai ajouté : s’il sait l’anglais ; or il est loin de satisfaire à cette condition inéluctable. Malgré son émigration, malgré son ambassade, il est loin de savoir l’anglais aussi bien qu’homme de France, comme il le dit dans sa préface. […] Sans doute la connaissance complète de la langue anglaise est un mérite très médiocre ; car non seulement l’anglais s’apprend plus facilement que le grec ou l’allemand, le sanscrit ou le chinois, il est d’une étude beaucoup plus rapide et beaucoup plus simple que le français ; mais, s’il n’y a aucune gloire à savoir l’anglais, il y aurait du moins quelque sagesse à ne pas se vanter d’une science absente ; et cette sagesse a manqué à M. de Chateaubriand. […] Étant donnés les héros et les fables créés par le poète anglais, le dialogue de ses pièces ne pourrait sans absurdité se proposer l’unité grecque.
Quand Dickens, Thackeray et Lytton Bulwer ne furent plus là, le premier romancier anglais fut une femme, Georges Eliot. […] Et le naturalisme anglais ? Je répète que les traditions de la littérature anglaise sont réalistes. […] Les auteurs, qui satisfont ce besoin, le public anglais les paie splendidement. […] Je sais qu’il est à la mode d’être habillé par un tailleur anglais, mais la littérature, Dieu merci !
Alphonse Daudet, à quelques-uns des romanciers anglais contemporains, à Dickens en particulier. […] Zola, c’est-à-dire d’ouvrir, et de consulter attentivement l’Histoire de la littérature anglaise de M. […] l’histoire d’un meunier qui se ruine en procès, et de sa famille dispersée par sa ruine ; comme comparses, des tenanciers besogneux, des tantes avares, des oncles niais, une fillette à la tête légère, et Tom Tulliver, le plus Anglais des jeunes Anglais que nous ayons jamais rencontré dans un roman anglais. […] C’est ici le triomphe du naturalisme anglais. […] Otez ou changez ce mot de bien-être, qui n’a pas du tout en anglais le sens étroit que nous lui donnons.
Il y aurait à faire tout un livre d’analyse et de critique sur l’ensemble des travaux psychologiques dans les deux pays ; on y pourrait rechercher qui a la meilleur part, de l’esprit anglais ou de l’esprit français, dans la constitution, l’organisation et les progrès de la science de l’homme ; qui a le plus fait pour cette science, des profondes et larges descriptions des philosophes français, ou des ingénieuses observations, des subtiles analyses des philosophes anglais. […] C’est ce que veulent dire les philosophes anglais quand ils définissent la psychologie tantôt la physique, tantôt l’histoire naturelle de l’esprit. […] Cette interprétation de la méthode des philosophes anglais ne laisse aucun doute après leurs déclarations formelles à cet égard. […] Les travaux de Bain, de Spencer, comme de tous les psychologues physiologistes de l’école anglaise, ont puissamment contribué aux progrès de cette science positive et tout expérimentale de l’homme, qui se borne à constater les rapports des phénomènes psychiques et à en déterminer les conditions. […] Philosophie de Hamilton, traduit de l’anglais par M.
Les principaux propriétaires de Saint-Domingue, le voyant si bien accueilli de plusieurs membres du Cabinet anglais, lui confièrent leurs intérêts et lui donnèrent leurs pleins pouvoirs « pour solliciter auprès du Gouvernement anglais des moyens de protection contre l’insurrection des nègres, qui était notoirement suscitée par la Convention. » Le point délicat à traiter dans cette affaire, c’était, tout en demandant et en acceptant l’appui de l’Angleterre, de ne pas abjurer sa qualité de Français et de ne pas prétendre disposer de la souveraineté de l’île : il s’agissait donc de constituer une sorte de séquestre provisoire de la colonie sous la garde du Gouvernement anglais, en réservant la question de droit et de souveraineté jusqu’au prochain traité de paix qui interviendrait entre les deux nations. Les éclaircissements que donne Malouet ont pour objet de prouver que, dans la conduite de cette affaire, il sut toujours se montrer Français sans perdre l’estime des Anglais, et qu’en s’exposant sur le moment à des calomnies inévitables, il n’a jamais démérité de ses concitoyens. […] Malouet a là-dessus un délicieux petit récit qui fait la dernière page de ses Mémoires, et qui est un jour ouvert sur ce monde le plus pur de l’émigration ; « MM. de La Tour du Pin et Gilbert de Voisins, nous dit-il, qui demandaient des passeports au ministère anglais, se virent renvoyés à l’évêque d’Arras. […] Je lui dis que ces messieurs, qui voulaient quitter Londres, avaient été aussi étonnés que moi d’apprendre dans les bureaux que son consentement était nécessaire pour cela ; que je n’imaginais pas qu’il se chargeât d’une telle responsabilité vis-à-vis des Français expatriés et même vis-à-vis du Gouvernement anglais, et que j’espérais qu’il démentirait cette imputation, qui le compromettrait si le Parlement en avait connaissance. […] Comment un homme qui a vécu si longtemps chez les Anglais, et à qui je dois supposer des relations très étendues dans ce pays, au lieu de reconnaître tous les bienfaits dont je l’ai comblé, de prendre leçon de tout ce qu’il a vu depuis trente ans, au lieu de marcher droit, se mêle-t-il de pratiques et de menées qui ne le regardent pas ?
Mère de famille, femme d’un ecclésiastique anglais, j’ose affirmer que mes principes sont purs, et jusqu’au dernier soupir j’y serai fidèle. […] Devant des Anglais, il faut être Anglais ; avec leur passion et leur bon sens, prenez leurs lisières. […] Il faut s’arrêter ; un volume n’épuiserait pas la liste des perfections que Thackeray découvre dans l’aristocratie anglaise. […] Autant les Anglais l’emportent comme moralistes et satiriques, autant les Français l’emportent comme artistes et romanciers. […] Nous voyons un héros, mais original et nouveau, Anglais par sa volonté froide, moderne par la délicatesse et la sensibilité de son cœur.
Mémoires de Mme Elliot sur la Révolution française, traduits de l’anglais par M. le comte de Baillon33 Lundi, 27 mai 1861. […] Retirée dans une maison qu’elle avait à Meudon, il ne tenait qu’à elle d’y rester, lorsque le matin du 2 septembre, elle reçut un mot d’avis d’une dame anglaise de ses amies, qui l’engageait à revenir à Paris, parce qu’elle pourrait y être fort utile à un malheureux. […] Il y a l’historiette du vieux médecin anglais, le philosophe athée, que Mme Elliott a pour compagnon de chambre dans la prison de Versailles, et quelle soigne comme un père. […] Elle avait connu en France le général Bonaparte qui la traitait avec amitié, en Écossaise plutôt qu’en Anglaise. Il y a même à ce sujet deux ou trois particularités qui seraient piquantes, mais qui n’ont d’autorité pour elles que celle de l’éditeur anglais qui a continué le récit : nous aurions besoin, pour nous y arrêter, que Mme Elliott nous l’eût dit elle-même.
Par Sir Henry Lytton Bulwer, ancien ambassadeur Traduit de l’anglais par M. […] Et comment ne serait-ce point M. de Talleyrand qui, après avoir vu de près l’Amérique, l’avoir observée si peu d’années après son déchirement d’avec la mère patrie, et l’avoir, non sans étonnement, retrouvée tout anglaise, sinon d’affection, du moins d’habitudes, d’inclinations et d’intérêts, aurait lui-même écrit ou dicté les remarques suivantes : « Quiconque a bien vu l’Amérique ne peut plus douter maintenant que dans la plupart de ses habitudes elle ne soit restée anglaise ; que son ancien commerce avec l’Angleterre n’ait même gagné de l’activité au lieu d’en perdre depuis l’époque de l’indépendance, et que par conséquent l’indépendance, loin d’être funeste à l’Angleterre, ne lui ait été à plusieurs égards avantageuse. » Appliquant ici le mode d’analyse en usage chez les idéologues et tout à fait de mise à l’Institut en l’an III, il partait de ce principe que « ce qui détermine la volonté, c’est l’inclination et l’intérêt », et que ces deux mobiles s’unissaient des deux parts pour rapprocher les colons émancipés et leurs tyrans de la veille : « Il paraît d’abord étrange et presque paradoxal de prétendre que les Américains sont portés d’inclination vers l’Angleterre ; mais il ne faut pas perdre de vue que le peuple américain est un peuple dépassionné ; que la victoire et le temps ont amorti ses haines, et que chez lui les inclinations se réduisent à de simples habitudes : or, toutes ses habitudes le rapprochent de l’Angleterre. […] Dans toutes les parties de l’Amérique que j’ai parcourues, je n’ai pas trouvé un seul Anglais qui ne se trouvât Américain, pas un seul Français qui ne se trouvât étranger. » Après l’inclination et l’habitude, il relève l’intérêt, cet autre mobile tout-puissant, surtout dans un pays nouveau où « la grande affaire est incontestablement d’accroître sa fortune. » Et comment ne seraient-elles point encore de Talleyrand ces réflexions morales si justement conques, exprimées si nettement, sur l’égalité et la multiplicité des cultes, dont il a été témoin, sur cet esprit de religion qui, bien que sincère, est surtout un sentiment d’habitude et qui se neutralise dans ses diversités mêmes, subordonné qu’il est chez tous (sauf de rares exceptions) à l’ardeur dominante du moment, à la poursuite des moyens d’accroître promptement son bien-être ? […] « Que l’on considère ces cités populeuses d’Anglais, d’Allemands, de Hollandais, d’irlandais, et aussi d’habitants indigènes, ces bourgades lointaines, si distantes les unes des autres ; ces vastes contrées incultes, traversées plutôt qu’habitées par des hommes qui ne sont d’aucun pays : quel lien commun concevoir au milieu de toutes ces disparités ? […] J’ai dit dans mon dernier article que je regrettais qu’il n’eût point substitué le texte français original à la traduction de l’anglais, pour certains passages cités de Talleyrand.
Les langues italienne, espagnole, anglaise et allemande, ne nous offrent presque rien de célèbre dans ce genre. […] Je ne parle pas non plus des poètes ; les poètes, en tout pays, sont une nation à part, et ils sont panégyristes en Angleterre comme ailleurs ; la seule différence, c’est que les poètes anglais louent peut-être avec moins de délicatesse et plus d’enthousiasme. […] Les Anglais ont plusieurs autres panégyriques en vers. […] Dryden en a consacré un à une Anglaise célèbre par ses vertus, et Thompson a fait un éloge funèbre de Newton. […] En attendant, sois le génie de ta patrie, tandis que ta poussière sacrée dort avec celle des rois, et qu’elle daigne honorer leurs tombeaux. » C’est avec cet enthousiasme que les Anglais louent leurs grands hommes.
Taine, dans sa belle étude sur le grand poète anglais, a fort bien expliqué cela. […] Le libre-échange, voilà l’élément anglais ! […] Une Lucrèce anglaise est bien amusante ! […] En effet, cela est bien anglais. […] Les Anglais, surtout les Anglaises, en musique comme en morale, chantent faux naturellement.
La nation anglaise fut de celles qui eurent recours à cet expédient. […] Plus qu’aucune autre race, la nation anglaise a emprunté, à la forme religieuse qu’elle s’est choisie, le frein qui lui était utile pour modérer les égoïsmes individuels. […] Or, on va voir que sous le masque de l’idée générale, l’idée humanitaire telle qu’elle est conçue par la nation anglaise, cache une attitude d’utilité purement anglaise, qui, appliquée en d’autres pays à la manière d’une vérité absolue, est pour ceux-ci une cause d’affaiblissement, alors qu’elle n’est ici rien d’autre qu’un expédient utile. […] L’idée, sous cette forme humanitaire, est réellement pour le peuple anglais une attitude d’utilité, parce qu’il a conservé le pouvoir de la déformer, de la concevoir autre qu’elle n’est, dès qu’elle cesse de le servir. […] De fait il semble que, sous couleur d’anticléricalisme, une forme nouvelle de la moralité, cette religion humanitaire qui fut élaborée par la nation anglaise, travaille à s’insinuer dans les consciences françaises et à s’y substituer à la croyance des uns et au scepticisme des autres.
Voltaire476, en conséquence, reprenait les sujets où l’amour se montre en son plus brutal excès ; il traitait le vieux sujet traditionnel de Mariamne ; il empruntait aux Anglais leur Othello qu’il habillait en Orosmane. […] Il se révolta aussi lorsqu’il vit, sous l’influence combinée du théâtre anglais et du drame, un pathétique grossier et brutal envahir la tragédie. […] Voyez Zaïre : au lieu de garder la belle et naturelle énergie de l’Othello anglais, il dispose toute sorte d’artifices tout à la fois pour amener et pour affadir la violence du dénouement. […] Cf. aussi Du théâtre anglais, 1761, sous le pseudonyme de Jérôme Carré.
Très drôle, très loup de mer, très Anglais, le capitaine Blacknaff. […] Henry Roujon, fut plus heureux que ce milord anglais. […] Les Anglais font consciencieusement tout ce qu’ils font. […] L’Anglaise n’a pas, semble-t-il, les mêmes nostalgies. […] La race anglaise est rebelle aux théories simples et alignées.
. — Comment chez Carlyle la métaphysique allemande s’est changée en puritanisme anglais. […] Il y a un mot anglais intraduisible qui peint cet état et montre toute la constitution physique de la race : His blood is up. […] Michelet chez nous est le meilleur exemple de cette forme d’intelligence, et Carlyle est un Michelet anglais. […] Nous touchons ici le trait anglais et étroit de cette conception allemande et si large. […] Carlyle veut réduire le cœur de l’homme au sentiment anglais du devoir, et l’imagination de l’homme au sentiment anglais du respect.
Et Taine estimait que nous n’avons rien de comparable, à Shakespeare d’abord, cela va de soi, mais aussi aux poètes et aux romanciers anglais contemporains. […] J’ai toujours admiré qu’on refusât à Flaubert le don de sympathie, parce qu’il n’exprime point effrontément la sienne, et qu’on fît de ce don, une des caractéristiques, par exemple, de l’Anglaise Georges Eliot. […] Londres, près de qui Paris n’est qu’une jolie petite ville, est la capitale de la volonté et de l’effort ; et je crois aussi que c’est une excellente atmosphère pour la réflexion qu’un brouillard anglais. […] Puis il y a le passé russe, le passé anglais, le passé norvégien, les traditions, les mœurs publiques et privées, la religion, et la marque de tout cela imprimée aux cerveaux norvégiens, anglais et russes. […] L’Anglais parcourt le monde et reste partout Anglais.
Dans les entretiens qu’il eut avec Frédéric au camp de Neustadt (1770), la conversation étant venue à tomber sur la religion, le roi se mit à en parler librement et peu décemment, comme il faisait avec les La Mettrie et les d’Argens : « Je trouvai, dit le prince de Ligne, qu’il mettait un peu trop de prix à sa damnation et s’en vantait trop… C’était de mauvais goût au moins de se montrer ainsi… Je ne répondis plus toutes les fois qu’il en parla. » Avec Voltaire, autre souverain, chez qui il va faire un séjour à Ferney, et dont il nous rend la conversation, les gestes, les incongruités même dans tout leur déshabillé et leur pétulance, il a plus d’un propos sérieux : « Il aimait alors, dit-il de Voltaire, la Constitution anglaise. […] C’était le temps où l’abbé Delille publiait son poème des Jardins, et disait de ce beau lieu de Belœil près d’Ath en Belgique, qui était la propriété et en partie la création du prince de Ligne : Belœil, tout à la fois magnifique et champêtre… On était alors en France dans une veine de création et de renouvellement pour les jardins : le genre anglais s’y introduisait et y rompait l’harmonie de Le Nôtre. […] Belœil était, et, j’aime à le croire, est encore un assemblage et un composé charmant de jardins anglais et français, quelque chose de naturel et de régulier, d’élégant et de majestueux. […] Il n’est pas exclusif ; il serait bien fâché de bannir la ligne droite ; il ne veut pas substituer la monotonie anglaise à la monotonie française, ce qui de son temps arrivait déjà ; mais, en jardins comme en amour, il est d’avis qu’il ne faut pas tout montrer d’abord, sans quoi, le premier moment passé, l’on bâille et l’on s’ennuie. […] Selon lui, Horace nous a tracé un jardin anglais : son « Qua pinus ingens… » est la meilleure description, la plus douce, la plus riante : « Ce petit ruisseau qui travaille à s’échapper a fait, dit le prince, mon bonheur à exécuter encore plus qu’à le lire. » En lisant tout ce qu’il écrit sur les jardins et cette suite de boutades décousues avec un peu d’indulgence, on en est payé par de charmants passages, par de jolies peintures de sites et comme par des gouaches et des aquarelles légères très vivement enlevées.
Il a l’air d’un homme qui a vu du pays plutôt que d’un homme comme il faut qui a voyagé ; il a tout à fait secoué cette réserve qui entre si ordinairement dans le caractère anglais ; et cependant il ne s’ouvre point doucement et par degrés comme font les gens de manières polies, mais il vous éclate au visage tout à la fois. […] — À cette heure où, entrant dans une veine de composition nouvelle, il prenait véritablement possession de tout son talent, et où, comme il le disait d’un mot, le rejeton était devenu un arbre (« fit surculus arbos »), Cowper rappelait, avec l’orgueil d’un auteur ayant conscience de son originalité, qu’il y avait treize ans qu’il n’avait point lu de poète anglais, et vingt ans qu’il n’en avait lu qu’un seul, et que, par là, il était naturellement à l’abri de cette pente à l’imitation que son goût vif et franc avait en horreur plus que toute chose : « L’imitation, même des meilleurs modèles, est mon aversion, disait-il ; c’est quelque chose de servile et de mécanique, un vrai tour de passe-passe qui a permis à tant de gens d’usurper le titre d’auteur, lesquels n’auraient point écrit du tout s’ils n’avaient composé sur le patron de quelque véritable original. » C’est ainsi qu’en se créant tout à fait à lui-même un style selon ses pensées et une forme en accord avec le fond, ce solitaire sensible et maladif, ingénieux et pénétrant, a été l’un des pères du réveil de la poésie anglaise. […] Je n’ai voulu que donner idée de ce côté si imprévu pour nous et si anglais du génie de Cowper. […] L’auteur indique l’origine du poème, si humble par son objet, si grand et auguste par l’occasion, « car c’est la Beauté qui l’a commandé. » Il rappelle le temps où les rudes ancêtres des Anglais, les Pictes et les Bretons, reposaient sur la dure, au bord des torrents, et la tête appuyée sur le rocher. […] [NdA] Le mot propre est auburn lock, cette couleur entre le brun et le blond, chère aux Anglais, et qu’ils ont ainsi nommée de l’écorce de certains arbres.
Histoire de la littérature anglaise par M. […] Bowles, un des précurseurs du mouvement romantique anglais, a fait à son auteur bien des querelles et lui a reproché bien des infériorités : « Le vrai poète, disait Bowles, doit avoir un œil attentif et familier à chaque changement de saison, à chaque variation de lumière et d’ombre dans la nature, à chaque rocher, à chaque arbre, — que dis-je ? […] Pope était bien le poète de son moment, d’une heure brillante et tempérée, d’une époque mémorable où la société anglaise, sans s’abjurer elle-même, comme sous Charles II, entra en commerce réglé avec le continent et se prêta, pour les formes et pour les idées, à un utile et noble échange. […] Son troisième volume en appelle et en fait désirer un quatrième et dernier26 ; la littérature anglaise moderne, celle du xixe siècle, n’y tient pas en effet toute la place qu’elle a droit d’exiger. […] J’emprunte ces jugements à l’un des plus fins et des plus exacts critiques anglais. — Voir trois Leçons données à Oxford sur la manière de traduire Homère, par M.
Bref, aveugle et à soixante-huit ans, elle trouva à placer son cœur, et cette fois (pour la rareté du cas) elle le plaça sur un Anglais, homme recherché, répandu, qui n’avait pas cinquante ans, dont elle aurait pu être la mère, qui devait passer sa vie loin d’elle, et qu’elle embarrassait fort par ses vivacités de tendresse. […] Après quelques détails sur ses propres variations d’impressions et d’humeur depuis son arrivée : À présent, ajoutait-il, je commence, tout à fait à l’anglaise, à m’octroyer le droit d’être à ma guise. […] Walpole, en bon Anglais qu’il est malgré ses traits d’esprit à la française, lui a fait lire Shakespeare ; elle l’a aussitôt goûté, elle s’est récriée comme à la découverte d’un monde nouveau : « Oh ! […] J’engage les curieux à relire le passage qui commence par ces mots : « Dites-moi pourquoi, détestant la vie, je redoute la mort… » et qui finit par ces mots : « J’avoue qu’un rêve vaudrait mieux. » Un critique anglais, au moment où les Lettres parurent à Londres, remarquait avec justesse que Mme Du Deffand semble avoir combiné dans la trempe de son esprit quelque chose des qualités des deux nations, le tour d’agrément et la légèreté de l’une avec la hardiesse et le jugement vigoureux de l’autre. […] Vous autres Anglais, disait-elle à Walpole, vous ne vous soumettez à aucune règle, à aucune méthode ; vous laissez croître le génie sans le contraindre à prendre telle ou telle forme ; vous auriez tout l’esprit que vous avez, si personne n’en avait eu avant vous.
Insolente pour l’Europe, l’Amérique est dans sa tradition, Cette anglaise, qui a renié, du même coup, dans ses veines, le sang des Stuarts et le sang de Cromwell, et qui a refusé le tribut d’honneur et de devoir à la mère-patrie, doit être toujours vis-à-vis de l’Europe, qui l’alimente par année de plus d’un demi-million d’hommes, en lui envoyant ses fugitifs, dans l’état d’ingratitude qui est son état d’origine. […] Mais en un tour de plume et dès les premières pages de son livre, il l’a amnistiée, légitimée, posée triomphalement comme la solution d’une question de droit et d’honneur, — après avoir dit, cependant : « qu’avant la déclaration d’indépendance, l’Amérique était aussi libre qu’après cette déclaration ; qu’il n’y avait pas, même pour motiver l’insurrection, le prétexte d’un joug insupportable à secouer ; que l’état de l’Amérique, colonie anglaise, ne lui laissait rien à désirer, rien à envier, rien à prétendre (pages 103 et 111, Ier vol.) », et, enfin, accumulé, par un procédé de logique qui lui est particulier, toutes les raisons de ne pas conclure… comme il a conclu ! […] Pour mon compte, je suis de l’avis de celui qui disait, avec une netteté si éloquente : « Quand je pense aux États-Unis, je suis Anglais. […] Enfin, car il faut en finir, je voudrais, après avoir passé par toutes ces brumes pointées de petites lueurs, et par toutes ces petites lueurs clignotant dans ces brumes, savoir, en fermant ce livre de faits incohérents et d’opinions confuses, si l’auteur de La République américaine croyait à l’avenir de sa République, quand, préalablement, il nous a avoué que le passage aux affaires d’un homme comme le général Jackson pourrait détruire de fond en comble le système américain, et qu’il est convenu de la justesse du mot de l’orateur anglais qui prétendait que Jackson avait fait passer un char attelé de quatre chevaux à travers cette pauvre Constitution américaine !
Tel est en effet le désir que suggère ce spectacle de la restauration anglaise. […] Denham n’est pas seulement courtisan, il est Anglais, c’est-à-dire préoccupé d’émotions morales. […] Dans le comique anglais, il y a toujours un fonds d’âcreté. […] L’Anglais découvrait qu’il n’est point monarchique, papiste, ni sceptique, mais libéral, protestant et croyant. […] Ils représentent le vice français comme plus impudent encore que le vice anglais.
Essai sur Talleyrand Par Sir Henry Lytton Bulwer, ancien ambassadeur Traduit de l’anglais par M. […] Le rôle de M. de Talleyrand à l’Assemblée Constituante est parfaitement étudié et présenté par l’écrivain anglais, et je dirai même que c’est la partie la plus complète et la plus satisfaisante de son livre : le résultat de cet exposé fait beaucoup d’honneur à M. de Talleyrand. […] Les Anglais, qui n’ont que des préventions générales sur le caractère des Français, ne trouvaient en lui ni la vivacité, ni la familiarité, ni l’indiscrétion, ni la gaieté nationale. […] Aussi lord Grenville avait-il traité Talleyrand d’homme « profond et dangereux », et un autre lord Granville avait un mot énergique et bien anglais pour définir celui dont les dehors gracieux ou imposants recouvraient tant de secrètes laideurs ; « C’est un bas de soie rempli de boue. » Telle est du moins la traduction (encore trop polie, m’assure-t-on) qu’a donnée de ce mot M. de Chateaubriand15. […] Je donne ces textes d’après la traduction, en regrettant que les passages cités ne paraissent nous revenir qu’à travers l’anglais : rien n’eut été plus simple que de réintroduire à ces endroits le texte français original.
Il songeait à passer en Angleterre ; il apprenait même la langue anglaise, lorsque les bienfaits de M. le duc de Bourgogne le retinrent en France, et sauvèrent à sa vieillesse les désagrémens de ce voyage. […] Madame Harvey était une dame anglaise qui avait beaucoup d’amitié pour La Fontaine, et même c’est elle principalement qui l’engageait à passer en Angleterre, après la mort de madame de la Sablière et de M. […] Voilà qui me paraît étrange ; mais à toute force peut-être les chiens anglais sentent-ils mieux le renard que les nôtres. […] Est-il quelqu’un qui nie Que tout anglais… Quoi ! tous les anglais ont de l’esprit !
La langue française n’offre pas, me dira-t-on, la simplicité grammaticale de l’anglais, l’abondance du vocabulaire allemand, la douceur musicale de l’italien, la vibrante sonorité de l’espagnol. […] Cette prétendue simplicité de l’anglais cache, relativement à notre idiome, une réelle indigence de formes. Prenez la prose anglaise à sa grande époque avec des écrivains tels qu’Addison, Johnson, Swift, Richardson, Fielding, leur originalité consiste exclusivement dans la pensée et le tour d’esprit : la langue que parlent ces hommes ingénieux est peu variée, assez monotone dans ses constructions, et parfois même, si j’ose dire toute mon opinion, quelque peu languissante et plate. […] Opposera-t-on à cette variété d’élocution que l’anglais ne soupçonne pas le vocabulaire presque infini de l’idiome germanique ? […] Au quatorzième et au quinzième siècle, la domination par le rythme réside en Italie ; au seizième siècle, grâce à la présence de Shakespeare, le groupe des poètes anglais dépasse même notre Pléiade.
Sérieux (stem veut dire sérieux en anglais) ; Sterne, au nom duquel la vie, cette farceuse, ajouta comiquement le titre de Révérend, comme si M. […] On courait aux sermons de Sterne, et ce n’est pas contre eux, mais contre le Tristram Shandy, que le cant anglais révolté s’emporta. […] Johnson, l’affreux docteur Johnson, l’hippopotame de la lourde Critique anglaise, fut en Angleterre un de ceux qui se moquèrent le plus de Sterne et qui ne durent rien comprendre à l’imagination de l’auteur du Tristram Shandy et du Voyage sentimental. […] Émile Montégut, lequel a fait de Sterne un lilliputien de génie, Sterne a les qualités de la sienne, et la littérature anglaise, la première littérature du monde, atteste par la masse des beautés supérieures qu’elle renferme que le Midi ne peut lutter avec le Nord. […] Il y a plus, c’est par le sentiment chrétien infusé en lui et gardé au milieu des libres penseurs de sa terre natale, que le compatriote de Bolingbroke et de Tindal atteignit sans y penser à cette originalité qui n’est plus l’originalité anglaise, cette superbe de l’orgueil et de la personnalité, et qui fait de lui comme un charmant étranger dans son pays.
Les Lettres anglaises. — 5. […] L’époque de la reine Anne était faite pour lui plaire : c’est le temps où l’ineffaçable originalité de l’esprit anglais se déguise le mieux sous le goût décent et la sévère ordonnance dont nos chefs-d’œuvre classiques donnaient le modèle. Ce que Dryden, Addison avaient de français, l’induisait à goûter dans une certaine mesure leurs qualités anglaises. […] Il admirera chez les Anglais l’entente de la vie matérielle. […] Cette conception se précisa dans l’esprit de Voltaire sous l’influence des mêmes circonstances qui firent éclater les Lettres anglaises.
Son cours sur la Littérature anglaise dépassa-t-il jamais, par la profondeur et le saisissement du sujet, le bout des lèvres d’une causerie ? […] Il ne pouvait pas comprendre la nature éloquente, violente et passionnée jusqu’aux larmes de Fox, de ce fastueux et furibond mauvais sujet de Fox, de ce Mirabeau anglais qui eut le hasard d’avoir un père aussi fou de tendresse pour son fils que le marquis de Mirabeau avait de dureté pour le sien. […] Fox, c’est, dans la question de la régence lors de la démence du roi d’Angleterre, l’homme des soupers du prince de Galles et l’orateur des Communes qui fit le plus d’efforts pour mettre la vieille royauté anglaise sous les pieds de son Parlement. […] Mais aucun d’eux trois — même Royer-Collard, qui avait un peu de Burke en lui, du Burke moins inspiré et moins grandiose que l’ardent Prophète de la tribune anglaise, du Burke contracté et froidi, — n’égala jamais les grands orateurs d’Angleterre. Le général Foy, leur contemporain, aurait pu rappeler les orateurs anglais davantage, mais il manque aussi au livre honteusement surprenant de Villemain… Certes, s’il y a quelque chose qui puisse étonner après l’oubli incompréhensible qu’il a fait de Mirabeau, c’est l’oubli qu’il y ajoute du général Foy, l’honneur de la tribune française sous la Restauration, le plus vivant et le plus palpitant des orateurs que leur cœur a tués, car cet impassible au canon est mort des émotions de la tribune.
Mirabeau était à Londres en 1785 ; il dînait chez le marquis de Lansdowne avec plusieurs Anglais de distinction, et, par un singulier quiproquo, il crut y voir et y entendre Gibbon en personne, lequel en ce moment habitait la Suisse. […] Il était près, assure-t-il, de lui répondre ; il s’est ressouvenu aussitôt de son Histoire, de cette Histoire élégante et froide, où il est tracé « un tableau si odieusement faux de la félicité du monde », à cette écrasante époque de l’établissement romain : Je n’ai jamais pu lire son livre, ajoute-t-il, sans m’étonner qu’il fût écrit en anglais ; à chaque instant j’étais tenté de m’adresser à M. Gibbon et de lui dire : « Vous, un Anglais ! […] Puis il lui montre en perspective une maison charmante à la porte de Lausanne et donnant sur la descente d’Ouchy, onze pièces tant grandes que petites tournées au levant et au midi, une terrasse, une treille, le fameux berceau ou l’allée couverte d’acacias, tous les accidents d’un terrain agréablement diversifié à l’œil, les richesses d’un jardin anglais et d’un verger, surtout la vue du lac et des monts de Savoie en face. […] En voyant les excès qui déshonoraient une cause qui aurait pu être si belle, en considérant le champ illimité d’anarchie et d’aventures dans lequel on se lançait à l’aveugle, il en revint à aimer cette Constitution anglaise pour laquelle il s’était toujours senti assez tiède ; il redevint fier de ce qu’il appelait le bon sens de sa nation et de ce qu’elle avait conscience des bienfaits dont elle jouissait : Les Français, écrivait-il à lord Sheffield (1790), répandent tant de mensonges sur les sentiments de la nation anglaise, que je souhaiterais que les hommes les plus considérables de tout parti et de toute classe se réunissent dans quelque acte public pour déclarer qu’ils sont eux-mêmes satisfaits de notre Constitution actuelle et résolus à la maintenir.
Les Anglais ont une manière excellente de payer un dernier tribut à leurs grands ou à leurs aimables poètes : c’est de recueillir et de publier de chacun, au lendemain de sa mort, un choix de textes, de documents familiers, de lettres écrites ou reçues ; il en ressort une ressemblance vraie et définitive. […] Mais de ces anecdotes une au moins me paraît utile à rappeler, c’est le compte rendu de la façon outrageuse dont on accueillit en 1822 les acteurs anglais qui essayaient, pour la première fois, de nous montrer Shakspeare. […] Cinq ans après, en 1827-1828, lorsqu’une nouvelle troupe anglaise revint à la charge pour représenter Shakspeare, un grand progrès s’était accompli dans l’intervalle chez les esprits cultivés ; les idées du journal le Globe avaient fait leur chemin dans la jeunesse. […] Ces pauvres Anglais avaient beau rappeler les droits de l’hospitalité ; rien n’était compris par ce peuple ours. […] Enfin, après le tapage le plus épouvantable, l’acteur Pierson est venu demander si les Anglais pouvaient continuer.
Et dès lors, avec les Romains et les Grecs ressuscités, Allemands, Italiens, Espagnols, Anglais, ensemble ou isolément, tantôt en lutte et tantôt agissant dans le même sens, tour à tour en hausse Ou en baisse, mêlent quelque chose d’eux-mêmes à notre originalité nationale et la prédominance des uns ou des autres donne une teinte particulière à chaque époque de notre littérature. […] Que d’efforts n’a-t-il pas fallu, depuis le jour où Voltaire risquait dans Zaïre une pâle réminiscence de la jalousie d’Othello, pour que le grand dramaturge anglais forçât les portes de nos théâtres ! […] Il est avéré que Rousseau prit aux Anglais le cadre commode du roman par lettres. […] Son dandysme, sa désinvolture moqueuse mêlée d’élans passionnés justifient ce surnom ; mais si l’on cherche des tirades ou des vers dérobés au poète anglais, on ne trouve à peu près rien. […] Qui pourrait dire, sans une minutieuse analyse, ce qui dans le positivisme est anglais et français ?
On en a tant abusé chez les Anglais, qu’il s’appelle Lovelace ; on s’en est tant servi parmi nous, qu’il s’est appelé Robert Macaire. […] disait un Anglais à un autre Anglais. […] Bulwer, le poète anglais me l’a fait cruellement expier ; ce fut en effet à dater de ce moment que M. […] Alors de quel droit nous fâcher contre la tragédie anglaise, et même de quel droit nous en moquer ? […] D’ailleurs ce drame anglais est si complètement et si curieusement bouffon, que toute excuse nous est assurée à l’avance.
Sa tragédie, en effet, ressemble fort peu en général à celle de l’Eschyle anglais. […] Elle ne manque pas d’une certaine originalité, et les Anglais l’ont traduite sous le titre de Timon amoureux. […] Malone ne croit pas qu’il existe en anglais une pièce plus incorrecte, plus défectueuse, et par la versification, et par l’invraisemblance du plan général. […] Falstaff est l’un des personnages les plus célèbres de la comédie anglaise, et peut-être aucun théâtre n’en offre-t-il un plus gai. […] Cependant la tradition nous apprend que cette pièce, aujourd’hui repoussée de la scène, a excité à plusieurs reprises les applaudissements du parterre anglais.
Par cette dernière étude, il achevait de pénétrer dans la familiarité de la langue et de la littérature anglaises ; il se sentait chez lui en Angleterre, et pour quelqu’un qui aspirait à traiter de la politique française, c’était un grand avantage sans doute que cette facilité de comparaison perpétuelle ; mais c’est aussi un péril si l’on y porte une préférence passionnée. […] Il a sur les coalitions une théorie commode, la théorie anglaise, la plus large possible ; il oublie la différence des deux pays, ou plutôt il la sait très bien et il n’en tient compte, il passe outre. […] Après avoir exposé à merveille et dans un parfait tableau les libertés de la presse anglaise et les avoir expliquées par le caractère du public à qui elle s’adresse, il reconnaît les différences de notre esprit, à nous, et de nos tendances françaises ; et cependant ses conclusions n’admettent guère, sur cet article capital, de différence de régime d’un pays à l’autre. […] les uns ont Rome et le Vatican pour première idole, et ils sont prêts à tout y sacrifier ; les autres ont Westminster et le Parlement anglais, qui devient une idole aussi, dès qu’on prétend, coûte que coûte, et tel quel, nous l’appliquer. La pauvre France, en attendant, celle qui n’est ni romaine, ni anglaise, où est-elle ?
Il y a l’auteur tragique qu’on ne lit plus et qu’on peut difficilement relire, celui qui eut l’idée d’introduire sur notre théâtre des imitations de Shakespeare sans savoir l’anglais, et qui, dans l’avertissement qui précède son Hamlet (1770), disait naïvement : Je n’entends point l’anglais, et j’ai osé faire paraître Hamlet sur la scène française. Tout le monde connaît le mérite du Théâtre anglais de M. de La Place. […] Au milieu de ces imitations de l’anglais, il eut l’idée de combiner une double imitation de Sophocle et d’Euripide, et il fit Œdipe chez Admète. […] Campenon, qu’étant allé le voir à Versailles par une assez froide journée de janvier, je le trouvai dans sa chambre à coucher, monté sur une chaise, et tout occupé à disposer avec une certaine pompe, autour de la tête de l’Eschyle anglais, une énorme touffe de buis qu’on venait de lui apporter : « Je suis à vous tout à l’heure », me dit-il comme j’entrais, et sans se déranger ; et, remarquant que j’étais un peu surpris de l’attitude où je l’avais trouvé : « Vous ne voyez donc pas que c’est demain la Saint-Guillaume, fête patronale de mon Shakespeare ?
Toute sa vie restera soumise à l’influence de ces âmes anglaises les plus délicates. […] La poésie anglaise acheva de fondre les contrastes. […] Prends donc cet appareil et sors sur la promenade des Anglais. […] Maurois, les meilleurs Anglais de ce temps-ci, un Strachey, un D. […] Maurois a rompu avec l’humour anglais dans Ni ange, ni bête.
Mme de Tracy, il faut l’expliquer pour tous en peu de mots, était Anglaise de naissance, née à Stockport en 1789 ; elle s’appelait Sarah Newton, et appartenait à la famille de cet homme de génie, le plus grand qu’ait produit la science. Elle avait sept mois quand elle vint en France, et ne la quitta plus. « Je ne sais rien, disait-elle, de mon pays paternel ; je suis Anglaise, God bless the King ! […] Elle avait proprement le fancy, ce mélange d’imagination et de fantaisie imprévue ; et, avec la facililé de se retremper aux lectures anglaises comme à la source natale, elle garda de tout temps un cachet d’originalité et d’indépendance. […] Mme de Coigny n’aime pas assez Shakespeare ; l’original lui donne trop de peine, et elle déteste les traductions impossibles… Je raconte à Mme de Coigny mes lectures anglaises, et elle dit que ces lectures (aidées de Dieu) m’ont donné un esprit original et sain. » Mme de Coigny avait raison ; ces lectures croisées sont un excellent régime et fortifient une jeune nature. […] Les Anglais osent de ces choses dans leur poésie, dans leur peinture, et c’est pourquoi leurs poètes peintres ont souvent plus de relief et de vérité que les nôtres.
Il caractérise les pièces de Shakespeare de ce mot : « Farces monstrueuses qu’on appelle tragédies », et complète le prononcé de l’arrêt en déclarant que Shakespeare « a perdu le théâtre anglais ». […] Du moment où Voltaire bafoue Shakespeare, les anglais d’esprit, tels que mylord Maréchal, raillent à la suite. […] Il écrit à Voltaire à propos de Jules César : « Vous avez bien fait de refaire selon les principes la pièce informe de cet anglais. » Voilà où en est Shakespeare au siècle dernier. […] En anglais shocking. […] L’anglais, langue peu faite, tantôt lui sert, tantôt lui nuit, mais partout la profonde âme perce et transparaît.
Là, l’esprit politique des anglais amis une organisation, une volonté d’être et de se conserver respectable à tous les hommes qui ont cette notion de l’ordre avec laquelle on recommencera le monde, quand les révolutions l’auront perdu. […] Pour elle, Henri VIII n’est qu’un réformateur d’abus, et la plupart des réformateurs anglais, elle les regarde comme de simples défenseurs de la foi ; rien de plus. […] Un simple fellow du collège d’Oriel semblait seul contrebalancer, à force de génie et de caractère, l’impression de respect que produisait dans ce monde si officiel d’une université anglaise, le savant professeur d’hébreu. […] Le Sun, la Chronicle, le Witness d’Édimbourg, avaient montré rattachement historique des anglais aux préjugés d’un protestantisme décrépit. […] Ce que le grand agitateur n’a pas fait, le gouvernement anglais pourrait l’accomplir.
Les poëtes anglais, tels que William Cowper, ou ceux qu’on a compris sous le nom de Lakistes, offrent à chaque page des pièces dans ce genre moral, familier, domestique, que j’aurais voulu voir se naturaliser en France, et que j’ai tout fait à mon heure pour y introduire. […] imité de l’anglais, de southey.
Eh bien, que l’on compare, si on l’ose, ce traité du gentilhomme, ce rituel mondain de l’aristocratie anglaise, avec le traité de Balzac, et on verra si l’abîme qui sépare ces deux livres vient uniquement du mouvement des temps et de la différence des époques, mais s’il ne tient pas plutôt au fond même des notions de l’écrivain ! […] Il y a plus : sans les exprimer, nulle plume tenue par une main anglaise ne les a fait pressentir, et la cause de cela n’est dans le génie individuel de personne. […] Or, on sait à quelles profondeurs tombent les choses dans ces mœurs anglaises qui semblent les garder toujours. […] Et toute cette action ne s’est pas limitée à la littérature anglaise. […] Alors, ce sera une introduction qui n’introduira à rien, et c’est à cette édition projetée, que vous publiez, non plus d’un seul coup, mais à petits coups et par volumes, que je veux être introduit, comme disent les anglais.
Quelle a été, dans ce mouvement, la part de l’influence anglaise ? […] Cette remarque a son importance, et nous aide à comprendre la nature de l’influence anglaise. […] Mais si nous examinons ce qu’il appelait la « noble liberté de penser » des Anglais, nous trouvons que c’est l’agressive incrédulité des Bolingbroke, des Collins, des Toland. […] Qui ne sait que l’Esprit des lois, en un certain sens, n’est qu’une apologie de la constitution anglaise ? […] Elle-même, l’Encyclopédie, nous venons de le dire, n’est originairement que la traduction d’un Dictionnaire anglais ; et, si Diderot a sans doute quelque droit de passer pour l’incarnation de l’esprit encyclopédique, on ne trouve rien que d’anglais dans l’œuvre de l’homme que l’on appelle encore souvent le « plus allemand » des Français.
Mélange du sang allemand et du sang français, le peuple anglais décèle de toutes parts sa double origine. […] Les Anglais ont l’esprit public, et nous l’honneur national ; nos belles qualités sont plutôt des dons de la faveur divine que les fruits d’une éducation politique : comme les demi-dieux, nous tenons moins de la terre que du ciel.
Craufurd devait passer par Londres, et il avait les communications libres avec les ministres anglais ; lui écrire, c’était donc s’adresser par son intermédiaire aux hommes d’État qui dirigeaient la politique de l’Angleterre, et percer sur un point le blocus diplomatique exact que la Coalition formait autour de la France. […] Puisque le Prince-Régent ne peut marcher à la tête des Anglais, il ne peut commander aux nations qu’en leur dictant à tous la paix. […] On pourrait ajouter qu’il n’y a pas d’orthographe ; car la pièce, telle qu’elle est imprimée, renferme bien des fautes (vielles troupes, les Alliées…) ; mais il est difficile de tirer argument de telles incorrections qui peuvent et doivent être le fait des typographes anglais imprimant une lettre française et d’après une copie telle quelle : l’écriture de Mme de Staël n’était point des plus lisibles quand elle était pressée. […] À toutes ces invraisemblances de détail qu’on fait valoir, j’opposerai un petit signe qui fait plus, à mon sens, que les compenser, et qui est bien propre à Mme de Staël ; je crois qu’aucun de ceux qui ont vu beaucoup de ses lettres ne me démentira ; ce sont ces quelques mots anglais, my dear sir, jetés dans une lettre écrite en français : Mme de Staël, avec les gens avec qui elle n’était pas entièrement familière, aimait à faire cela, et à mettre sur le compte d’une autre langue cette sorte d’anticipation de tendresse. […] Craufurd, et à moins que cet honorable ministre américain n’ait rêvé les yeux ouverts, qu’il recevait de Mme de Staël des lettres, que ces lettres avaient leur intention, étaient faites pour être montrées au ministre anglais ; et dans ce cas, je ne conçois pas ce qu’auraient pu être de pareilles communications, si elles n’avaient été dans le sens de la lettre même que nous venons de voir.
Le port et l’escadre même de Toulon venaient d’être livrés aux Anglais ; la flotte de l’Océan était en proie à de séditieux désordres. […] Le convoi était escorté par le contre-amiral Vanstabel31, trop faible pour lutter contre les croisières anglaises : il fut décidé que la flotte française sortirait de Brest commandée par Villaret-Joyeuse, irait au-devant du convoi attendu et combattrait au besoin les forces anglaises pour protéger son entrée. […] Les Anglais vainqueurs reconnurent qu’ils avaient rencontré sur cet élément des adversaires et une nation. […] Il était absent et occupé dès lors à une autre mission dans le Midi, à Toulon qui, repris sur les Anglais et découronné de son nom, s’appelait le Port de la Montagne.
Dans son « Introduction à l’histoire de la littérature anglaise », il explique avec une clarté parfaite sa méthode et son but : les documents historiques, parmi lesquels il compte les œuvres littéraires et les œuvres d’art, ne sont pour lui « que des indices au moyen desquels il faut reconstruire l’individu visible ». […] Permettez-moi de la considérer comme résolue : dès après l’Introduction à l’histoire de la littérature anglaise, on peut affirmer que la critique est constituée à l’état de science. […] On peut affirmer ce fait avec d’autant plus de certitude, que le triomphe du mouvement auquel on a donné le nom de « romantisme » se trouve correspondre à peu près avec le grand élan national de l’Allemagne au commencement du siècle et avec la période historique où, à la suite de Waterloo, l’influence anglaise a été le plus solidement établie. […] Un peu plus tard, les peintres viennent à la rescousse : les préraphaélites allemands et anglais, l’école d’Overbeck et celle de Rossetti, rêvent de reprendre la filière de l’art là où la Renaissance est venue l’interrompre, de retrouver la sincérité primitive des Angelico et des Botticelli. […] « Mais ce n’est là, continue le critique anglais, qu’un exemple choisi parmi une foule d’autres exemples analogues.
C’est le Conte du Tonneau qui lui fit dire : « Que j’aime la hardiesse anglaise ! […] D’ailleurs, qui régénèrerait la race anglaise, compromise par les rejetons misérables des hommes d’esprit et de plaisir, si l’on supprimait ces 10,000 prêtres que la prudence de Henri VIII a soumis à un régime sain et léger ? […] Parmi les diverses offres faites au gouvernement Anglais, celle de William Wood, déjà fermier de toutes les mines de la couronne, parut la plus avantageuse. […] Scrope : l’épreuve avait été décisive et le contrôle devait être permanent ; la monnaie de Wood était plutôt supérieure qu’inférieure à la monnaie anglaise et aux stipulations de sa patente, que Newton avait rédigée. […] En anglais Draper, mais Swift écrivait Drapier. — The Drapier’s letters.
Lorsqu’il découvrit l’incomparable splendeur de la poésie anglaise, son âme s’ouvrit à la vie intérieure. […] Ces idées, et la manière dont il les développe, le rapprochent surtout des poètes anglais qu’il a si subtilement étudiés. […] Le Gouvernement anglais hésite et va céder. […] Ellora est la suave incarnation de l’âme hindoue, la fille poétesse de Sita, l’héroïque ennemie des Anglais. […] Les poètes anglais, Shelley surtout, ont initié M.
Voltaire, Du théâtre anglais. […] et Du théâtre anglais. […] Voltaire, Du théâtre anglais. […] XXIIe Lettre sur les Anglais. […] XIXe Lettre sur les Anglais.
L’œuvre de celui qui contribua à nuancer considérablement le modèle de « l’associationnisme » (Reid, Dugald-Stewart), a été introduite en France par Théodule Ribot, dans son ouvrage synthétique, et fondateur pour le renouvellement de la psychologie française d’inspiration spiritualiste, intitulé La Psychologie anglaise contemporaine (Librairie philosophique de Ladrange, 1870). […] Chez le philosophe évolutionniste anglais, cette catégorie vise l’étude des relations entre les états de conscience et les affections nerveuses.
À la hauteur de Gravesend, le gouvernement anglais nous envoie à bord des ambassadeurs chargés de l’indiscrète mission de visiter nos bagages. […] — À propos, me demanda Nadar, sais-tu un peu d’anglais ? […] Ce n’est pas gênant pour les Anglais, qui, en arrivant au monde, en trouvent une dans leur layette. […] Le cabinet particulier existe peu dans les tavernes anglaises. […] Elles ne valent pas à beaucoup près les Anglaises ; mais comme elles viennent de France, le pavillon couvre la marchandise. — En résumé, ce bal, comme tous ceux qui existent à Londres, n’a pas l’entrain que l’on remarque quelquefois dans les nôtres. — Les Anglais sont des gens mathématiques et pressés qui ne font rien d’inutile.
On poursuit l’Anglais ou on pourchasse le Turc. […] Enfin, poète anglais, il écrivit un drame en français. […] Il est l’historien de l’énergie anglaise. […] lui répondit l’Anglais, pas tant que moâ ! […] Quant à l’Anglais, il le trouve ridicule.
Nous ne sommes point partisans de sa civilisation, que nous regardons comme trop élémentaire et trop brutale : si nous avions vécu du temps de Louis XVI, nous n’aurions pas conseillé à ce prince infortuné de déclarer la guerre aux Anglais pour favoriser à tout prix une nation anglaise d’insurgés contre leurs frères. […] On croyait alors à leur marine fantastique, à leur alliance tout anglaise, à leur reconnaissance toute punique ; on les leur accorda par pitié, et moi-même je votai pour qu’on les leur jetât par dédain. […] Mais Washington Irving est fils d’un Écossais et d’une Anglaise ; mais Cooper lui-même est à peine naturalisé Américain par deux générations. Ce sont des importations britanniques toutes récentes de créoles anglais, qui ont encore l’accent et le génie de la mère patrie. […] Ils parlaient anglais ; l’Indien ne comprenait pas un mot de cette langue.
Il y a une strophe d’un poète persan adressée aux sources de Chiraz qui m’a frappé dès mon enfance, en la lisant dans une traduction anglaise. […] On ne sait pas bien au juste dans quelle proportion exacte le comte de Grammont, son beau-frère l’anglais Hamilton, et Saint-Évremond, l’ami des deux et vivant à Londres avec eux, concourent à cet inimitable livre. […] Charles II était une sorte de Louis XV anglais, avec plus de gaieté, plus de liberté et plus d’élégance dans ses scandales de cour. […] Il lui avait appris à badiner et à sourire ; la littérature anglaise lui doit quelque chose de cette qualité de style qu’on appelle en anglais humour ; cette qualité du style ou de la conversation, qui n’a pas de nom en français, pourrait s’appeler l’étonnement. […] Tout le monde se croyait capable d’écrire des Haïdé, parce qu’on se sentait très capable de rimer en français les prosaïques obscénités et les grossières plaisanteries de cette longue et mauvaise rapsodie du poète anglais.
C’est sous les auspices de Pope qu’il se perfectionna dans la connaissance de la langue anglaise, et qu’il lut les tragédies de Shakespeare. […] Il sentit à cet aspect qu’on pouvait donner à la scène française moins de convention, de déclamation, et plus de vérité en se rapprochant du modèle anglais ; il ébaucha sur ce type moitié anglais, moitié romain, ses deux tragédies politiques de Brutus et de la Mort de César. […] L’aristocratie anglaise, au milieu de laquelle il avait été introduit et soutenu par Bolingbroke et Pope, concourut libéralement à cette souscription en faveur du poëte français. […] Il publia aussi alors ses Lettres sur les Anglais, dans lesquelles il faisait connaître et goûter à la France les institutions libres, l’éloquence virile, la science pratique, et la littérature neuve de la Grande-Bretagne. Il fut le premier après Saint-Évremond, le Voltaire du dix-septième siècle, qui colonisa les idées anglaises sur le continent ; le détroit de la Manche alors séparait deux mondes.
Dans la Littérature anglaise, ici l’éloge de la force et des instincts, là, de la contrainte et du sacrifice. […] La moitié de la littérature anglaise est faite de citations incohérentes, l’autre moitié d’amplifications. […] dirait un Anglais, quel bavardage ! […] Flaubert, Balzac, les tragiques anglais, Théophile Gautier surtout, lui fournissent ses couleurs ; il peignait lourdement, grossièrement. […] Voyez l’Histoire de la littérature anglaise.
L’un d’eux est un Anglais, mort en 1822, à l’âge de trente ans, victime d’une tempête dans le golfe de Naples : Shelley. […] Ils nous ont dit maintes choses, cet Anglais, ce Français, cet Américain, et nous ne retiendrons ici que les plus saisissantes. […] De Shelley à Michelet, de l’Anglais au Français, il y a loin. […] Je l’emprunte au poète et sociologue anglais Edward Carpenter : «… Quant au gouvernement et à la loi établis par les hommes, ils disparaîtront ; car ce ne sont que les parodies, les substituts provisoires du gouvernement et de l’ordre intérieur. […] Deux Américains, un Anglais, un Belge, un Français se sont donc rencontrés au-dessus de toutes les frontières, dans le même souci de l’avenir, dans la même communion de sentiments et de pensées.
Le duc d’Ormond le remplaçait dans le commandement des troupes anglaises ; mais les négociations avec l’Angleterre avançant chaque jour, le moment approchait où il se séparerait du prince Eugène. Celui-ci, pressentant sourdement que les Anglais, comme on dit, branlaient au manche, devait désirer une action générale prochaine où il les aurait encore pour alliés et compagnons d’armes. […] Les Anglais, à dater de ce moment, cessèrent de prendre part aux opérations, et l’armistice entre eux et nous était publié le 17 juillet. Mais les Anglais seuls se retirèrent ; les troupes allemandes auxiliaires qui avaient été jusqu’alors à la solde de l’Angleterre se mirent incontinent au service de l’Empire. […] Tant que la suspension d’armes du côté des Anglais resta indécise, Louis XIV désira que Villars « gardât le milieu entre l’inaction et une bataille dans laquelle on eût risqué le tout » ; et c’est à ce moment que l’idée d’une attaque sur Denain, d’une diversion sur les derrières de l’ennemi, fut suggérée de Versailles par Louis XIV lui-même.
Il a toute raison de dire avec un juste sentiment de sa valeur : « Nous faisons notre art à travers notre métier. » Un autre petit finale d’article des plus achevés en son genre, qui me revient en mémoire, est dans le compte rendu des peintres anglais, à propos d’un tableau de Hook qui a pour sujet Venise telle qu’on la rêve. […] A propos donc de ce tableau anglais, Venise telle qu’on la rêve, Théophile Gautier ne peut s’empêcher d’intervenir et de dire : « Pour notre part, nous l’avons fait souvent, le rêve de M. […] Les peintres anglais, lors de l’Exposition universelle de 1855, ont été un des thèmes favoris autour desquels sa plume s’est le plus jouée. […] Cette disposition l’a conduit à un sentiment très-vif de l’art anglais, à le prendre depuis Reynolds jusqu’à Landseer. La peinture anglaise, à l’état d’école libre et individuelle, produisit sur lui dès l’abord une très-grande impression, et il a été des premiers en 1855 à lui rendre justice, tout en luttant de lustre et d’éclat avec elle, dans une série d’articles de son meilleur et de son plus neuf vocabulaire.
Plus précis que les Allemands, plus généralisateur que les Anglais, il est devenu européen par ses écrits avant de l’être par son rôle d’homme public. […] Quoi qu’il en soit, les deux volumes publiés de cette Histoire de la révolution anglaise sont d’un sérieux intérêt et présentent un récit mâle et grave, une suite d’un tissu ferme et dense, avec de grandes et hautes parties. […] Cette préoccupation du régime anglais et du remède anglais appliqué à notre maladie, pour être une erreur plus spécieuse et plus prochaine de nous, ne m’en semble pas moins une erreur grave et qui nous a déjà été assez funeste. […] Mais, même en ne considérant que les jugements relatifs à la révolution anglaise, l’enchaînement des causes et des effets y paraîtra trop tendu.
Tourgueneff n’est pas plus Russe que Sterne n’est Anglais. L’Anglais, c’est Bulwer, intitulant nettement un livre : De l’Angleterre et des Anglais.
Imagination spirituelle, et cela dans une époque où le talent, le lyrisme dans le talent, existait à haute dose, mais où l’esprit n’était pas la faculté la plus commune et la plus formidable, Jules Lefèvre frappait aussi par une sensibilité qui n’était ni la molle des uns ni la maladive des autres, et qu’il avait trempée, pour lui donner du ton, dans les sources amères et sombres de la poésie anglaise. […] Il avait lu et il connaissait bien les grands poètes anglais, qui sont certainement les plus grands poètes de la terre pour la profondeur de l’inspiration et la solennité de la rêverie. […] Parti de lord Byron avec la fougue que lord Byron communique à tous ceux qui l’aiment, il a fini par aboutir, dans son ralentissement d’ardeur, à Gray et à sa mélancolie ; mais, dans ce détiédissement d’un rayon qui n’est plus que doux et qui avait été brûlant, il n’a jamais dépouillé cet air que j’appelle l’air poétique anglais, et qu’il a encore dans les cendres de son Couvre-feu quand il caresse la tête de ses deux enfants et qu’il rabat jusqu’à eux et à leur souvenir cette hautaine idée de la gloire comme nous l’avons dans la jeunesse.
Ce furent quelques classiques au XVe siècle, les Italiens et les Espagnols au XVIe , quelques classiques encore au XVIIe , quelques philosophes et romanciers anglais au XVIIIe , et à l’époque du romantisme, les grands génies germaniques de Shakespeare à Goethe et Byron, qui opérèrent cette fois une évolution décisive. […] Puis on vint aux auteurs exotiques eux-mêmes, à Walter Scott, d’abord, à d’autres Anglais, aux contes d’Hoffmann.
Elle a si peur de n’être pas tout intelligence, de conserver la moindre apparence d’âme, de partialité, d’enthousiasme ; elle s’applique avec un dépouillement si entier, si farouche, à se faire toute à tous, à être anglaise avec les Anglais, allemande avec les Allemands, française avec les Français, qu’elle méconnaît une chose : c’est que les Anglais, les Allemands, les Français sont des hommes, et que dans Molière, dans Shakespeare, dans tous les grands poètes il y a, sous les différences de temps et de lieux, un pathétique capable de faire battre toute poitrine humaine, sans distinction de nationalités.
Je préférerais à l’original anglais la traduction avec les notes de Mosheim publiée sous le titre d’Antiquités ecclésiastiques, Antiquilates ecclesiasticæ 109. […] Luce-Joseph Hooke, d’origine anglaise ; son livre est intitulé : Religionis naturalis revelatæ et catholicæ Principia, in usum Academiæ juventutis. […] Joseph Bingham, Origines ecclésiastiques, on anglais, Londres, 10 vol. in-8°, 1708-1722 ; traduites en latin, Halle, 1725-1738. 11 vol. in-4°.
I « De toutes les œuvres qui tentent l’effort de l’esprit humain, — disait un grand critique anglais, — l’histoire est tout à la fois la plus difficile à réussir et la plus facile à aborder. […] Les retracer fidèlement, mais sous l’impression de ce coup porté à l’esprit, qui doit toujours le féconder, semble une chose aisée ; et cela l’est si peu, néanmoins, que, depuis Hérodote jusqu’à nos jours, on trouve bien sur son chemin quelques bons romans historiques et quelques essais (good historical romances and good historical essays), mais, dans toute la rigueur du mot, pas une irréprochable histoire. » Et, pour mieux creuser sa pensée, le critique anglais ajoutait : « Dans les sciences, il est des œuvres qu’on peut appeler parfaites. […] … « L’Histoire — écrivait-il, dans ce style anglais et whig qui n’est qu’à lui, — l’Histoire, cette province de la littérature, est comme un terrain contesté placé sur la limite de deux territoires différents et sous la juridiction de deux pouvoirs hostiles, et, comme tous les terrains dans ces conditions d’existence, il est nécessairement mal défini, mal cultivé et mal administré.
Un historien de la société anglaise au xviiie siècle, pour être un peu complet, ne pourrait éviter de parler d’elle, et la meilleure partie des pièces et témoignages qui la concernent, et qui mettent hors de doute son propre mérite à elle-même, nous vient du dehors. […] Un autre témoin fort digne d’être écouté à son sujet, Dutens, un esprit sérieux et solide, le premier éditeur complet de Leibnitz, Anglais d’adoption et de jugement, qui avait visité les principales Cours d’Europe et qui avait en soi bien des termes de comparaison, a parlé de ce prince dans le même sens que le président Hénault : « M. le prince de Conti était l’un des plus aimables et des plus grands hommes de son siècle : il avait la taille parfaitement belle (il dérogeait par là notablement à la race des Conti, qui avait la bosse héréditaire), l’air noble et majestueux, les traits beaux et réguliers, la physionomie agréable et spirituelle, le regard fier ou doux, suivant l’occasion ; il parlait bien, avec une éloquence mâle et vive, s’exprimait sur tous les sujets avec beaucoup de chaleur et de force ; l’élévation de son âme, la fermeté de son caractère, son courage et sa capacité sont assez connus en Europe pour que je me dispense d’en parler ici. […] Comme il soupait trois ou quatre fois la semaine chez Mme de Boufflers, et que j’étais logé chez elle, s’il ne me voyait pas au souper, il envoyait demander de mes nouvelles ; si j’étais dans mon appartement, incommodé, il venait quelquefois en prendre lui-même. » Dutens, quand il arriva à Paris avec le caractère de diplomate anglais, et chargé de lettres pour Mme de Boufflers, avait d’abord rencontré chez elle le prince de Conti auquel elle le présenta. […] allez regarder à Versailles, dans la galerie du haut, le tableau d’Olivier qui a pour sujet « le thé à l’anglaise dans le Salon des Quatre-Glaces au Temple. » MM. de Goncourt l’ont très-bien décrit. […] Elle avait été la première à lui écrire en 1761 ; elle lui avait adressé à Édimbourg une de ces lettres de déclaration et d’admiration comme les gens de lettres célèbres commençaient à en recevoir alors ; elle savait l’anglais, elle avait lu dans le texte l’Histoire de la Maison de Stuart ; elle admirait cela avec autant d’enthousiasme qu’une femme de nos jours, du temps de notre jeunesse, pouvait en avoir pour Lamartine ou pour Byron.
On a, sur ce point, les détails les plus précis par les lettres d’Horace Walpole ; ce spirituel épistolaire, qui est comme la Sévigné de la littérature anglaise, écrivait à son amie miss Berry, qui voyageait alors en Italie : Jeudi 19 mai 1791. […] Reçue et traitée par les Anglais avec cette parfaite convenance et ce médiocre enthousiasme, Mme d’Albany le leur rendait par une observation également modérée et raisonnable. […] Quoique je susse que les Anglais étaient tristes, je ne pouvais m’imaginer que le séjour de leur capitale le fût au point où je l’a trouvé. […] Le peuple est triste, sans aucune imagination, sans esprit même, avide d’argent, ce qui est le caractère dominant des Anglais… » Ainsi parlait du pays, dont son défunt mari avait prétendu être le roi légitime, cette femme de trente-neuf ans, mûre désormais, une vraie femme du XVIIIe siècle, et des meilleures, sensible et sensée. […] La comtesse, « qui savait assez bien l’anglais et l’allemand, qui possédait parfaitement l’italien et le français et connaissait à fond ces diverses littératures, qui n’ignorait pas non plus tout ce qu’il y avait d’essentiel dans les littératures anciennes, ayant lu les meilleures traductions de l’antiquité qu’on trouve dans ces quatre langues modernes, pouvait causer de tout avec lui », et elle lui était une ressource continuelle d’esprit comme de cœur.
Plusieurs tentatives ont été faites pour adapter à la scène française des beautés du génie anglais, des effets du théâtre allemand ; et si l’on en excepte un très petit nombre64, ces essais ont obtenu des succès momentanés, et nulle réputation durable. […] Ce n’est point l’irrégularité ni l’inconséquence des pièces anglaises et allemandes qu’il faut imiter ; mais ce serait un genre de beautés nouvelles pour nous, et pour les étrangers eux-mêmes, que de trouver l’art de donner de la dignité aux circonstances communes, et de peindre avec simplicité les grands événements. […] Mais c’est la réunion même de ces deux talents qui a été l’une des principales causes des grandes différences qui existent entre la tragédie française et la tragédie anglaise. […] Mais lorsqu’on veut triompher de la répugnance naturelle aux spectateurs français, pour ce qu’ils appellent le genre anglais ou le genre allemand, l’on doit veiller avec un scrupule extrême sur toutes les nuances que la délicatesse du goût peut réprouver. […] Delille, Saint-Lambert et Fontanes, nos meilleurs poètes dans le genre descriptif, se sont déjà très rapprochés du caractère des poètes anglais.
Taine, dans son Histoire de la littérature anglaise fait absolument le contraire et fait cependant la même chose. […] Car le critique s’est d’abord formé, sans le dire, par une première revue rapide de la littérature anglaise, une idée du génie anglais (comme M. Nisard du génie de la France), et c’est de là qu’il a déduit les conditions et le milieu où les œuvres proprement anglaises pouvaient se produire. […] Ou bien il me semble qu’au lieu de faire d’André Cornélis un gaillard si prodigieusement énergique (ce qui, au surplus, n’est peut-être pas très compatible avec les habitudes d’analyse à outrance qu’on lui prête en même temps), je l’eusse conçu comme une créature encore plus incertaine que l’Hamlet anglais et l’eusse empêtré, par surcroît, de scrupules et d’hésitations sur son droit au meurtre.
« Quoique je n’eusse pas été chez cette Mme Du Deffand depuis cinq ou six ans, dit Lauzun, je parvins à m’y faire mener par Mme de Luxembourg qui y soupait aussi. » C’est là que lady Sarah, en sortant de souper, lui glissa un billet qui contenait son aveu en trois mots : I love you… Lauzun, qui ne savait pas encore l’anglais, se mit à l’étudier et fit à quelque temps de là un voyage en Angleterre pour y rejoindre lady Sarah. […] Une des plus jolies, c’est le tour qu’il joua à un honorable chasseur de renards qui aspirait à la main de miss Marianne Harland, une jeune Anglaise des plus mignonnes et un peu plus qu’espiègle, qui s’était prise de goût pour Lauzun. […] Les ennemis nombreux qu’il avait en cour, la petite coterie Polignac particulièrement, cette société intime de la reine, résolut une bonne fois de le perdre ; et pour cela on n’eut qu’à mettre en jeu avec un certain art, avec un certain concert, la foule de ses créanciers, car cette vie de chevaux, de courses, de paris à l’anglaise, de voyages et de train magnifique en tous pays, n’avait pu se mener sans de ruineuses profusions. […] La princesse de Poix la comparait à une héroïne de roman anglais, avec d’autant plus de raison que les goûts de Mme de Lauzun avaient devancé l’anglomanie qui commençait à poindre : la langue anglaise lui était familière comme la sienne propre, la littérature de ce pays faisait ses délices. » (Vie de la princesse de Poix, par la vicomtesse de Noailles, 1855, ouvrage tiré à un petit nombre d’exemplaires, p. 19 et 33.)
Des personnes qui ont étudié la littérature anglaise aiment mieux que Montesquieu se soit souvenu d’une lettre censée écrite de Londres par un Indien de l’île de Java, et qui se lit dans Le Spectateur d’Addison12. […] » C’est exactement de la même manière que, dans L’Esprit des lois, montrant un utopiste anglais qui a sous les yeux l’image de la vraie liberté, et qui va en imaginer une autre dans son livre, il dira « qu’il a bâti Chalcédoine, ayant le rivage de Byzance devant les yeux ». […] Avant d’y arriver, voyageant sur le continent avec un Anglais, lord Waldegrave, il disait déjà « qu’il n’y avait gens de vrai bon sens que ceux qui étaient nés en Angleterre ». […] Un coup d’œil de divination perce comme un éclair dans cette phrase jetée en passant, et qui prédit l’émancipation de l’Amérique anglaise : « Je ne sais pas ce qui arrivera de tant d’habitants que l’on envoie d’Europe et d’Afrique dans les Indes occidentales ; mais je crois que, si quelque nation est abandonnée de ses colonies, cela commencera par la nation anglaise. » Je l’avouerai en toute humilité, dussé-je faire tort à mon sentiment de l’idéal, si l’on pouvait avoir dans toute sa suite ce journal de voyage de Montesquieu, ces notes toutes simples, toutes naturelles, dans leur jet sincère et primitif, je les aimerais mieux lire que L’Esprit des lois lui-même, et je les croirais plus utiles.
À dix ans il étudiait l’algèbre et la géométrie ; à douze, il traduisait Virgile, Horace et Lucrèce, non seulement en français, mais en anglais. […] Il dut à cette excursion heureuse une connaissance toute naturelle de la littérature anglaise du xviiie siècle, et aussi des cadres brillants où se jouait sa sensibilité adolescente. […] Un autre roman ou nouvelle de lui, intitulée Eugénie (1803), est aussi l’histoire d’une jeune Anglaise restée en France pendant la Révolution, et y aimant presque à contrecœur un jeune Français qu’elle finit par épouser à travers les discordes et les guerres qui séparent les deux nations. […] Le premier, il introduisit en France ce genre de grandes biographies à l’anglaise, qui a remplacé la notice sèche et écourtée dont on se contentait auparavant.
Le clergé anglais était plus intimement associé aux goûts, aux habitudes, aux divertissements du peuple. […] Loin de combattre ou même de chercher à dénaturer le goût du peuple pour les représentations théâtrales, le clergé anglais s’empressa donc de le satisfaire. […] Rien de pareil ne s’est passé chez les Anglais. […] Quand le théâtre anglais voulut reproduire l’image poétique du monde, la tragédie et la comédie ne s’y séparèrent point. […] Histoire de la poésie anglaise, par Wharton, t.
Louis Cazamian dans son Histoire de la littérature anglaise. […] Shelley, dans la Préface qu’elle a donnée à la première édition collective de l’œuvre du grand poète anglais. […] Un des plus fins connaisseurs de la littérature anglaise, Émile Legouis, a naguère marqué ce désaveu. Il constatait qu’aux yeux de la plupart des Anglais, le génie français continuait de n’être pas poétique. […] La poésie anglaise a ses racines ailleurs que dans l’intellect, ailleurs que dans la rhétorique.
Il savait à fond les deux langues classiques et savantes, et il y joignait la connaissance exacte de presque toutes les langues vivantes, l’allemand, l’anglais, l’espagnol, etc. […] Proverbes français, italiens, allemands et anglais, y comparaissent tour à tour.
— Nous répondrons d’abord que rien ne serait plus original et plus neuf pour le public, que la représentation naïve sur notre théâtre d’une grande tragédie de Shakespeare, avec toute la pompe d’une mise en scène soignée ; car les représentations anglaises où les trois quarts et demi des spectateurs n’entendent pas un mot, et les traductions en prose, privées de la magie du style et du jeu des acteurs, ne donnent du grand poète qu’une idée toujours imparfaite et quelquefois très fausse. […] C’est une chose merveilleuse à voir que la promptitude avec laquelle s’est faite l’éducation du public ; il y a six ans, on recevait les acteurs anglais avec des hurlements et des outrages ! […] dira-t-on encore, faut-il montrer au public français toutes les bouffonneries obscènes ou toutes les froides horreurs qui charmaient les Anglais du temps d’Elisabeth ! […] Aucun amour-propre, aucun intérêt hors de l’art ne nous a dirigés ; nous n’avons d’autre ambition que de faire connaître le grand poète anglais au public français ; si nos ouvrages sont applaudis, c’est Shakespeare qu’on applaudira ; si Shakespeare n’est pas compris, ce sera la faute de ses interprètes ; d’autres plus habiles ou plus heureux viendront, et nous serons les premiers à servir et à proclamer leur triomphe. […] Pour très bien rendre l’allemand ou l’anglais en français, il faut une grande flexibilité de talent et beaucoup d’imagination de style.
La critique anglaise a proclamé, avec une louable impartialité, la ressemblance de Zaïre avec la Corinne de madame de Staël. […] Mais un drame, sur trois, et un roman, sur six, graveront le nom de Maturin dans l’histoire de la poésie anglaise. […] À quelle période de poésie anglaise se rapporte la tragédie de miss Kemble ? […] À douze ans, au sortir d’une leçon de catéchisme, il lisait une traduction anglaise de Volney. […] C’est ainsi que faisait Warton, en étudiant l’histoire de la poésie anglaise.